En remontant les siècles : an 741
Bertrade ou Berthe de Laon dite Berthe au Grand Pied
Le jardin du Luxembourg - Paris - France
Amateurs de romans historiques vous avez tapé à la bonne porte!
Avant l’an mil les rois occupaient les chroniques qui se transmettaient de bouche à oreille, viols, mariages, adultères étaient (déjà) très à la mode.
Saviez vous que la mère du grand Charlemagne eut une jeunesse quelque peu aventureuse. Mais au fait la mère de Charlemagne vous la remettez ? Berthe ! Berthe au grand pied.
D’ailleurs ce n’est pas vraiment son nom, si on veut être exact c’est de Bertrade de Laon qu’il va s’agir ici.
En plein VIII ème siècle, au temps des maires du palais, des luttes fratricides pour le pouvoir.
Sa voie est toute tracée, elle doit épouser Pépin le Bref, les unions de l’époque avaient peu avoir avec les sentiments mais tout à voir avec le tracé des frontières, l’accroissement des domaines, le maintien ou la naissance des dynasties.
C’est à ce moment qu’intervient Martina Kempff.
Bertrade à qui l’on a promis qu’elle serait un jour « épouse et mère de rois » est pour le moment victime d’un complot ourdi par Liutberga sa sœur de lait. Evincée, contrainte de prendre la fuite, Bertrade trouve refuge auprès de Bertrade l’Ancienne son aïeule. Elle vit à ses côtés à l’abbaye de Prüm.
Abbaye de Prüm dans le Palatinat allemand
Le roman nous raconte sa survie auprès des plus humbles où elle va apprendre l'art de guérisseuse, son parcours de l’abbaye au lit de Pépin le Bref, sa conquête du pouvoir. Son ambition est non seulement de reconquérir sa place mais de faire couronner Pépin roi des Francs. Elle a appris auprès de son aïeule à diriger une abbaye, elle va mettre son savoir au service de la couronne.
Sacre de Pépin le Bref par le pape Etienne III à Saint Denis, François DUBOIS
Musée National du château et des Trianons de Versailles.
L’époque est rude, trahisons, batailles, meurtres, luttes fratricides, négociations diplomatique, la dynastie carolingienne est en train de naître, l’Empire d’occident prend forme.
Un roman très réussi qui allie la savoir faire de conteuse de Martina Kempff et la réalité historique dont l’auteur remplit les blancs avec une grande habileté.
Bertrade apparaît comme une femme avide de pouvoir et pleine d’amour pour ses enfants, sachant faire preuve de diplomatie, de ruse et douée d’une vitalité extraordinaire. Discutant d’égal à égal avec les rois ou les papes, participant aux tractations politiques de l’époque.
Quel portrait attachant et flamboyant de cette femme qui fut sans doute une grande reine.
Martina Kempff tient le pari d’allier histoire et roman de la plus belle façon qui soit; elle a publié plusieurs autres romans historiques, j’espère que les éditions Actes Sud nous donnerons les traductions.
Le Livre : Berthe au grand pied - Martina Kempff - Traduit de l'allemand par Claude-Cyrille Laurent - Editions Actes Sud
L’auteur : Martina Kempff, journaliste allemande, a publié son premier roman historique en 1988. Depuis elle a publié de nombreux romans historiques dont des policiers.
Commentaires
Ça m'a l'air tout à fait passionnant!
Je crois savoir qu'on l'avait surnommée ainsi à cause d'un pied-bot...qui semble avoir eu peu d'impact sur sa carrière. Un femme bien intéressante, et de superbes illustrations, merci.
@ Colo : je ne suis pas historienne mais si j'en crois M Kempff qui est historienne à l'origine, ce n'est pas d'un pied bot que souffre Berthe mais d'un pied plus grand que l'autre`
le pied bot est plus handicapant car il rétracte des tendons et empêche le pied de se mobiliser normalement (là c'est la pro qui parle :-) )
A cette époque on ne parle que des rois, des gens de pouvoir, mais les femmes avaient plus que leur mot à dire, en coulisse. ^_^
@ Keisha : et oui la tradition de la femme à la maison est plus tardive, là on voit la tante de Berthe diriger de main de maître et Berthe elle même avoir une action politique
roman certes mais bien documenté
C'était une époque où il était de bon ton, si pas d'obligation de se prosterner aux pieds des puissant(e)s. Certains détails morphologiques restaient-ils difficilement dans la sphère de la vie privée ?
A Laon, je suis fan de la crémaillère...
@ JEA : mes petites filles se joignent à vous pour apprécier cette crémaillère qu'elles appellent très prosaïquement Le Poma
Moi que j'aime me perdre dans les travers de l'histoire de mon pays, celle qu'on ne raconte jamais ou si peu dans les livres d'école, je suis en éveil par la lecture de ce billet et je me dis que mes amis du Rat Conteur ou de Filigranes vont avoir ma visite bientôt. Et ils doivent dire merci à qui?... Tu ne devineras jamais...
Bisous et bon dimanche
PS: merci par les passionnants cadeaux. Shutttttttttttt!. Tu vois je sais me taire.
@ Armando : oui je suis comme toi j'adore qu'on me raconte des histoires bizarres et un peu cachées c'est pour ça que je prends plaisir à tes mercredi au Portugal
Je vois bien où elle est la statue de Bertrande dans le jardin du Luxembourg, je l'ai toujours trouvée fascinante, sans connaître son histoire. Je note le roman, il y a bien longtemps que je n'ai rien lu de cette période là.
@ Aifelle : je n'avais jamais repéré cette statue mais en bonne provinciale bien des choses m'échappent
Belle statue et personnalité intéressante, bien au-delà de son surnom.
@ Tania : une époque où les frontières étaient encore très lâches et cela rend les choses intéressantes
Je viens de me régaler en lisant tes trois derniers billets. Je suis contente d'avoir fait un voyage dans le temps grâce à tes récits historiques, et tu me donnes envie de découvrit les poèmes de Thomas Hardy que je ne connais pas. Je vais de ce pas voir si je les trouve en anglais.
@ Lin Pain d'épices et chocolat : toi qui vis avec un pied en angleterre tu dois pouvoir les trouver sans problème, j'aime bien ces livres mi historiques mi romans car j'aime le voyage dans le temps
Tout cela est encore une fois passionnant ! L'Histoire prime-t-elle sur le roman ou est-ce l'inverse ?
Petit détail que j'apprends en plus, c'est que Berthe au grand pied s'appelait en réalité Bertrade, je pensais que c'était Bertille !!! Des bisous, Dominique, belle journée. brigitte
Tout cela est encore une fois passionnant ! L'Histoire prime-t-elle sur le roman ou est-ce l'inverse ?
Petit détail que j'apprends en plus, c'est que Berthe au grand pied s'appelait en réalité Bertrade, je pensais que c'était Bertille !!! Des bisous, Dominique, belle journée. brigitte
@ Plumes d'anges : Bertrade en effet mais je pense que tout cela est en partie affaire de traduction je pense !
La période historique et le personnage de Berthe au grand pied plus la présentation que tu en fais me donnent bien envie de lire ce livre.
@ nadejda : ça m'a attiré car on lit peu sur cette période
D'abord, je fais un tour au Luxembourg! ensuite, je cherche le livre
Je l'ai déjà rencontrée cette dame, non avec ta machine à remonter le temps mais au jardin! Je me demandais pourquoi ce surnom , or Colo nous apprend un détail que j'ignorais : un pied bot. Un belle idée cette remontée dans le temps!
@ Claudialucia : dans le prochain billet je fais un clin d'oeil vers ton blog
Voilà un siècle que je n'avais entendu parler de Berthe au grand pied (depuis le collège)... J'aime bien l'histoire mais avec parcimonie...
Merci Dominique pour ce beau billet, comme toujours très bien illustré
Bisous et très belle journée
@ Kenza : j'étais comme toi Clovis et son vase, Vercingétorix et son bouclier et puis Berthe et son pied
Mon 1er commentaire n'est pas passé. Tant pis!
Je viens de trouver le livre, je le lirai en vacances
@ miriam : amuses toi et instruis toi bien :-) et bon voyage
Je l'avais repéré à sa sortie au printemps je crois.
J'attendais de le voir en occasion et puis il est sorti de mon esprit.
"Du temps que la reine Berthe filait" vieil adage qui exprime je pense en quelle vénération les gens avaient cette reine ,certainement la perfection royale ,féminine, à leurs yeux
Bonne journée
@ autour du puits : on bon roman sympa et Berthe apparait assez retord politiquement, elle ne faisait pas que filer la laine !
Un livre pris à la bibliothèque l'an dernier puis oublié dans la tourmente de fin d'année... rendu avec regrets... mais ce n'est que partie remise ;-)
@ Margotte : je souris car ça m'arrive tout le temps de surestimer ma capacité de lecture surtout quand le travail se fait pressant !
De cette pauvre Berthe la plupart des gens ne connaissent que les pieds, et pourtant il doit en effet y avoir beaucoup de choses à savoir sur elle... ce roman me tente beaucoup, tu donnes envie de le lire et j'aime beaucoup la photo que tu mets en accompagnement... j'irai voir au jardin où est cette statue dont je ne me souviens pas particulièrement.