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Laissons de côtés les déceptions et les ratages de lecture et passons aux livres qui m'ont plu
Commençons par une vedette des blogs : Tracy Chevalier et sa Dernière fugitive. Même si ce n'est pas un grand coup de coeur c'est une histoire sympa et intéressante.
L'installation des Quakers en Amérique est un sujet déjà traité et celle de la route des fugitifs noirs aussi. Mais le roman se lit agréablement.
Direction le pays des Ponts couverts et retrouvons Honor, une jeune femme qui n'a pas de chance, elle a quitté l'Angleterre pour les Amériques avec sa soeur qui doit s'y marier. Hélas hélas la soeur meurt sur le bateau et voilà Honor seule lors du débarquement Elle lie connaissance avec Belle Mills une modiste qui va tout de suite apprécier le don d'Honor pour la couture et la réalisation de quilts, Belle e a un frère terrible qui chasse l'esclave en fuite ! Seule Honor finit par se marier avec Jack Haymaker un jeune fermier.
les quakers par Adam Hochschild
C'est dans la ferme qu'Honor va rapidement être sollicité par des esclaves en fuite qui trouve refuge dans ses champs, dans son poulailler..... Elle va aider hommes et femmes au mépris de la loi et ainsi mettre en danger la famille et la propriété.
l'art du quilt
Dommage que l'héroïne soit une peu pâlotte et fâlotte, le roman s'en ressent un peu sinon l'histoire est assez bien construite et se lit sans ennui
Le livre : La Dernière fugitive - Tracy Chevalier - Traduit par Anouk Neuhoff - Editions Quai Voltaire
« Comme il fait lourd et triste ! La calèche se hâte, et Iégorouchka voit toujours la même chose: le ciel, la plaine, les collines,... Dans l'herbe, la musique s'est calmée. Les pluviers sont partis, on ne voit plus les perdreaux. Faute d'occupation, les freux tournoient au-dessus de l'herbe fanée, ils se ressemblent tous et ils rendent la steppe encore plus uniforme. Un milan vole en rase-mottes, battant harmonieusement des ailes, et s'arrête soudain en l'air, comme pour réfléchir à l'ennui de vivre, puis il les secoue et file au-dessus de la steppe comme une flèche »
La steppe qui est plus une longue nouvelle qu’un roman et qui va à sa parution asseoir la notoriété de Tchekhov.
c’est à la fois un récit de voyage et un récit autobiographique. Tchekhov disait de ce récit « c’est mon chef d’oeuvre »
Un enfant de 9 ans Iégorouchka quitte sa famille « un matin de juillet » pour aller au lycée. Un long voyage de plusieurs jours dans une brika au cours duquel il va traverser la steppe russe. C’est l’été, le soleil est brûlant, il y a des orages violents mais parfois les nuits sont froides
La plus grande partie du voyage il la fait assis sur un tas de foin où parfois il s’ennuie un peu.
L'enfant va tout observer le travail des moujiks dans les champs, les bergers et leurs troupeaux, les oiseaux, les convois de marchands.
C’est un voyage d’est en ouest de quatre jours à travers les herbes verdoyantes de la steppe qui ondulent sous le vent et provoque l’émerveillement de l’enfant.
Un chant qui s’échappe d’une isba, une baignade, les petits pains aux pavots à l’auberge, « les repas à même le chaudron » tout est nouveau.
La peur aussi quand la calèche roule de nuit, c’est à la fois excitant et inquiétant et l’enfant devine des « images brumeuses et inquiétantes ».
C’est un poème en prose que Tchekhov voulait qu’on lise « comme un gourmet mange les bécasses »
La tendance est aux retraductions, Paul Veyne vient de retraduire l’Enéide par exemple.
Je n’avais pas d’édition de l’ Iliade franchement satisfaisante, un livre en poche plus en très bon état, une édition bilingue beaucoup trop lourde à manipuler, alors en entendant dans une émission de radio qu’une nouvelle traduction venait de sortir j’en ai profité.
Me voilà maintenant avec une édition de l'Iliade flambant neuve et ma vieille Odyssée traduite par Philippe Jaccottet.
Vous me connaissez j’aime bien en plus avoir un passeur et comme je ne me vois pas vous faire une laïus sur l’Iliade et l’Odyssée du genre fiche de révision du bac, c’est du passeur dont il va être question.
Alberto Manguel est un fan d’Homère ! Et il a commit un petit livre tout à fait passionnant où il entreprend de chercher la trace de ces deux oeuvres à travers le temps et les littératures d’un peu partout.
Comment l’Iliade et l’Odyssée ont été lues, quel sens leur a-t-on attribué, quelles influences ont-elles exercées et comment ont-elles été traduites.
Manguel est certain que ces oeuvres là peuvent être lues et relues car elles ont « été écrites pour nos propres vies d'aujourd'hui, avec tous nos bonheur secrets et tous nos péchés enfouis. »
Bien entendu il revient sur Homère, le premier des écrivains, le père de la littérature comme Hérodote est le père de l’histoire. On est à peu près certain qu’Homère n’a pas existé et que ces oeuvres sont des assemblages d’anciennes histoires collectées par les rhapsodes ces interprètes des chants épiques, quelle importance puisque la littérature en sort habillée de pied en cap ?
Xénophon disait déjà qu’Homère avait attribué aux Dieux « tout ce qui constitue chez les mortels honte et indignité : le vol, l’adultère et la tromperie »
Manguel recherche à travers les oeuvres d’autres poètes, d’autres écrivains, la trace des oeuvres. Joyce bien entendu mais aussi Virgile dont l'Enéide doit beaucoup à Homère, Dante qui fait apparaitre Homère dans son premier cercle de l’enfer.
Racine avec son Andromaque, Cavafy qui propose un Ulysse moderne.
Ils ont été inspiré, influencé par Homère et l’on retrouve chez eux la colère d’Achille, la ruse d’Ulysse, la patience de Pénélope, le sacrifice d’Iphigénie. Homère a laissé sa trace jusque dans les récits de Sindbad le marin.
Il nous rappelle l’influence qui a transformé Schliemann en archéologue obstiné pour découvrir les vestiges de Troie alors qu’il semblait que c’était un monde totalement imaginaire.
Un livre monde que Manguel illustre avec cette anecdote de villageois colombiens à qui l’on a prêté l’Iliade et qui refusent de rendre le livre au prétexte que :
« l’histoire d’Homère reflétait la leur: elle parlait d’un pays déchiré par la guerre, dans lequel des dieux fous se mêlent aux hommes et aux femmes qui ne savent jamais exactement pour quelle cause on se bat, ni quand ils seront heureux, ni pourquoi ils seront tués. »
Ce livre est une sorte de biographie littéraire, non celle d’un homme mais celle d’une oeuvre de plus de 3000 ans et qu’aujourd’hui encore on traduit partout de par le monde, livre qui ne résout pas l’énigme d’Homère mais qui lui rend hommage.
Manguel rejoint Italo Calvino « Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu'ils ont laissée dans la ou les cultures qu'ils ont traversées. »
Les livres : L’Iliade et l’Odyssée - Alberto Manguel - Editions Bayard
L’Iliade - Homère - Traduction de Jean Louis Backès - Editions Gallimard Folio classique
Vous l’avez peut être entendue à l’école il y a longtemps et comme parfois les histoires que l’on nous raconte, celle-ci est restée dans votre mémoire……
Si rappelez vous, l’arrière garde de l’armée de Charlemagne est détruite à Roncevaux, Roland combattant les méchants sarrasins et sonnant de l’olifant inutilement……
D’accord vous connaissez la Chanson de Roland mais l’avez-vous lue ? moi non jamais aussi j’ai profité de cette nouvelle édition pour lire cette chanson de gestes en 4000 vers organisés en 491 laisses fondées sur la répétition. (et toc on dirait que je prépare le bac de français !)
Dans les livres scolaires
« Alors Roland sent que la mort l'étreint
Que de la tête dans le coeur elle descend
Dessous un pin est allé en courant
Sur l'herbe verte se coucher sur le ventre
Glisser sous lui l'épée et l'olifant
Tourne sa tête vers la foule païenne
Et il l'a fait parce qu'il veut vraiment
Que Charles dise avec chacun des siens
Le noble comte est mort en conquérant »
Première chose à dire si le livre écrit vraisemblablement au XIIème siècle existe bien, les héros de cette chanson de gestes sont sans doute pure invention.
Pourtant cette épopée est restée dans les mémoires avec son traitre de service, son héros qui se sacrifie, peut-être parce que ce fut un des premiers textes littéraires en français, foin du latin !
Pendant que Charlemagne ne pense qu’à rentrer chez lui, ses fiers chevaliers vont combattre les méchants ….les méchants on ne sait pas très bien quoi, sarrasins, basques, autres ?
Sur les vitraux à Chartres
On est en 778 et Charlemagne quitte l’Espagne, son arrière garde tombe dans une embuscade tendue par le roi Marsile aidé du traite, il en faut bien un, Ganelon.
Et voilà comment naissent les légendes, le manuscrit ne prendra d’ailleurs le nom de Chanson de Roland que très tardivement au XIXème siècle. Pendant longtemps on la présenta comme un fait quasi historique. Et puis je ne connaissais pas du tout la fin qui raconte la tristesse de Charlemagne et sa vengeance.
Roncevaux aujourd'hui
Frédéric Boyer s’est attaché à traduire en français actuel cette épopée. Sa traduction est magnifique, la langue est splendide et le rythme insufflé rend bien la notion d’épopée. On est assez vite envoûté par ces héros.
Même si le vocabulaire est riche, il est suffisamment à notre portée pour que nous puissions profiter du texte. Le choix de la forme décasyllabique donne un rythme un peu incantatoire qui non seulement n’est pas gênant mais s’apparente sans doute aux façons de raconter des troubadours et autres ménestrels des temps anciens.
Quant aux deux essais qui encadrent le texte, le premier ne m’a pas intéressé du tout, par contre le second commente et éclaire l’oeuvre de façon utile.
Pour résumé Frédéric Boyer dit de la Chanson de Roland, « C’est l’histoire d’une pâtée militaire qui nous est racontée comme une victoire »
Petit plagiat du titre d’Italo Calvino en ces temps de rentrée littéraire.
Pour être franche j’ai une petite collection de livres très récents qui m’attend, cadeaux ou livres de bibliothèque, bref de quoi alimenter ce blog pendant un moment.
Oui mais voilà, l’avalanche de livres crée chez moi chaque année une envie folle de m’en détourner et de lorgner du côté des classiques que je n’ai jamais lu ou que j’ai envie de relire.
Ceux dont Calvino disait qu’ils pourraient composer notre bibliothèque
« moitié des livres que nous avons lus et qui ont compté pour nous, pour moitié des livres que nous nous proposons de lire et dont nous pensons qu’ils compterons »
Donc c’est parti pour quelques classiques absolus, ici dès demain
Ah là ce polar vous donne la pêche par son intelligence, son sens du rythme et ses rebondissements.
D’abord une trouvaille, le flic de service s’appelle Henri Poincaré comme le mathématicien génial, l’arrière petit fils lui est flic à Interpol depuis pas loin de trente ans. C’est dire s’il est aguerri et revenu de tout ! ll a acheté une propriété dans le Sud Ouest où il passe son temps libre avec sa femme.
C’est un coriace Poincaré, il a traversé l’Europe pour mettre la main sur un criminel de guerre du temps de la guerre dans les Balkans et aujourd’hui il assure la sécurité pour un sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Et vlan un attentat va ficher en l’air la belle organisation prévue par Poincaré, un attentat à la bombe en plein Amsterdam dont un mathématicien génial James Fenster est la victime.
Autour de Fenster gravitait pas mal de monde, fiancée, collègue, ennemi et la traque va conduire Poincaré d’Amsterdam à Barcelone, de Paris à Milan tout le monde essayant de mettre la main sur l’ordinateur de la victime qui contiendrait des secrets ultra dangereux.
La théorie du chaos
J’ai marché tout le long, d’abord un flic français ça nous change, ensuite l’intrigue est mené tambour battant, on saute d’un suspect à un autre, on hésite, bref l’auteur Leonard Rosen s’amuse bien avec nous et conduit son énigme mathématique avec brio.
En prime une préface de Cédric Villani le prodige des maths et un clin d’oeil à Keisha qui m’a donné envie de le lire
Le livre : La théorie du chaos - Leonard Rosen - Traduit par Hubert Tézenas - Editions Cherche Midi