Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : la petite lumière

  • Chardin et Rembrandt - Marcel Proust

    De fil en aiguille : l'écrivain 

     

    pe67_chardin.jpg

                     " la fanfaronnade d'un vieillard qui ne se prend pas au sérieux "

    Proust journaliste, Proust chroniqueur d’art, des écrits qui ne furent jamais publiés de son vivant et que l’on retrouva dans ses papiers après sa mort.

    Une visite au Louvre de Marcel Proust avant la Recherche

    Il est « un jeune homme de fortune modeste » dont le regard se laisse prendre aux peintures du quotidien de Jean Baptiste Siméon Chardin.

     

    Dans l’impossibilité de partir pour l’Italie ou la Hollande, c’est dans les musées qu’il va chercher de la beauté et tout particulièrement auprès des oeuvres du peintre français.

     

    1310951-Jean_Siméon_Chardin_la_Mère_laborieuse.jpg

    « Le plaisir que vous donne sa peinture d’une chambre où l’on coud, d’un office, d’une cuisine, d’un buffet… »

     

    ME0000029042_3.jpg

    « La femme qui prépare la table, la nappe antique et les assiettes encore intactes dont depuis tant d’années elle sent la fermeté douce résister toujours à la même place entre ses mains soigneuses, entre cette nappe et la lumière… »

     

    Proust nous prend par la main, non en critique mais en amateur de beauté, la beauté la plus simple  « Pour l’artiste véritable, comme pour le naturaliste, chaque genre est intéressant, et le plus petit muscle a son importance. »

     

    Avant d’être l’écrivain du petit pan de mur jaune  il nous guide  « comme Dante se laissa jadis guider par Virgile »

     

    Un tout petit livre illustré des tableaux des deux peintres, avec une postface qui vient heureusement compléter la lecture.

     

    Le livre : Chardin et Rembrandt - Marcel Proust - Editions Le Bruit du temps 

  • Les Cyprès de Patmos - Antoine Silber

    Pour ceux qui vont partir ou ceux qui en reviennent....

    patmos3.jpg

     

    Pour une amoureux fou de la Grèce quelle est la plus belle chose qui peut arriver ? Trouver une maison à acheter. Pas n’importe où, non, à Patmos. Et pas n’importe quelle maison, un « rêve de maison », une petite maison, un spitaki pour être précis.

    Elle n’est pas très vaste cette maison, mais elle a une vue sur la mer, et la grotte où Saint Jean est censé avoir écrit l’Apocalypse, est toute proche.

    Déjà là je sens que vous êtes sous le soleil et la lumière de Patmos...

    Quelques travaux sont nécessaires, salle de bain et m2 supplémentaires, et puis aussi des plantations, cyprès et oliviers, amandiers que les chèvres du berger local vont trouver tout à fait à leur goût.

     

    saint_jean_patmos_bosch_2_350.jpg

    Saint Jean et Patmos vus par Jérôme Bosch

     

    Je dois dire que je me suis laissée totalement emportée par ce petit récit, le temps passe vite truelle en main, à la condition de pouvoir boire un petit ouzo de temps à autre. En toile de fond la crise grecque et les jugements hâtifs sur le pays « la gabegie, la paresse grecque » mettent en rogne Antoine Silber. 

    Car il change notre écrivain « On voyage toute sa vie, on écrit, on commente l’actualité, on est simple spectateur. Et puis, un jour, on devient horticulteur ! On plante des arbres, on découvre qu’on peut être utile, la vie prend tout son sens. »

     

    chora.jpg

    Chora le village de l'auteur

    Ses travaux ne sont pas toujours couronnés de succès mais cela ne l’empêche pas de profiter de l’odeur du jasmin, des figues et des eucalyptus.

    Ah oui j’allais oublier, Patmos est une île un peu mystique et Antoine Silber peu à peu se laisse gagner par une certitude, ce n’est pas dans une grotte mais carrément dans cette petite maison que l’apôtre à écrit ....

     

    Si vous voulez prendre un petit bain de Méditerranée, lire un livre tout en délicatesse alors glissez ce livre dans votre valise il est encore temps.

     

    9782363080448FS.gif

     

    Le livre : Les cyprès de Patmos - Antoine Silber - Edtions Arléa

  • Voyage à l'île de Rügen - Carl Gustav Carus

    Un petit livre qui évoque à la fois un lieu et un peintre des paysages de la Baltique
    En 1819 Carl Gustav Carus lui même peintre fait un « voyage à l’île de Rügen » sur les traces et avec les conseils de son ami Caspar David Friedrich.

    Carl Gustav Carus-886436.jpg

                                                 Eichen am Meer - Carl Gustav Carus

    Il part aussi en quête d’une solitude lui qui appartient à la mouvance romantique de l’époque cherche un lieu propice à la méditation.
    Depuis Berlin le voyage est long et aventureux, il est tout de suite charmé par les paysages « les environs de herzberg, si joliment boisé de chênes, avec ça et là quelques pins pittoresques, des cigognes perchées sur les chaumières rustiques dans la lumière du matin » Il traverse la Poméranie qui lui rappelle les tableaux de Ruysdael.
    Pour parvenir sur l’île il fait son premier voyage en mer « un petit vent de terre nous poussa vers le large, les vagues ondoyaient contre la petite embarcation et souvent le crayon sur le papier, nous suivions des yeux les yoles et les bateaux de pêche. »
    Si Rügen est aujourd’hui un haut lieu du tourisme allemand, à l’époque l’île est quasi déserte et Carus est ébloui par « une vie de la nature, aussi belle et solitaire »
    Son voyage donne lieu à un récit à la fois artistique et champêtre où se mêlent des considérations esthétiques sur l’art et des descriptions empreintes de poésie et de romantisme.

    carus.jpg

                                 Wanderer on the mountains top - Musée de Saint Louis USA

    La région est superbe et les hautes falaises de craie de l’île sont l’occasion pour Carus de s’extasier « Dans l’obscurité, je sortis encore pour écouter, auprès de ces hautes parois de craie d’où émanait une lumière quasi phosphorescente, le fracas de la mer montant des profondeurs »

    kreidefelsen-auf-ruegen1.jpg

     Les falaises de Rügen peintes par son ami et men

    Kreidefelsen auf Rûgen - Caspar David Friedrich

    Museum Oskar Reinhart am Stadtgarten

     

    Le voyage ne dure que quelques jours, il souhaitait voir se rétablir sa santé, c’est chose faite, il peut rentrer.

    C’est un texte plein de charme et d’un certain lyrisme romantique  qui donne une saveur un peu surannée à la lecture.

    Voilà comment Kenneth White qui écrit la préface du livre décrit Rügen et cette région
    La région est « la grande plaine prussienne  » parcourue par l’Elbe, la Vistule, l’Oder c’est « un labyrinthe de bras marécageux » l’ensemble compose un paysage « mouvant et émouvant »


    Le livre : Voyage à l’île de Rügen - Carl Gustav Carus - Traduit de l’allemand par Nicole Taubes - Edtions Premières pierres  1999

  • Hommage à Philippe Jaccottet : Philippe Leuckx Ce long sillage du coeur

    jaccottet.png

    Ce n’est pas souvent que l’on apprend la disparition d’un poète, et encore moins celle d’un poète auquel on revient sans cesse au fil des années.
    Il y a bien des façons de rendre hommage à un disparu, faire un billet dithyrambique sur son oeuvre, éplucher ses écrits, parler de l’homme lui-même.

    IMG-0143.jpg

    Ma bibliothèque est riche de ses poèmes, de ses écrits autour de ses amis et j’attends avec impatience les dernières parutions qui vont sortir début mars.

    IMG-0145.jpg

    Poète de l’éphémère qui souhaitait que « L'effacement soit ma façon de resplendir »

    IMG-0147.jpg

    Mes étagères sont riches aussi de ses traductions.

     

    Mais aujourd’hui ce que je préfère c’est vous parler d’un poète qui pour moi appartient à la même famille que Philippe Jaccottet, un poète francophone comme lui, non pas suisse mais belge. 

    ph_Leuckx_1.jpg

    Philippe Leuckx

    J’ai fait connaissance avec Philippe Leuckx il y a peu de temps, je l’ai trouvé discret dans une petite maison d’éditions qui porte un nom qui me plait infiniment : La Tête à l’envers.

    Il a publié bien entendu chez d’autres éditeurs et je compte bien élargir ma bibliothèque.

     

    Aujourd’hui le recueil que j’ai reçu porte un titre qui ma plu immédiatement et qui est inspiré par un autre poète Jules Supervielle

    Quelqu’un a pris ta main qui t’attendait aussi
    Pour écouter ce long sillage du coeur
    Qui ne pouvait pas croire à la fin du voyage 

     

    Un recueil de 62 poèmes en vers ou en prose avec lesquels j’ai fait la promenade parfaite, promenade faite de sensations, d’émotions, d’impressions saisies sur l’instant.

     

    Philippe Leuckx vise la simplicité car les mots coulent «  j’avais pour compagnie un ruisseau » 

    J’ai senti la lumière à travers les mots 
    Mon coeur est plein de fenêtres 
    Et d’étoiles vers les confins

    Je suis passée de l’ombre à la lumière, du soleil à la fine bruine

    Le printemps ose une fine bruine sur le murmure des mondes
    A peine
    Un troglodyte bruisse sur l’arbre à découvert

     

    La beauté de la nature s’impose sans effort dans ses poèmes.

    Au-delà des rumeurs
    La lumière ruse
    A l’heure où les herbes 
    Vont boire
    Un abri sous les fleurs

    Rêve et nostalgie se partagent les poèmes, tout est empreint de douceur  « Nous allions sous la pluie avec les mots en poche »

    Vincent_van_Gogh_-_Aout_1879_-_Cuesmes-_Wasmes.jpg

    Vincent Van Gogh Cuesmes Wasmes

    L’ enfance est très présente, une enfance peut être un peu malmenée et sans doute solitaire dans le pays du Hainaut, pays de mines et de terrils, le pays de Van Gogh

    L’enfant blessé d’ombre
    se recoud au soleil 

    Le poète vagabonde avec bonheur « D’errance en vagabondage, de cheminement en balade, de sentes en passages escarpés » parfois il va chercher la lumière en Grèce

    wanderer.jpg

    Il va comme le marcheur, le wanderer comme le surnomme Françoise Lefèvre dans sa préface, je préfère le nom de pérégrin car nous dit le poète « Chaque poème rend pèlerin de soi »

    voignier.jpg

    Il m’a rappelé un poète que j’aime beaucoup Hubert Voignier et son recueil Les Hautes herbes.

    Un poète que je vais m’empresser de connaitre mieux car j’ai aimé sa poésie subtile et apaisée, forte de sensations, de bribes d’enfance, de paysages du coeur.

    J’ai aimé  sa « langue douce de l’errance » mais aussi cette sensibilité qui touche profondément

    Il y a quelque chose de compté dans l’air. Qui broie. Efface. 
    C’est un tumulte léger au coeur. Parfois juste un repli.
    Souvent une souffrance.

     

    IMG-0146.jpg

     

    Le livre : Ce long sillage du coeur - Philippe Leuckx  - Editions La Tête à l’envers

     

  • Ma bibliothèque lilliputienne

    mobile-isométrique-bibliothèque-ligne-vecteur-eps_csp29520643.jpg

    En écrivant mon billet pour le Berger de l’avent, j’ai repensé à ces livres qui m’ont apporté un bonheur simple, parfois fort et maintes fois renouvelé, sous un format plutôt restreint.

    Des livres qui sont faits pour le lecteur qui parfois refuse de lire des pavés, qui préfère le court, le vite lu MAIS qui aime les récits sensibles, profonds, graves ou déjantés, voici ma bibliothèque lilliputienne. Certains vous sont connus évidement mais peut être pas tous ceux qui sont sur mes étagères depuis des années.

    Pourquoi j’aime ces livres ? 

    Parce qu’en raison de leur taille on en mémorise presque totalement le contenu, j’ai une bonne mémoire mais ne plaisantons pas, je ne me souviens plus de tous les détails de La Montagne magique ou de Guerre et Paix. Par contre avec ces livres très courts c’est possible.

    guerre.jpg

    Il est facile de se rappeler les prénoms des deux héros d’Inconnu à cette adresse, ou bien le nom du libraire qui envoie  à Hélène Hanff les livres qui lui manquent contre parfois des oeufs et du jambon.

    Inconnu-a-cette-adree.jpg

    Impossible de perdre le nom du héros de l’Ami retrouvé grand collectionneur de pièces de monnaie et dont vous avez vous aussi cherché le nom sur une liste que vous voudriez oublier.

    ami.jpg

    Ce sont de petits joyaux, qui parfois ont eu un succès retentissant alors que d’autres passent inaperçus.

    Je vais en ajouter quelques uns à votre liste en variant les genres pour qu’ils deviennent vos compagnons quand vous broyez du noir, quand vous avez envie de légèreté ou tout simplement pour passer un bon moment de lecture.

    oiseau.jpg

    Un grand-père quasiment confit dans l’alcool qui hérite d’un petit fils et un volatile obèse voilà un récit totalement déjanté et loufoque mais qui me fait encore rire aux éclats après plusieurs lectures.

    été.jpg

    Ou alors la tendresse qui sourd du récit de la déchirure vécue par un petit garçon qui va être séparé de son grand-père, délicatesse et blessure secrète et un talent extraordinaire de l’auteur font de ce récit un moment plein de charme et de nostalgie. 

    Ou la Petite lumière qui reste éclairée pour moi à jamais.

    Ou ces mots qui disent la douleur et qui contre toute attente produisent un effet réconfortant quand cette douleur devient la votre. 

    douleur_1.jpg

    Enfin un livre qui vous avez certainement lu et peut être offert mais qui a pour moi encore, malgré des lectures répétées,toute la magie de la poésie et de la beauté de Yuko et de l’île d’Hokkaido, de la neige qui inspire tellement les peintres japonais. Un récit plein d’élégance et d’harmonie parce que  « Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. »

    paysage.jpg

    Bon il y en a d’autres mais je vais laisser la liste ouverte pour vous, venez et ajoutez votre choix vos petits grands livres qui donnent du bonheur.

     

    Les Livres dont je parle dans l’ordre du billet 

    Inconnu à cette adresse - Kathrine Kressman Taylor - Editions Autrement

    84 Charing Cross road - Helen Hanff - Editions Autrement

    L’Ami retrouvé - Fred Uhlman - Editions folio Gallimard 

    L’Oiseau canadèche - Jim Dodge - Editions Kambourakis 

    Un été indien - Truman Capote - Editions Rivages

    La Petite Lumière - Antonio Moresco - Editions Verdier

    La Doulou - Alphonse Daudet 

    Neige - Maxence Fermine - Editions Arléa

     

  • La Barque de l'aube - Françoise Ascal

    Vers douze ans grâce à mon premier argent de poche, j’ai fait deux découvertes.  
    Je me suis acheté mon premier disque de musique classique : La Pastorale de Beethoven  et j’ai admiré pour la première fois un tableau de Corot  Souvenir de Mortefontaine  qui illustrait la pochette du disque. 

    camille-corot-souvenir-de-mortefontaine-detail.jpg

    Un souvenir qui a perduré jusqu’à aujourd’hui alors que le disque est perdu.
    Quand j’ai trouvé en librairie le petit livre de Françoise Ascal j’ai fait avec elle la même promenade sous le ciel de Corot que celle que j’avais faite à douze ans.

    le batelier.jpg

    Camille  Corot le batelier de Mortefontaine

    Dans ce petit livre Françoise Ascal nous promène dans les pas de deux Camille.
    En tout premier il y a Camille Corot dont elle est sensible à la peinture.

    Un peintre qui aime revenir dans des lieux bénis, les bosquets, les sous-bois. Il aime par dessus tout les arbres, les feuilles.
    Il est attiré par les rivières, les eaux calmes, les reflets dans l’eau, c’est son enfance de paysan qui parle là.

    Corot.villedavray.750pix.jpg

    Camille Corto l'Etang de Ville d'Avray

    Corot est un homme de carnets, il note beaucoup, il se répète comme sa représentation plusieurs fois répétée dans son oeuvre d’une femme lisant.

    liseurs.jpg

    « Ainsi, regardant ta Liseuse au bord de l’eau, on ne voit au premier coup d’œil qu’un paysage vaporeux, gaze ou tulle. Herbes, frondaisons, ciels dans de sourdes tonalités dont on ne sait si elles vont se dissoudre avec la lumière matinale, ou s’intensifier pour rejoindre l’obscur. Rivière étale, sans ride. Pas de vent dans les branches. Quelques pâles reflets esquissés sur une eau sans vertige. »

    paysage.jpg

    Il dit « Pour bien entrer dans mes paysages, il faut au moins avoir la patience de laisser le brouillard se lever ; on n’y pénètre que peu à peu et, quand on y est, l’on doit s’y plaire. » 

    homère et les bergers .jpg

    Homère et les bergers dans un paysage - C Corot  Saint Lô Musée des Beaux Arts

    « Rien n’est inutile, rien n’est à retrancher » dit Baudelaire de la peinture de Corot.

    Mais Françoise Ascal insert dans son texte un autre Camille, un jeune homme mort à la guerre « foudroyé à dix-neuf ans, deux trous rouges au côté droit » 

    ob_46663a_rimbaud.jpg

    Ce jeune homme lié à sa famille semble arpenter les chemins du peintre.

    « Vous auriez pu arpenter les mêmes terres, longer les mêmes rivières, graver vos initiales sur les mêmes écorces de frêne.» nous dit-elle.

    Manifestement Françoise Ascal nourrit un penchant particulier pour le peintre et elle sait à merveille mêler les deux destins, l’émotion et la beauté sont là 

    Ce livre est une douce réflexion sur le temps qui passe, la mémoire, et la beauté de la peinture, un livre qui est un bel hommage et un objet poétique riche de lumière, de rêverie, une jolie méditation où comme le peintre en ses tableaux elle «  y suggère la vie ».

    barque.jpg

    Le livre : La Barque de l’aube - Françoise Ascal - Editions Arléa