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A sauts et à gambades - Page 211

  • Avec Camus

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    Le désir de grandeur, la nostalgie de la noblesse apparaissaient même dans le choix des choses qui l’entouraient. Sa réserve naturelle n’excluait pas son don de sympathie ; elle donnait à son noli me tangere une simple valeur de défense contre le banal et l’indigne et conférait encore plus de prix à son estime et à son amitié.(1)

     

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    Tipasa

    Camus prolongeait Giono, que j'aimais, mais me rapprochait de de la Grèce et de Rome. De l'Afrique aussi. C'était le printemps, le soleil donnait, je vivais. Quand je fermais les yeux, je respirais l'odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa (2) 


    J’ai dit que Camus fut heureux dans son métier d’éditorialiste. Devant certains portraits que l’on a pu tracer de lui , l’impatience vient de ce que les images de bonheur y sont par trop négligées. Or pour ceux qui l’ont connu, ces images restent en définitive les plus vives.
    Pour savoir ce que peut être un homme heureux, il faut sans doute avoir vu Camus devant la mer et dans le soleil, passionné par un match de football, ou ravi de se mêler aux danseurs dans un bal populaire. (3)

     

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    Il pressent un avenir sombre, les hommes emportés par la fureur, « exilés dans la haine » contraints à « une étreinte mortelle » Ses articles parlent de réconciliation, de justice, de raison et de liberté. De solidarité aussi. Camus refuse de désespérer. Il appelle ses lecteurs à ne pas fuir ni à adorer l’histoire, cette force qui dépasse les hommes mais qu’ils doivent affronter en gardant les yeux ouverts.(entre guillemets : Lettre à un militant algérien. A Camus)(2)


    Les livres
    1 Albert Camus - Jean Grenier - Gallimard
    2 Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau - Editions Menges
    3 Avec Camus - Jean Daniel - Gallimard

  • Tout un homme - Jean Paul Wenzel

    Germinal n'est pas si loin

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    Pendant des années ils ont fait le travail que personne ici ne voulait faire, pendant des années ils ont peiné, sué, souffert, été accidenté pour faire fonctionner des mines, des usines qui un beau jour fermeraient.
    Ils ont vécu pendant des années loin de leurs racines jusqu’à ce que petit à petit leurs racines changent de « pot ». Pendant des années ils portaient ce nom « immigrés » jusqu’à ce que leurs enfants détiennent une carte d’identité française.

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    Le collectif des mineurs marocains à Liévin aujourd'hui

    1963 Ahmed  laisse derrière lui la Kabylie, né d’un père Français musulman  il a juste 16 ans et va parce qu’il courre après les beaux yeux de Leïla se retrouver en Lorraine, au fond d’une mine. Il descend la peur au ventre « je n’avais pas encore commencé le travail et déjà j’étais en enfer ». Le travail de la mine est dur il est « incapable de dire un mot, incapable de penser, seulement tenir debout  ».
    La vie avance, le mariage avec Leïla, la naissance des enfants, les bons côtés de la mine, les fêtes, les copains, et le syndicat. Mais « Le déclin des mines a commencé et nos grèves désespérées n’y peuvent rien changer ! »
    Quand à la retraite il retourne en Algérie, il est un étranger dans son pays, un immigré ! il essaie de s’y construire une vie, mais c’est impossible et c’est Leïla qui a le dernier mot « Jamais je ne vivrais ici Ahmed (...) je suis et je reste française, définitivement ..Inch’Allah ! » et à la mort de sa femme il continue de partager son temps entre la Moselle et la Kabylie.

    1973 Saïd lui est marocain, un jour un bruit court « La France recrute des mineurs ». Vite direction Ouarzazate pour se mettre sur les rangs. Il s’agit là d’une quasi foire à l’humain, pesés, examinés, tripotés, et la promesse vertigineuse d’un salaire de 44 francs par jour !
    Saïd est retenu, il porte même un matricule, il reçoit le papier, « le sésame pour l’Eldorado ». C’est le bateau pour la France, direction Forbach en Lorraine où il va d’abord se former dans une mine-image, le matin il apprend le boisage, le forage et l’après-midi à lire et à écrire. Et il apprend Saïd « l’entraide, la hiérarchie, le monde souterrain, le vocabulaire de la mine, les mots en platt, le patois lorrain, plein de mots bizarres même pour un français. »  Mais la mine c’est aussi la peur, l’humidité, la poussière.
    1980 sa première grève pour obtenir le même statut que les mineurs français, une grève dure « Les mille trois cent mineurs marocains célibataires tiennent bon » et finissent par obtenir gain de cause.«  Nous les moins que rien, les couscous, les bougnoules, les immigrés, nous avions gagnés. » Amina sa femme restée au bled va pouvoir le rejoindre avec leur fils Samir. Les enfants grandissent, font des études, la retraite et une vie qui va se partager entre le Maroc et la France.

    Jean-Paul Wenzel  a écouté des dizaines d’hommes pour écrire ces deux histoires, Ahmed et Saïd n’existent pas vraiment mais ils sont un peu de chaque immigré venu ici pour subsister, pour faire vivre une famille, pour vivre une vie rythmée par le travail. Pour faire tourner les usines, les mines, les chantiers.
    A travers eux il donne un visage à ces hommes déracinés qui n’ont pas souvent l’occasion de faire entendre leur voix.
    Un beau et fort récit dont vous pouvez retrouver quelques voix dans cette vidéo car ce récit est aussi une pièce de théâtre, ce n'est pas l'écriture qui prévoit mais la vérité des hommes.

     

    L'auteur
    Jean-Paul Wenzel est . Né en 1947 à Saint-Etienne, il s'est intéressé au cours de sa carrière au quotidien, aux minorités, aux exclus.
    Il est l’auteur d’une quinzaine de pièces de théâtre. Il est aussi metteur en scène et comédien.

  • La Route de Tôkaidô - Hiroshige Andô

    Bon oui c’est vrai ce n’est pas tout à fait un livre de voyage mais dans la série Tour du monde il a sa place et voici votre guide

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    Hiroshige je vous ai déjà proposé de faire connaissance avec lui. Aujourd’hui il nous sert de guide sur la  Route de Tôkaidô Célèbre route qui reliait Tokyo à Kyoto au XIXème siècle.

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    d'abord la carte de votre voyage

    Parsemée de relais cette route était un grand axe de communication parcourue par des coursiers qui assuraient les échanges entre la Cour et les Shoguns

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    Votre 3ème étape : Kawasaki

    Pas vraiment faite pour le tourisme, elle est empruntée malgré tout par les paysans, les pêcheurs, des bonzes, des soldats. Et comme il faut bien se sustenter on trouve aussi nombre d’auberges. On pouvait aussi y croiser des processions en route vers un pélerinage.

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    Mitsuke votre 29ème étape

    Tout au long des saisons tout un petit peuple parcourt cette route et fait étapes dans une des 53 stations.

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    La Route en hiver : Etape à Kambara

    Toute sa vie Hiroshige a peint cette route, les étapes, les ponts, les vues de la campagnes environnante et les personnages qui l’empruntèrent au fil du temps.
    Il existe environ trente séries d’estampes, certaines plus célèbres que d’autres.

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    Il ne faut pas craindre les intempéries

    Chaque estampe est un petit monde pittoresque, des couleurs très variées selon les séries, des bleus ou des verts violents pour les unes, des couleurs douces presque ternes pour les autres. Les personnages semblent s’animer, certains courent sous la pluie, d’autres plient sous le poids de leur charge.
    Il n’existe pas de séries identiques ! Chaque fois Hiroshige reproduit un monde différent.

    On dit que les Japonais ont appris à connaître leur pays à travers ces estampes : jolie leçon de géographie


    Cette route est toujours empruntée aujourd'hui, c'est le tracé du célèbre Shinkansen et pendant le voyage on peut apercevoir le Mont Fuji comme à l'étape Hara

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    Hara : vue sur le Mont Fuji

    Ces vues magnifiques sont regroupées dans un  coffret  superbement présenté : un fac-similé du « Petit Tôkaidô » présenté en un long dépliage et qu’il faut  lire  bien entendu de droite à gauche.

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    En accompagnement des reproductions de ces mêmes stations mais dans d’autres séries.

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    C’est facile à suive car le nom des stations est toujours identique et les comparaisons montrent toute la diversité de l’art d’Hiroshige.

    Un bel objet et un voyage dans le temps et le Japon d’autrefois.

    Dans cette expo de la Bnf vous pouvez faire le voyage (lien du diaporama tout en bas de la page)

    Un site anglais très complet où j'ai emprunté ma carte pour le voyage

  • Traduire la poésie

    Juste après avoir lu la biographie de Shakespeare j’ai lu la nouvelle traduction des sonnets parue chez P.O.L, dans le même temps j’ai lu chez BOL un poème de Francisco de Quevedo que j’aime particulièrement mais qui dans mon exemplaire est assez différent.....alors je vous propose une petite expérience

     

                              shakespeare,quevedoshakespeare,quevedo

     

     

     

     

     

     

     

     

    Deux exemples, chaque fois après la langue originale les deux traductions avec le nom du traducteur et l’année de la traduction.

    Les choix sont différents, il y a ou non respect total de la forme.


    Je suis frappée par la différence qui se dégage dans chaque exemple, cela confirme quel art difficile est celui de la traduction et que dire de la traduction de poèmes !

    L’original en Espagnol

    "¡Ah de la vida!"... ¿Nadie me responde?
    ¡Aquí de los antaños que he vivido!
    La Fortuna mis tiempos ha mordido;
    las Horas mi locura las esconde. 

    Jacques Ancet  2011

                          "Hé là ! la vie !" ... Personne ne m´entend ?
                           À moi, les autrefois que j´ai vécus !
                           Dans mes années, la Fortune a mordu;
                           Les Heures, ma folie leur fait écran.

     Bernard Pons  2003

    « Holà, vivants ! »....Personne qui réponde ?
    A moi jadis et antans de ma vie !
    La Fortune dans mes jours a mordu ;
    Les Heures, ma folie me les dérobe


    Et pour la langue anglaise


    Un sonnet fameux qui a fait les beaux jours du cinéma

     

    les quatre premiers vers du poème et la chute en deux vers

    Let me not to the marriage of true minds
    Admit impediments, love is not love
    Which alters when it alteration finds,
    Or bends with the remover to remove.

    If this be error and upon me proved,
    I never writ, nor no man ever loved.

    Frédéric Boyer  2010

                     non pour moi un mariage d’amour
                     ne connaît pas d’obstacle amour
                     n’est pas l’amour s’il change pour changer
                     ou suit le premier à quitter la place

                     si j’ai tord et qu’on me le prouve alors
                     jamais je n’ai écrit jamais personne n’a aimé

    Henri Thomas  1994

    Non, je n’admettrai pas d’obstacle au mariage
    Des coeurs sincères. Cet amour n’est pas l’amour,
    Qui change quand il trouve ailleurs un changement,
    Ou se détourne dès que l’autre se détourne,

    Si c’est erreur, s’il est prouvé qu’elle soit mienne,
    Je n’ai jamais écrit, nul n’a jamais aimé.

    Où vont vos préférences ?

     

    Les livres :
    Sonnets de Francisco de Quevedo - Edition bilingue José Corti  2003
    Les Furies et les peines - Editions Gallimard Poésie 2011
    Sonnets de William Shakespeare - Editions Le Temps qu’il fait  1994
    Sonnets de William Shakespeare  - Editions P.O.L 2010          

  • Le mot et la chose

    Quand la vie est pleine de présences, riche d’échanges, heureuse de vraies paroles, lorsqu’elle est bien remplie, grosse comme un bourgeon bientôt en fleur, gonflée comme le ventre d’une femme enceinte, il n’y a guère de place pour l’écriture — sauf pour ne pas oublier que ces moments pleins ne furent pas, comme parviendrait presque à vous le faire croire la fuite inutile des jours , un rêve — une pure illusion.

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    Des mots, des mots

    Le mot vient après, comme une nostalgie : envers du plein, c’est à dire en creux, empreinte d’un pas dans l’argile, masque mortuaire d’un visage aimé disparu, chiffre bientôt illisible.

    Le mot apparaît quand la chose disparaît. Il vient à la rescousse quand la chose manque. Le mot est la jauge de l’absence.

     

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    La persistance de la mémoire - Salvador Dali

    L’écriture est maladie de la mémoire et santé de l’oubli.


    un billet complet sur ce livre chez Ex Libris

    Le livre : Orient intime - Yves Leclair - Gallimard l’Arpenteur

  • Je suis bien d'accord avec vous !

    Je garde le cap.................

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    Ce que j’aime retrouver dans vos blogs ce sont des livres que je n’ai pas lus, des découvertes que j’ai ratées, ce que je n’aime pas ce sont des billets redondants jusqu’à l’écoeurement et à la perte d’envie de lire un livre.
    Alors il me faut être un peu cohérente avec mes impressions et donc de temps en temps je ferai un billet Je suis bien d’accord avec vous  où je ne rajouterai rien à ce que vous avez déjà très bien dit, juste quelques mots pour confirmer et faire écho à vos chroniques.

    heures.gifC’est parti avec les éditions Autrement qui souvent dénichent des petits trésors
    Les heures silencieuses c’est grâce à  La marche aux pages que j’ai lu ce livre. J’aime les livres qui parle de tableaux et la peinture flammande est celle que je vais voir quand je suis au Louvre alors ...
    J’ai aimé ce récit bref, tout en finesse où la peinture n’est qu’un prétexte pour parler de soi, délicat, habile, une jolie évocation à la fois d’une période où les navires partaient pour des horizons lointains et où dans le même temps les femmes ne pouvaient pas encore imposer leur présence et leurs dons. 
    Lisez aussi le billet de  Chaplum qui aime et ne regrette que la brièveté du roman

     

    signal.gifDeuxième choix (après mon ras le bol absolu de Sukkwan Island) j’ai craqué pour : Le Signal de Ron Carlson
    Si j’ai aimé ? ben oui évidemment, dès qu’il s’agit de grands espaces je craque, là où je suis moins convaincue c’est sur le scénario policier, comme vous d’une certaine façon, Keisha dit « Les amateurs de thrillers purs et durs risquent d'être surpris »  ben oui c’est plutôt pour amateurs de Nature Writing.
    Je me suis bien fait plaisir dans ces endroits où je n'irais jamais! dit Nathalie,  on n'en sort pas avant la dernière page dit Cuné
    Un très bon cru pour les amateurs du genre dit Aifelle et elle a bien raison