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L'autre hémisphère du temps

Cinq siècles après les navigateurs qui sillonnèrent deux océans, il fallut encore renoncer dans l’enfance à la représentation médiévale d’une terre posée à plat, comme sur ce tapis de salle à manger dont les motifs permettaient d’inventer des flores et des pays.
Nous aussi nous avons imaginé des hommes la tête en bas quand nous avons appris que la terre était ronde ; et quand nous avons su qu’elle tournait sur elle-même nous avons été pris d’un léger vertige, à l’idée qu’il faudrait tenir debout sur cette toupie lancée à toute allure.

 

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Amérigo Vespucci - The Granger Collection, New York City


D’un bout à l’autre, l’histoire des grandes découvertes est une histoire de leurres et d’oublis : c’est une partie aux dés pipés, par un dieu qui se cache derrière les nuages, une partie où les rois, sur une terre qu’ils croient ferme, jouent sans cesse à qui perd gagne.

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Christophe Colomb arrive en Amérique


Le temps, c’était donc lui la figure de proue à l’avant de tous les navires, monstre ou sirène aux formes lisses dans le vent du départ, visage mouillé de larmes après avoir essuyé les tempêtes, vieux bois vermoulu survivant à tous les naufrages et flottant à la fin sur les eaux de la mémoire.
C’est lui qui fait courir les nuages et qui gonfle les voiles, qui se retourne et s’enroule sur lui-même en orient, qui lance des vaisseaux dans un sens et dans l’autre, les fait danser entre la lune et la marée, accompagne nos musiques et le compte des syllabes, les brèves et les longues se succèdent par vagues.

 

Le livre : L'autre hémisphère du temps - Gérard Macé - Editions Gallimard
Images : Librairie du Congrès Washington USA et Granger Collection New York

Commentaires

  • Depuis très longtemps, je suis fasciné par ces temps de decouverte (entre 1490 et 1550) au cours desquels le monde fut presque intégralement parcouru, avant que, pour plusieurs siècles, on néglige et oublie tant de coins à peine entraperçus. Comment pourrait-on aujourd'hui imaginer ce qui se passa dans l'esprit de ces voyageurs qui s'attendaient à tout ce qu'eux-mêmes pouvaient supposer ? Y a-t-il jamais eu et y aura-t-il encore un jour une aventure à la fois aussi terrifiante et aussi exhaltante ? Qu'il est douloureux de devoir admettre que ces temps révélèrent aussi une rage de dominer et d'opprimer qui marqua du sceau de l'échec toute rencontre entre des cultures différentes !

  • @ Jean : c'est une époque fascinante, c'est ce qui m'a fait lire ce petit opuscule de Gérard Macé, je viens d'acheter le dernier livre d'E Orsenna sur le sujet mais jusqu'à présent je suis plutôt déçue, trop simpliste à mon goût

  • Je n'étais guère tenté par le livre d'Orsenna et vous ne m'encouragez pas à le lire. J'ai aimé plus d'un de ses livres, mais je crains un peu qu'il ne gache le sujet. Dites-moi donc votre impression finale, si vous voulez bien.
    Cordialement.

  • @ jean : je ferai un billet mercredi sur ce livre, mais dès maintenant je peux vous confirmer mon impression première, qui trop embrasse ....dit le proverbe, c'est un peu ce que j'ai ressenti, faute d'avoir vraiment choisi son sujet le livre devient un fourre tout avec quelques belles pages mais globalement très décevant

  • Une époque fascinante et terrible...oui certainement!
    C'est si poétiquement et joliment dit dans les extraits que tu donnes ici. "Les brèves et le longues se succèdent par vagues". Musique.

  • Mon cœur de portugais ne peu qu’être sensiblement intéressé par tout ce qui concerne l’époque (j’aurais du dire l’épopée) des découvertes et L'autre hémisphère du temps, m’intéresse au plus haut point.
    Quant à la découverte de l’Amérique par l’amiral Cristóbal Cólon (c’est son vrai nom)… je crois qu’elle est aussi vraie que la terre est plate. [tiens, pourquoi ce sourire ?...]
    Amicalement.

  • @ Armando
    Oui oui les vikings se retournent tous dans leurs tombes quand on parle de Colomb découvreur de l'Amérique, ce n'est pas moi amateur inconditionnel des sagas islandaises qui dirait le contraire !

  • "Qu'il est douloureux de devoir admettre que ces temps révélèrent aussi une rage de dominer et d'opprimer qui marqua du sceau de l'échec toute rencontre entre des cultures différentes !" dit le commentaire de Jean Jadin.

    Et là je renvoie à Montaigne (je ne suis pas originale) et à sa condamnation sans équivoque des peuples colonisateurs.

    “Nous nous sommes servis de leur ignorance et de leur inexpérience pour les plier plus facilement vers la trahison, la luxure, l’avarice et vers toute sorte d’inhumanité et de cruauté, à l’exemple et sur le patron de nos moeurs. Qui fit jamais payer un tel prix pour les profits du commerce et du trafic? Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre! brutales victoires.”

  • @ ClaudiaLucia : cela ne m'étonne pas que tu viennes ici avec Montaigne dans tes bagages, C'est ce qui m'a poussé à lire Gérard Macé et maintenant (avec moins de bonheur) Orsenna

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