Heimat
Lorsque Hermann Steputat voit le jour c’est le jour de la mort du Maréchal Hindenburg, un héros en Prusse Orientale.
Le père d’Hermann est le maire de Joekehnen un village perdu entre Vistule et Niémen, il vient de troquer le drapeau rouge blanc noir contre celui du nouveau parti, et notre Hermann va grandir en même temps que s’installe le nouveau régime.
Il a une enfance heureuse, il court dans les prés, suit la charrette de Samuel le juif, voit arriver la première voiture dans la village et se trouve un nouvel ami Peter Aschmoneit.
La guerre qui commence n’a pas beaucoup de prise sur le village, sauf pour Peter dont le père est au front. Ah et puis la vie devient même facile car arrivent des prisonniers polonais à qui on fait faire les tâches harassantes mais que l’on invite pour fêter Noël.
Bref c’était un semblant de guerre jusqu’au jour où les troupes traversent le village, direction la Russie ! Et pour le village rien ne change « Le seigle mûrissait, le trèfle avait des fleurs blanc et rouge », Karl Steputat produit du miel à profusion.
Une chose cependant Samuel Mathern le juif du village a disparu.
« Il était couché au fond des roseaux avec Peter et chantait les victoires de l’Allemagne aux canards et aux crapauds »
Hermann et Peter grandissent et vivent les derniers moments d’une enfance heureuse. Brusquement tout bascule, terminées les victoires que l’on affiche sur la carte de la mairie, aucun renseignements ne parvient au village, Joekehnen et ses deux cents habitants retiennent leur souffle... Les Russes arrivent !
Arno Surminski est un écrivain célèbre et reconnu en Allemagne, Joekehnen est son livre le plus célèbre et comme le roman de Siegfried Lenz La Leçon d’allemand , il se situe en Prusse Orientale, région dévastée par la guerre, soumis au pillage de l’armée Russe et éclatée entre deux nations : la Pologne et la Russie après la guerre.
Ce livre montre bien à la fois la naïveté d’une partie des habitants, la rouerie d’une autre partie et bien sûr les quelques virulents adeptes du National Socialisme.
Un récit plein de nostalgie pour le temps de l’enfance. L’auteur ne cherche pas à déclencher la pitié, n’occultant rien des comportements, la dérision et un certain humour sont présents mais par dessus tout un profond amour pour un coin de terre balayé par l’histoire.
Si le sujet vous intéresse je vous rappelle le livre de Marion Dönhoff sur le même sujet
Aujourd’hui ce livre est à chercher en bibliothèque ou d’occasion.
Le livre : Jokehnen Chronique d’un village des confins allemands - Traduit par Evelyne Schmitt - Editions Noir sur blanc 2002
L'auteur :
Il a passé son enfance en Prusse orientale. Ses parents furent déportés en Union soviétique
Devenu journaliste Arno Surminski publia son livre en 1978, il a remporté de nombreux prix pour son oeuvre.
Son souhait : « concilier les deux générations, pour les amener à mieux se comprendre »