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Un été pas comme les autres

 

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« Sous un soleil blanc et fixe, les hommes, chemise ouverte et gouttes de sueur sur la peau, achèvent de creuser leurs tranchées. Par-dessus le grondement des batteries éloignées, nous distinguons, assourdies encore et ouatées, les détonations de batteries plus proches. Je perçois, en tendant l'oreille, des sifflements légers, qui se brisent en une explosion miaulante : ce sont des shrapnells qui éclatent, lentement dissipés dans l'air calme. »

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« Nous marchons, chassés en avant par une poussée inouïe dont j'éprouve seulement alors la sensation nette. Nous sommes courageux et nous voulons bien faire ; mais où sont nos canons qui feraient taire ceux-là ? Nous sommes bousculés, nous cédons. Et tout doucement une impression naît en moi, s'affirmant jusqu'à m'accabler : je nous sens petits en face de cette force. »

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« Et la pluie tombe, lourde, serrée, plaquant les capotes sur les dos, ruisselant en fontaine au bord des visières des képis. Le vent a cessé de mugir. Il souffle plus lent, comme apaisé, mais glacé, traître. Je sens l'approche du jour. C'est en moi un appel ardent vers la lumière. Je revois le champ de bataille de Sommaisne, baigné de soleil, net de lignes et riche de couleurs. Cette nuit, on se tire dessus en aveugles, on s'égorge à tâtons. Je ne voudrais pas mourir dans cette boue glacée, dans ces flaques d'eau qu'on ne voit pas… »

 

Le livre : Ceux de 14 - Maurice Genevoix - Editions Flammarion

Commentaires

  • Pourquoi cette tendresse pour Maurice Genevoix,
    pour le souvenir de son phrasé à la radio où la télévision,
    pour son beau visage sculpté par une vie d'écriture,
    pour sa culture et son humour décapants ?

    Pour toutes ces raisons et surtout pour la ressemblance étonnante
    avec mon grand-père qui avait vécu les mêmes affres de 14 !

    Merci de nous permettre d'éclairer ce samedi de leur souvenir
    lumineux !

  • La radio OU la télévision !!!

    Nos chers grands-pères ne supportaient ni les fautes de tenue...
    ni les fautes d'orthographe !

  • Un écrivain que j'aime, pas forcément ses romans mais ses lignes sur la Loire, et bien sûr sur la guerre
    J'aime l'homme aussi, beau et droit, digne et fier
    je voulais un texte pour introduire un roman sur la guerre de 14 et j'ai trouvé que c'était le meilleur exemple

  • Un siècle a passé depuis cette guerre, restent les tombes et les textes pour se souvenir de ceux-là.

  • et le souvenir reste pourtant vivace en effet

  • Si humainement terrible cette guerre, ces extraits expriment si bien les diverses sensations et pensées qui traversent le soldat.!

  • J'aime les écrits de Genevois pour leur portée très universelle

  • Des traits communs dans tous les écrits de cette guerre

  • Un livre que j'ai chez moi suite à une visite sur les champs de batailles de Verdun et alentour. Je ne me suis pas encore décidée à l'ouvrir, les souffrances de cette génération-là me glacent complètement.

  • c'est glaçant en effet et je n'ai jamais lu le livre d'une traite, j'ai lu des chapitres au fur et à mesure d'autres lectures

  • Je compare les photos, les deux premières, bien propres sur elles (reconstitutions je pense) et la dernière, en noir et blanc, terrible, on sent la boue, le froid, etc.

  • c'est tout à fait ça, les reconstitutions donnent un peu de vie qu'il n'y avait pratiquement plus

  • j'ai relu pas mal de passages à l'occasion de la lecture d'un roman dont je parlerai demain

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