1963 à Francfort.
Eva Bruhns va présenter Jürgen schoormann, son futur mari, à ses parents.
Jürgen est l’héritier d’une riche société de vente par correspondance, ce qui est curieux car son père a été interné en camps de concentration pour son appartenance …au parti communiste aujourd’hui le père est doucement atteint de démence sénile.
La famille Bruhns est une famille simple, aimante, les trois frères et soeurs se chamaillent mais s’adorent. Leur restaurant marche bien mais il est situé dans la partie la moins sélecte de la ville ce qui donne des complexes à Eva. La fille ainée Annegret est infirmière et travaille auprès des nourrissons à l’hôpital, Eva, elle, est interprète.
Le Procès 1963
Quelques jours avant noël Eva est convoquée pour traduire du polonais, il s’agit du témoignage d’un survivant du camp d’Auschwitz. En l’absence de tout autre interprète disponible on lui demande de participer au procès qui va se tenir à Francfort sous la responsabilité du procureur Fritz Bauer.
Le Procureur Fritz Bauer
Tout son entourage se ligue pour la pousser à refuser de participer à ce procès.
Les arguments sont simples : il faut laisser le passé où il est, cela n’est pas convenable pour une jeune fille, Jürgen tente même de lui interdire de participer au procès en tant que futur époux. Vous avez dit droits de la femme ? Refus de se confronter au passé ?
Un film qui raconte la préparation du procès
Eva va, après quelques hésitations, suivre son instinct et défier famille et fiancé.
C’est un choc pour la jeune fille qui ignore tout des atrocités nazis, ce procès va changer sa vie et changer aussi irrévocablement le pays tout entier en particulier la génération née après la guerre.
Roman basée sur le procès réel qui fut le premier initié et mené par les allemands eux-mêmes.
Le procureur général de Hesse, Fritz Bauer avait voulu confronter le public allemand avec son passé, dénoncer les crimes et permettre aux victimes de faire entendre leur voix.
Moments de détente des officiers à Auschwitz
L’auteur propose des personnages qui personnifient parfaitement les réactions de la population lors de la tenue de ce procès. Colère, incompréhension, effarement et volonté farouche de laisser le passé loin derrière.
Une sensation d’oppression, d’étouffement poursuit le lecteur.
Les personnages sont eux pleins de contradictions et d’impuissance.
A Francfort, en Allemagne, une performance artistique en hommage aux victimes du camp nazi de Katzbach,
mortes lors d'une marche forcée vers les camps de Dachau et de Buchenwald.
Photo Kai Pfaffenbach. Reuters
C’est très réussi, Annette Hess est scénariste et ça se sent ( la série Berlin 56 par exemple)
L’alternance entre le déroulement du procès et la vie quotidienne est très bien rendue.
Eva stupéfaite par l’absence de remords et de honte des prévenus, par l’horreur des faits rapportés, va peu à peu s’émanciper, s’éloigner des opinions de son entourage et faire preuve d’indépendance.
L'auteure et scénariste Annette Hess
Un roman que j’ai beaucoup aimé où j’ai retrouvé l’émotion ressentie avec le film Le labyrinthe du silence, film que je vous recommande absolument et qui est centré sur la préparation de ce procès avec toutes les difficultés auxquelles le Procureur fut confronté.Un roman parfait pour que la jeune génération chez nous n’oublie pas le passé.
Le livre : La maison allemande Annette Hess - Traduit par Stéphanie Lux - Editions Actes sud