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Littérature allemande - Page 6

  • Le dernier bateau - Siegfried Lenz

    Un récit qui deviendra sans doute un classique de la littérature allemande

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    Un court et beau roman de Siegfried Lenz qui m’avait marqué par sa  Leçon d’allemand  ce qui m’a fait acheter ce livre là les yeux fermés.
    Arne a douze ans et il a déjà connu le pire, la perte de sa famille, un ami de son père l’accueille chez lui, il est le chef d’un chantier de démolition dans le port de Hambourg. Arne va désormais vivre avec Hans le fils aîné de dix sept ans, Lars le plus jeune et Wiebke la soeur de Hans.
    " Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers"

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    "Loin sur l'Elbe, un de ces immenses cargos porte conteneurs a demandé le passage et son signal était si grave, si puissant qu'on aurait dit que toute la terre autour du fleuve tendait l'oreille"

    Une amitié se noue immédiatement avec Hans, il est en sécurité avec lui et la chambre qu’ils partagent est un territoire quasiment magique, Arne est " figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père "

    Arne s’apprivoise, curieux de tout, il apprend le finnois et les noeuds marins, il a une petit bibliothèque bien à lui, il est doué pour les langues et réussit très bien à l’école. Mais si l’amitié avec Hans est facile, il a du mal à s’intégrer hors de la maison, Lars et Wiebke sont un brin hostiles. Arne est souvent auprès de Kalluk, le gardien du chantier de démolition, originaire d'Estonie, taciturne et secret. Mais c’est la bande d’adolescents du quartier qui l’attire, en faire partie devient son rêve, il va par tous les moyens tenter de se faire accepter.
    Ses efforts seront vains et vont entraîner un drame.

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    Le récit extrêmement prenant est construit sur un lent retour en arrière, les personnages sont peu à peu dévoilés, les mots de Lenz sont d’une grande sobriété et d’une totale simplicité. Un beau récit sur l’exclusion, l’amitié, la marginalité et la solitude.
    Le port de Hambourg, les brumes de l’Elbe, l’atmosphère du chantier et son attrait, tout est rendu proche par le talent de l’auteur.
    Siegfried Lenz dans ce roman comme dans  La leçon d’allemand  sait rendre les sentiments de l’adolescence et l’intimité de la vie familiale avec une immense sensibilité.
    Ce livre a obtenu le Prix Goethe, mais récompense ou pas je vais lui faire une place dans ma bibliothèque.

    Le livre : Le dernier bateau - Siegfried Lenz - Traduit de l'allemand par Odile Demange - Editions Pavillons poche Robert Laffont

    lenz.jpegL’auteur
    Auteur d’une centaine de romans, d’essais et de pièces de théâtre, traduit en trente langues, Siegfried Lenz est devenu un auteur classique. Né en 1926 à Lick, en Mazurie, région de Prusse-Orientale qui allait devenir polonaise à la fin de la guerre.
    Il vit aujourd’hui à Hambourg. Siegfried Lenz a une notoriété comparable à celle d'Heinrich Böll ou Günter Grass.

  • Une enfance en Prusse orientale - Marion Dönhoff

    enfanceprusse.jpgUne enfance en Prusse orientale - Marion Dönhoff - Traduit de l’Allemand par Colette Kowalski- Editions Albin Michel - 1990
    Il y a quelques mois le roman de Béatrice Wilmos « L’Album de Menzel » m’a donné envie de relire ce récit datant déjà de 1990 et écrit par une grande dame du journalisme européen, la Comtesse Marion Dönhoff.
    Vous ne trouverez plus hélas ce livre, épuisé et jamais réédité, mais fouillez bien dans la bibliothèque de votre ville, les trésors sont toujours enfouis.
    Marion Dönhoff a près de 80 ans quand elle écrit ses souvenirs, en 1945 elle a fui devant l’Armée rouge,  elle a vu Königsberg bombardée, elle a abandonné le château de son enfance, elle entame un long périple qui la conduira un jour à la tête de « Die Zeit » le grand journal allemand.

    Son livre est composé d’une multitude de scènes, de tableaux, décrivant la vie dans cette Prusse aujourd’hui disparue, racontant l’histoire de ces domaines, de ces hommes et femmes qui vont disparaitre dans la guerre.

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    Le château de Friedrichstein

    Marion Hedda Ilse Dönhoff est née au château Friedrichstein, en Prusse orientale, quand elle naît  son père le Comte Dönhoff est député au Reichstag à la « Chambre des Seigneurs de Prusse » il a 64 ans. C’est un homme passionné d’art et de voyages parfois aventureux.
    Sa mère elle a aussi « le goût des arts, beaucoup d’imagination et un penchant pour le romantisme » et un sens très sûr des convenances de ce qui « se fait » et de ce qui ne se fait pas  « verdict sans appel qui mettait fin à toute discussion ». Ce rigorisme et cette vie aisée ne l’empêchait pas d’assurer soins et médicaments aux villageois proches du domaine.
    C’est une vie heureuse que mène Marion Dönhoff, la nombreuse fratrie permet des jeux et activités qui inculquent l’amour de l’aventure et le sens des responsabilités. La discipline est rigoureuse, on n’est pas en Prusse pour rien, mais trouver une façon de tourner les interdits occupe la joyeuse bande.
    Les parents sont peu présents mais la fréquentation des serviteurs du château va dégourdir la jeune fille « j’ai appris à démonter un carburateur avec le chauffeur ».

    Sa description de la vie du château et du village est empreinte de tendresse, le lavoir, le repassage qui lui apprennent les servantes, les premières lampes électriques, le valet Fritz « qui savait tout et s’intéressait à tout » , Krebs le jardiner au rôle essentiel pour ce domaine qui vit en autarcie totale.
    Les enfants participent aux travaux des champs, à la cueillette des champignons et framboises. L’hiver la glace est découpée dans les étangs gelés, la transporter en traineaux pour la stocker « Cela demandait une journée entière et s’achevait généralement par une sorte de fête, car on buvait quantité de grog pour se réchauffer et se donner du coeur à l’ouvrage. » fait partie de ses souvenirs.
    C’est une enfance au rythme des saisons « Il ne faut que quelques jours en Prusse Orientale pour que l’interminable engourdissement hivernal cède la place à la rayonnante splendeur du printemps »
    Ce sont les passages les plus beaux du livre, on y sent tout l’amour de Marion Dönhoff pour sa patrie; elle qui ressent « une profonde gratitude que ce soit là mon pays »
    Elle sait aussi nous raconter l’histoire de la région à travers les familles ou les domaines qui ont marqué son enfance.

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    Mais c’est bientôt « la fin de l’insouciance » et le départ pour Potsdam pour poursuivre des études.
    La guerre va la rattraper, plusieurs de ses amis proches ont été les protagonistes du complot contre Hitler et tous seront exécutés. Elle a puisé là un courage et une rectitude qui l’accompagneront toute sa vie.
    La fin du livre est digne d’un livre d’aventures, fuyant à cheval devant l’Armée Rouge, obligée d’abandonner tous ses souvenirs, elle réussira à rejoindre l’Ouest après une chevauchée de 2000 km.
    Les réfugiés sont sur les routes, le froid intense. Elle partage son sort avec la population allemande de la région. Elle retrouve sa famille après bien des détours « C’est au milieu de l’hiver que j’étais partie à cheval de chez moi et quand finalement j’arrivai en Westphalie, c’était le printemps. Les oiseaux chantaient. »

    marion-doenhoff.jpgMarion Dönhoff en 1988 est retourné à Königsberg et je lui laisse la parole
    « Je ne peux pas non plus m’imaginer que le grand amour de la patrie s’illustre par la haine de ceux qui en ont pris possession (...) Quand je pense aux forêts et aux lacs de Prusse Orientale, aux vastes prairies et aux vieilles routes bordées d’arbres, je suis sûre qu’ils ont gardé l’incomparable beauté qui était la leur autrefois, à l’époque où tout cela était mon pays.
    Peut-être le plus grand amour réside-t-il en cela : pouvoir aimer sans posséder. »

  • La bascule du souffle - Herta Müller

    bascule.gifLa bascule du souffle - Herta Müller - Traduit par Claire de Oliveira - Editions Gallimard
    J’ai laissé passer le coup de feu du Prix Nobel  pour m’intéresser à Herta Müller, j’ai choisi ce roman qui vient de paraître et j’ai été totalement conquise par ce roman.
    C’est la fin de la guerre, partout en Europe les prisonniers rentrent chez eux, les familles sont à nouveau réunies mais en Roumanie il en va différemment, les hasards des derniers combats à livré ont livré le pays aux soviétiques. Les russes exigent que tous les citoyens roumains d’origine allemande, qui vivent en Transylvanie, soient arrêtés. Certains ont collaboré avec les allemands mais tous les ressortissants hommes et femmes de 17 à 45 ans sont déportés, collaboration ou pas.
    Le héros du roman, Léopold, a 17 ans et il doit partir, dans la boite d’un vieux phonographe il entasse ses biens les plus précieux : un exemplaire de Faust, un de Zarathoustra et une anthologie poétique. Bien sûr il emporte aussi des vêtements chauds car il sait qu’il part pour le nord, la Russie, pour un pays de neige.

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                                                                La Transylvanie

    C’est avec de courts chapîtres qu’Herta Müller nous fait entendre la voix de Léopold. La vie quotidienne prend forme à travers des mots simples, des mots de tout les jours. Des mots pour dire le froid « Car dès la fin du mois d’octobre, il grêla des clous de glace », les appels interminables dans la neige, les poux, les vols, les dénonciations, l’horreur de voir Irma Pfeiffer engloutit par le mortier dans lequel elle s’est jeté par désespoir, ce désespoir qui fait dire à Léopold qu’il y a une loi qui « vous interdit de pleurer quand on a trop de raisons de le faire. Je me persuadais que les larmes étaient dues au froid, et je me crus.»
    Par dessus tout c’est la faim qui accompagne les prisonniers au long de ces 5 années, l’ange de la faim « qui vous dévore le cerveau » qui vous poursuit jour et nuit, qui vous fait manger votre salive, du sable. «En guise de cerveau, on n’a plus dans la tête que l’écho de la faim » et longtemps après on y pense encore « Aujoud’hui encore, je dois montrer à cette faim que j’y ai échappé. C’est tout bonnement la vie que je mange, depuis que je n’ai plus le ventre creux.»

    Des phrases puissantes, dures, vibrantes, pour nous transmettre la fatigue, l'épuisement « Quand la chair à disparu, porter ses os devient un fardeau qui enfonce dans le sol ». La folie qui s’empare de chacun : Mitzi la sourde, Karli, le terrible Tur,  Katie le planton, Fenia.
    Tenir, un jour encore, avec dans l’oreille la voix de sa grand-mère qui lui a dit en partant «Je sais que tu reviendras ».
    Les années passent et le retour lui-même est souffrance, on retourne au camp encore et encore, par la pensée, par le rêve et néanmoins vivre est un devoir parce que toutes ces années  Léopold a lutté contre la mort « Je n’ai jamais été aussi résolument contre la mort que durant ces cinq années de camp.Pour être contre la mort on n’a pas besoin d’avoir une vie à soi, il suffit d’en avoir une qui ne soit pas tout à fait terminée »
    Il reste alors à Léopold l’écriture, les mots car dit-il « Il y a des mots qui font de moi ce qu’ils veulent.» et un jour il achète un cahier.

    pastior.jpgUn livre bouleversant, une oeuvre forte, des images porteuses de symboles. Le récit d’Herta Müller allie réalisme et onirisme, les objets du quotidien sont personnifiés, les détails crus se mêlent aux  images poétiques. Les mots sont détournés pour permettre à la souffrance de s’exprimer. Et c’est cette alliance et ce contraste qui donnent force à ce roman. Une grande oeuvre.

    Dans la postface Herta Müller explique la génèse de son roman, sa famille victime de la déportation, le projet qu’elle a partagé avec le poète Oskar Pastior d’écrire l’expérience de celui-ci. La disparition de Pastior la contraint à s’emparer de ce récit et d’en faire ce roman tout à fait exceptionnel.

     

     

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  • L'excursion des jeunes filles qui ne sont plus - Anna Seghers

    L’excursion des jeunes filles qui ne sont plus - Anna Seghers - Traduit de l’allemand par Joël Lefebvre - Editions Ombres
    l'excursion.gifCe n’est pas un livre récent que celui là , écrit par Anna Seghers réfugiée au Mexique en 1943 pour fuir le nazisme, elle y raconte une excursion, celle d’une classe de jeunes filles au début de la première guerre mondiale.
    Lorsqu’elle écrit cette longue nouvelle, elle a appris la mort de sa mère dans les camps et la destruction de sa ville natale, Mayence, lors de bombardements. Cette nouvelle dénonce l’antisémitisme, le nazisme, l’intolérance, elle mêle le passé et la période de la guerre de façon subtile.
    Anna Seghers revit pour nous ce voyage dans sa pureté originelle. Il faisait beau "Quelques boutons d’or se mirent à briller dans la vapeur qui s’exhalait du sol à travers l’herbe haute", deux jeunes filles sont sur une balançoire, Leni et Marianne, Lore et Greta plus loin, et aussi Nora et Ida, Sophie et Melle Sichel l’institutrice.
    Toute la troupe s’installe "la terrasse du café, au bord du Rhin était planté de rosiers (...) des tables couvertes de nappes à carreaux rouges et blancs (...) le son de jeunes voix bourdonnant comme un essaim d’abeilles". Une classe de garçons va les rejoindre un moment.
    Ce récit idyllique est bien vite fracassé car Anna Seghers, comme un devin qui lirait l’avenir sur le visages de ces jeunes filles, nous dévoile implacablement leurs destins. Quinze destins tragiques.
    Telle jeune fille au profil délicat épousera un dignitaire du régime fasciste et refusera son aide à Leni dont l’enfant sera enlevé par les nazis. Telle autre se suicidera de désespoir lorsque son mari accrochera le drapeau à croix gammée à leur fenêtre.
    L’incessant va et vient est poignant, et comme les décors d’un théâtre, les deux époques vont s’interchanger au fur à mesure qu’avance le récit.
    Des détails retenus de ce jour là deviennent des marques plus tard de la folie des hommes, ainsi les cheveux noirs ébène de Sophie, que revoit Anna Seghers, deviendront blancs après son voyage en wagon plombé.
    Elle met en avant l’ironie de l’existence qui voulut que Marianne qui refusa son aide à Leni, périsse dans l’incendie de sa maison lors des bombardements mais que l’enfant de Leni survécut.
    Anna Seghers cherche à comprendre comment ces jeunes filles ont pu se haïr ou se trahir,  nous rappelle les actes de courage, les dénonciations, les reniements, les fautes et les sacrifices, et fait " apparaître en filigrane ce qui aurait pu advenir si .... " Elle sait que la destinée de ces jeunes filles est semblable à la destinée de son pays car " l’essaim de jeune filles serrées les unes contre les autres, qui remontait le fleuve dans la lumière oblique de l’après-midi, faisait partie intégrante du pays."

     

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    Mayence

    Ce livre court est salutaire pour ne pas oublier et de garder à l’esprit la question restée sans réponse "Par quel processus, lâcheté, ambition, indifférence, tout un peuple a-t-il pu soutenir ou même simplement tolérer le crime commis en son nom ? " et comment n'importe quel peuple est capable d'en faire autant !
    Dans sa postface Jean Tailleur qualifie le texte de "requiem " C’est le mot juste.

    Le texte a fait l'objet d'adaptation au théâtre et Amanda a eu la chance de participer à sa lecture en public.

    L’auteur
    annaseghers.jpgNetty Radvany Reiling, dite Anna Seghers (Mayence, Rhénanie-Palatinat, 1900 – Berlin, 1983). Née dans une famille de la bourgeoisie juive de Mayence, après des études d’histoire de l’art, elle se tourne vers la littérature, Prix Kleist en 1928 pour La Révolte des pêcheurs de Sante-Barbara, elle adhère au Parti communiste allemand, puis à la Ligue des écrivains révolutionnaires-prolétariens. Placée sous surveillance après l’accession de Hitler au pouvoir, elle émigre en France, où pendant six ans elle participe activement au combat des intellectuels contre le fascisme, tout en poursuivant son œuvre de romancière. En septembre 1940, fuyant Paris occupé, elle part pour les États-Unis puis de là vers le Mexique.  Rentrée à Berlin en 1947, elle devient en présidant l’Union des Écrivains de RDA, l’une des figures dirigeantes, l’une des voix les plus écoutées de la nouvelle culture socialiste.

  • Le bois de Klara - Jenny Erpenbeck

    Le Bois de Klara - Jenny Erpenbeck - traduit de l’allemand par Brigitte Hébert et Jean-Claude Colbus- Editions Actes Sud
    bois de klara.gifUn bois, un lac, un lieu, une propriété, au fil du temps ce bois, ce terrain, la maison construite dessus vont voir se succéder des propriétaires légitimes ou non. Au début du siècle un bois  est dévolu à la fille d’un riche paysan, mais Klara n’a pas toute sa tête et le bois à sa mort sera morcelé, découpé, revendu en trois parcelles.
    Douze
    personnages vont se succéder au fil du temps sur cette propriété, tous marqués par les péripéties de l’histoire : exil, déportation, invasion.

    Parfois résidence cossue, havre de paix et de bonheur, on ajoute un ponton de baignade sur le lac, un hangar à bateaux, les enfants jouent, se baignent.

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    Parfois la maison, le lac,  deviennent cachettes  pour les objets de valeur on "enterre les pichets en étain entre les racines du grand chêne et la porcelaine sous le bosquet de pins" pendant que  les chevaux de l’armée Russe s’approprient le jardin. Le  bois de Klara change même parfois de nationalité.
    Le terrain, la maison sont objet de tractation entre celui qui fuit (famille juive) et celui qui à un moment détient le pouvoir.  l’arrivée du communisme apporte de nouveaux changements.
    Témoin muet  le jardinier, personnage fantomatique et anonyme. " Au printemps, il aide les paysans à greffer leurs arbres fruitiers ; aux environs de la Saint-Jean, il écussonne les sauvageons à œil poussant ou, lors de la deuxième montée de sève, à œil dormant ; pratique la greffe en fente ou en oblique selon l’épaisseur du porte-greffe, confectionne le mélange indispensable de goudron de pin, de cire et de térébenthine, puis panse la plaie avec du papier ou du raphia " Il ne fait pas partie de la maison " Lui ne possède ni terre ni bois, il vit tout seul dans une cabane de chasse abandonnée à la lisière de la forêt "

     

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    Lac et forêt près de Berlin


    J’ai aimé l’originalité de ce récit, la trame historique à travers un lieu, l’art de Jenny Erpenbeck pour mêler vie quotidienne et grande histoire.
    La lecture est parfois freinée par des sauts dans le temps que l’on ne comprend pas toujours, la chronologie n’est pas respectée et cela exige un peu d’attention. L’écriture est belle et j’ai aimé les titres donnés aux chapitres qui désigne le personnage par son métier : l’architecte, le soldat, l’écrivain. L’épilogue est d’une froideur technique qui fait frissonner.

    L'auteur
    erpenbeck.jpgJenny Erpenbeck née en 1967 à Berlin-Est est une femme de théâtre, elle a travaillé avec Heiner Müller et a mis en scène des opéras. Son œuvre littéraire comporte trois romans et un recueil de nouvelles. Deux de ses livres ont déjà été publiés en France chez Albin Michel (L'Enfant sans âge, 2002, et Bagatelles, 2004). Ses romans ont tous été traduits dans une dizaine de langues. ( source l’éditeur)

  • Les Contes - Jacob et Wilhelm Grimm


    Noël : des cadeaux pour grands et à lire aux petits

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    contes de grimm.jpgLes Contes  - Jacob et Wilhelm Grimm - Traduction de l’Allemand par Natacha Rimasson-Fertin - Editions José Corti
    Vous voilà en terre connue, que vous soyez ou non lecteur de contes vous connaissez une bonne partie des contes de Grimm. On vous les a racontés, lus, ils font partie de notre imaginaire.
    Rappellez vous : Blanche Neige, Hänsel et Gretel, le malin petit tailleur, Raiponce, La Belle au bois dormant et Cendrillon (non ce n’est pas de Walt Disney !) mais aussi une multitude de contes oubliés ou moins connus.
    Il n’existait pas à ce jour d’édition complète, avec notes et commentaires. Aujourd’hui les éditions José Corti sortent ce magnifique coffret en deux tomes. Tout est là, sans exception. Les illustrations sont celles des éditions d’origine et la traduction est irréprochable.

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    Les illustrations d'époque

    La présentation nous donne la clé de ce travail de fourmis, car les frères Grimm ne sont pas à proprement parler les auteurs des contes, ils sont les collecteurs, les traducteurs en langue allemande courante,  ils ont parfois réécrit les textes mais toujours dans un souci de clarté et d’exactitude.
    Voilà une belle idée de cadeau pour amateur éclairé et pour le plaisir de se replonger dans ces récits d’enfance.

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    biogrimm.gifJacob et Wilhelm Grimm Il était une fois - François Mathieu - Editions du Jasmin
    Jacob et Wilhelm, deux frères,  deux écrivains et érudits qui toute leur vie ont travaillé ensemble au point que nous ne les désignons pas autrement que par un même nom de famille.
    Philologues, linguistes, leurs divers emplois les conduisent de Kassel à Göttingen puis Berlin où ils sont professeurs à l’université.
    On sait moins que outre les fameux Contes de Grimm qui ont fait l’objet de 7 éditions du vivant des deux frères. Ils sont aussi à l’origine d’une Grammaire Allemande, d’ouvrages sur la mythologie allemande et la langue allemande. Leur travail est comparable à celui de Littré en France.
    Traducteur germaniste des plus grands auteurs de langue allemande : Kafka, Hesse, Lenz ou Christine Lavant,  François Mathieu dans ce petit livre met à la fois son érudition et sa passion au service de cette biographie. Très complète sans être pesante, elle peut accompagner très heureusement l’édition des contes.

    Pour compléter lisez l’interview de la traductrice des Contes et l’interview de François Mathieu

    Pour les germanophones (j'en connnais) le site du Musée Grimm à Kassel

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