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Art Peinture Musique - Page 19

  • Comment regarder un tableau - Françoise Barbe-Gall

    A offrir ou à s’offrir un superbe livre sur l’art de voir

    pere-noel-broderie-timbre.jpg

    9782812301384FS.gifComment regarder un tableau - Françoise Barbe-Gall - Editions du Chêne
    J’aime la peinture et les livres qui m’ouvrent  ce monde particulier sont pour moi des amis. Edouard Dor, Sylvie Germain, ou Siri Hustvedt m’ont accompagné en 2009.
    J’aime qu’on me parle de peinture et que l’on permette à mon regard de voir autrement
    Aujourd’hui le livre de Françoise Barbe-Gall m’enchante totalement, un livre riche, lumineux, parfait.
    Pour vous donner une idée juste de ce livre il faut vous dire que l’auteur part du principe que celui qui regarde le fait à partir d’attitudes particulières : il observe, il médite, il analyse..
    Elle propose donc en 6 chapitres et 36 tableaux un parcours pour votre oeil, votre esprit, vos émotions. Vous pouvez être surpris, ne pas aimer, mais elle vous propose toujours de comprendre et d’y revenir.
    Comme c’est une dame savante elle enrichit ce parcours  de thèmes de réflexion, de repères historiques ou culturels. Un voyage complet donc et passionnant.
    Les titres des chapitres et les thèmes de réflexion ont des intitulés qui vous donnent le ton du livre, mais rien ne vaut les exemples, j’en ai choisi trois, très différents les uns des autres pour bien rendre la richesse du livre.

    Observer une simple réalité et éprouver une impression de déjà vu

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    "Une promenade sans surprise, on est venu tant de fois que tous les détails du lieu sont familiers"

    C’est pour l'auteur une constante dans les tableaux de ce peintre, qui peint le quotidien, la vie sans histoire, " le répertoire de l’anodin"
    un paysage "délesté de ses ambitions et de ses utopies".
    Pour élargir notre savoir et notre approche Françoise Barbe-Gall nous invite dans le Suffolk de Constable en complément.

    Dans le chapitre Contempler un monde sublimé

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    " une journée de congé, une heure éblouissante dans un monde béni"

    j’ai choisi le thème Percevoir la grâce du présent illustré par Renoir "un tableau accueillant, ouvert à tous...on danse sans façon" Un tableau très connu, souvent admiré mais renouvelé par une remarque comme celle-ci     " le peintre bat la cadence" Oui c’est vrai regardez bien et votre pied va se mettre à bouger...au rythme de la peinture. "Le devenir ne signifie plus rien. Le présent seul existe."
    En complément un article sur le moulin de la Galette et la collection Caillebotte.

    Enfin dernier exemple je vous propose de Vous abandonner à la douceur du tableau

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    " le moelleux des châtaignes ou le croquant des pommes dures que l’on fait briller au revers de sa manche"

    Je vous invite à Goûter la paix de ce qui dure avec Chardin. Le gobelet d’argent du tableau appartient à Chardin il " a gardé tout son éclat et remplit l’office d’un miroir"
    Chardin ne cherche pas à éblouir, à enseigner dans ses tableaux "les objets qu’il choisit illustrent les incontournables nécéssités du quotidien" En complément le symbole de la pomme et Diderot critique de Chardin.
    Vous avez bien compris que ce livre va trouver place dans ma bibliothèque, mais j’ai un problème, ce livre, dans lequel je plonge depuis déjà plusieurs jours avec délices, m’a été soufflé par l’un ou l’une d’entre vous et impossible de retrouver qui, alors n’hésitez pas à vous signaler pour que je paie ma dette.

    John Constable-Helmingham Dell, vallon dans le parc de Helmingham (Suffolk) - Musée du Louvre
    Pierre- Auguste Renoir - Bal du  Moulin de la Galette - Musée d'Orsay
    Jean-Baptiste Chardin - Le Gobelet d'argent - Musée du Louvre

  • Patience et songe de lumière - Sylvie Germain

    Patience et songe de lumière - Sylvie Germain - Editions Flohic
    patienceetsonge.gifEn 1996 j’ai eu la chance de me rendre à La Haye pour voir l’exposition Vermeer au Mauritshuis. C’était la plus importante exposition avec 22 des 35 tableaux attribués à Vermeer.
    Je me souviens du voyage en voiture jusqu’à Amsterdam, des canaux encore gelés car nous étions en mars, le ciel était bas, le train d’Amsterdam à La Haye pris tôt le matin, la foule qui se pressait à l’entrée malgré les billets achetés plusieurs mois auparavant , et ensuite...la magie de la peinture, de la lumière, des tableaux.
    Il y avait presque tout : Le Géographe et la Dentellière du Louvre, « Le petit pan de mur jaune » cher à Proust,  La laitière avant qu’elle ne devienne publicité,  La jeune fille à la perle avant le roman et le film.
    Les tableaux des grands musées du monde, ceux de part delà l’océan et  que je n’aurai peut être jamais l’occasion de voir une seconde fois.
    Avant cette exposition j’avais rêvé sur les tableaux de Vermeer grâce à Sylvie Germain, son livre est actuellement indisponible mais vous pouvez sans doute le trouver en bibliothèque et il vous proposera d’entrer dans l’atelier du peintre et de faire un voyage vers la lumière et une fois poussé le rideau de vous absorber dans la contemplation.

    Tout d'abord il vous faut faire connaissance avec la ville.

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    Vue de Delft - J Vermeer - Maurithuis muséum

    « Il est sept heures dix au cadran de l’horloge de la porte de Schiedam. Le mât oblique d’une barque amarrée devant l’arche de la porte pointe le clocher de la Nouvelle Eglise que le soleil levant blondit doucement »


    Vermeer est là dans son atelier, il cherche la perspective, les couleurs « Il a reçu le don de la lumière - l’amour et l’intelligence de la lumière montée des confins de la terre et de l’eau »

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    Suivons Sylvie Germain dans l’atelier. « Le rideau s’ouvre d’un grand coup d’aile marquetée sur la scène où oeuvre le peintre » le peintre est là « Il est le maître des couleurs et dicte à chacune son rôle dans le grand jeu du visible pour mieux en révéler la mission au sein de la dramaturgie de l’invisible »

    Continuons la visite et approchons nous  :

    « Car c’est lui seul le peintre qui préside ici à la cérémonie des noces entre la poésie et la peinture, entre le chant et la lumières, entre la beauté et les couleurs, entre le visible et l’invisible »

    S Germain nous emporte de l’atelier à la chambre, elle s’efface devant l' « Harmonie en bleu ardoise et ocre nuancé de roux et de rosé  »

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    L’écrivain s’absente pour laisser place à un chant de lumière : « Les doigts égrènent des notes,  des mots, des fleurs de dentelle, des gouttes de lait, des perles »
    Mais elle peut aussi se pencher sur les cartes, compas en main et évoquer Spinoza  « Le solitaire polisseur de verres d’optique, l’artisan philosophe dont la vision du monde et l’oeuvre qui en émane, font écho à celle de Vermeer : un écho de cristal, sec, net et limpide. »

     

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    C’est un parcours  initiatique car « Vermeer ne raconte rien, ni narration, ni fable ni histoire. Il montre, réfléchit, il présente. Son oeuvre est une mise en miroir, sa peinture une vision. »

    Laissez vous porter par les mots de Sylvie Germain, sobres, denses et par le génie de Vermeer dont la peinture est

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    «  Un voyage dans l’immensité close au coeur de l’apparence, une lente dérive dans les remous de l’immobilité, un embarquement de l’instant dans l’absolu et pour l'éternité"

    Bon voyage au pays des couleurs et de la lumière.

  • L'ombre au tableau - Hélène Bonafous-Murat

    L’Ombre au tableau - Hélène Bonafous-Murat - Editions LePassage
    ombreautableau.gifUne histoire de fratrie et de fraternité, l’unei se déroule aujourd’hui entre Gérard Rataud et son frère Gilbert, l’autre au dix-septième siècle dans la famille Le Nain, les peintres de la paysannerie.

    Gérard et Gilbert tout d’abord, ces deux là c’est l’huile et l’eau, ils ne se sont plus revus depuis des années, Gilbert accuse Gérard d’être responsable de la mort de leur mère et le considère comme un raté. Gérard handicapé par une obésité très importante vivote d’allocations, mange pour passer le temps et pour oublier qu’il a un frère brillant, professeur d’histoire de l’art et Don Juan à ses heures, mettant dans son lit les étudiantes qui peuplent son amphithéâtre.
    Gérard le solitaire va se prendre d’amitié pour un gamin un peu voleur et en quête de son père, contre toute attente cette rencontre va lui insuffler courage et détermination " Soudain son coeur malade battit à vive allure, il lui vint des suées d’angoisse en même temps qu’il lui poussait des ailes "

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    La paysannerie - Le Nain - Musée du Louvre

    De nos jours faire copain copain avec un enfant fait immédiatement crier à la pédophilie et le naïf Gérard va droit vers les ennuis.
    Gilbert un peu las des conquêtes faciles a un jardin secret, il cherche depuis des mois à en savoir plus sur trois peintres, trois frères énigmatiques : Antoine, Mathieu et Louis Le Nain.
    La famille Le Nain est originaire de Laon, trois des cinq frères font carrière à Paris, l’ainé gère les biens familiaux à Laon. Ils sont curieux ces trois frères, les tableaux qui sortent de leur atelier sont signés  Le Nain sans mention de prénom, trois talents réunis en un seul au point que  " nul n’a pu attribuer un tableau entier à l'un ou l’autre ". Ce qui intrigue Gilbert Rataud c’est que il manque un cinquième frère à l’appel, Isaac, il apparaît sur les tableaux mais rien de plus, pas d’archives, pas de traces. Gilbert Rataud se fixe un but " Il m’appartient de retrouver Isaac ; de mettre mes pas dans les siens, de suivre sa route : de le ramener à la maison, vivant, parmi les siens."

     

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    Le Repas du paysan - Le Nain - Musée du Louvre

    Hélène Bonafous-Murat nous emmène avec elle et l’on suit avec un demi-sourire la cavale de Gérard jusqu’en Bretagne. Mais elle fait plus et nous offre une entrée au Louvre très privée et nous fait pénétrer dans l’intimité des tableaux des frères Le Nain.
    Les pages autour de la peinture sont excellentes, l’auteur dit toute sa gratitude à Jacques Thuillier grand spécialiste de cette époque.

    L'histoire des deux frères se suit sans aucun déplaisir mais si comme moi vous aimez la peinture ce livre sera pour vous un excellent compagnon dans votre découverte des frères Le Nain

    L'auteur
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    Normalienne, Hélène Bonafous-Murat est expert en estampes, au cœur du marché de l’art parisien. Pour Morsures, son premier roman, elle a obtenu le Prix Alain-Fournier 2006, le Prix du Premier Roman du Rotary Club international 2006, le Prix du Premier Roman du Salon du Livre de Sablet 2006, le Prix des bibliothèques du Vaucluse 2006 (source l'éditeur)

  • A l'immortelle bien-aimée - Virginie Reisz

    a l'immortelle.gifA l’immortelle bien-aimée - Virginie Reisz - Editions Le temps qu’il fait
    Un homme seul vit ses derniers jours, il écrit dans son journal une lettre interminable à la femme adorée, son éternelle bien-aimée.
    Il souffre, son corps le lâche, les douleurs sont anciennes, les médecins sont impuissants à tirer de son corps une eau envahissante, depuis trente ans il n’entend plus, il revoit les moments heureux de sa vie, les souffrances de l’enfance, les silhouettes de celles qui sont passées dans sa vie.
    Il rêve d’une dixième symphonie.
    Les souvenirs l’envahissent comme l’eau qui le tue, il revoit son père spirituel « Papa Haydn », il souffre encore de l’indifférence de Goethe qui n’a jamais répondu à aucune de ses lettres, il revoit ses promenades dans une nature qui apaise.
    La musique seule « m’a consolé du manque d’amour, alors et toujours depuis, elle m’a réconforté, elle m’a guidé » La musique baume sur les plaies  à vif.
    Trois mois terribles, trois mois d’agonie pendant lesquels le visage de l’aimée ne le quitte pas, elle dont le nom n’est jamais prononcé « De me rappeler ton sourire, tes yeux, ta peau que je connaissais avant de la toucher, m'emporte, mon ange, hors de ma chambre, hors de mes barreaux, hors de ma douleur »

    Lira t-elle ces lignes « Qu’adviendra-t-il de cette confession, rangée dans mon tiroir secret ? La liras-tu ? J’abandonne la suite au Destin avec lequel je tente enfin d’être en paix, et ce sera bien comme ce sera, mon amour. »
    Ludwig van Beethoven meurt le 26 mars 1827  « Jusqu’à la tombe, il garda un coeur humain envers tous les hommes »

    virginie Reisz.jpgVirginie Reisz écrit en écoutant la musique de Beethoven, avec bonheur et infiniment de grâce elle prête ses mots au génie , elle l’écoute et le comprend, elle voudrait lui donner ce qui lui a manqué, elle sait faire partager son admiration et son amour.
    Un roman délicat que je vous propose d’ajouter à votre bibliothèque

  • Les couilles d'adam - Edouard Dor

    les couilles d'adam.gifLes couilles d’adam - Edouard Dor - Sens & Tonka
    C’est le troisième voyage que j’entreprends avec Edouard Dor, après les Deux vénitiennes et Une inquiétante étrangeté, je le retrouve aujourd’hui dans un essai sur Masaccio, on change d’époque mais toujours en gardant ce regard décalé, libre et passionné sur les oeuvres, loin des essais trop sérieux des historiens de l’art.
    Comme dans les livres précédents plusieurs oeuvres sont regardées, rapprochées, comparées.
    Le titre de ce livre prend sa source dans la fresque de Masaccio de la Chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence.
    Dans la chapelle deux fresques se font face, celle de Masolino, La Tentation qui représente Adam et Eve avant la chute. Cette fresque qu’ Edouard Dor qualifie « d’art médiéval »  correspond au canon esthétique et à la tradition de l’époque.

     

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    La tentation - Masolino - Chapelle Brancacci


    En face l’oeuvre de Masaccio, Adam et Eve chassés du paradis terrestre, marque une rupture et le passage à l’art moderne.

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    Adam et Eve chassés du paradis terrestre
    Avant et après restauration


    L’analyse détaillée fait apparaître des détails ignorés, nous fait découvrir l’intention du peintre de faire de cet Adam le procréateur désigné par dieu, et d’Eve qui pousse un cri inaudible, qui revêt le masque de la douleur, le symbole de la punition divine.
    Cet homme et cette femme ne sont plus des personnages habituels, ils ne sont plus des canons de la culture gréco-latine mais deviennent plus humains.
    « Cette volonté de Masaccio d’humaniser ses héros fait qu’ils nous sont immédiatement compréhensibles et sympathiques. Nous compatissons à leur douleur, cette douleur qu’ils semblent partager et qui les rend solidaires l’un de l’autre (...) Oui nous saisissons bien, d’emblée, la précarité de ces créatures. »
    Le titre choisi par E Dor pour cet essai trouve son origine dans  la suppression des pudiques feuilles de vigne qui cachaient les attributs virils d’Adam avant la restauration de la fresque en 1984.

    Masaccio dont Elie Faure disait « Celui-là même qui a inventé la peinture » inspirera Michel Ange, Raphaël, les tableaux de ceux-ci sur le même sujet sont examinés par Edouard Dor. Puis plus près de nous il nous propose un rapprochement avec Rodin mettant en regard, le visage douloureux d’Eve et la sculpture de Rodin "Tête de la douleur"

     

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    Tête de la douleur - Auguste Rodin

    Comme pour les précédents j’ai aimé cette invitation à la découverte d’une oeuvre et cet essai est allé rejoindre les deux précédents sur les étagères de ma bibliothèque

  • Une inquiétante et diabolique étrangeté - Edouard Dor

    Une inquiétante étrangeté - Edouard Dor - Editions Sens & Tonka
    Le plaisir du diable - Jacques Gelat - Editions José Corti

    inquietante.gifAu mois de février je vous avais proposé un billet sur un livre d’Edouard Dor, aujourd’hui je récidive car sur un thème différent il nous livre encore une fois sa réflexion d’observateur attentif.
    À quoi tient qu'un tableau nous trouble plus qu'un autre ?
    Pour nous parler de « cette inquiétante étrangeté » Edouard Dor nous installe devant trois oeuvres de Véronèse traitant d’un même sujet, les amours de Mars et Vénus. Dans un des trois tableaux la présence d’un escalier qui va on ne sait où et surtout et ajouté à ce « décor ambigu » au beau milieu d’une scène voluptueuse, une tête de cheval en haut de l’escalier.
    « Véronèse cherche à nous surprendre, à nous déstabiliser »

    Je vous laisse juger par vous-même.

     

     

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    Le deuxième exemple pris par Edouard Dor est le portrait fameux « Olympia » par E Manet . il se livre à une étude passionnante dudit portrait, en particulier de son éclairage frontal, sur la présence d’un chat aux yeux jaunes, sur la fascination et le malaise que nous pouvons éprouvé devant la toile.
    Son dernier exemple est une étude d’une oeuvre peu connue de Matisse : « Porte fenêtre à Collioure ».

     

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    J’ai aimé à l’égal du premier ce petit livre, simple et fouillé il invite à lire autrement une toile, à observer en nous laissant pénétrer par cette « inquiétante étrangeté » qui naît de nos fantasmes et qui peut aller jusqu’à l’épouvante absolue nous dit S Freud dans l' essai dont s'est inspiré Edouard Dor.


    plaisir du diable.gifIl arrive que nos lectures s’ordonnent d’une façon particulière et que sans le vouloir deux ouvrages viennent se rencontrent ou se répondent. Le roman de Jacques Gelat a pris place juste après ma lecture d’Edouard Dor.

    J’ai retrouvé le monde de la peinture dans ce roman insolite et précieux. Sonia l’héroïne travaille dans une galerie à Paris, le propriétaire de celle-ci lui confie la mise en vente d’un tableau hollandais d’Emmanuel de Witte représentant deux musiciennes.
    Sonia tombe aussitôt sous le charme et son intérêt va jusqu’à la  fascination, mais un soupçon l’assaille, elle ressent une  « inquiétante étrangeté » à l’observation de la toile, des détails incongrus, des anomalies la font douter de l’authenticité du tableau.
    « Alors, bien avant le dessin, les couleurs ou la composition, la toile lui envoya sa lumière.
    Sonia la sentit doucement irradier vers elle, un peu comme un soleil du soir après une journée de chaleur. Une lumière tiède, lente. Sans doute était-ce le sentiment des couleurs principales, les robes des femmes, orangé sombre pour la première, rouge bordeaux avec des reflets bruns pour la seconde. Puis le bois des guitares sur les genoux, vieil or avec des reflets ambrés. »


    Nous sommes littéralement emportés nous aussi, la description du tableau que vous ne tarderez pas à « voir » , l’obsession amoureuse de Sonia pour celui-ci, sa quête de la vérité, le monde de l’art, du faux et de l’illusion, tout est fascinant dans ce roman. Le style est impeccable et la construction diabolique. Une fin inoubliable.
    Il faut préciser que ce roman avait déjà été publié il y a vingt ans par les éditions Denoël sous le titre « le tableau », il est réédité aujourd’hui pour notre plus grand plaisir.