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Les grands classiques - Page 3

  • Maitre et serviteurs - Leon Tolstoï

    Pourquoi lire des classiques ? la réponse est dans ce récit qui n’a pas pris une ride, qui aujourd’hui encore parle au lecteur.

    Tolstoï a été toute sa vie en proie aux tourments, il a traversé une crise morale et religieuse, n’arrivant pas à vivre sa foi ni à réaliser son idéal de pauvreté. L’histoire qu’il conte ici en est l’illustration, il traduit l’idée qu’il se fait d’une vie réussie, bénéfique et de l’importance du don de soi.

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    Nous sommes en 1870, au lendemain de la saint Nicolas, le plein hiver.
    Le marchand Vassili Brékhounov se dispose « à se rendre chez un propriétaire du voisinage pour lui acheter une forêt »
    S’enrichir, faire des affaires, amasser des biens, devenir millionnaire, voilà sa préoccupation première. Il exploite allègrement tout son entourage y compris ses amis.

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    Le dégel - Fiodor Alexandrovitch Vassiliev - Galerie Trétiakov Moscou

    Nikita son valet va le conduire, il est connu pour sa vaillance, sa bonté, son adresse. Il accepte tout de son maître au point que celui-ci finit par être persuadé d’être le bienfaiteur de Nikita ! Et celui-ci surenchérit estimant travailler « comme pour son père »

    Nikita attèle Moukhorty le cheval bai et les voilà partis tous deux sur un traîneau. Le temps est à la tempête « Les traces des patins étaient aussitôt recouvertes par la neige » mais qu’importe le profit n’attend pas.
    En route pour
    Goriatchkino.

    Les verstes s’ajoutent aux verstes.
    La nature reprend ses droits, la neige engloutit tout, le blizzard souffle et les congères s’élèvent.

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    Nikolaï Sverchkov Dans le Blizzard collection particulière

    Vassili sait qu’il faudrait s’arrêter dans le village traversé mais l’appât du gain est le plus fort.
    Petit à petit arrive la peur de la mort, la sienne bien entendu, celle de Nikita lui importe bien peu.

    Pour Nikita la mort est une compagne de toujours, une fatalité. Il est résigné, il a la sagesse des gens de la terre.

     « Il était habitué depuis longtemps à n’avoir de volonté que celle des autres. »

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    L’univers devient sans repère, le danger les guette. 
    Les pensées de Brekhounov sont alors bien éloignées des biens matériels, la peur, la terreur l'envahissent
    « Il sentait qu'il allait périr au milieu de cet affreux désert de neige mais ne voyait aucun moyen de salut »
    « Mourait-il ou s'endormait-il ? Il ne le savait ; mais il se sentait également prêt pour l'une ou pour l'autre chose. »

    Le texte touche à l’absolu, la vie, la mort, l’universelle humanité
    Véritable parabole sur la mort ce récit haletant s'écoute ou se lit avec bonheur.



    Un petit joyau, si vous ne l’avez jamais lu jetez-vous dessus.

    Georges Haldas grand connaisseur de Tolstoï dit « C’est la face visible, humaine, d’une angoisse infiniment riche et féconde à la fois. ».



    Claude Lesko prête sa voix à Brékounov et à Tolstoï

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    Le livre : Maître et serviteur – Léon Tolstoï – Traduit par Boris de Schoelzer – Le livre de poche

    Le livre audio : Éditions Frémeaux et associés – Lu par Claude Lesko

    Vous pouvez trouver le livre chez Folio, et le CD chez Gallimard avec un lecteur différent

  • Les Pauvres gens - Fedor Dostoïevski

    Quand on a lu les principaux romans d’un auteur, il reste ses écrits plus anciens, pas forcément les meilleurs mais l’on a plaisir à découvrir l’auteur un peu balbutiant, un peu maladroit parce qu’on sait ce qu’il adviendra.

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    Constantin Makowski

    Les Pauvres gens est le premier roman de Dostoïevski, il a obtenu un succès immédiat alors qu’il n’a que 25 ans
    Le style est déjà là, ce roman épistolaire contient en germe ce que l’on retrouvera plus tard dans son œuvre.

     Le roman tourne autour de deux personnages : Varvara Dobrossiolova et Makar Dévouchkine.
    Lui est un petit fonctionnaire toujours sur la corde raide question finance, il est plus âgé qu’elle.
    Varenka est une lointaine cousine à la santé précaire, une orpheline qui vit dans une pauvreté terrible et qui a été déshonorée par un riche propriétaire terrien.

    Makar vit dans un logement collectif sans aucun confort, bien qu’en difficulté il tente d’aider Varenka. Il est touché par son courage, il dépense jusqu’à son dernier kopek pour lui faire quelques cadeaux.

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    Ilya Répine

    Au fil de leur correspondance se dessine une affection sincère et profonde même si elle est faite de non-dits et de silences.
    « l'existence est moins lourde quand on la supporte à deux. »

    Ils font état de leurs craintes, de leurs difficultés, ils se livrent avec sincérité et humilité, Makar se traite d’ignorant, Varenka dit « Ah ! mon ami ! le malheur est une maladie contagieuse. » Chacun devient le confident de l’autre.

    On a au fil du récit le sentiment d'avoir affaire à des personnages aux abois, et cette impression va crescendo.
    Mais Varenka sait ce qu’elle veut, ce qu’elle est prête à accepter, et le dénouement final n’a rien de glorieux.

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    Illuminations à Saint Pétersbourg Fiodor Vasilyev

    A travers leur lettres Dostoïevski dresse un tableau sordide de la vie à la russe, la lutte quotidienne pour manger, se loger, se vêtir, bref vivre.
    Il décrit merveilleusement bien l’univers « des petits, des sans grade » ces êtres pitoyables qui gravitent autour des personnages principaux : un écrivain raté, un commerçant indélicat, une tante monstre d’égoïsme.

    « J'ai mis chez moi un lit, une table, une commode, deux chaises, j'y ai accroché une icône.Votre fenêtre est en face, de l'autre côté de la cour, et celle-ci est exiguë ; je vous apercevrai en passant, cela égaiera ma misérable vie »

    Son analyse de l’âme humaine présente déjà toutes les contradictions que l’on rencontrera dans ses grands romans. Culpabilité et péché, orgueil ou rédemption.

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    L’auteur exagère les émotions, l’amour de Makar est profond et intense,
    « Dès que je vous ai connue, d'abord, j'ai commencé à mieux me connaître moi-même, et je vous ai aimée ; et avant vous, mon petit ange, j'étais solitaire, c'était comme si je dormais, je ne vivais pas au monde. »

    Le rythme des phrases accentue l’impression de tourment qui assaille les personnages et donne cette sensation de percer l’âme humaine ce qui sera le propre de Dostoïevski.

    La traduction de Markowicz rend parfaitement l'esprit torturé de l'écrivain et apporte tout ce qu’il faut au lecteur pour se laisser séduire par ce roman.

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    Le Livre : Les Pauvres gens - Fedor Dostoïevski - Traduction  André Mar­ko­wicz  -  Actes Sud

     

     

  • Monsieur Steinbeck en Pléiade

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    Amies, amis c’est un très bon jour.
    J’ai reçu ce matin mon exemplaire des œuvres de Steinbeck en pléiade.

    Mais me direz-vous tu n’as jamais lu Steinbeck ? 
    Si bien entendu, comme parfois certains auteurs, il n’a jamais quitté ma bibliothèque, mes poches lus et relus puis largement utilisés par mes filles ont rendu l’âme.

    Je les ai remplacé par de vieilles éditions mais sans charme et un papier qui vieilli très mal.

    Alors alors c’était le bon moment pour rendre hommage à cet auteur que j’aime tant et La Pléiade malgré son prix, malgré les petits caractères malgré je ne sais quoi encore …et bien cela reste un livre qui va se transmettre aux prochaines générations et cela c’est bien.

    Je ne vais pas vous abreuver des quatre romans du volume en cascade, non je vais prendre mon temps, relire en profitant du texte au maximum puisque la trame elle, je ne l’ai jamais oublié.

    Donc attendez-vous dans les mois qui viennent à retrouver John Steinbeck sur ce blog.

    Le volume contient
    En un combat douteux – Des souris et des hommes – Les raisins de la colère – A l’est d’eden

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    Ma première lecture remonte à 1965, j’avais presque 15 ans, ma mère était hospitalisée pour un examen et devait restée trois jours à la clinique, je voulais lui tenir compagnie mais pas sans un livre, c’était le printemps et je me souviens que dans le parc de la clinique les arbres de Judée étaient en fleurs.

    J’ai ouvert mon livre de poche, A l’est d’eden, la référence biblique m’échappait un peu mais j’ai plongé et mes trois jours de garde-malade devinrent un de mes plus beaux souvenirs de lecture.

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    Vous pouvez déjà retrouver Steinbeck sur ce blog ici

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    « La vallée de la Salinas est en Californie du Nord. C’est un long sillon à fond plat entre deux chaînes de montagnes. La rivière y déroule ses méandres jusqu’à la baie de Monterey.

    Je me rappelle mes noms d’enfance pour les plantes et les fleurs secrètes de la Vallée, la cachette de chacun de ses crapauds et l’heure estivale où 

    s’éveillent ses oiseaux. Je me rappelle ses saisons et ses arbres, ses gens et leur démarche ; je me rappelle même ses odeurs. La mémoire olfactive est très riche.

    Je me rappelle les monts du Gabilan qui dominaient la Vallée à l’Est, monts clairs et gais, pleins de soleil et de joliesse, monts fascinants dont on avait envie de gravir les sentiers tièdes comme on désire escalader les genoux d’une mère chérie. »

     

  • Les Annales de Brekkukot Halldor Laxness

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    Le temps en ce moment ressemble à celui de l’Islande, alors autant aller y faire un tour.
    Je vous emmène à Brekkukot une vieille ferme au sud du pays. Le héros et narrateur Alfgrimur est un enfant abandonné, recueilli par un couple qu’il considère comme ses grands-parents.
    Il mène une vie libre et pleine de fantaisie, la ferme abrite tous les laissés pour compte de la région, et Alfgrimur partage un grenier avec un philosophe pour le moins excentrique.

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    Les grands-parents, qui ne sont d’ailleurs pas mari et femme, accueillent toute personne de passage y compris ceux qui cherchent un coin pour mourir.
    Ils enseignent à Alfgrimur l’amour du prochain et le respect de l’autre et les coutumes du temps. Alfgrimur apprend à lire dans la bible et un jour bien triste il lui faut partir à l’école apprendre le latin.

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    Quand il pense à l’avenir Alfgrimur se voit pêcheur comme son grand-père, un noble métier selon lui, d’ailleurs « on pouvait entendre les gens affirmer que le poisson de Björn de Brekkukot avait meilleur goût que tout autre. »

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    Le deuxième personnage de ce roman c’est Gardar Hólm un chanteur d’opéra de notoriété mondiale, il fait forte impression à Alfgrimur qui aime lui aussi le chant, en particulier le chant des enterrements. Gardar c’est l’inconnu, celui qui est parti à l’étranger, il représente à la fois le rêve et le danger.
    Quel choix fera Alfgrimur, la pêche ou le chant ?

    C’est un roman superbe où se côtoient le merveilleux des légendes islandaises, la tragédie et le comique de toute existence.
    L’auteur parsème le roman d’ anecdotes de la vie islandaise au début du siècle parfois pour en rire et parfois pour les regretter.
    J'ai particulièrement aimé la coutume de passer les annonces publicitaires en vers dans les journaux et les lois sur les fils barbelés.

    Il y a une grande finesse dans ce récit et beaucoup d’humour. La traduction de Régis Boyer est pour beaucoup dans le plaisir de lecture car il sait rendre le style particulier de Halldor Laxness.
    Halldor Laxness Prix Nobel en 1955 a écrit plusieurs cycles romanesques mais de tous ses livres celui ci est mon préféré.

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    Le Livre : Les Annales de Brekkukot - Halldor Laxness - Traduit de l’islandais par Régis Boyer - Editions Fayard

  • 202 Champs Elysées - Eça de Queiroz

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    Vallée du Douro

    Après les neiges russes pourquoi pas un voyage au soleil, au Portugal avec  un de ses plus grands écrivains.
    Faites connaissance avec Jacinto, grand propriétaire terrien, riche, oisif, il vit à Paris au 202 Champs Elysées.
    « Sous l’or pesant des lambris, au creux des soieries à ramages »  il vit dans un palais extraordinaire, haut lieu de la technologie de l’époque car il croit que le bonheur « Se réalise par l’intermédiaire du développement illimité de la mécanique »

    Jacinto retrouve un vieil ami, poète Ze Fernandes qui découvre  ébahi le palais et ses richesses.

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    Bibliothèque d'Eça de Queiroz

    Une bibliothèque avec quelques trente mille volumes dont « Huit mètres d’économie politique » (brrr) que personne bien sûr ne lit jamais.
    Des appareils de toutes sortes sensés faciliter la vie : un phonographe, le téléphone et même un théâtrophone !!
    Mais la technologie parfois fait défaut il suffit d’un ressort qui ne se comporte pas comme on l’attend ! Et tout ça finit par déplaire à Jacinto.
    « Planté comme un piquet, les mains au fond de ses poches en signe de défaite, et exprimant sur son visage, avec un bâillement mou et indécis, le triste embarras de vivre »

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    Casa de Tormes  Fondation Eça de Queiroz

    Lassé de tout il va profiter d’un prétexte pour fuir la ville, obligé de se rendre sur ses terres au Portugal, voilà notre citadin transformé en campagnard.
    Sauf que la propriété est dans un état lamentable et qu’il va devoir en rabattre beaucoup sur ses habitudes de luxe et de confort.
    Ce retour à la terre va le combler, les retrouvailles avec une vie rythmée par les travaux, les plaisirs simples de la campagne, la beauté de la nature, tout le comble. Pour la première fois il se sent utile, il ne s’ennuie plus.

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    L'auteur

    Fi des 30 000 volumes de sa bibliothèque parisienne, il revient à l’important, sur ses rayons désormais les livres essentiels : Plutarque, Homère, Epictète, Virgile, Cervantès......Fi aussi de la modernité à tous crins et vive la simplicité !
    Le héros est transformé et son ami Ze le découvre attaché à sa montagne  « Jacinto avait enfoncé de solides racines, toutes d’amour, dans sa rude montagne (...) le transformant insensiblement en un Jacinto rural »
    Il a des projets pour sa propriété, il rêve potager, fromagerie, jardins, bonheur.........

    Ma première lecture d'Eça de Queiroz remonte maintenant à pas mal d'années et j'avais envie de vous le faire découvrir un peu mieux. Plongez dans l'univers de cet auteur qui aime la satire et par dessus tout la France.
    Eça de Queiroz hérita d’une propriété dans le Douro où il prit grand plaisir à vivre, sans doute servit-elle de modèle à ce roman. 
    Il fut l’un des premiers écrivains à faire une critique radicale du culte de la technologie et à s’inquiéter des risques encourus par la planète et vous conviendrez que le terme de simplicité volontaire pourrait s’appliquer à Jacinto.

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    Ce roman est une bonne façon de faire connaissance avec un auteur détenteur d’une verve satirique féroce mais qui dans ce roman nous berce des beautés de la nature et se fait le chantre du retour aux sources.

    C’est le grand romancier portugais du XXe  siècle, Borges le tenait  pour « l'un des plus grands écrivains de tous les temps ».

    Un autre livre de l'auteur sur ce blog

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    Le livre : 202 Champs Elysées - Eça de Queiroz - Traduit du portugais par Marie-Hélène Piwnik - Editions Gallimard Folio

     

  • Fumée - Ivan Tourgueniev

    L'hiver arrivant je vais poursuivre mon chemin en Russie.

    Aujourd’hui le plus francophile des écrivains russes, l'ami de Daudet, de Zola et de Flaubert, l'amant de Pauline Viardot musicienne et soeur de la célèbre Malibran, grand voyageur, vivant en France mais n’écrivant que sur la Russie son unique et inépuisable sujet.


    Après  Premier amour où se mêlaient le tragique et la volupté dont j'ai parlé ici en version audio, voici un roman plus ambitieux.
    Tourguéniev a suivi sa maîtresse à Baden-Baden et c’est là qu’il situe son roman. C’est une ville où se retrouvent français, russes, anglais, une ville cosmopolite et gaie, légère comme une bulle de Champagne où parois certains perdent tout comme Dostoïevski.


    Le héros est un jeune homme : Litvinov, sa fiancée Tatiana et la tante de celle-ci vont le rejoindre à Baden Baden, il est heureux « Sa vie lui apparaissait désormais sans obstacle, sa destinée était tracée »   
    Il y a une ombre dans le passé de Litvinov, jeune étudiant il est tombé amoureux fou d'une beauté au caractère « inconstant, autoritaire et fantasque »
    Elle  lui a préféré un riche parti, il a tenté de l’oublier mais aujourd’hui elle est à Baden-Baden avec son mari « Elle est toujours aussi ravissante malgré ses trente ans » et Litvinov va retomber sous son charme et tenter d’enfouir l’image de la douce Tatiana sous les ors et le clinquant. Mais peut-on aimer follement deux fois ?

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    Baden Baden au temps de Tourguéniev


    En parallèle de cette intrigue romanesque, Tourgueniev nous invite dans la société du temps, il s’en donne à coeur joie dans la satire.
    La société où évolue Irène, celle là même où évolue Ivan Tourguéniev, est l’objet d’une critique acerbe.
    Il moque les bavardages autour d’une Russie magnifiée et idéalisée.

    A travers une galerie de portraits très sévères il dépeint l’écart entre une Russie attardée et l’Europe civilisée.
    Il affirme « j’ai foi en l’Europe ou pour parler plus exactement, j’ai foi en la civilisation
    »
    La misère des paysans, le système politique tyrannique sont l’objet de ses critiques et de ses craintes « Il viendra un temps où tous auront à rendre compte » Tourguéniev fait preuve de lucidité et les lecteurs russes recevront très mal ce roman.

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    La Russie de Tourguéniev Isaac Levitan- village en hiver

    J’ai beaucoup aimé ce roman, son pessimisme, son romanesque un peu désespéré et l’amour inconditionnel de Tourgueniev pour sa patrie malgré ses critiques  « Moi, pour travailler, il me faut l’hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux..» .

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    Le livre : Fumée - Ivan Tourgueniev - Traduit par Edith Scheerer - Editions Gallimard Pléiade T2