L’effet de la sagesse c’est une joie continue.
Toute joie parfaite consiste en la joie de vivre, et en elle seule.
Les livres
Sénèque - Lettres à Lucilius 59/16 - Editions Arléa
Clément Rosset - La Force Majeure - Editions de Minuit
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L’effet de la sagesse c’est une joie continue.
Toute joie parfaite consiste en la joie de vivre, et en elle seule.
Les livres
Sénèque - Lettres à Lucilius 59/16 - Editions Arléa
Clément Rosset - La Force Majeure - Editions de Minuit
La suite des aventures de Mèmed
Nous voilà de retour dans la plaine de l’Anavarza, une terre qu’il faut célébrer car " L’ajonc pousse dans la terre la plus belle, la plus fertile. Sa taille ne dépasse pas celle de l’homme, mais d’une seule racine jaillissent plusieurs pieds. L’ajonc, quand il est jeune, est couleur de miel. A mesure qu’il prend de l’âge, sa couleur s’assombrit, vire du miel au noir. Au printemps, c’est l’ajonc qui, le premier, bourgeonne et se couvre de feuilles, le premier dont les fleurs jaunes éclosent. "
C’est cette terre qui manque à Mèmed , les années ont passées depuis qu’il s’était fait redresseur de tords et défenseur des opprimés mais aujourd’hui il est de retour au village et vit caché chez le vieil Osman.
" les eaux se mirent à couler en cascade vers la plaine"
Il a tué Abdi Agha mais la mauvaise graine c’est comme le chiendent et Ali Safa Bey a pris la place avec un seul but : mettre la main sur toutes les terres disponibles de la région.
Pour devenir propriétaire Ali Safa est prêt à tout, même à donner ce qu’il a de plus cher. Un plan germe alors dans la tête de Hasan fils du dévot qui conclut avec Ali Safa un marché, il donnera sa terre si en échange Ali lui donne son alezan magique, l’accord est conclu. Mais quelques temps après la maison d’Hasan part en fumée, il peut tout juste s’échapper, l’écurie est en flamme et alors qu’il tente de sauver le cheval celui-ci " se cabra, arracha sa bride aux mains d’Hasan, galopa vers la place du village (...) puis dévala vers la plaine et se perdit dans les ténèbres. » Ali Safa n'a pas tenu parole, la guerre va commencer.
Mais Mèmed me direz-vous ? son souvenir est toujours présent, sa résistance a pris l’allure d’une épopée, mais le village souhaite-t-il vraiment son retour ?
Mèmed est toujours au service de la défense des petits et le combat va à nouveau s’engager entre Ali Safa représentant des nantis, de la corruption, du pouvoir et Mèmed. Heureusement les forts se battent parfois entre eux ! De nouveau s’engage le combat inégal, pièges, embuscades, représailles, la montagne où Mèmed trouve refuge grouille de gendarmes et il va lui falloir tout son talent et beaucoup de complicités pour leur échapper. Bataille pour les terres, bataille pour l’eau indispensable à la vie du village.
La jument du Prophète
Dans ce deuxième roman le récit est plus resseré, l’art de Yachar Kemal s’épanouit. Le merveilleux se mêle au réalisme du récit, la notoriété de Mèmed s’amplifie, il devient le Faucon, il fait un miracle " les eaux se mirent à couler en cascade vers la plaine" en rendant l’eau au village. Il est invincible, il monte la jument du Prophète, il devient une légende....
Le Livre : La Saga de Mèmed le Mince / Mèmed le faucon - Edition Gallimard Quarto
Retrouvez les autres livres de Yachar Kemal sur le site Lecture/Ecriture
Croyez-vous au destin ?
Croyez vous au destin ? aux coïncidences ? croyez vous que les humains sont les maillons d’un chaîne et que chaque maillon est indispensable à la chaîne ?
Ce sont les images qui me sont venues en lisant ce livre. Comme le disent les bouddhistes : tout est connecté, tout est lié.
Parce qu’enfin qu’est-ce qui peut attacher une photographe australienne reconnue professionnellement à un enfant domestique dans une riche famille ou à un écossais hanté par la violence et poursuivi par le démon de l’alcool ?
Le destin, le destin qui prend la forme de la terrible catastrophe humaine et écologique, le nuage toxique de la sinistre usine d’Union Carbide qui détruisit Bhopal et fit des milliers de victimes en 1984.
Bhopal et ses habitants qui attendent encore la justice
Françoise la photographe vient à Bhopal pour participer avec d’autres artistes à la réalisation d’un monument à la mémoire des victimes, cette participation lui tient à coeur car c’est la photo terrible d’un enfant de Bhopal qui a décidé de sa vocation « parfois on voit une image qui vous montre votre avenir, qui vous met sur votre voie. »
Arkay notre écossais fait des efforts « J’ai acheté deux livres du Dalaï Lama, je me suis assis sur le balcon dominant la vallée, un livre ouvert sur les genoux ; une douzaine de bouteilles sous ma chaise. » et espère trouver son salut dans le bouddhisme.
Naga lui, soigne sa soeur « Depuis la nuit de la catastrophe, les sensations dans ses mains et ses pieds hésitent entre picotements et engourdissement total » c’est une des victimes du gaz toxique qui « chaque fois que le vent soulève le rideau, revit cette nuit là »
Il faut à Meaghan Delahunt bien du talent et une profonde chaleur humaine pour faire avancer ces personnages les uns vers les autres sans que cela n’apparaisse jamais comme artificiel. Elle nous fait voyager de Delhi au Rajasthan, d’ Ecosse jusqu’au Tibet.
Les couleurs du Rajasthan
Les liens vont se tisser peu à peu, à travers une Inde particulièrement bien évoquée, riche d’images et de couleurs. Mais le voyage est aussi un voyage dans le temps, car les liens entre les personnages forment un réseau qui couvre plusieurs années.
L’auteur parvient à retracer l’histoire de cette catastrophe sans jamais se livrer à un long plaidoyer, sans aucun voyeurisme, mais toujours en nous plaçant au centre de l’événement, là où se situe la responsabilité de tous. Elle trace avec une écriture ample et simple à la fois, le parcours d’une recherche spirituelle, la quête d’une sagesse.
Un beau livre dont je ne livre pas plus car c’est au lecteur à tisser son réseau, à se sentir maillon de la chaîne.
Vous pouvez lire l’avis d’Aifelle qui dit que « C'est le genre de lecture où l'on ralentit un peu vers la fin pour ne pas la quitter. » Keisha elle dit : Une écriture sobre et efficace. Des personnages profondément humains.
Le livre : Le livre rouge - Meaghan Delahunt - Traduit par Céline Schwaller - Editions Metailié
L'auteur : Meaghan DELAHUNT est née à Melbourne et vit actuellement à Edimbourg. Elle a été finaliste du Orange Prize, Le Livre rouge est son deuxième roman, et son premier publié en France. (source l'éditeur)
La réputation n’est qu’un songe
"Je suis comme un enfant qui va montrer à tout le monde les hochets qu’on lui a donnés. Heureux qui ne vit que pour ses amis : malheureux qui ne vit que pour le public ! "
" Je mène une vie philosophique troublée par des coliques, et par la sainte inquisition qui est à présent sur la littérature. Il est triste de souffrir, mais il est plus dur encore de ne pouvoir penser avec une honnête liberté, et que le plus beau privilège de l’humanité nous soit ravi : la vie d’un homme de lettres est la liberté.
Je finirai par renoncer ou à mon pays, ou à la passion de penser tout haut. C’est le parti le plus sage. Il ne faut songer qu’à vivre avec soi-même et avec ses amis, et non à s’établir une seconde existence chimérique dans l’esprit des autres hommes.
La réputation n’est qu’un songe."
Le livre : Voltaire en sa correspondance - Edtions l’Escampette
La vie secrète des libellules ou le philosophe entomologiste
« Etre naturaliste , c’est d’abord cela : éprouver une émotion indicible , simplement pour avoir reconnu sont animal préféré »
Voilà vous êtes entrés au royaume d’Alain Cugno, un pays de passion, de beauté, d’interrogation.
Longtemps ornithologue, l’auteur aujourd’hui arpente inlassablement les lacs de Charente pour guetter, photographier, observer des libellules. Monsieur Cugno est amateur d’odonates (ça c’est pour vous montrez ma culture entomologique, c’est le nom correct de la libellule)
Libellula quadrimaculata
Mais Alain Cugno n’est pas seulement un amateur éclairé de libellules, il est aussi tombé dans la marmite de la philosophie, et ses compagnes de chasses photographiques sont pour lui un sujet perpétuel de réflexion, de questionnement, et après tout la philo est-elle autre chose qu’un questionnement perpétuel ?
Il dit dans une interview qu’il y a « une profonde parenté » entre ses deux activités
« On part le coeur battant attendre que ce qu’on aime s’offre : les insectes, les mots. Passion amoureuse, en somme. »
L’amateur d’odonates connaît les joies de la classification, les affres de l’attente car « il se trouve privé de ses animaux préférés pendant la moitié de l’année. ». Il est pris de vertige devant « leur rapidité, leur capacité à changer de direction avec une brusquerie qui laisse pantois »
Les libellules sont la représentation du réel, ici et maintenant
Accouplement de libellules Caloptéryx splendens ©Gérard Thérin
« les animaux sont des êtres énigmatiques parce qu’ils sont entièrement présents, là où ils sont. »
La naissance des demoiselles est une histoire d’effort désespéré pour devenir imago « lorsqu’il (l’insecte) a parcouru toutes les étapes de l’oeuf à sa forme définitive » c’est un instant extraordinaire que cette « émergence » véritable « Jardin des délices »
Les libellules sont la liberté même, attachées à rien, fragiles et pourtant la communauté odonates n’est pas de tout repos. La libellule en effet est vorace, chasseresse, impitoyable avec ses proies. Ce magnifique trait de lumière dans la chaleur de l’été est une prédatrice redoutable, elles sont puissance et légèreté, proches et inacessibles, capables de «poursuites vertigineuses ».
Cette opposition et cette simultanéité enchantent Alain Cugno et le fascinent. Il prend à témoin Saint Augustin et Proust pour nous faire entrer dans ce monde étrange celui de ces demoiselles qui
Libellules de Méditerranée
« de même que la pensée ne peut pas s’arrêter de penser (...) de même les libellules volent encore quand elles ne le peuvent plus ».
Puisqu’on est en compagnie d’un philosophe on saute allègrement de la durée de vie de l’insecte à la brièveté de la vie de ...Sénèque, de la singularité des insectes à Aristote et à cette « nature qui ne fait rien en vain ».
Pour Alain Cugno « la philosophie n’est vivante qu’au moment où elle vous permet de voir le monde comme vous ne l’aviez jamais vu, plus réel, plus existant, plus exaltant aussi. »
Ne laissez pas passer cette invitation à philosopher sous le soleil, à songer au divin, à entrer dans un monde insolite et coloré par la grâce des photographies qui converties en dessins apportent une touche presque tactile au livre.
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Mon chère Maître
George Sand à Flaubert
Nos vraies discussions doivent rester entre nous comme des caresses entre amants et plus douces, puisque l’amitié a ses mystères aussi, sans les orages de la personnalité.
Moi, je crois que dans cinquante ans je serai parfaitement oubliée et peut-être durement méconnue. C’est la loi des choses qui ne sont pas de premier ordre et je ne me suis jamais crue de 1er ordre. Mon idée a été plutôt d’agir sur mes contemporains, ne fût-ce que sur quelques uns, et de leur faire partager mon idéal de douceur et de poésie.
Chez George Sand à Nohant
Tu aimes trop la littérature, elle te tuera et tu ne tueras pas la bêtise humaine.
L'art n'est pas seulement de la peinture. La vraie peinture est, d'ailleurs, pleine de l'âme qui pousse la brosse. L'art n'est pas seulement de la critique et de la satire. Critique et satire ne peignent qu'une face du vrai. Je veux voir l'homme tel qu'il est. Il n'est pas bon ou mauvais. Il est bon et mauvais. Mais il est quelque chose encore, la nuance, la nuance qui est pour moi le but de l'art. Etant bon et mauvais, il a une force intérieure qui le conduit à être très mauvais et peu bon, ou très bon et peu mauvais.
Nos vraies discussions doivent rester entre nous comme des caresses entre amants et plus douces, puisque l’amitié a ses mystères aussi, sans les orages de la personnalité.
C’est une bonne leçon que la souffrance physique quand elle vous laisse la liberté d’esprit. On apprend à la supporter et à la vaincre. On a bien quelques moments de découragements où l’on se jette sur son lit ; mais moi je pense toujours à ce que me disait mon vieux curé quand il avait la goutte : ça passera ou je passerai.
Flaubert à George Sand
Ne vous ayant pas près de moi, je vous lis ou plutôt relis. J’ai pris Consuelo, que j’avais dévoré jadis dans la Revue Indépendante.
J’en suis, derechef, charmé. Quel talent, nom de Dieu ! Quel talent ! C’est le cri que je pousse par intervalles, dans le «silence du cabinet». J’ai tant pleuré pour de vrai, au baiser que Porpora met sur le front de Consuelo !... Je ne peux mieux vous comparer qu’à un grand fleuve d’Amérique. énormité et douceur.
Croisset chez Gustave Flaubert
Non, chère maître, vous n’êtes pas près de votre fin. Tant pis pour vous, peut-être. Mais vous vivrez vieille et très vieille, comme vivent les géants, puisque vous êtes de cette race-là ; seulement, il faut se reposer. Une chose m’étonne, c’est que vous ne soyez pas morte vingt fois, ayant tant pensé, tant écrit, et tant souffert. Allez donc un peu, comme vous en aviez tant envie, au bord de la Méditerranée. L’azur détend et retrempe. Il y a des pays de jouvence, comme la baie de Naples. En de certains moments, ils rendent peut-être plus triste ? Je n’en sais rien.
La vie n’est pas facile ! Quelle affaire compliquée et dispendieuse !
Vous m’écrivez de belles choses sur «l’affection désintéressée». Cela est vrai, mais le contraire aussi ! Nous faisons toujours Dieu à notre image.
Au fond de tous nos amours et de toutes nos admirations, nous retrouvons nous, ou quelque chose d’approchant. Qu’importe, si nous est bien !
Mon moi m’assomme pour le quart d’heure. Comme ce coco-là me pèse sur les épaules par moments ! Il écrit trop lentement et ne pose pas le moins du monde quand il se plaint de son travail. Quel pensum ! Et quelle diable d’idée d’avoir été chercher un sujet pareil ! Vous devriez bien me donner une recette pour aller plus vite ; et vous vous plaignez de chercher fortune ! Vous !
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j’ai entendu de jolis mots à la prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.
C’est la haine que l’on porte au bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète, et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.
Le livre : Gustave Flaubert George Sand - Correspondance - Editions Flammarion