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24 avril Anniversaire du Génocide arménien

24 avril 1915

Le mot "génocide" a été inventé par Richard Lemkin, un avocat juif polonais après la seconde guerre mondiale. Ce dernier a toujours parlé des 2 génocides juif et arménien.

Mais donner un nom à un "crime sans nom" n'a pas été suffisant pour les arméniens: leur génocide a toujours été nié par les autorités turques.

La date du 24 avril a été choisie pour célébrer le 96 eme anniversaire d'un cri désespéré de notables arméniens qui alertait le monde sur le crime qui se préparait dans leur pays et qui allait durer un peu plus d'un an. Le monde était alors resté indifférent et 1 million et demi d'arméniens dont les notables ont péri sous la folie meurtrière des turcs.  Le Post 


joursdecendres.gifJe n’avais jamais rien lu sur le génocide arménien, ce livre m’a immédiatement attiré car il s’agit du récit autobiographique d’une femme qui a fuit la Turquie et fait sa vie en France, son fils devenu avocat,  a assuré la traduction de ce livre.

1915 la guerre est commencée depuis un an, la Turquie est alliée de l’Allemagne et les arméniens vivant à Istanbul font l’objet d’une surveillance très insistante.
Berdjouhi vient d’avoir un fils, son mari Sarkis Barseghian est un militant arménien brillant au visage "de prophète antique"
Il est,comme elle, animé par une foi totale dans la cause arménienne et prêt à sacrifier sa vie. Pour lui elle a quitté une famille riche et respectée.
Elle est inquiète " Tous les soirs j’avais le sentiment que nous nous réveillerions le lendemain en quelque désert sauvage, que plus rien des belles résidences, des jardins, des paysages merveilleux que nous avions tant admirés ne subsiterait, qu’un formidable typhon aurait tout emporté durant la nuit"

Istanbul21915.jpg

Istanbul en 1915


Le 24 avril 1915 lorsque la police secrète turque arrête six cent intellectuels arméniens (écrivains, journalistes, juristes) c’est le début du génocide.
Commencent pour Berdjouhi et les femmes arméniennes d’Istanbul ce qu’elle appelle " les jours de cendres" pendant cinq ans elle vivra seule, sans ressources, attendant en vain le retour de son mari. La ville est devenue dangereuse, elle est sans arrêt suivi lorsqu’elle se hasarde dans la rue.
A lire ce livre on est impressionné par le courage, la volonté qui anime Berdjouhi. Elle va devoir lutter contre la peur, le désespoir, la faim parfois. Son courage elle le puise auprès d’autres femmes dans cette communauté arménienne d’Istanbul privée des chefs de famille.
Cela nous vaut des pages émouvantes et passionnantes sur la vie de cette communauté, ses traditions, ses coutumes.

arménie.jpg

 Jeunes survivants du génocide dans le village de Cheikh Said dans le désert Hawran
 

L’auteur rend très vivant le rôle du hammam haut lieu d’échanges entre les femmes, les repas pris ensemble, les croyances et les superstitions, la vie du quartier de pêcheurs qui après les arrestations est " un cimetière peuplé de vieillards "
Quatre femmes vont reprendre le combat des hommes. Les échos des massacres, des exactions, des tueries viennent jusqu’à elles " Comment appartenir à un peuple dont on éventre par jeu les femmes enceintes ? "
genocidearmenien.jpgLeurs moyens sont limités, elles vont se consacrer à sauver des enfants arméniens enlevés à leur famille et adoptés par des dignitaires ou des policiers turcs.La situation rappelle les enlèvements d’enfants par les nazis, par la dictature en Argentine magnifiquement évoqué dans " Luz ou le temps sauvage" d'Elsa Osorio. On retrouve ici la même douleur, la même lutte.

Ce génocide fut un moment de honte pour l’humanité, Berdjouhi dit " la langue des hommes est impuissante à exprimer l’horreur que l’homme inflige à l’homme" Après bien des péripéties, Berdjouhi fera l’expérience de l’exil et consacrera sa vie à la protection des enfants immigrés.

J’ai beaucoup aimé ce témoignage, sobre, sincère, qui est un document fort sur cette période.
Le génocide des arméniens en 1915 dont on attend toujours la reconnaissance par le gouvernement turc.

Le livre : Jours de cendres à Istanbul - Berdjouhi - Traduit de l’Arménien par Armen Barseghian - Editions Parenthèses

 un article sur le site Hérodote

Pour continuer votre approche le billet de Cathe sur une BD évoquant le même sujet

 

Commentaires

  • Début du siècle : les Arméniens.
    Au milieu : la Shoah.
    Dernier quart : les Tutsis...

    Merci de ne pas avoir laissé la page "24 avril" des calendriers être tournée comme si elle était banale (au sens de la "banalité du mal").

  • @ JEA : d'année en année on attend toujours un geste, une parole du gouvernement Turc, la population elle semble convaincue mais pas les gouvernants

  • J'ai retrouvé ton billet sur Lecture/Ecriture!!
    Je pense que ce livre est plus qu'un témoignage bien que je n'aime pas trop ce mot trop souvent galvaudé c'est "la mémoire" car Berdjouhi est une des rares à avoir pu transmettre ,le vécu des évènements.
    Bonne journée

  • @ autourdupuits : plus qu'un témoignage c'est vrai, le vocabulaire est toujours difficile dans ce cas tu as raison, on ne sait comment parler de l'horreur et de l'inhumain

  • Je connais bien cette tragédie qu'il est bon de rappeler régulièrement; Je vais lire ce livre, c'est sûr!

  • @ mango : un livre intéressant car sans haine aucune

  • Une tragédie à ne pas oublier. On a tendance à les laisser derrière nous. Je note ce livre car il m'intéresse beaucoup.
    Merci à toi d'en avoir parlé.

  • @ dimitri : ne pas oublier tu as raison, même si l'on est pas concerné car tous les faits d'inhumanité nous concernent je crois

  • C'est dingue ce refus de reconnaître ce massacre ! Merci pour ce billet, j'ignorais cette date !

  • @ Manu : le film diffusé par Arte est sans ambiguïté pour qui douterait, les faits, les rapports écrits à l'époque, les photos ...et la Turquie refuse toujours d'évoquer ces faits et continue d'honorer les chefs d'état de l'époque

  • Il est toujours bon que l'on nous fasse des piqûres de rappel sur de tels événements, alors que notre société tant à renier le pire pour ne vivre que dans le futile, le léger, la facilité et l'apparence ... Il est quand même étrange que ce génocide ait été si longtemps occulté par l'ensemble de la communauté occidentale. Bien sûr, le génocide Juif et ses 6 millions de morts a fait oublier les autres, en Europe et dans le monde. Cependant, on se rend compte que les modes opératoires sont toujours les mêmes, on élimine les intellectuels, les hommes, on enlève les enfants, on éclate les familles, on prive tout le monde de ses droits civiques ... Dans le même style, je me souviens de ma lecture de la destruction de Smyrne par les troupes turques, "Le paradis perdu" de George Milton. Il devrait te plaire.

  • @ Nanne : j'ai noté ta référence car cela m'intéresse, aujourd'hui on voit avec effarement Obama faire silence sur le Génocide alors qu'il s'était engagé quand il était gouverneur, mais les intérêts militaires des USA prime sur l'histoire, le droit des victimes et la vérité

  • Incroyables tragédies qui se répètent sur le globe depuis des siècles et des siècles... Il faut s'en souvenir, en parler et en reparler. Un jour viendra, je l'espère, où les hommes s'en souviendront pour s'élever et ne plus commettre toutes ces atrocités.
    Beau week end, à bientôt. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : je ne sais pas si les humains sont capables de cesser où si c'est inhérent à leur nature

  • Merci de ce précieux billet en souvenir de ce terrible moment de l'histoire!

    Je te souhaite néanmoins de joyeuses Pâques chère Dominique.
    Bisous chocolatés

  • @ Kenza : ma réponse vient trop tard pour Pâques mais le coeur y est

  • J'ai regretté de ne pas avoir vu le film "Aghet". Votre billet m'incite donc à lire ce livre.

  • @ Catheau on peut visionner ce film pendant plusieurs jours sur le site d'Arte

  • @ Lin pain d'épices et chocolat : c'est un peu l'esprit de ce billet, ne pas oublier

  • Merci pour ce rappel. Je voudrais juste dire que 500 turcs ont eu le courage de commémorer le génocide arménien en se réunissant sur la place centrale de Taksim à Istanbul. (voir Nouvelles d'Arménie magazine).

  • @ nadejda : je vais aller lire cet article , cela correspond tout à fait aux propos du film qui dit que la population turque n'est plus derrière son gouvernement sur cette question, il faut du courage dans ce cas pour prendre la parole et il faut saluer ce courage là

  • Pour tous : suite au commentaire de nadejda j'ai cherché l'article dont elle parle
    le voici vous pouvez le lire en ligne, effectivement une manifestation rassemblant Arméniens, Turcs, Kurdes, s'est tenu pour commémoré le génocide

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=69573

  • @ Lili : on peut comprendre qu'il soit difficile de lire sur le sujet, cela l'est déjà pour tous alors lorsque l'on est concerné au sein de sa famille !

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