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Stabat mater - Tiziano Scarpa

"Madame Mère, au coeur de la nuit, je quitte mon lit pour venir, ici, vous écrire".

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 C’est le début de Stabat Mater et immédiatement on est envahi par les amères pensées de Cecilia.
C’est une jeune fille qui écrit ces mots, des mots qui vont se perdre dans le silence, elle est anxieuse, l’angoisse l’étreint quand elle écrit car de mère il n’y a pas.
Chaque soir elle fuit vers son refuge, pour être seule, pour écrire, pour plonger dans le coeur de la nuit.
Cette correspondance avec l’absente est sa raison de vivre, elle dialogue avec la mort, figure de Méduse qui l’effraye mais la comprend. Délires et hallucinations accompagnent ses nuits, elle est au bord de la folie.
Les lettres sont tourmentées et aussi pleines d’espoir, parmi ses compagnes certaines ont retrouvé la mère aimée grâce à un portrait, un objet ou la moitié d’un médaillon.
Cecilia
a été comme beaucoup d’autres, abandonnée, orpheline elle a été éduquée par les soeurs, une éducation stricte, sévère tout entière tournée vers la musique.

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Ospedale della Pietà

Les orphelines reçoivent une éducation, elles doivent très tôt déchiffrer la musique, jouer d’un instrument et aussi chanter. Toutes choses qui permettent au couvent d’amasser des dons car cet orchestre et ce choeur de femmes se produit auprès des familles nobles, pour les événements de la Sérénissime.  Les jeunes filles jouent masquées, isolées du public et on les promène en barque une fois par mois, mais elles sont appelées à se marier ou plutôt devrait-on dire à être achetées.

Le couvent est sombre, lugubre et la vie pour ces jeunes filles " Une longue suite de ténèbres", pourtant un jour elle n’est plus seule dans le couvent qui dort. L’arrivée d’un nouveau professeur de musique va changer sa vie. Il est prêtre, il est roux et se nomme Antonio Vivaldi.
La sensualité de la musique va désormais l’habiter, elle fait des essais " aujourd’hui sur mon violon, j’ai essayé d’imiter les cris des oiseaux" elle revendique une liberté
" Personne ne peut entendre la musique secrète qui s’élève dans notre âme. Personne ne peut empêcher qu’elle résonne en nous. Personne ne peut nous la voler."

Elle vit avec une fièvre nouvelle "J’ai été traversé par le temps et par l’espace et par tout ce qu’ils contiennent." Grâce à son instrument et à la musique elle va bientôt revendiquer une liberté nouvelle.

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Canaletto - Piazza San Marco

C’est la Venise du XVIII ème que ce roman ressuscite, la Venise de Canaletto.
Dans ses notes l’auteur précise " la maîtrise instrumentale exceptionnelle des musiciennes de la Pietà attirait des auditeurs de toute l’Europe, surtout pendant les décennies où le père Antonio Vivaldi prêta son génie incomparable à cette institution. "

Un petit joyau qui mêle la tension de la folie, l’intensité et la pureté de la musique et la quête de l’identité. Un court roman très réussi, un personnage délicat qui va suivre la voie tracée par sa mère par delà le temps.


Le livre : Stabat mater - Tiziano Scarpa - Traduit de l’italien par Dominique Vittoz - Editions Christian Bourgois

Tiziano-Scarpa-03072009.jpgL’auteur
Tiziano Scarpa est né à Venise en 1963, il est auteur d'essais sur la littérature italienne contemporaine et de pièces de théâtre.
Il est également auteur de nouvelles et de romans. Il a obtenu en 2009 le prestigieux prix littéraire italien Strega pour son roman Stabat Mater. (source Wikipédia)

Commentaires

  • Comment résister ? à l'histoire et à la musique, encore une perle chez toi ce matin, dois-je te remercier ..

  • @ Aifelle : je lis peu autour de la musique aussi ça m'a attiré, j'ai beaucoup aimé, autourdupuits est plus réservée
    j'ai aimé le ton, et l'évolution de Cecilia grâce à la musique qui va lui donner une forme d'indépendance

  • "un petit joyau" ton blog, ce billet. Je dis comme Aifelle: impossible de résister.

    Le Stabat Mater, musique qui sonne chez moi à plein volume tous les dimanches matin, une habitude, un délice.
    Bonne journée Dominique.

  • @ Colo : j'ai accompagné ma lecture avec Vivaldi, j'ai réécouté les 4 saisons ce que je n'avais pas fait depuis longtemps et j'ai retrouvé tout le plaisir des premières écoutes
    Le stabat Mater j'ai une belle version (à mon goût) avec James Bowman

  • Quel beau voyage tu nous proposes là, et avec illustrations et musique, c'est comme si on y était...

  • @ Ys : un voyage à Venise ça ne se refuse pas

  • Et en voici un à trouver d'urgence puisque demain à la même heure j'embarquerai pour Bologne!

  • @ miriam : je ne l'avais pas lu quand nous avons échangé autour de l'italie et je te croyais déjà partie ! c'est une façon très belle de repartir au temps de Vivaldi

  • Je viens de le terminer.
    J'ai un peu été déçue par le fait que la" partie musique" ne soit pas davantage "abordée" comme nous le laissait espérer la quatrième de couverture.
    Sylvie Mamy dans ses Balades musicales dans Venise nous décrit bien l'Ospedalle que j'ai visité.
    J'ai beaucoup aimé les dernières pages où l'auteur nous explique son livre.
    Je m'interroge sur le choix du titre
    Tu as une explication?
    Beau billet

  • @ autourdupuits : je n'ai pas ressenti ce manque mais contrairement à toi j'ai l'impression je ne suis pas férue de musique, j'ai aimé le cri de révolte de cette jeune femme, et sa découverte de l'indépendance par la musique, effectivement la postface de l'auteur est intéressante

    Comment j'ai interprété le titre : pour moi c''était l'évocation de la femme, de la mère , à la fois cecilia et sa mère et toutes les femmes de l'orchestre .....mais est ce juste ?

  • Je ne connais qu'un Stabat mater, celui de pergolese, dans une version que je cherche en vain à retrouver...
    Bon, pour le roman, on verra!

  • @ Keisha : je ne connais pas celui de Pergolèse mais Vivaldi c'est magnifique, il y a une version que je voudrais bien avoir c'est celle avec Philippe Jarroussky (clin d'oeil à Aifelle) lis ce que dis Florence histoire de ne pas se tromper !

  • @ mango : c'est un beau texte, plein de douleur et de révolte

  • Très belle présentation qui me donne encore une fois envie d'un livre mais comment faire pour lire tout ce qui fait envie ??? Je note et verrai au fil du temps...
    Merci

  • @ nadejda : c'est tout le problème des blogs : les tentations se font fortes et c'est frustrant

  • @ Kathel : je pense que le bibliothèque vont l'acheter et ce genre de livre ne passe pas de mode alors ..

  • @ Milly : je n'en lis pas souvent, pas assez, et c'était une jolie occasion

  • Bon, je commande ce livre sur le champ ... évidemment ! merci, Dominique. Pour ma part, je ne vous recommande pas la version actuellement vantée sur le service public du Stabat Mater de Pergolèse, chantée par la diva russe Anna Netrebko. Les extraits entendus frisent à mon avis le mauvais goût ...

  • @ Florence : ouh c'est comme autourdupuits, tu es connaisseuse, en tout cas merci pour cet info destinée aux amateurs

  • @ dimitri : une musique superbe pour accompagner tes balades parisiennes

  • @ alba : un roman très délicat

  • J'ai lu l'avis de Florence. Celui que j'avais enregistré sur une cassette il y a des années était chanté par un jeune garçon, visiblement. mais jaroussky peut aussi faire l'affaire... ^_^ (même si Vivaldi, tu me suis)

  • @ Keisha : en musique ma mémoire me joue des tours et je fais de doux méli mélo

  • Billet irrésistible, je note la référence - à lire en musique - Ste Cécile oblige.

  • @ Tania : un livre qui pourrait bien te plaire

  • le stabat materestde saison.enItalieou jeme trouve c est le theme desconcerts dela semaine sainte:j en ai ecoute un a Bologne dimanche dernier

  • @ miriam : chanceuse !

  • @ ClaudiaLucia : c'est grâce à toi que j'ai acheté ce livre car ton billet sur Venise m'avait plu et le nom de l'auteur à fait tilt avec en plus un sujet attirant
    Alors ces vacances ? bonnes j'espère

  • Livre lu cette semaine : un délice de lecture... j'ai mis un renvoi à ton billet sur celui que j'ai publié ce matin ;-)

  • @ Margotte : je vais illico lire ton billet et je suis heureuse qu'il t'ai plu

  • réponse à Autourdupuits: Le sens du titre? Allusion musicale, mais aussi allusion à la Mère (mère?), à la mère-mort?
    Stabat mater signifie "Elle était debout, la mère" ou "La mère était debout".
    A vrai dire, je n'ai pas encore terminé cette lecture passionnante et, peut-être, la fin du roman modifiera-t-elle cette explication.
    thesoux

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