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Rechercher : comme une feuille de thé à shikoku

  • Une sorcière comme les autres

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    Parfois les choses se télescopent dans l’existence, je venais de mettre en ligne le billet sur le Silence des vaincues qui donnait la parole à celles que l’on entend jamais quand la disparition d’Anne Sylvestre est venue me percuter. 

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    Je me souviens des premières chansons d’elle que j’ai écouté adolescente déjà un rien révoltée et je me suis sentie en pays connu. 

    Cette femme m’a accompagné au fil du temps jusqu’à s’introduire en douce dans ma famille avec ses Fabulettes chantées et répétées par mes trois filles.

    Depuis je l’écoute régulièrement avec bonheur et nostalgie et aujourd’hui je me dis que vraiment elle a toute sa place sur ce blog. Quand j’ai lu et mis en billet Je suis complètement battue de Léonore Mercier ou Je suis interdite d’Anouk Markovits c’est toujours sa voix que je pouvais entrendre, celle d’une femme qui mit en mot le viol, l’avortement à une époque où il était interdit d’en parler. 

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    J’aimerai pouvoir croire qu’un jour ou l’autre je la retrouverai et que j’écouterai une nouvelle fois sa voix 

  • En prévision d'une année de lecture....

    Un clin l’oeil à tous les grands lecteurs

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    Si comme moi des pavés qui attendent dans votre bibliothèque

    Si un énorme livre ne vous fait pas peur, si vous ne  regardez jamais le nombre de pages du chef d’oeuvre que vous avez envie de lire mais ..........si comme moi vous avez parfois des crampes dans les mains, les épaules qui fatiguent,  si comme moi vous assimiler « lire sur une table » à un devoir de vacances ! et je ne dis rien de la lecture à un bureau !

     

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    Moi je préfère lire comme ça

    Alors la solution ? je l’ai trouvé sur Amazon.de (ben oui nobody’s perfect ) pas sur Amazon France, non chez notre voisin allemand

    Voilà la petite merveille qui depuis quelques semaines me permet de lire sans douleur, tout à mon plaisir, j’ai nommé le bookseat
    Léger, solide, pratique, transportable partout.

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    J’ai fait ami ami avec le bookseat en lisant Sofia Tolstoï et je ne l’ai pas lâché depuis ......
    Si comme moi vous commencez à avoir un peu des crampes de lectrice, si vous voulez faire un cadeau à un fan de lecture c’est le bon plan de l’été.

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    Ceci est un billet libre de toute publicité !!

  • Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini

    Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini - Traduit par François René Daillie - Editions des Deux Terres

    une année dans la vie.gifCe roman déjà édité en 1990, se présente comme un roman biographique, Jay Parini centre le roman sur la dernière année de la vie de Léon Tolstoï.
    En 1910 en Russie le servage est aboli depuis 50 ans, mais la misère règne en particulier dans le monde paysan, Tolstoï , qui depuis plusieurs années prend fait et cause pour le peuple, souffre de ne pas appliquer dans sa vie familiale les préceptes qu’il défend dans ses écrits et auprès de ses «disciples ».
    Il vit et écrit à Isnaïa Poliana, presque tous ces enfants sont partis et la vie se partage entre le groupe de fidèles tolstoïens, sa fille Macha qui l’aide en s’occupant de son courrier, son médecin (Tolstoï a 82 ans)  et bien sûr Sofia Andreïevna son épouse et mère de ses 13 enfants.
    Jay Parini, fait parler à tour de rôle les protagonistes qui ont chacun un point de vue, des sentiments. Petit à petit on entre dans l’intimité de la famille, on suit les crises qui naissent entre les époux et entre Sofia Andreïevna et l’entourage de son mari.


    Ce tableau aux mille facettes s’enrichit au fur et à mesure et le portrait de l’écrivain se dessine. Comme souvent le portrait oscille entre un homme qui correspond avec Gandhi mais peut se montrer violent et irascible avec son épouse, un génie littéraire qui se laisse manipuler par son entourage, un adepte du dépouillement mais qui ne voit rien à redire au culte dont il est l’objet dans la presse Russe. La crise va croissant jusqu’aux derniers jours de l’écrivain

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    Le roman composé à partir des lettres et journaux des Tolstoï et de leur entourage est rigoureusement exact quant aux paroles, écrits ou événements. Les éléments historiques sont très habilement insérés dans le récit et l’on a une impression d’authenticité et jamais de pesanteur savante.

    Pour compléter ce roman on peut l’éclairer par le petit récit de Tatiana Tolstoï : Sur mon père. et sur la biographie consacrée aux derniers jours de Tolstoi par Alberto Cavallari : La fuite de Tolstoï dont vous trouverez une critique ici
    Un film a été réalisé Last station avec Helen Mirren et Christopher Plummer , le film n’est pas disponible en DVD pour le moment.

    L’auteur
    jay_parini_big.jpgProfesseur de littérature américain, Jay Parini, enseigne à l’université de Middlebury, dans le Vermont.
    Il a publié de nombreux essais critiques, biographies (Robert Frost, W Faulkner, J Steinbeck) pour la plupart consacrés à la littérature américaine.

  • Gustave Faubert Une manière spéciale de vivre

    Gustave Flaubert Une manière de vivre - Pierre-Marc de Biasi - Editions Grasset
    gustaveflaubert.gifPas vraiment un essai , pas totalement une biographie, un entre deux par un spécialiste de Flaubert.
    Dans son dernier roman Philip Roth s’insurge contre les biographes en mal de ragots, de potins et de scandale. Pour lui l’oeuvre seule parle pour l’auteur. Pierre-Marc de Biasi s’attache à contredire Roth et Flaubert lui même, il s’attache à nous montrer que si l’auteur n’est pas l’oeuvre, la vie de l’auteur est centrée sur son oeuvre et que les faits marquants de l’existence de l’écrivain ont permis et enrichis la création de celui-ci.
    C’est avec une connaissance exceptionnelle et un respect complet que cette biographie est menée.
    Pierre-Marc de Biasi explore tour à tour l’enfance, l’adolescence, les péripéties de la vie familiale, la vie à Croisset, les voyages.
    Il s’attarde sur les amitiés de Flaubert, celle avec Louis Bouilhet, Alfred Le Poittevin  dont la mort le marquera, l’amitié traversée d’orages avec Maxime Du Camp, sur ses amours éphémères, parfois secrètes ou sa longue relation avec Louise Collet.
    Il est curieux d’ailleurs que Flaubert qui souhaitait et revendiquait la disparition de la personnalité de l’auteur derrière les écrits,  nous ait laissé tous ses brouillons, ses écrits préparatoires et nous ait fait cadeau de milliers de pages de correspondance.

     

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    Ce qui reste de la maison de Flaubert à Croisset


    C’est Flaubert au travail que nous livre Pierre-Marc de Biasi, il décrit très bien l’entrée en littérature et la puissance de création de Flaubert, précédée toujours d’un long travail d’observation et de recherches.
    L’obsession d’effacement de l’auteur est réelle mais il nous montre combien la vie même a donner matière à création à Flaubert
    "parce qu’un écrivain ne peut finalement jamais parler d’autre chose que de sa vie". On sait que Flaubert lisait ses textes à haute voix, le fameux gueuloir, l’auteur nous dit que c’est le corps de Flaubert qui bat dans ses phrases, il a livré des accents, une intonation, une scansion dans ses textes comme "une partition offerte au lecteur".
    De Madame Bovary il dit que c’est  "un roman total dans lequel aucun registre de sensation ni aucun mode d’expression artistique n’est absent: sonorités, bruits, résonances, chant (...) une véritable bande-son"

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    Une analyse très intéressante est faite des méthodes de recherches de Flaubert et du réinvestissement de ses notes de voyage où il a tout noté " la nature, les ciels, la météorologie, les animaux" il utilise ses observations et "ses notations ressemblent à s’y méprendre à celles d’un peintre attentif à la richesse chromatique de l’environnement".

    Flaubert.gifJe connaissais le Flaubert travailleur infatigable mais Pierre-Marc de Biasi dit de lui qu’il  "appartient à la grande famille des écrivains érudits qui comme Montaigne aiment à expérimenter les connaissances et se frotter à toutes les traditions. Il ne lit pas, il dévore tout pour lui "tout est intéressant"
    Un érudit ami des plus grands de son époque : Tourgueniev, George Sand pour laquelle il a écrit  "un coeur simple" et dont la générosité et l’amour quasi filial permettra la naissance d’un autre écrivain en la personne de Maupassant.
    Une analyse passionnante de la "manière spéciale de vivre" de Gustave Flaubert

    Un commentaire positif aussi chez BOL

     

    L’auteur
    Pierre-Marc de Biasi est chercheur au CNRS et producteur à France Culture, il est l'auteur de dizaine d'ouvrages sur Flaubert dont il a assuré l'édition critique des carnets de travail et du Voyage en Egypte (source l'éditeur)

  • Une plume et de l'encre

    C’est bientôt l’anniversaire d’un homme d’influence, je n’ai pas prévu les bougies il en faudrait trop

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    Mais avec une plume et de l'encre vous lui ferez plaisir, je compte sur vous

  • Une immense sensation de calme - Laurine Roux

    Partons pour le froid sibérien, oui je sais je suis en avance sur l'hiver ?

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    Partons vers les grandes étendues sibériennes, terres désertiques et sauvages, majestueuses mais dangereuses.

    Voilà comment commence le roman « Je n'avais aucun endroit où aller. Je me souviens m'être demandé s'il était possible qu'une route ne finisse jamais. Alors j'ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu'où la route irait. Cela me semblait un bon début. »

    Une jeune fille reste seule après la mort de sa grand-mère, elle rencontre Igor.
    Igor c’est le sauvage par excellence, au magnétisme animal. Ils vont cheminer à travers une nature violente, dangereuse.

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    La jeune fille et Igor vont traverser le pays et se faisant vont traverser les époques à travers l’histoire et les légendes.

    La guerre, la grande,  a laissé des traces qui petit à petit sont devenues légendes dans lesquelles la mort est toujours présente.
    L’ ancien monde qui a basculé il y a cinquante ans dans l’horreur, le Grand-Oubli.

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    la catastrophe 

    On apprend l’existence des Invisibles, ce sont les anciens pensionnaires d’un orphelinat abandonnés avec ses pensionnaires et qui maintenant représentent un danger.

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    La catastrophe qui a rendu la vie si dure n’est pas très loin, elle a laissé le souvenir du froid qui tue, de la faim permanente, des dangers d’une forêt impénétrable et oh combien mystérieuse. 

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    « Tout me revient. L'immensité du ciel. La traînée laiteuse d'un nuage juvénile. La fulgurance des trouées de lumière à travers les frondaisons. Un bourdon volette au-dessus de ma tête, plein d'une grâce pataude. »

    Tout l’art de Laurine Roux est de nous apporter cette nature avec une presque douceur alors que la furie des hommes est là, latente, cachée.
    Mais elle peut basculer en quelques mots vers l’âpreté et la pourriture.

    Ici c’est le règne des grands espaces avec une nature singulière, de celle que l’on peut côtoyer chez Jack London par exemple.

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    L'auteur

    Un très court roman mais empreint d’une telle force que l’on voudrait que l’histoire ne finisse pas.
    Tout m’a plu le dépaysement, le côté universel des personnages, le côté atemporel de l’histoire
    J’ai aimé ce monde de légendes et de croyances.
    J’ai aimé que l’on sente les liens attisés par la mémoire entre les générations du passé et celle d’aujourd’hui « Mais quelque chose reste intact à travers les ans. »
    J’ai aimé le climat instauré par l’auteur, le mélange entre un lointain passé et des récits traditionnels.

    J’ai aimé la notion de  traces, celles que les générations précédentes ont laissé et celles que nous laisserons.
    J’ai aimé le style à la fois fort et doux, ancré dans le réel et poétique.

     

    Une réussite totale.

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    Le livre : Une immense sensation de calme - Laurine Roux - Editions du Sonneur ou Folio