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Rechercher : la petite lumière

  • Hiver nomade le film

    La transhumance 

     

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    Avant de vous parler de ce film de Manuel Von Sturler j’adresse un petit coup de chapeau à JEA car c’est grâce à lui que je ne suis pas passée à côté de ce film et même si il n'est plus tout à fait de saison (encore que...) je vous le recommande.

     

    Bergers et troupeaux, un des plus vieux métier du monde (relisez la Bible) mais un métier qui voit aujourd’hui se réduire son espace vital. 

    Les pâturages laissent la place aux voies goudronnées, aux voies rapides, aux constructions qui rognent l’espace nécessaire aux troupeaux.

     

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    Un troupeau en action sous la garde attentive de Pascal et Carole la bretonne, au coeur de l’hiver de novembre à mars.

    Cette transhumance ne fait pas l’économie du stress de la modernité : les chemins, les prés disparaissent, la recherche chaque jour d’un itinéraire et d’un lieu de repos pour la nuit, est longue et difficile. troupeau et bergers errent parfois sans trouver la terre adéquate.

     

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    Les haltes partagées sont une petite pause dans la monotonie des jours : une fondue touillée en pleine nature, une douche chaude dans une maison amie.

     

    Une transhumance qui va permettre d’engraisser des agneaux pour qu’ils soient prêts pour les assiettes pascales. Transhumance sur un plateau de moyenne montagne, un plateau de la Suisse des banques et de la richesse, qui ici pendant 5 mois et  600 km, ouvre ses routes à 800 moutons.

     

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    Anes et chiens, une tente, des couvertures, de larges sacs pour transporter l’indispensable : de quoi s’abriter, de quoi se réchauffer, de quoi se reposer.

    Le bivouac est parfois arrosé, les petits matins sont froids et blancs quand la neige est en avance. La lecture le soir à la lumière du feu. 

    Amour partagé de cette vie rude, souci permanent de l’itinéraire, du troupeau, de la bonne herbe. 

    Les images sont splendides de ce troupeau qui serpente au gré des chemins, des cultures, des habitations. Un film qui apporte une énorme bouffée d’oxygène. 

    Le DVD devrait sortir en 2013.

     

    Le billet de JEA qui a déclenché mon envie

  • L'instant précis où Monet entre dans l'atelier - Jean-Philippe Toussaint

    Comment dit-on lorsque l’on trouve un petit trésor ? Une petite pépite. 

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    Amoureux de Monet, de Giverny et des Nymphéas ce minuscule livre est fait pour vous.
    Comment rendre compte de la création, de cet instant éphémère où la main va réaliser un miracle de beauté ?

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    C’est ce moment que Jean-Philippe Toussaint tente de surprendre pour nous l’offrir.
    « Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier dans le jour naissant encore gris »

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    Nous le suivons dans l’atelier. Ouvrant grand les yeux, pour saisir ce moment où la peinture se transforme en « paysages d'eau et de lumière, fragments de branches inclinées de saules pleureurs, reflets bleutés, ciels, transparences. »

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    Nous sommes à Giverny, c’est un temps de fièvre et de chaos, 1916, et Monet peint des fresques gigantesques, imagine leur placement à l’Orangerie avec l’aide de Clémenceau, La guerre est oubliée pour un instant.
    « Que sont les événements du monde pour l’artiste quand il crée ? Un tourment lointain et invisible. Une rumeur angoissante, entêtante, importune. » 

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    Chaque paragraphe commence par la même phrase et cette litanie qui scande le texte nous invite à nous plonger dans l’univers du peintre, à voir ces interminables retouches de l’oeuvre, une oeuvre en perpétuel recommencement, en éternel inachèvement.
    « Il ne sait rien du grand destin aveugle qui attend les Nymphéas. » 

     

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    « Partout des bleus, des bleus mêlés de rose, des bleus mauves et des bleus plus profonds, des bleus de cobalt, des bleus nocturnes, et ici et là, un bref feu d’or qui contraste, un incendie de jaune » 

     

    En quelques mots JP Toussaint nous dit l’âge qui avance, le corps qui s’affaiblit, la vue qui flanche et l’homme, le peintre « laissant la vie derrière lui, prenant congé du monde »

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    C’est peu dire que j’ai aimé ce texte, alors que, il faut que je le confesse je n’aime pas les autres livres de l’auteur, ben oui désolée !!

    Mais là j’ai lu ce petit opuscule trois fois de suite, j’ai ressorti mon gros livre sur Monet, sa biographie, sa correspondance avec Clémenceau, bref je me suis offert un bain d’impressionisme et rien que pour ça merci Monsieur Toussaint.

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    Le livre : L’instant précis où Monet entre dans l’atelier.- Jean-Philippe Toussaint - Editions de Minuit 

  • Aussitôt que la vie - Marie Gillet

    Ecrire en marchant, quelqu’un qui démarre son livre ainsi c’est fait pour me plaire instantanément, j’ai pensé à Nietsche, grand marcheur devant l’éternel. 

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    Marcher « Dans la colline éblouissante de lumière » ou bien écrire « Dans le bureau mansardé tapissé de livres » je prends les deux instantanément.

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    Le Garlaban 

    Marie Gillet nous propose de marcher avec elle sur les chemins. De jour en jour, de saison en saison, cheminer lentement. 
    Dans le sac à dos de la marcheuse, en plus des carnets, il y a toujours un livre, pour accompagner les pauses, les moments de contemplation. 

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    Le plus traditionnel 

    Thoreau écrivant son journal parlait de Journal météorologique de l’âme, Marie Gillet tient ce genre de journal depuis des décennies, à travers une multitude de carnets.
    Aujourd’hui, elle nous offre, comme un présent, quelques Bribes et Brindilles des mots engrangés mêlés aux souvenirs d’enfance.

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    J’ai aimé les carnets que Marie Gillet utilise. Ceux que l’on glisse dans la poche, ceux qui attendent le retour de promenade. Ceux achetés lors de voyages, ceux plus simples mais pleins de mots et d’autres choses 
    «  Tous sont boursouflés de feuilles, de brindilles, de grains de terre, plus rarement de fleurs »

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    Non celui là n'a pas été cueilli 

    Le lecteur pourrait facilement se perdre dans cette multitude comme on se perd devant une brassée de mots, une avalanche de sensations, un tsunami d’odeurs et de couleurs.

    Ces carnets sont là pour « l’action d’écrire » et deviennent  « des herbiers de mots, des dictionnaires personnels, des bibliothèques de traces ».
    Carnets relus parfois « un jour de pluie d’hiver ou une nuit de givre ».

    Ces carnets sont aussi un retour en arrière, vers l’enfance qui fut à la fois douloureuse et lumineuse.
    Elle découvre, enfant, le Mistral, « Dès que j’ai habité chez Mètou, j’ai appris à vivre comme on vit ici : avec le vent. »
    Cela  m’a beaucoup touché car j’ai fait la découverte de ce vent si particulier à 7 ans sur le site du château des Baux de Provence, le vent était tel que ma grand tante du m’arrimer à elle très fortement pour que la brindille que j’étais ne soit pas emportée. 

    Elle nous dit ses compagnons de marche et lumière : Hyacinthe (cela m’a rappelé Henri Bosco bien entendu) Loulou, Ange et Le chef la figure tutélaire dont on ne saura jamais s’il fut ange ou démon.

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    J’ai retrouvé dans ses mots la sensation de chaleur et de lumière que j’ai ressenti enfant dans cette Provence, j’ai retrouvé mon plaisir à crapahuter dans la colline au dessus du village dans le thym et le romarin, la chaleur des vieilles pierres du vieux château dans la Montagnette et de « laisser être la beauté, même cachée, pour qu’elle participe à l’équilibre du monde. »

     

    J’ai aimé ce moment où cessant de faire la course à la randonnée la plus difficile, la plus rapide, la course au « butin » à rapporter pour être pendant un petit moment une personne importante, Marie choisit de lâcher prise.
    Ne plus être  celle qui doit « régler touts les problèmes, trouver toutes les solutions, toujours progresser, s’élever » mais devenir celle qui ne ramasse plus rien, qui ne cueille plus aucune fleur, qui se contente d’admirer, de contempler et de remercier.

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    Chêne Rouvre 

    Les arbres et les couleurs occupent une place privilégiée dans ce livre. Le chêne tout d’abord et j’ai aimé que Marie Gillet secoue un peu la perruque de La Fontaine sur le sujet.
    Le chêne on devrait dire les chênes car il y en a de toutes sortes, et celles du sud sont un peu mes préférées : Rouvre, Kermès, Yeuses.

    Quant aux couleurs c'est Le bleu qui domine, le bleu Poussin, le bleu polaire, le bleu de Turner. C’est un festival de bleu que Marie Gillet nous offre, sous la bienveillance de Rimbaud, de Baudelaire ou de Giono.

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    Le bleu de Turner : le Château de Norham 

    L’odeur et la fragilité des violettes m’ont particulièrement touché, une des mes fleurs préférées mais uniquement dans un bois, vous savez le petit bois du Sous préfet au champs.

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    La beauté des asphodèles qui m’a contraint à rouvrir mon exemplaire de l’Odyssée. Et bien j’avais totalement oublié ce passage et du coup ce n’est pas juste le passage que j’ai relu, non j’ai replongé dans le livre la tête dans les étoiles.

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    J’ai aimé les listes qui viennent au jour «  lors d’une promenade aux alentours de la maison ou d’une marche de l’aube au soir » listes de fleurs, d’arbres, de lieux, mais surtout de personnes qui ont marqué la vie de l’auteur à jamais.

    J’ai aimé comprendre comment les mots engrangés deviennent textes un jour pour dire l’éblouissement ressenti, le chemin vers la lumière parfois très douloureux.

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    Vous avez compris j’ai aimé ce livre, il est désormais plein de petits coups de crayon, des petits signes qui évolueront lors d’une autre lecture, qui se déplaceront, qui seront effacés, remplacés au gré de mon humeur, de mon plaisir.

    Ah dernier détail Marie Gillet vous la connaissez sans doute déjà pour vous assurer de petits bonheurs du jour régulièrement 

    Le livre : Aussitôt que la vie  - Marie Gillet  - Editions L’Harmattan 

  • Eugène Boudin Les plages - Laurent Manoeuvre

    Pour votre frère amoureux de peinture et d’Impressionisme

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    Dur de faire un cadeau aux amoureux de peinture, d’une part ils ont souvent déjà une grosse bibliothèque sur le sujet et puis …l’achat de livre d’art c’est redoutable pour les finances.

    Allez reprenez espoir, je vous propose un petit livre qui réjouira l’amateur et laissera votre carte bleue de marbre.

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    Vous imaginez qu’à ses débuts les plages d’Eugène Boudin choquaient les bourgeois, les bien-pensants et pourtant quelle fraîcheur que ces plages ! 

    Vous pouvez vous dire qu’il était un peu obsessionnel Eugène, sans doute mais c’est pour notre grand plaisir.

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    Il commence à peintre à l’heure ou la mode des bains de mer, des séjours en Normandie dans les stations balnéaires rencontrent un public qui va s’approprier les promenades des bords de mer, arpenter les planches  « Paillotes, cabines, fauteuils de mer se déploient comme les planches destinées à stabiliser la marche sur des plages découpées en trois espaces : homme, femmes, couples et familles. »

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    La plage à Trouville Musée d'art de Princeton

    Les aristocrates et la haute bourgeoisie investissent les lieux, on croise des femmes en crinolines, des messieurs à haute forme.

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    L'heure du bain à Deauville - National gallery of art Washington

    Pour les peintres la lumière est là particulièrement belle et ils vont planter leurs chevalets sur les plages. Terminé les peintures classiques, 

    Ce que cherche Eugène c’est de mettre sur la toile une fugace lumière, les instants magiques.

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    La plage de Tourgeville - Boston

     Parfois le peintre est un rien agacé par cette foule nouvelle 

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                                    Plage aux environs de Trouville »  Musée des Beaux-Arts de de l’Ontario 

    « Cette plage de Trouville qui naguère faisait mes délices n’a plus l’air à mon retour que d’une affreuse mascarade. Il faut presque du génie pour tirer parti de cette bande de fainéants poseurs. »

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    Retour des Terres neuvas National galerie of art Washington DC

    Mais la plage appartient aussi aux pêcheurs, à ceux qui ramassent le goémon, aux laveuses de la plage d’Etretat ou au retour des Terre neuvas.

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    Les laveuses au bord de la Touque  Musée Langmatt Baden

    Ecoutons Baudelaire nous dire que Boudin c’est « le peintre des états de l’atmosphère selon le lieu, l’heure et le vent » 

    Eugène va peintre de véritables bijoux, la lumière, le vent, les ciels et cette mer qui va prendre des couleurs sombres parfois, les personnages à peine esquissés, un bonheur atmosphérique.

    Monet ira peindre aux côtés de Boudin et cela donnera La -Terrasse à Saint Adresse

     

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    Claude Monet La Terrasse à Sainte Adresse

    Monet le considérait comme son maître et Camille Corot le surnommait « Le roi des ciels »

    Il faut pour aimer cette peinture, s’attacher aux détails, flâner devant le tableau comme on flâne sur la plage en rêvant de vacances, de seaux et de pelles, d’instants de bonheur.

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    Marée basse à Etaples Musée des Beaux arts de Bordeaux

    Un petit livre au joli format. Un texte éclairant et de très belles reproductions.

     

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    Le livre : Les Plages Eugène Boudin - Laurent Manoeuvre - Editions des Falaises  19 €

     

  • Un été pas comme les autres

     

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    « Sous un soleil blanc et fixe, les hommes, chemise ouverte et gouttes de sueur sur la peau, achèvent de creuser leurs tranchées. Par-dessus le grondement des batteries éloignées, nous distinguons, assourdies encore et ouatées, les détonations de batteries plus proches. Je perçois, en tendant l'oreille, des sifflements légers, qui se brisent en une explosion miaulante : ce sont des shrapnells qui éclatent, lentement dissipés dans l'air calme. »

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    « Nous marchons, chassés en avant par une poussée inouïe dont j'éprouve seulement alors la sensation nette. Nous sommes courageux et nous voulons bien faire ; mais où sont nos canons qui feraient taire ceux-là ? Nous sommes bousculés, nous cédons. Et tout doucement une impression naît en moi, s'affirmant jusqu'à m'accabler : je nous sens petits en face de cette force. »

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    « Et la pluie tombe, lourde, serrée, plaquant les capotes sur les dos, ruisselant en fontaine au bord des visières des képis. Le vent a cessé de mugir. Il souffle plus lent, comme apaisé, mais glacé, traître. Je sens l'approche du jour. C'est en moi un appel ardent vers la lumière. Je revois le champ de bataille de Sommaisne, baigné de soleil, net de lignes et riche de couleurs. Cette nuit, on se tire dessus en aveugles, on s'égorge à tâtons. Je ne voudrais pas mourir dans cette boue glacée, dans ces flaques d'eau qu'on ne voit pas… »

     

    Le livre : Ceux de 14 - Maurice Genevoix - Editions Flammarion

  • Bribes de Mario Rigoni Stern

    L'automne de Mario Rigoni Stern

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    Aube © des âmes et tes yeux

    «  C’est la période où la forêt est magique, par ses silences, ses aubes brumeuses, ses couleurs qui s’estompent en une multitudes de tons vert-brun-jaune que relève par moments une lumière mystérieuse dans le sous-bois pré-hivernal.

    Parfois, on s’arrête pour écouter la clochette, puis le trottinement du chien d’un chasseur solitaire qui passe, s’ éloigne, et disparaît dans la forêt.»

     

    « Les feuilles des érables d’altitude se sont mises à luire comme de l’ambre, et la brise du matin les détache des arbres, et les pose sur le sol. Les sorbiers aux baies rouges, brillantes, attirent  irrésistiblement les grives litornes et les grives draines ; les petits coqs de bruyère  se rassemblent au soleil dans les clairières entre les pins mughos, mais quand le temps se mettra à la neige, ils ne tarderont pas à chercher refuge dans les trous à l’abri du vent.

    Les prés autour des hameaux et les pâturages se sont parés des dernières fleurs : les colchiques de l’automne bleus et violets. »

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    Le Livre : Les Saisons - Mario Rigoni Stern - Traduction Marie Hélène Angélini - Editions La Fosse aux ours