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A sauts et à gambades - Page 164

  • Tea time au Québec

    Tea Time au Québec

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    Cinq livres qui ont des vertus apaisantes qu’on lise papier ou numérique.

    Des polars apaisants ? alors ils sont nuls !! et bien non pas du tout, certes ce ne sont pas des thrillers bien noirs et bien sanglants, non non juste de petites balades au Québec dans un village bien sympathique où je passerais bien quelques jours de vacances.

     

    Des héros récurrents certains un peu déjantés je vous l’accorde

    Bon à tout seigneur….l’inspecteur Gamache et bien on a envie de lui serrer la main à cet homme, il est pas dépressif, il est pas alcoolo, ses enfants sont normaux, bref ça nous change des héros portés sur la bouteille. 

    Et Clara Morrow je suis sûre que vous prendriez bien le thé avec elle, une peintre de talent, ce que jalouse Peter son mari, et qui ne se prend pas pour le nombril du monde.

     

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                               Qui dit Canada dit ....hiver

     

    Bien sûr il y a le couple gay de service Thomas qui tient l’auberge et Gabri les chambres d’hôtes mais j’avoue que leurs recettes de cuisine me tentent et aussi passer une nuit ou deux dans leur gîte en pleine tempête de neige, oui n’oubliez pas qu’on est au Canada quand même.

     

    Enfin il y a ma préféré Ruth Zardo, la poétesse qui jure comme un charretier et qui a fait de rose son animal de compagnie, pour qui elle subtilise parfois des pulls à ses voisins, quand vous saurez que Rose est une cane ……….

     

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    Des histoires à lire dans l’ordre si possible, les saisons défilent, on démarre à l’automne, Sous la glace vous transporte en plein hiver la bonne saison pour le curling, puis vient la belle saison avant le mois le plus cruel ! Vous vadrouillerez dans les bois, vous aurez droit à une maison un peu hantée, à tout de même à quelques meurtriers.

    Ne comptez pas sur moi pour vous donner des détails des différentes intrigues, vous serez obligés de me faire confiance.

     

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                          Et la recette 

     

    Malgré tout je vous préviens il vous faut quelques accessoires genre  théière, pancakes ou muffins ou alors carrément un pur Malt, à voir selon l’heure parce qu'on boit et mange beaucoup dans ces polars.

    Ah j’oubliais le village s’appelle Three Pines, cherchez pas sur une carte c’est quelque part par là……

     

     

    Les livres : En plein coeur / Sous la glace/ Révélation brutale / le mois le plus cruel - Défense de tuer - Louise Penny  - Actes Sud numérique ou Flammarion Québec numérique

  • L'inconnue de Birobidjan - Marek Halter

     Un état juif peu connu

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    affiche incitant à partir au Birobidjan

    Je ne suis pas franchement adepte des romans de Marek Halter mais mon parcours récent en Russie soviétique m’a donné envie de lire ce roman qui se déroule moitié dans la Russie des soviets et moitié aux USA au doux temps du McCarthisme.

     

    Le récit va donc alterner sur les deux périodes de façon totalement convenue mais de façon suffisamment bien faite pour qu’on ne lâche pas le récit.

    1950 Maria Apron fait face avec aplomb à trois élus républicains de la commission des activités anti-américaine dont le sport principal est la chasse aux communistes et espions russes. Très vite il s’avère que Maria Apron a menti, ce n’est pas son nom, elle s’appelle en fait Marina Andreïeva Gousseïev, russe d’origine et entrée aux Etats Unis avec un faux passeport. 

    Elle est accusée d’avoir provoqué la mort d’un espion américain Michael Apron. Elle risque la peine de mort.

     

     

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                    Commission des activités anti-américaine

     

    Il lui faut se défendre, elle est émouvante et dans le public un journaliste prend fait et cause pour elle, il est prêt à croire à son histoire, à l’aider, mais est-ce bien raisonnable, après tout elle est actrice de théâtre et donc à même de tromper son monde. Il va lui falloir beaucoup d’énergie pour l’emporter face à Nixon (eh oui) et un procureur et un juge sûrs de sa culpabilité.

    D’heure en heure et pendant quatre jours, Marina fait défiler son passé, la terrible soirée qui va la faire vivre dans la peur pour des années, elle a côtoyé d’un peu trop près le pouvoir et c’est une proximité dangereuse dans l’URSS de Staline. J’ai retrouvé ici chez Marek Halter un épisode qui met en danger son héroïne comme une histoire un peu similaire enclenchait la destruction de la famille dans le roman d’Axionov Une Saga moscovite. Il ne fait pas bon s’approcher du soleil.

     

     

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    affiche de 1935 

     

     

    Marek Halter dresse le tableau de la vie des théâtres à Moscou juste avant la guerre, enfin une partie de l’histoire se déroule au fin fond de la Sibérie dans cette région autonome  crée de toute pièce par Staline pour y rassembler les juifs : le Birobidjan

     

    Le personnage principal est assez fascinant et c’est elle qui conduit le récit, j’ai aimé l’histoire même si elle peut un peu manquer de crédibilité. J’ai aimé que l’héroïne fasse l’apprentissage du Yiddish, une langue en train de disparaître et j’ai aimé voir Marina faire des efforts pour entrer dans cette langue.

     

    Bon d’accord le récit comporte quelques clichés et Marek Halter aurait fait de ce roman un très bon roman s’il avait traité un peu plus en profondeur ce nouvel état créé par Staline, le Birobidjan dans ce livre est un peu trop fade. Il reste que le roman se lit très agréablement. J'ai passé un bon moment de lecture.

     

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    Le livre : L’inconnue de Birobidjan - Marek Halter - Editions Robert Laffont  version numérique

  • La fin de l'homme rouge - Svetlana Alexievitch

    Quand vient le désenchantement

     

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    Lorsque les dictatures tombent dans les mois qui suivent se pose inévitablement le problème des responsabilités, parfois des poursuites judiciaires sont engagées, on recherche les bourreaux, on fait parler les victimes. Au Chili, en Argentine, en Afrique du Sud, le traitement de l’après fut différent mais partout il y eu une interrogation, une réflexion collective. 

    En Russie, après la chute du communisme et l’éclatement de l’URSS rien de tel. 

    Une journaliste Svetlana Alexievitch s’est penchée sur le ressenti des Russes (au sens large en incluant les pays de la CEI). Pour comprendre, pour en savoir plus elle a enquêté, elle a recueilli les mots, les témoignages, les questions de ses compatriotes. Elle a écouté leur colère, leurs regrets, leur honte, leur désarroi, leur angoisse. 

    Il a fallu les faire parler, les accoucher de leurs souvenirs. Ces récits  sont ahurissants, drôles, émouvants, incroyables, horribles et toujours d’une grande simplicité.

    Il lui a fallu faire le montage comme avec les séquences d’un film en cours de tournage, il a fallu choisir, mettre en perspective, balayer tous les genres, et surtout surtout ne pas trahir.

    Je me souviens de mon impression très forte à la lecture de deux livres, celui de Colin Thubron sur la Sibérie et celui de Terkel Studs  avec Hard Time extraordinaire livre sur la crise de 29. Dans les deux un travail d’interview et d’écoute avait eu lieu. 

    On est ici dans la même veine et c’est un livre passionnant et remarquable que signe Svetlana Alexeivitch. Elle devrait prochainement recevoir le Prix de la Paix des libraires allemands.

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    L'auteur

    Les récits balayent la période stalinienne, la guerre, l’après guerre, la Perestroïka et bien sûr aujourd’hui. Elle a interrogé des instituteurs, une musicienne, une architecte, un maréchal, un milicien, des hommes qui ont combattus en afghanistan.

     

    Le livre se compose de deux grandes séries de témoignages, chaque personne qui témoigne va au bout de sa pensée, l’auteur lui laisse le temps de trouver ses mots, de laisser remonter les souvenirs

    Ces gens lui ont accordé leur confiance, elle ne les a pas trahis, ils sont tous là : jeunes et vieux, bourreaux et victimes, Ukrainiens ou Russes, Tchétchènes ou Arméniens, pauvres ou nouveaux riches.

    L’auteur appelle cela un « romans de voix ». Romans oui car les événements de ces vies sont parfois difficiles à croire, on entend aussi bien des enfants de Koulaks, des enfants de déportés à la Kolyma, des communistes purs, durs et fiers de l’être, des hommes qui vivent encore les affres de la seconde guerre. Des victimes de Tchernobyl, des nouveaux riches ….

     

     

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                                 Tchernobyl

     

    Tout est passionnant mais il y a des moments très forts comme cette femme racontant comment son père revenu du Goulag garde toute sa foi dans le communisme, il était de ceux « qui avaient totalement adhéré à l’idéal, qui l’avaient si bien intégré qu’il était impossible de le leur arracher ».

    Ces femmes découvrant qui les a dénoncé, qui a envoyé leur père, leur mère, leur soeur au Goulag. Une femme se découvre dénoncée par celle à qui elle a confié sa fille pendant toutes ses années de camps, et cette femme fut une véritable mère pour l’enfant…..Comment sonder l’âme

    humaine ?

     

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    un symbole

    L’angoisse touche ses hommes et ses femmes devant une liberté toute neuve dont ils ne savent pas vraiment quoi faire. Ils en arrivent à souhaiter un homme fort «  On ne peut pas bâtir une grande Russie sans un grand Staline ! » Des regrets pour ce temps où un chef était là pour dicter la voie à suivre.

     

    C’est la vie quotidienne du peuple russe qui se dessine à travers tous ces récits, les plus anciens qui ont adulé Staline et qui lui voue  « un culte de Staline dans  un pays où Staline a exterminé au moins autant de gens que Hitler !! »

    La guerre et les camps sont encore très présents :

    « Ma génération a grandi avec des pères qui revenaient soit des camps, soit de la guerre. La seule chose dont ils pouvaient nous parler, c’était de la violence. »

    Pourtant aucun appel à la vengeance car « Pour juger Staline, il faut juger les gens de sa propre famille, des gens que l’on connaît. Ceux qui nous sont les plus proches. »

     

    L’époque était effrayante 

    « Une époque féroce. On bâtissait un pays fort. Et on l’a bâti. Et on a vaincu Hitler ! C’est ce que disait papa… » 

     

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    On comprend mieux en lisant ces témoignages que ce peuple ai résisté au delà de l’humain à Stalingrad.

     

    Pour quelques uns seulement il s’agit d’ « aller jusqu’au bout, obtenir un procès de Nuremberg pour le Parti communiste. »

     

    Le mécontentement, le désarroi est prégnant dans les récits mais aussi l’amour inconditionnel pour la Russie malgré tout « Aujourd’hui encore, cela me fait plaisir d’écrire “URSS”. C’était mon pays. », il y a toujours eu de l’espoir « Toute notre vie, on a cru qu’un jour, ça allait s’arranger. »

     

    Les livres qui ont pendant des années représenté une certaine résistance, car il fut un temps où « Les livres remplaçaient la vie… », les livres n’ont plus le même parfum « Le pays s’est couvert de banques » mais par contre « Les bibliothèques et les théâtres se sont vidés… Ils étaient remplacés par des bazars et des magasins » 

     

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    « L’iniquité de l’argent est inextirpable de l’âme russe”, a écrit Tsvétaïeva »

     

    La plus jeune génération regarde la course au profit et tente d’y prendre part sans illusions

    « Quand on allume la télé, tout le monde parle la langue des truands : les hommes politiques, les hommes d’affaires, et… le président. Graisser la patte, verser des pots-de-vin, des bakchichs… »

    Certes la vie a changé « Je vais à l’église maintenant, et je porte une petite croix » et on peut éprouver une certaine fierté « La peur du KGB avait disparu, et surtout, on avait mis un terme à la folie atomique… Et le monde nous en était reconnaissant. »

     

    Mais des voix discordantes se sont entendre « Je hais les Tchétchènes !» ou encore « La Russie aux Russes » et aussi « Moi, je leur casserais la gueule, à tous ces fumiers de démocrates ! On leur en a pas assez fait voir »

    La vie est plus libre mais aussi beaucoup plus précaire qu’autrefois.

    La vie est très difficile aujourd’hui, l’état n’est plus protecteur, les retraités ont des pensions de misère, les logements sont vétustes

     

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    Le Prince Albert II de Monaco et le nouveau président de l'AS Monaco, le Russe Dmitriy Rybolovlev,
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    et la télévision montre les nouveaux riches qui se paient des clubs de football. 

     

    Ce livre pourrait être d’une tristesse effroyable

    « Nous avons connu les camps, nous avons couvert la terre de nos cadavres pendant la guerre, nous avons ramassé du combustible atomique à mains nues à Tchernobyl. Et maintenant nous nous ­retrouvons sur les décombres du socialisme. Comme après la guerre... »

    Et bien non, certes il surprend, parfois on a un mouvement de recul, mais ce qui domine c’est un courage rare, une envie de vivre énorme, on sent vraiment battre le coeur de la Russie, pulser la vie, sans doute « La mystérieuse âme russe... »

     

    Un très grand livre à mettre dans votre bibliothèque si vous êtes amoureux de la Russie.

     

    Anne Brunswic dont j’ai beaucoup aimé le livre Les eaux glacées du Belomorkanal, interview Svetlana Alexievitch sur son livre.  

     

    Et un billet chez Espaces Instants sur Marina Tsvetaeva la femme d'aucun compromis

     

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    Le livre :  La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement - Svetlana Alexievitch - Traduit par Sophie Benech - Editions Actes Sud - Version numérique

  • La Route de la Kolyma - Nicolas Werth

     La Kolyma

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                          Magadan ©  Магадан

     

    A l’été 2011 un récit de voyage pas tout à fait comme les autres. Un voyage vers l’enfer vers cet extrême orient russe qui fut la région emblématique du travail forcé en Union Soviétique, vers la Kolyma où un million de personnes furent envoyées.

    Le Goulag fut pendant des années un réel mode de vie : ceux qui y étaient, ceux qui en revenaient et ceux qui tremblaient d’y être envoyés. Les camps du Goulag couvraient toute la Russie avec une place à part pour la Kolyma vaste région (deux fois la France) isolée de la Sibérie à quelques neuf heures d’avion de Moscou.

     

    C’est donc sur les traces des Zek de la Kolyma que part Nicolas Werth, le voyage il l’effectue avec plusieurs russes qui sont tous membres de l’association Mémorial, une ONG russe qui tente sans aucun moyens de préserver la mémoire du Goulag et de cette période des répressions staliniennes.

    ll est grand temps car les témoins disparaissent, la plupart des survivants de la Kolyma ont autour de 80 ans et les rares vestiges que l’on peut encore trouver vont disparaitre à jamais. Bientôt il ne restera rien du plus grand système concentrationnaire du vingtième siècle.

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                               Magadan  ©  Магадан

     

    L’arrivée à Magadan le coeur de la Kolyma est un choc, la région est magnifique « entre deux promontoires maritimes » et totalement sinistrée, les bâtiments sont à l’abandon, peu de circulation, des terrains vagues, une cité lépreuse.

    Le travail commence, visite du musée local à la recherches d’objets du Goulag, rencontres avec des témoins.

    Cette façon d’opérer va se répéter pendant deux semaines, de ville en ville, absence de vestiges, traces effacées volontairement ou non. Les détenus arrivaient ici après des semaines dans des trains glacés, plusieurs jours à fond de cale du bateau qui marquait la fin du périple.

     

     

               Le film dont parle Nicolas Werth dans son interview

     

    Les statistiques du Goulag se passent de commentaires : de 1930 à 1955 : 20 millions de soviétiques ont été envoyés dans les camps, 2 millions y ont trouvé la mort, 1 million y ont été exécutés.

    Les témoignages des gardiens de la mémoire sont terribles, importants pour préserver une mémoire des faits car, au delà des statistiques qui sont maintenant connues, il y a un réel refus de se souvenir du million de personnes qui passa ici à la Kolyma.

     

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                           la Kolyma  © Daniel De Roulet

     

    Le voyage rend bien compte de ce que devaient être les difficultés dans ce pays au climat effrayant, en ce mois d’août la température avoisine les 2° confirmant le dicton de la Kolyma « Douze mois d’hiver, Le reste c'est l'été ». ll a suffit de laisser les vestiges des camps à l’abandon pour qu’ils s’effacent du paysage.

    La parole libre aujourd’hui est malgré tout difficile car comme le dit Miron Markovitch un ancien de la Kolyma âgé de 82 ans : «  Le Goulag, il est dans nos gènes. Il fait partie de notre patrimoine génétique »

    Le témoignage d’Evguenia Petrovna qui à l’âge de 22 ans avaient déjà passé 6 années à Ravensbrück et à la Kolyma, suivant en cela le destin de Margareth Buber-Neumann

     

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                            Le mémorial de la Serpantinka et celui de Magadan © Igor Krasnov

     

    Comme un hommage le groupe va faire une halte à la Serpantinka au haut lieu des exécutions de masse pendant ce que l’on appelle la Grande Terreur d’août 37 à octobre 38, une année pendant laquelle entre six et dix mille personnes ( 750 000 pour la Russie entière). Les gardiens de la mémoire ont fait érigé un monument sur les lieux, une croix de granit, un simple plaque de marbre noir.

     

    Un livre indispensable pour qui s’intéresse à cette période de l’histoire. Nicolas Werth l’historien a pris la route pour nous révéler cette « civilisation goulaguienne » 

    Un livre qui dit-il est un hommage à « l’humble obstination » des hommes et femmes qui tentent de lutter contre l’oubli.

     

    Le récit du plus ancien rescapé de la Kolyma 

     

    Le voyage d'un autre écrivain Daniel De Roulet

     

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    Le livre : La Route de la Kolyma - Nicolas Werth - Editions Belin

     

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    L’auteur : Nicolas Werth est un historien chercheur au CNRS spécialiste de la Russie soviétique et du Stalinisme. 

     
  • Les âmes Baltes - Jan Brokken

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    Un écrivain voyageur inconnu voilà une jolie découverte. Jan Brokken est passionné par le passé littéraire, musical, historique, d’un pays ou d’une ville.

    ll nous emporte dans ses bagages dans ces fameux pays Baltes dont aujourd’hui encore on n’ignore beaucoup de choses. On fait un joyeux méli-mélo avec leurs capitales, si on devait les placer sur une carte on hésiterait toujours pour savoir si c’est l’Estonie ou la Lettonie qui est la plus proche de la Russie.

    C’est donc un parcours culturel qui nous est proposé et le carnet d’adresses de Jan Brokken est riche de noms connus et d’autres totalement inconnus pour nos faibles connaissances.

    Bon je vais être gentille avec vous et commencer par le plus simple : La lituanie, un écrivain nommé Roman Kacew, ça vous dit quelque chose ? allez faites un effort….si je vous dis La Promesse de l’aube, mari de Jean Seberg ………et oui Romain Gary est à l’origine lituanien !! 

     

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                  Statue hommage à Romain Gary pris sur le blog de Pernelle qui visite les Pays Baltes

     

    Deuxième devinette : des escaliers et un landau qui dévale les marches ……..oui oui Einsenstein est Balte et non pas Russe comme peut être vous le pensiez.

     


     Le cuirassé Potemkime de Sergeï Einsenstein

     

    Bon ça y est j’ai toute votre attention ? Alors je vous propose de suivre ce parcours totalement passionnant à travers les villes d’Estonie, Lituanie et Lettonie. A travers la vie d’une quinzaine de familles.

    On y entend le murmure des voix juives qui ne sont plus, 70% de la population lituanienne était juive avant la guerre, parmi tous les noms que Jan Brokken met à l’honneur ne soyez pas étonnés de rencontrer beaucoup d’artistes Juifs. Markus Rothkowitz plus connu comme Mark Rothko, Jakob Lipchitz le sculpteur

     

     

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                             le portrait de Lipchitz et sa femme par Modigilani

     

     

    ou Hanna Arendt (et oui elle n’est pas née en Allemagne) mais aussi Emmanuel Kant, le musicien Arvö Part qui est né à Tallin en Estonie, et des inconnus qui ont compté dans l’histoire de leur pays comme  Loreta Asanaviciute qui semblable aux étudiants de la place Tian an Men, fut écrasé par un char soviétique en 1991. 

     

     

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    J’ai retenu aussi Carl Robert Jakobson l’écrivain le plus célèbre et que son pays l'Estonie honore dans un musée qui me plait bien.

     

     

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                               le Talumuuseum qui honore Jakobson

     

    les fameux châteaux de Courlande,

     

     

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    et le nom d’un éditeur exemplaire : Janis Rose dont le nom survit grâce à sa femme et à sa fille qui comme les parents de Sandra Kalniete furent déportées en Sibérie mais parvinrent à revenir.

    On feuillète en même temps un livre d’histoire, depuis le temps des Tsars qui refoulaient les juifs vers les états périphériques, jusqu’aux terribles épreuves de la guerre et du stalinisme, ce qui fait dire à l’auteur que l’âge d’une personne dit sous quel régime politique elle a vécu et quelles horreurs elle a pu vivre.

    « Dans les pays Baltes, chaque communauté a ses héros, ses héroïnes, ses martyrs et ses bourreaux. Le bien et le mal se confondent. La vérité de l'un fait la colère, le désespoir et le malheur de l'autre. »

     

    Ses récits sont riches, bien argumentés, bien composés, bref un beau travail, des photos illustrent bien le propos. Jan Brokken est parfait pour donner à travers les portraits qu’il nous propose, une belle photographie de ces pays qui connurent des conflits sanglants, la haine et la vengeance, des bagarres idéologiques et qui aujourd’hui ont su trouver leur place dans une Europe apaisée.

     

    Si vous voulez faire le voyage je vous propose le blog de miriam

     

    Dernière minute un site signalé par Nadejda merci à elle : Les Dames de Courlande

     

    Et le blog de Gilles

     

     

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    Le Livre : Les âmes Baltes - Jan Brokken - Traduit par Mireille Cohendy - Editions Denoël 

     

    3921121578.jpgL’auteur : Ecrivain voyageur, Jan Brokken est né en 1949 aux Pays-Bas. Il a écrit une vingtaine de livres qui en font un des plus grands écrivains néerlandais contemporains. Les Ames baltes est son premier ouvrage traduit en français. ( source l’éditeur) 

  • Je suis interdite - Anouk Markovits

    Foi ou contrainte ?

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                                 le rituel du bain dans le film Kaddosh

     

    Avez vous vu et aimé le film Kaddosh ? Avez-vous lu et aimé l’Elu de Chaïm Potok ? 

    Alors ce livre est fait pour vous.

     

    Une histoire qui se déroule dans ces contrées qui furent le théâtre de pogroms, vous êtes en Transylvanie et Joseph a cinq ans, il vient d’échapper à un pogrom, toute sa famille a été massacrée mais lui a été sauvé par Florina, elle est catholique et désormais Joseph Lichenstein sera comme son fils. Il garde malgré tout des souvenirs de sa famille, de ses voisins.

    Quelques années plus tard lorsque Joseph est témoin de l’anéantissement de la famille de Mila, il va l’aider à rejoindre une famille juive, les Stern qui va la protéger.

     

    Mila va être élevée par cette famille en Transylvanie d’abord puis à Paris. Les Stern vivent sous la loi du chef de famille, Zalman, ce sont des juifs hassidiques, des juifs appartenant à la communauté Satmar aux traditions extrêment contraignantes et fermées.

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                          Communauté Satmar à New York

     

    Mila et Atara les deux filles ainées grandissent donc avec une série d’interdits : pas question de lire autre chose que des livres religieux, pas question de faire des études autres que religieuses.

    Tout est question de codes dans la famille, de rituels. Du lever au coucher tout est fixé et doit être appliqué avec intransigeance pour préserver la pureté de la famille, diktats alimentaires, vestimentaires, bains rituels pour les femmes, port de la perruque pour les femmes mariées.

     

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                              Vitrine à Mea Shearim

     

    Le seul écart que se permet Mila c’est un questionnement sur les circonstances de la disparition de ses parents, ce n’est pas clair pour elle, mais pour le reste elle est une jeune fille qui suit tous les préceptes qu’imposent Zalman  mais une petit graine est semée.

    Atara elle brandit l’étendard de la révolte assez tôt, elle enfreint les règles, lit des livres interdits, pose des questions, exprime le souhait de faire des études et refuse l’idée d’un mariage arrangé.

     

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    " Atara s'était mise à lire de plus en plus, elle lisait sur le chemin de l'école et au retour, elle lisait en classe, le livre sous le pupitre, elle lisait la nuit à la lueur d'une lampe de poche sous l'édredon

     

    Mila elle accepte elle de partir se marier aux Etats-Unis. Elle va y retrouver Joseph son futur époux, Joseph qui a fui la Transylvanie et a été élevé dans une famille hassidique lui aussi.

    L’une est rebelle, l’autre l’obéissance incarnée, mais la vie réserve parfois des embûches que ce soit sur le chemin de la rébellion ou sur celui de l’obéissance. 

     

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                                       Obéir    © François Pesant

     

    L’auteur poursuit son récit à travers trois générations et c’est extrêmement réussi. 

    La lecture de ce livre demande un peu d’attention, certains mots yiddish sont explicités en fin de livre, les paroles de prières reviennent de façon un peu lancinante et ajoute au climat d’oppression que vivent Mila et Atara.

    On est immédiatement en empathie avec les deux filles et l’on ne peut s’empêcher de penser que pour décrire aussi finement leurs parcours, l’auteur a du vivre une situation similaire. Ce besoin et cette peur d’enfreindre la loi, la terrible culpabilité qui en découle, la crainte d’ être exclue de la communauté.

    Un excellent livre sur les ravages d’une religion (quelqu’elle soit) quand l’orthodoxie l’emporte sur la foi.

     

    L’ avis du Café littéraire de Céline 

     

     

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    Le livre : Je suis interdite - Anouk Markovit - Traduit par Katia Wallisky - Editions JC Lattès