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A sauts et à gambades - Page 235

  • Le Ventre de Paris - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLe ventre de Paris - Emile Zola - Ebook
    L’ordre adopté par Zola pour sa généalogie des Rougon Macquart nous fait passer des salons du Second Empire au ventre de Paris, des toilettes chiques aux poissonnières, des parfums envoûtants de Renée à ceux moins raffinés de la cuisson du boudin ou des étalages de fromages odorants.

    Le héros ici n’est pas vraiment un Rougon, il est un petit rameau ajouté, c’est sa belle soeur, la belle Lisa, qui est une fille d’ Antoine Macquart de Plassans. Il se nomme Florent, il est jeune et beau garçon, sa vie est pourtant déjà bien pleine car il a passé quelques années au bagne. Il n’a pas tué père et mère pour ça, non, il s’est juste trouvé où il ne fallait pas lors d’une émeute, arrêté et jugé de façon expéditive pour un crime dont il est innocent.
    Echappé de Cayenne le voilà revenu à Paris où il trouve refuge aux Halles auprès de son frère Quenu, l’époux de Lisa la belle charcutière.
    Accueilli comme le frère prodigue, on lui trouve du travail, on l’héberge, on l’habille, c’est que Quenu lui est redevable, Florent l’a élevé, s’est sacrifié pour lui durant des années, devenu un commerçant riche et gras c’est le moment de payer ses dettes.
    L’arrivée de Florent va déclencher des réactions en chaîne, objet de toutes les convoitises féminines notre Florent est bien naïf et en plus il a des convictions républicaines, de là à devenir activiste contre le gouvernement il n’y a qu’un pas ....
    Après quelques temps ce frère devient gênant, voire dangereux pour la prospérité d’une charcuterie, et puis bien sûr il y a l’héritage de l’oncle de Quenu, héritage qui revient pour moitié à Florent ....dommage qu’il soit rentré......Les langues se délient, la médisance, les commérages, les mensonges, les trahisons, le petit peuple des Halles n’est pas plus beau que celui des salons.
    Les vilenies ne sont plus perpétrées pour de l’argent mais par envie, par mesquinerie, par jalousie.

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    Les Halles de Baltard

    Ce troisième volume de Zola est cru, plein d’odeurs, de couleurs, et de bruit. C’est la version XIXème siècle de la Grande Bouffe.
    L’écrivain nous sature de scènes où la nourriture est reine, les devantures, les arrières boutiques, tout regorge de sang, de graillon, d’effluves fortes, les fromages le disputent aux légumes entassés, les poissons aux viandes, les beurres et les fromages dégoulinent, les déchets eux mêmes sont partie du décor. On vit de la bouffe et parfois on en meurt.

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    Victor-Gabriel Gilbert : Le Carreau des Halles

    Zola décrit à merveille ce marché, les étals, les pavillons, la misère et les vices. Arrivé à la fin du roman on sait que ce n’est pas Florent le héros de cette histoire, ce sont les Halles corps vivant, chaud, violent, qui après avoir tenté de le digéré, aura recraché Florent comme un noyau indigeste.

    J'ai aimé ce troisième roman et je suis déjà plongée dans la suite, lire Zola en continuité est une expérience enrichissante et je n'ai qu'une enivie : la poursuivre

    Un autre billet Dans la bibliothèque de Cléanthe

  • La Religion - Tim Willocks

    lareligion.gifLa Religion - Tim Willocks - Traduit  de l’Anglais par Benjamin Legrand - Editions Sonatine
    Après avoir lu Willocks une première fois j’étais déjà bien accrochée, avec ce roman je suis restée verrouillée à ma lecture pendant les  3 jours d’un week end par chance très pluvieux.

    Je vous embarque au temps de Soliman le Magnifique, des Chevaliers de Malte, des batailles entre la croix et le croissant, au temps des cimeterres, des épidémies de peste, des dames aux atours magnifiques, un temps où le fanatisme et la cruauté étaient monnaie courante. Apprêtez vous car les aventures seront sanglantes, horribles, magnifiques, périlleuses et vous n’aurez aucune seconde de répit. Vous êtes prêt ?

     

     

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    Soliman le Magnifique

    Saluez Matthias Tanhauser le héros de cette épopée, un peu allemand, un peu hongrois, à cette époque là les frontières sont floues, c’est le gentil de l’histoire, gentil mais n’hésitant pas à couper quelques têtes si nécessaires. Enlevé très jeune à sa famille, il a été élevé à la cour Turque et il a fait partie des redoutables Janissaires. Devenu un homme de tolérance il a des amis dans les deux camps.
    Un héros ne va jamais seul, Don Quichotte et Sancho, Sherlock et Watson ...Matthias est donc flanqué de Bors, anglais de souche, soiffard, trousseur de jupons, voleur à ses heures, trafiquant d’opium,  mais ami fidèle et combattant féroce.

     

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    Malte

    Malte en 1565 est tenue par les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem dits « La Religion » mais que font nos héros ici, sur cette île, convoitée par Soliman qui va en faire le siège pendant 4 longs mois ? 
    Ils sont là pour les beaux yeux de Carla une belle comtesse qui cherche désespérément Orlandu, le fils qu’on lui a enlevé tout bébé et qui maintenant âgé de 15 ans est peut être à Malte. Elle est accompagnée d’Amparo, jeune et belle jeune femme aux pouvoirs inquiétants.
    Et comme dans tous les romans épiques il y a un méchant, il est rattaché à l’Inquisition, il est ignoble et fourbe et va tout faire pour empêcher le fils et la mère d’être à nouveau réunis.

     

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    Le siège de Malte en 1565

    Willocks se sert très habilement de l’histoire de ce siège, qui vit s’affronter 40 000 turcs et 9000 chevaliers venus de toute l’Europe pour faire barrage aux infidèles, pour nous faire courir du Fort Saint Elme au Fort Saint Ange, nous introduire la nuit sous les tentes de Soliman, visiter les  cachots de l’inquisition, voir les têtes des chevaliers rouler dans la poussière, chercher un bateau pour fuir, soigner les blessés ....et de temps en temps s’accorder une pause romantique !

    Le récit est enlevé et coloré, cette vitalité et ce souffle font la force du roman dans lequel, malgré la furie guerrière, la poésie la tendresse ne sont pas absentes.
    Très efficace, de la très bonne littérature populaire au meilleur sens du terme avec des héros à la Dumas, des personnages attachants et vivants, des péripéties palpitantes, une construction sans faille  Bref le livre à mettre de côté pour les vacances !

  • L'agronome sifflotant

    L'agronome sifflotant

    J’ai rompu ma tiède coquille en pleine terre agricole : du soleil à travers les feuilles d’un tilleul, des graviers riches en mica,divers pétales dans la jardin, puis — autour — les champs cultivés. Planches et sentiers, semis et plantes du potager, champs distribués le long des chemins et séparés par des talus, à l’intérieur divisés selon les emblavures, elles-mêmes marquées du dessin de la herse ou des semailles qui lèvent.

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    Paysages de l'Hérault

    Nous avons vu, après les sabotiers et les cordonniers, disparaître encore d’autres artisanats : bourrelier, maréchal, charron, parce qu’ils dépendaient des chevaux.

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    Chevaux en Lozère

    La trace des gestes agricoles sur le sol et dans la topographie du bocage, ou sur les objets marqués d’usure, m’est apparue — malgré le travail pénible des agriculteurs — comme l’empreinte d’une tendresse, la rude épreuve des soins donnés à la terre, dont l’homme, non sans inquiétude, attend croissance, issue, multiplication.

     

    Le livre : Traquet motteux - Jean-Loup Trassard - Editions le Temps qu'il fait
    Les photos de George Souche toutes plus magnifiques les unes que les autres sur son blog Terra de lutz

  • Le poids des secrets - Aki Shimazaki

    le poidsdessecrets.gifLe poids des secrets - Aki Shimazaki - Editions Actes Sud Babel
    Chacun des cinq tomes de cette série porte un nom différent, tous un peu mystérieux ce qui ajoute à l’atmosphère de mystère et de secret de ce récit.
    Bien que l’auteure soit Canadienne d’adoption c’est bien le Japon le centre de ses romans, le Japon avec ses codes, ses traditions et son histoire.
    Par un tissage savant et sensible l’auteure lie l’histoire d’un pays à l’histoire d’une famille, elle trouve cinq façons de la raconter et de faire appel à la mémoire, cinq mensonges aussi et pour le lecteur cinq regards portés pudiques et émouvants.

    Tout commence lors d’un tremblement de terre et par le choix que fait une femme de changer de nom et de nationalité, le temps passe et nous assistons à une adoption, à un adultère, à un amour interdit entre deux adolescents, à la perte d’un frère, d’un père, au terrible besoin de faire justice sois-même devant une trahison inacceptable.
    A travers le destin et les souvenirs de Mariko, Yukio, Tsubaki l’auteure explore les sentiments de perte liés à l’exil, la souffrance engendrée par la quête des origines, le racisme ordinaire avec son côté irrationnel mais aussi la fidélité par delà le temps illustrée très poétiquement par un coquillage.

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    Tout l’art de Aki Shimazaki réside dans ces changements de perspectives, le personnage central est différent à chaque roman, un même événement est vu ainsi par un personnage jeune puis par une femme âgée, par un homme puis par une femme, au fil des romans le tissu du récit s’enrichit et prends des reflets différents.
    J’ai aimé ces récits et j’ai apprécié l’art de Aki Shimazaki pour restituer en filigrane l’histoire de son pays, y compris les épisodes les plus douloureux comme la destruction de Nagasaki et les plus honteux comme la chasse aux Coréens installés au Japon.

    Bientôt la fête des mères ce coffret est une jolie idée de cadeau

    Vous pouvez trouver sur les blogs un billet pour chaque tome, chez Aifelle par exemple mais chez bien d’autres car cette série a connu un grand succès.

  • Green River - Tim Willocks

    greenriver.gifGreen River - Tim Willocks - Traduit de l’Anglais par Pierre Grandjouan - Editions Sonatine
    Avec les éditions Sonatine c’est tout l’un ou tout l’autre, réussite comme avec "Seul le silence" ou déception avec par exemple les romans de Steve Mosby.
    Ici c’est la réussite, totale et forte, plus qu’un thriller c’est un excellent roman sur l’univers glauque et violent de la prison. Publié une première fois en 1995 sous un autre titre  L’odeur de la haine.

    Bienvenue à Green River, le neuvième cercle de l’enfer,  un pénitencier du Texas (ça ne pouvait pas se passer ailleurs !) tout de pierre et d’acier, une prison où il ne fait jamais nuit, où sont enfermés plusieurs centaines d’hommes blanc, noirs, latinos, coupables ou innocents, tous à la fois victimes et tortionnaires.
    Même l’infirmerie est un lieu d’agressions, de tortures, de viols, un lieu où sévit la haine et le meurtre.
    Le maître des lieux : John Campbell Hobbes, fou à lier et sadique mais directeur de la prison, son ingénieuse idée, la dernière qui a germé dans sa cervelle malade : faire éclater une émeute, faire s’entretuer tous ces hommes, provoquer le chaos.
    Les héros maintenant : Ray Klein chirurgien condamné pour viol et qui travaille à l’infirmerie, il vient d’obtenir sa liberté conditionnelle, Coley l’infirmier enfermé ici depuis 30 ans, Juliette Devlin psychiatre qui va se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
    Lorsque l’émeute éclate la prison est plongée dans un bain de feu et de sang, les condamnés n’ont rien à perdre (certains sont condamnés à trois peines de prison à vie consécutives....) les haines raciales se réveillent, la folie est partout jusque dans les égouts. On pense au film  Les évadés mais en plus violent et plus noir !

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    L'enfer - Jérôme Bosch

    Le roman de Willocks est une réussite, c’est peu dire que le portrait qu’il trace des prisons est terrifiant, c’est d’une violence inouïe mais pas gratuite, il ne nous laisse pas une minute de répit, ses personnages sont superbement fouillés et certains vous resteront longtemps en mémoire.
    Willocks est psychiatre et manifestement les théories sur l’enfermement et les travers du système carcéral n’ont pas de secret pour lui. Un grand roman sur le monde de la prison. Je me promet de lire son second roman traduit : La Religion


    L’auteur
    tim_willocks_2.jpgTim Willocks est né en 1957. Grand maître d’arts martiaux, il est aussi chirurgien, psychiatre, producteur et écrivain. Scénariste, il a travaillé avec Steven Spielberg et Michael Mann. Souvent comparé à James Ellroy ou Norman Mailer, il est l’auteur de six romans, parmi lesquels La Religion (Sonatine, 2009). Il vit en Irlande. (source l'éditeur)

  • L'apprentissage de la marche - Jean-Louis Hue

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    L’apprentissage de la marche - Jean-Louis Hue - Editions Grasset
    Le premier de la série, un précis d’apprentissage de la marche à travers la littérature, et pas n’importe laquelle, sont au rendez-vous : Rousseau, ça bien sûr tout le monde le devine, Thoreau l’infatigable, Stevenson et Modestine, Basho au Japon, et beaucoup moins connus comme illustres marcheurs : Pétrarque , Flaubert, Wordworth et plus surprenant encore Louis XIV en ses jardins.

     

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    Sur les pentes du Ventoux avec Pétrarque

    Jean-Louis Hue invite à mettre nos pas dans les leurs, à flâner à leurs côtés, à grimper sur les sommets en peinant derrière eux car tous ces hommes étaient de redoutables marcheurs, des étapes de plus de cinquante kilomètres étaient chose courante.
    Accompagnez le pour une petite balade en forêt de Fontainebleau ou carrément plus ambitieux pour Compostelle. Randonnez en pays camisard avec Modestine et la pipe de Stevenson.

     

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    Le Pont de Montvert du chemin de Stevenson


    Vous ferez la route avec lui et au de retour, dans un fauteuil avec un breuvage à portée de main, vous irez retrouver Pétrarque ahanant sur les pentes du Ventoux, Flaubert et Maxime Du Camp par les champs et par les grèves de Bretagne soignant le soir leurs ampoules avec du suif , Jacques Lacarrière sillonnant la France du nord au sud.
    Jean-Jacques Rousseau disait « la félicité est une question d'altitude» alors n’hésitez pas et grimpez derrière Saussure sur les pentes du Mont Blanc.
    Un livre de bonne santé, savourez le et  prenez votre temps car comme le dit l’auteur « L'art de marcher est l'aboutissement d'une longue patience...»

     

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    L'ile Saint Pierre du lac de Bienne


    chemindelivres.jpgLes livres dans le livre
    Rousseau - Les Confessions et les Rêveries du promeneur solitaire - GF
    Pétrarque - L’Ascension du Ventoux - Mille et unes nuits
    Stevenson - Voyage avec un âne dans les Cévennes - 10/18
    Thoreau - Les forêts du Maine - José Corti
    Lacarrière - Chemin faisant - Fayard
    Flaubert - Par les champs et par les grèves - Droz