J’aime le thème de la quête et celui de l’errance.
J’aime aussi que les romans nous parlent d’hommes imparfaits.
Cosme K le héros du roman est en fuite, vous devrez patienter pour savoir ce qu’il fuit ou ce qu’il cherche, mais vous serez immédiatement accroché par le récit que livre le narrateur, le frère de Cosme, qui tente de retrouver sa trace et dont on suit les efforts un rien désespérés pour retrouver ce frère qui ne cesse de s’échapper.
Première escale la Norvège. On est près du cercle polaire, Cosme sait se faire aimer, se faire accepter et Maïken tombe sous son charme. Elle a perdu Jonas son compagnon et lui ouvre sa maison, son coeur pour ne pas dire son corps.
Maïken cherche à le retenir près d’elle :
« Il faut que tu voies l’hiver. Ne pars pas avant d’avoir vu l’aube bleue glisser sur la lande couchée et sur les rochers pointus, lorsque le jour ne vient jamais. Ne pars pas avant d’avoir ressenti sur ta peau les lumières d’un ciel strié d’aurores boréales. »
Cosme a trouvé un travail, il accompagne les touristes voir les baleines.
Il y a un autre personnage important qui me plait beaucoup mais je vous laisse le plaisir de la découverte.
Maïken sait que Cosme repartira un jour c’est comme écrit d’avance.
Ce que sait aussi Olga quand Cosme fait sa deuxième escale au bord du lac Baïkal dans la la baie de Krestovaya, un lieu un rien magique
« Des nuages noirs s’étaient postés au-dessus du lac, ne laissant filtrer que des rais de lumières irréelles à la surface de l’eau, comme à travers les vitraux d’une cathédrale. »
Olga est une vieille dame dont la famille va adopter Cosme.
« Cosme K, je te présente Svetlana, ma petite nièce, elle est sourde mais elle lit très bien sur les lèvres. Elle est belle, n’est-ce pas ? »
Les parents de Svletana l’accueille bien, Irina et Saymone, l’homme cherche des bras pour l’aider et Cosme est embauché. Mais ici aussi tout va rester éphémère, chacun va aimer Cosme à sa manière, Cosme qui sert parfois de révélateur à chacun.
La prochaine étape sera Singapour mais de celle-ci je ne vous dirai rien.
Un récit parfaitement construit, avec un fil rouge fait de mots qui emportent à chaque escale le héros plus loin, toujours plus loin, un jeune homme toujours en mouvement vers un ailleurs ou vers lui-même.
Il y a la beauté des paysages, les destins individuels, les ruptures brutales qui nous tiennent en haleine, les personnages souvent en proie au tourment.
Roman de vagabondage très attachant dont la construction tissée très serrée est parfaite, vous regardez la tapisserie en train de se faire jusqu’au moment où l’on est capable de croiser le dernier fils.
Philippe Gerin sait nous surprendre et nous tenir pris dans ses filets, une littérature des confins comme je les aime
Philippe Gerin et Antony du Bonheur des ogres
La lecture de ce livre s’est poursuivi par la rencontre avec l’auteur. Une soirée sympathiquement joyeuse.
Antony le libraire du Bonheur des Ogres a fait une présentation du roman et Philippe Gerin a répondu avec beaucoup de simplicité et de complicité à nos questions sur son parcours, la construction de son roman et ses personnages.
Il a des projets de nouvelles et d’un roman, je serai au rendez-vous.
Le Livre : Cosme K - Philippe Gerin - Editions Gaïa