Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

A sauts et à gambades - Page 236

  • Bribes et Brindilles Gérard Macé

    " L’eau et le coeur, l’arbre et le feu, la porte et le toit....Agrippée au ciel où elle imprime un sens, l’écriture chinoise est une liane enroulée autour du vide, une tresse autour de la pensée."

    homme.jpg

     

    L’ homme toujours debout,

     

     

    femme.jpg

     

    la femme toujours assise

     

     

    min_verdier_nikosan.jpg

     

    Livre : Leçon de chinois - Gérard Macé - Editions Fata Morgana

  • Les Femmes du braconnier - Claude Pujade-Renaud

    femmesdubraconnier.gifLes Femmes du braconnier - Claude Pujade-Renaud - Editions Actes Sud
    Les hasards de l’édition font qu’en peu de temps deux livres d’un même auteur m’ont comblés.
    Deux poètes majeurs du siècle, un couple, deux créateurs exaltés et avides de vivre : Sylvia Plath et Ted Hughes liés par leur amour commun de la poésie "Nous étions en écriture comme on est en prière " *, par un amour charnel puissant " fils de fer tirés entre nous ".

    plath1.jpgIls vont s’affronter, se détruire l’un l’autre mais c’est elle qui en paiera le prix. Car comment avoir tout ? comment conjuguer une vie de poète et la vie tout court, comment assumer grossesses, naissances, comment supporter d’être une femme trompée ? La violence, la colère permettent un temps béni de création poétique mais ne suffisent pas pour résister au désespoir et la folie guette.

     

    ted_hughes300_080118014007296_wideweb__300x318.jpgTed Hugues est avide des mots, avide de poésie, avide de femmes. Amoureux de la nature, des animaux qui tiennent la première place dans sa poésie, il est le " braconnier ", le prédateur qui aime la chasse et en jouit.

    Assia Wevill,  la deuxième femme du braconnier,  poète elle aussi, deuxième proie consentante,  le suicide de Sylvia Plath et les déchirements du couple l’entraîneront elle aussi vers la mort.

    L’auteure a fait le choix d’un roman polyphonique pour tracer le portraits de deux femmes, les deux épouses de Ted Hughes et son portrait à lui en filigrane, lui le braconnier. Claude Pujade-Renaud n’accable pas, ne cherche pas de coupable. A travers des chapitres courts et très rythmés elle fait entendre les voix des poètes mais aussi des amis, frère, soeur, mère. Par les voix alternées des acteurs et des témoins elle multiplies les points de vue sur les trois personnages, elle les enrichit, les comprends. Elle étudie d’une plume élégante les passions sauvages, les interprète, et fait naître un récit d’une grande intensité.

     

     

    Pour vous donner envie de découvrir la poésie de Sylvia Plath et de Ted Hughes



    Crow **
    Il s’emplit de toute sa force, brilla de tous ses feux.
    Il ébouriffa sa rage, griffes et plumes.
    Il pointa le bec droit au coeur du soleil.
    Il se fendit d’un rire jusqu’au centre de lui-même.

    Il attaqua.

    Son cri de bataille fit vieillir les arbres d’un coup,
    s’aplatir les ombres.

     

    corbeau-278367.jpg

    Crow


    Le Braconnier ***
    Et nous étions, lui, moi, liés aussi -
    Fils de fer tirés entre nous,
    Piquets trop enfoncés pour pouvoir s’arracher,
    Esprit comme un anneau
    Coulissant soudain sur un long corps souple
    Et la contraction m’étranglant d’un coup.

     

     


    * Ted Hughes Birthday Letters - Gallimard
    ** Ted Hugues - Poésies - Gallimard

    ** Sylvia Plath - Poésies - Gallimard

    Une interview de Claude Pujade-Renaud et  L’avis de Cathulu

  • Le Printemps des poètes

     

    Printemps-des-po-tes-2010.jpg

     

    Quatre femmes à l’honneur pour fêter ce printemps de la poésie, des jeunes et des moins jeunes certaines venues d’ailleurs
    Prenez un bol de poésie c’est souverain à la fin de l’ hiver.

     

    voirouregarder.jpg

    Photo Véronique blog Voir ou Regarder

     

    Transparent et léger
    à son départ le monde
    alentour  Il se tait
    fait se lever le chant
    Rien d’irrévocable
    le même ciel encore
    un buisson qui se penche
    et l’oeil et l’oiseau
    dans la confiance

    Absence-éternité

     

     

    olivier-lavandin_6201.jpg

    Olivier et lavandin  Blog Aiguebrun


    Aller mourir là-bas
    Où veille l’olivier
    Entre les herbes odorantes
    Suivre l’étroit chemin
    Qui mène aux sources du silence
    Et dans l’ombre tremblante
    A tous les parfums de la terre
    Au soleil à la mer
    Au champ d’or de nos jours
    Dire adieu comme on chante

     

     

    alouette.jpg


    Je suis l’alouette

    J’ai nom secret sous les plumes
    Et coeur allé

    Du matin qui s’avance je suis l’alouette

    Dans mon aujourd’hui il y a de la nuit
    Qui lentement s’achemine

    Pour moi j’ai nom secret
    Et je chuchote « non ! »
    Non ! dis-je dans toutes les volières de roi
    Ne laissez pas s’éteindre les grandes soifs
    Ni notre antique envie de sel
    Il y a encore de jeunes femmes
    Qui chaque matin font d’incroyables efforts
    Pour articuler les lambeaux de leurs rêves

     

     

    blogoeilouverterrance21.jpg

    Photo Ossiane Blog l'Oeil ouvert

     

    on écrit comme on boit
    on ne sent pas le froid
    le temps ou la faim
    on veut saisir toute la lumière
    qui entre par la fenêtre, sentir
    le printemps avant qu’il soit là,
    découvrir les secrets
    lire dans les lignes de la main
    ouvrir, diviser

    on écrit comme on boit
    pour ne pas être seule

     

     



    Dans l’ordre des poèmes
    Rouge Eternité - Geneviève Raphanel - Editions Rougerie
    La voie nomade - Anne Perrier - Editions l’Escampette
    Récits librement inspirés de ma vie d’oiseau - Marie Huot - Editions Le temps qu’il fait
    Le lien entre les jours - Miriam Van Hee - Le Castor Astral

  • Un café à Venise

     

    " Mon café de la nuit, c’est à la Fenice. La placette contient deux églises, le théâtre, un grand restaurant et le bar du théâtre. De quoi tout jouer, sur place, depuis Gozzi jusqu’à du Courteline.(...) La place est éclairée par les projecteurs qui noircissent le ruban du ciel et font éclater le poli de la pierre, sortir de l’ombre les colonnes ; entre Dieu et les Muses c’est à qui soutiendra le plus de gloire : tout y est créé par l’homme, pour l’homme, tout si équilibré, si bien assis sur l’eau invisible, tous les plans s’entendent si bien à construire l’harmonie qu’on se sent aussi heureux que si on avait bu."

     

    fenice.jpg

    La Fenice - Venise

     

    Le Livre : Paul Morand - Venises - Editions Gallimard

  • Meurtre en la majeur - Morley Torgov

    meurtreenla.gifMeurtre en la majeur - Morley Torgov - Traduit de l’Anglais par Laurent Bury - Editions Actes Sud
    La musique et la mort, c’est ainsi que je pourrais titrer ce billet.  Si comme moi vous aimez la musique mais n’êtes pas grand connaisseur de la vie des musiciens, vous allez découvrir au fil des pages un monde bien attachant mais aussi dur, cruel et angoissant.
    je sens que vous trépignez donc allons y : Nous sommes à Düsseldorf vers 1850 et n’ayons peur de rien entrons tout de suite chez Robert Schumann et sa très belle femme Clara. Le maestro est persuadé que quelqu’un cherche à le rendre fou et il fait appel au talent de l’inspecteur Hermann Preiss pour découvrir la vérité. Bien sûr Preiss n’ignore pas que Robert Schumann glisse doucement vers la folie, mais est-ce une raison suffisante pour ne pas croire à ses dires ?
    Preiss est lui-même mélomane et régulièrement pendue à son bras il y a une belle violoncelliste. Son enquête va lui faire rencontrer toute une gamme de personnages, de l’accordeur de piano au journaliste en mal de scoop ( eh oui déjà). Mais au détour de ses recherches il lui faut vivre un peu avec les Schumann et c’est l’occasion pour lui, et pour nous, de côtoyer Frantz Listz qui se révèle plein de morgue et d’audace et le jeune Johannes Brahms dans le rôle de l’amoureux transi.

    Robert_u_Clara_Schumann_1847.jpg

    Robert et Clara

    Fan des thrillers sanglants, des polars procéduraux, des tueurs en série, passez votre chemin, ici rien de tout ça, l’énigme n’est que le prétexte à une intrusion dans le monde de la musique. Un monde plein de bizarrerie, de musiciens névrosés, de dangereux accordeurs de piano, de père un peu trop autoritaire, de compositeurs jaloux, ce qui prouve que les dictons sont parfois très faux, la musique n’adoucit pas les moeurs.
    Une façon originale et très agréable de vivre pendant quelques heures à proximité des génies avec bien sûr en musique d’ambiance votre oeuvre préférée.

    L’auteur
    Morley Torgov est canadien, il est né en 1927, il est juriste, humoriste et écrivain.(source l’éditeur)

  • Hard Times - Studs Terkel

    hardtimes.gifHard Times Histoires orales de la Grande Dépression - Studs Terkel - Traduit par Christophe Jaquet - Editions Amsterdam
    Avez-vous vu le film  On achève bien les chevaux non ? Alors peut-être avez vous lu Les Raisins de la colère parce qu’alors vous avez eu un bref aperçu de la Grande Dépression, le nom donné à cette période qui aux Etats-Unis (et ailleurs) celle au cours de laquelle des petits fermiers furent ruinés, des ouvriers se retrouvèrent au chômage, des directeurs de banque se jetèrent par la fenêtre pour échapper à la faillite.....
    C’est cela dont il est question dans ce livre mais ici pas de statistiques pas de thèse de sociologue, ce que l’auteur a souhaité c’est  comprendre l’expérience des gens ordinaires, écouter les témoins, les survivants ou leurs enfants.

    L’auteur Studs Terkel a interviewé, fait parlé, écouté, des dizaines d’américains à travers tous les états sur la période la plus noire de son pays après la guerre de Sécession. IL a regroupé ces témoignages en quelques chapitres évocateurs comme : Faire du fric,  le voyage à la dure, le fermier c’est l’homme, Expulsions et humiliations par exemple.
    C’est la parole libre de ces gens ordinaires qui rend toute la complexité du phénomène et dessine une vaste fresque où se lisent les retentissements de cette crise sur les individus, la société de l’époque et des années qui ont suivi.

    walker_evans_2.jpg
    ©Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art

    Tous n’ont pas été affecté de la même façon par la crise, certains même en ont tiré profit, mais pour la plupart les cicatrices sont encore visibles au moment où Terkel les rencontre.
    Dans ce kaléidoscope certaines images sont plus fortes, plus marquantes que les autres. Comme lors de toutes les périodes troubles le pire côtoie le meilleur, les gestes de solidarité voisinent avec la répression brutale des marches contre la faim, la fraternité contre les coups des milices privées.
    Studs Terkel donne la parole à tous en un vaste panorama de l’Amérique de l’époque.

    Fermiers jetés sur les routes  "Je me souviens que plusieurs familles avaient dû partir dans des fourgons, pour la Californie, je crois" Travailleurs sociaux comme John Beecher qui au lieu de continuer sa thèse sur la misère au temps de Dickens a décidé de savoir ce qui se passait réellement et qui devient travailleur social puis administrateur du New Deal.

    raisins-de-la-colere-40-12-g.jpg
    Les Raisins de la colère

    Chômeur comme Slim Collier " En 1939, je suis devenu saisonnier itinérant. j’ai trouvé un boulot de coupeur d’asperges, à 15cents d’ l’heure, il fallait faire aussi vite que tu pouvais. Je me souviens que le dos me faisait mal parce qu’on travaillait accroupi, et que le patron gueulait Vous voyez ces types là-bas ? ils attendent que l’un de vous se fasse virer."

    Mineurs qui se voie brutalement privé d’emploi « Les mines ont fermé, les gens n’avaient plus rien pour vivre. Les enfants à l’école, s’évanouissaient de faim. Bien avant l’effondrement de la Bourse. »
    Pour certain la crise a été brutale, pour d’autre elle couvait " Dans cette ville ensoleillée, la Dépression est venue imperceptiblement. J’en ai pris conscience quand tante Lila a dit qu’il n’y avait plu rien à manger dans la maison."

    Ceux qui cherchent à survivre un jour de plus, trouver de quoi nourrir ses enfants même si c’est à coup de tartines de moutarde, un médecin raconte " Dans les rues et dans les tramways, les gens crevaient de faim. (...) Chaque jour quelqu’un s’évanouissait dans un tramway.(...) C’était toujours la même chose, on savait ce qu’il avait. C’était la faim." Ceux qui se lancent dans des marathons de la danse pour gagner quelques sous

    on-acheve-bien-les-cheva-ii03-g.jpg
    On achève bien les chevaux - Sidney Pollack - Jane Fonda

    Ceux qui souffrent depuis toujours  " Les Nègres, ils n’ont jamais rien connu d’autre que la crise. Ça ne veut pas dire grand-chose pour nous, la Grande Dépression américaine, comme vous dites. Ça n’a jamais existé. Le mieux qu’un Nègre pouvait espérer, c’est d’être portier, cireur de chaussures, gardien. La crise est devenue officielle seulement quand elle touché les Blancs." mais pour qui la crise va servir de révélateur " Je pensais que c’était normal qu’un nègre se fasse taper dessus et qu’on n’avait qu’à accepter tout ce que faisaient les Blancs. Je ne savais pas qu’un Nègre avait le droit d’être libre comme tout le monde. "

    dorotealange.jpg
    Photo Dorotea Lange - Archives de la Farm Security Administration

    Tout le monde est touché des étudiants sont empêchés d’étudier " J’ai fait l’erreur de dire au contremaître que je m’étais inscrit aux cours du soir (...) Il a dit M Ford ne paie pas les gens pour qu’ils aillent à la fac, vous êtes viré. »
    Les gens se retrouve à la rue " J’ai vu non pas des centaines mais des milliers d’hommes emmitouflés dans leurs pardessus, couchés à même le trottoir."
    Pour trouver du travail tout est bon, les hommes voyagent cachés dans des wagons, il faut mettre sa fierté dans la poche et prendre la soupe de l’Armée du Salut, échapper aux milices ferroviaires, tenir la grève un jour de plus " La grève de 1931 a porté sur les lectures à l’usine. Les ouvriers payaient de 25 à 50 cents la semaine pour qu’un gars leur fasse la lecture pendant le travail.(...) Ainsi de nombreux ouvriers, qui étaient illettrés, connaissaient les romans de Zola, de Dickens, de Cervantès et de Tolstoï.(...) La grève a été perdue. Les lecteurs ne sont jamais revenus."

    La solidarité joue parfois  "C’était l’époque où la saisie des fermes arrivait chez nous. (...) Il prenaient la propriété d’un fermier, la mettait aux enchères, tout le voisinage venait. Ils se disaient qu’ils achèteraient bien un cheval 25 cents. Ils payaient 10 cents pour une charrue. Et quand tout était fini, ils rendaient tout au fermier." mais pas toujours car la faim, la misère font accepter l’inacceptable " On travaillait seize heures par jour, dix sept. Le patron disait de nettoyer. Si on ne nettoyait pas, le lendemain il y avait un autre gars dans la mine pour nettoyer." l’homme est ravalé au rang de bête " Ils lui ont dit qu’une mule valait plus qu’un homme. Ils devaient payer 50 dollars pour une mule, alors qu’ils pouvaient avoir un homme pour rien."

    dorotealange2.jpg

    Photo Dorothea Lange - Archives de la Farm Security Administration

    Quelques uns tireront partie de cette crise, des malins, des chanceux " J’ai inventé ce truc qui est devenu casse-pieds pour beaucoup de gens. Je prenais des photos des gens à la mode et je les envoyais aux journaux." Dans certains secteurs la crise était même une bénédiction, la dépression dans les milieux du cinéma "On appelle ça l’Age d’or".
    Des personnalités se font jour , certaines contestées et parfois contestables : Huey Long par exemple dont le fils chante les mérites mais qui fut un politicien très peu scrupuleux. Roosevelt est porté aux nues par certains et promis à l’enfer pour d’autres.

    On voudrait tout citer. Ces entretiens faits par Studs Terkel sont bouleversants, à la fois crus et pudiques et d’une grande sincérité. Un travail passionnant et extraordinaire par son ampleur. Un cahier de photographies de Dorothea Lange vient compléter les textes.


    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque, dans la mienne il sera à côté de « Histoire populaire des Etats Unis » d’Howard Zinn.

    Interview d’André Schiffrin éditeur et ami de Studs Terkel

    L’auteur
    terkel-studs-01.jpgLouis « Studs » Terkel (1912-2008) s’est rendu célèbre aux États-Unis comme journaliste de radio et comme auteur de nombreux recueils d’entretiens, tous publiés par l’éditeur André Schiffrin, qui constituent autant d’histoires orales des États-Unis. C’est l’une des grandes figures de la gauche radicale américaine au XXe siècle. Trois de ses ouvrages ont été traduits en français : Working. Histoires orales du travail aux États-Unis ; « La Bonne Guerre ». Histoires orales de la seconde guerre mondiale: Prix Pulitzer 1984 (Source l’éditeur )