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  • Réchauffement climatique

    Pour changer un peu des polars du nord qui envahissent nos étagères ( pour notre plaisir quand même!) je vous propose une balade italienne.
    Rien de bien original mais des valeurs sûres, sympathiques et gastronomiques, ce n’est pas un programme à dédaigner

     

    Une recette en prime , d'accord c'est en italien mais ça n'en a que plus de parfum


    Montalbano d’abord, le commissaire né de la plume d’Andrea Camilleri, je lis ses aventures depuis sa création, avec des hauts et des bas et quelques franches réussites. Ce que j’aime chez lui c’est qu’entre une autopsie et un interrogatoire il vous fourgue une recette pour cuire les rougets ou mitonner une caponata, remarquez il a pas grand mérite car il a une cuisinière à sa dévotion.
    Bon alors aujourd’hui il joue les Nabokov en enquêtant sur de jeunes demoiselles qui portent le tatouage d’un sphinx sur le corps et que les demoiselles en question ont la fâcheuse idée de mourir ou de disparaître.
    Comme on est en Italie et je dirais même plus : on est en Sicile, ces demoiselles ont  un lien avec une association caritative bien pensante et bien bien catholique.En parallèle Montabalno  recherche un mari disparu qui semble avoir joué les filles de l’air avec une jeunesse mais impossible de lui remettre la main dessus, ce qui ne plait pas à l’épouse éplorée qui se refuse à croire à la vilenie du mari.
    C’est parti pour Montalbano et ses habituels acolytes, enfin doucement car il est maintenant dans les plus de 50 ... donc prudence, surtout que ses amours ne vont pas fort, Livia toujours au nord de l’Italie et lui toujours au sud et depuis quelques temps elle ne donne plus de nouvelles.
    Que vous dire de l’enquête ? C’est bien ficelé, parfois très drôle, parfois très grinçant et comme toujours la langue de Camilleri est un bonheur.
    C’est du polar classique pur et sûr.
    Les Ailes du sphinx - Andrea Camilleri - Traduit de l’Italien par Serge Quadruppani - Editions Fleuve noir

     

     

    Remontons un peu plus au nord pour trouver le commissaire Brunetti, la figure créée par Donna Leon , dans sa dernière aventure je l’avais trouvé un peu poussif et bien là il s’est réveillé.
    Le décor ; Venise, je n’en dis pas plus, une nuit des carabiniers armés et cagoulés font irruption chez un pédiatre et son épouse, tabasse le mari, terrorise la dame et pour faire bonne mesure enlèvent leur enfant de quelques mois.
    Alertée par les voisins la police cherche à comprendre, Brunetti n’obtient aucun renseignement des carabiniers, vive la coopération policière, et rien non plus auprès du pédiatre agressé qui refuse de donner la moindre explication.
    Pour son enquête il va avoir besoin une nouvelle fois de son beau-père l’aristocrate et de se trouver une épouse de substitution, eh oui quand on veut se faire passer pour un candidat à l’adoption.... Vianello, son adjoint, enquête de son côté sur une escroquerie à la sécurité sociale impliquant des médecins et des pharmaciens.
    Le talent de Donna Leon c’est de nous mener tranquillement, Brunetti est un homme lettré, fin, intelligent et l’accompagner dans son enquête est fort agréable. Un petit coup de morale , un petit coup d’érudition et hop c’est enlevé.
    Ah j’oubliais, ici aussi vous pouvez prendre quelques leçons de cuisine, je ne sais pas comment se débrouille Mme Brunetti mais elle assure question recettes,  donc prévoyez à côté de vous un petit verre de quelque chose et deux ou trois antipasti, c’est de rigueur.
    Le cantique des innocents - Donna Leon - Editions  Calmann-Lévy

  • La cristallisation secrète - Yoko Ogawa

    cristallisation secrete.gifCristallisation secrète - Yoko Ogawa - Traduit du japonais par Rose-Marie Makino - Editions Actes Sud
    Après m’être régalée avec " La formule préférée du professeur" que m’avait fait découvrir Tania je me suis plongée dans ce nouveau roman avec délices. Dans ce récit l’auteur touche au fantastique et à l’absurde avec un grand talent.

    Dans une île jamais nommée, les habitants ont pris l’habitude de voir disparaître les objets, petits ou gros, utiles ou décoratifs, objets de la vie de tous les jours.
    Un jour les rubans ne sont plus là, puis les bonbons, un matin les oiseaux sont absents et ne chantent plus, les fleurs perdent leurs pétales.
    Tout le monde ignore le pourquoi de ces disparitions et  quand se produira la prochaine.
    Curieusement toute la population semble renoncer sans efforts à ces objets, les gens ne gardent aucun souvenir des choses disparues, ils n’en souffrent pas, simplement elles ne sont plus là et ils acceptent cette situation.
    On ne sait pas non plus qui décide et pourquoi. Un monde étrange est né sans mémoire, sans souvenir, sans émotion.

    La narratrice a une mère artiste, enfant elle ne comprenait pas que sa mère conserve pieusement au fond d’un tiroir un ticket du ferry disparu qui permettait de quitter l’île, un flacon de parfum, un bonbon à la limonade.
    L’enfant est devenue adulte et romancière. Elle soumet régulièrement ses manuscrits à son éditeur et écrit un roman mettant en scène une dactylo qui tape sur une machine dont les touches disparaissent progressivement, puis c’est la voix de la dactylo qui lui fait défaut, l’éditeur est très satisfait de son travail.
    La jeune femme n’est pas choquée de ce qui se passe autour d’elle, pourtant on murmure que parmi les habitants de l’île certains ont la malchance de conserver la mémoire ou ne se résignent pas à l’oubli. Ils sont alors poursuivis par les traqueurs, une milice toute puissante capable de détecter la persistance des souvenirs. Les arrestations se multiplient, les personnes montent dans des camions pour une destination inconnue, d’un jour à l’autre ils ne sont plus là, comme les objets ils sont portés disparus.

     

    cristallisation.jpg

    L'oubli (le site de l'image)

    Les disparitions s’accélèrent, la nourriture devient rare, on ne peut plus mesurer le temps car les calendriers disparaissent à leur tour,  les livres et les bibliothèques sont anéantis, les mots vont-ils eux aussi disparaître ? 
    Son éditeur est en danger car réfractaire à l’oubli programmé il garde en lui des souvenirs. Malgré les risques et avec l’aide d’un vieil homme, elle va le cacher dans un réduit de la maison "une caverne en plein ciel" protectrice certes mais qui isole cet homme du reste du monde. Elle a franchi le pas, elle est entrée en résistance.
    Ces trois personnages vont s’apporter assistance, amitié et affection malgré les risques, malgré la peur, ils ont décidés de ne plus obéir.

    Un roman d’une grande originalité, d’une grande justesse de ton. Yoko Ogawa avec des mots simples réussit à nous faire ressentir l’oppression, l’étouffement d’une société sous surveillance où règne l’arbitraire ; elle nous emporte dans un monde fantastique où l’oubli est la règle. Un roman profondément métaphorique et inquiétant tout en faisant la part belle à la poésie.  Un vrai plaisir de lecture
    Je n’ai pu m’empêcher de penser à Anne Franck enfermée dans l'arrière maison mais aussi au film " Soleil vert " et à la scène superbe où un vieil homme interprété par Edward G Robinson revoit sur un écran un monde disparu, on lui projette une prairie heureuse pleine de fleurs où s’ébattent des chevaux, une rivière court sur l’écran, le bruit de la cascade est la dernière image pour l’homme qui va mourir.
    Yoko Ogawa fait dire à un de ses personnages :  " Mes souvenirs ne sont jamais détruits définitivement comme s’ils avaient été déracinés. Même s’ils ont l’air d’avoir disparu, il en reste des réminiscence quelque part. Comme des petites graines. Si la pluie vient à tomber dessus, elles germent à nouveau. Et en plus, même si les souvenirs ne sont plu là, il arrive que le cœur en garde quelque chose. Un tremblement, une larme " (page 102)


    D’autres billets : Chez Voyelle et Consonne ou  le terrier de chiffonnette et just read it

     

    L'auteur
    yokoogawa.jpgYoko Ogawa auteure japonaise  a reçu de nombreux prix japonais et français. Elle est incontestablement l’un des plus grands écrivains de sa génération. Ses livres, traduits dans le monde entier, ont fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques et théâtrales. Ses romans ont été traduits en français chez Actes Sud qui publie un recueil de ses romans.

     

     

  • Rosa la vie - Rosa Luxemburg

    rosa la vie.gifRosa, la vie - Lettres de Rosa Luxemburg - Traduites par Laure Bernardi et Anouk Grinberg - Editions de l’Atelier
    Le livre est accompagné d’un CD dans lequel Anouk Grinberg lit 9 lettres de Rosa Luxemburg.
    C’est un vrai coup de coeur que j’ai eu pour ce livre, les éditions de l’Atelier ont  publié un livre ET un CD audio en complément, ainsi à l’intérêt de la lecture s’ajoute le plaisir du texte lu.
    Une belle couverture rouge qui attire le regard le nom de Rosa Luxemburg. Un nom croisé au gré des lectures, plus spécialement dans " Le Troisième Reich" de William Shirer, une femme dont je ne savais quasiment rien, juste une curiosité pour cette Rosa la rouge comme on l’avait surnommé, pour ce destin hors du commun, au début du XXème siècle être à la fois femme, juive, socialiste et pacifiste ne prédisposait pas à une vie simple.

    Une brève (très brève) biographie) mais je me promet d’en lire une très bientôt.
    Rosa Luxemburg est née en en 1871 en Pologne, des études d’économie politique à Varsovie, militante du parti socialiste polonais et membre de l’Internationale Socialiste elle est contrainte de s’exilée en Suisse, en 1898 elle devient citoyenne allemande et milite dans le parti socialiste allemand SPD dont elle est exclue en raison de ses positions pacifistes, elle crée avec Karl Liebknecht et Clara Zetkin le mouvement spartakiste. Entre 1914 et 1918 elle alterne périodes de liberté et emprisonnement en forteresse. C’est de prison que sont écrites les lettres rassemblées dans ce livre, prison d’où elle ne cessera jamais d’écrire.
    Tout juste libérée, elle est assassinée en janvier 1919 lors de la répression de la révolte spartakiste de Berlin. Assassinat qui est le prélude à des années de barbarie.

    rosa.jpg

    Les lettres rassemblées ont été écrites pendans ses années d’incarcération et  sont adressées à ses amis politiques : Clara Zetkin, Luise Kautsky, Sonia Liebknecht, à ses proches et Leo Jogiches son compagnon et grand amour.
    On découvre une femme authentique et forte qui laisse parfois percer son découragement et sa solitude "Hier j’étais prête à abandonner d’un seul coup toute cette politique maudite" Mais très vite le courage revient et elle s’évade par les mots et songe aux voyages qu’elle fera une fois libérée "Je projette de vous traîner en Corse. C’est encore plus beau que l’Italie (...) Imaginez un paysage ample et héroïque, avec des montagnes et des vallées aux lignes austères, en haut, rien que la roche nue, d’un gris plein de noblesse : en bas, des oliviers luxuriants, des lauriers-cerise et des châtaigniers séculaires."
    Elle trouve de l’aide dans la lecture des livres que lui envoient ses amis et qui parviennent jusqu’à elle quand ses geôliers le permettent. La poésie mémorisée lui apporte aussi parfois réconfort et évasion "J’étais debout devant ma fenêtre à barreaux et je me récitais mon poème préféré de Mörike.
    J’entre dans un village avenant,
    Les rues sont rouges du soleil couchant :
    A travers une multitude de fleurs
    On entend tinter une clochette d’or........... "

    Toujours elle s’inquiète pour ses amis incarcérés ou ceux qui sont au combat et cherche à leur insuffler du courage et de l’espoir,  elle écrit ainsi à Hans Diefenbach en se remémorant ses années en Suisse "Mon Dieu, comme le monde est beau, comme la vie est belle ! "
    Ce qui se dégage de ces lettres c’est avant tout un courage magnifique, une volonté de résister inentamée même si parfois elle est prête de l’effondrement " Il suffit malheureusement de la plus petite ombre qui passe sur moi pour faire voler en éclats mon équilibre et ma béatitude : j’éprouve alors une souffrance indicible "

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    La révolte Spartakiste à Berlin

    Cette femme capable de manier la polémique est ici avant tout une femme qui lutte, qui se rassemble pour supporter l’isolement, la mort de ses amis, l’emprisonnement de ces compagnons et qui nous donne une extraordinaire leçon de vie et d’espoir.
    " N’oubliez pas, même si vous êtes occupés, même si vous traversez la cour à la hâte, absorbés par vos tâches urgentes, n’oubliez pas de lever la tête un instant et de jeter un oeil à ces immenses nuages argentés et au paisible océan bleu dans lequel ils nagent."

    J’ai immédiatement été happée par ses lettres, par l’émotion et la profonde humanité qui s’en dégagent.
    Une belle préface à ce livre par Edwy Plenel journaliste qui dit " Les écrits épistoliers de la prisonnière Rosa Luxemburg ont ceci d’irremplaçables qu’ils donnent à voir et à comprendre la vérité de cette forme d’engagement total pour la cause des opprimés, des exploités et des démunis "
    La voix si particulière, l’émotion si juste que fait entendre Anouk Grinberg qui dans une courte présentation dit  à quel point sa rencontre avec Rosa Luxemburg l’a marqué et est inoubliable pour elle
    Ce qui fut un spectacle créé au théâtre de l’Atelier, est devenu livre et disque pour nous faire partager les mots de Rosa la rouge.

     


    Une vidéo sur le spectacle d’Anouk Grinbert

     

    Faites une place à ce livre dans votre bibliohtèque

     

  • Catalène Rocca - Jean-François Delapré

    catalènerocca.gifCatalène Rocca et L’homme au manteau de pluie - Jean-François Delapré - La Table Ronde
    Un tout petit format, un beau jaune pour la couverture et à l’intérieur deux nouvelles très courtes.
    Cécile qui l’a lu dit que « ce livre lui a réjoui sa journée » et bien à moi il m'a mis le sourire aux lèvres et l’envie de vous en parler.

    Jean François Delapré est libraire de son état et il parait qu’il tient la librairie la plus à l’ouest de l’Europe, la dernière station livresque avant l’Amérique, déjà je vous sens très attentifs. Mais notre libraire de ce bout d’Europe non content de vivre au milieu des livres, a décidé d’en écrire pour notre plaisir.
    Bon je ne fais pas de présentation des personnages, pas de résumé, pas de pour ou de contre, juste que ça se passe dans une librairie qu’une jeune femme cherche un livre et qu’un libraire reçoit une visite.
    Donc il est question de livres ..........irrésistible non ?
    C’est vif, intelligent, subtil, facétieux, savoureux,  deux nouvelles et deux très jolies chutes.
    C’est tout léger à fourrer dans la poche, et c’est un joli cadeau pour un ami lecteur.

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  • Nietzsche - Onfray - Le Roy

    nietzschebd.gifNietzsche - Michel Onfray - Maximilien Leroy - Editions Le Lombard
    Nietzsche était au programme de l’Université Populaire de Michel Onfray cet été, poursuivre la connaissance du philosophe à travers une BD pourquoi pas ? C' est un pari audacieux que celui de populariser la philosophie, la faire sortir dans la rue mais Michel Onfray n’est plus à une provocation près.
    Maximilien Leroy jeune dessinateur (il est né en 1985) lui ayant envoyé quelques planches à partir d’un scénario écrit par Onfray et édité chez Galilée " L’innocence du devenir" ce fut le début de l’aventure.
    Comme dans une bio classique on voit l’enfance et l’adolescence de Nietzsche, sa rencontre philosophique avec Schopenhauer, la rencontre avec Wagner qui se termine mal, son admiration pour Bizet, la célèbre scène avec Paul Rée et Lou Salomé qui joue du fouet. Les personnages qui vont jalonner sa vie sont très bien présentés, la soeur de Nietzsche qui falsifiera sa pensée et ses écrits au service du nazisme est bien portraiturée. Les paysages qui sont en arrière plan de la vie de ce marcheur permanent : Sils Maria et la fulgurance de l’éternel retour, l'Italie, sont fidèlement rendus jusqu'à l'effondrement final.
    Le texte lui est fait à partir des écrits et de la correspondance de Nietzche, plusieurs planches sont vides de texte mais non de sens, elles expriment très bien la quête du philosophe et son extrême solitude et sa souffrance physique. Parfois un peu trop lente ou un peu trop didactique cette BD a le mérite de mettre un peu de la pensée du philosophe à la portée de tous.

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    Collaboration qui fonctionne bien je trouve, le dessin de Le Roy se marie à merveille avec le personnage. Sur son blog Maximilien Le Roy dit  "J'ai pris beaucoup de plaisir à cohabiter durant des mois avec ce voyageur solitaire, enflammé misanthrope, surhumain hypocondriaque, apatride et teuton."
    J’avais pris un intérêt certain à la BD tiré de « La Recherche » de Proust, je  trouve ici le pari plutôt réussit, ce diable de Michel Onfray ne s’ attirera sûrement pas que des éloges mais ça il est habitué.


    Retrouvez d’autres planches sur le blog du dessinateur

  • Temples grecs

     

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    Agrigente

    "Les colonnes d'Agrigente élèvent un hymne, se parlent et se répondent par strophes et antistrophes que nul n'entend"

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    Paestum

    "Cette pierre est d'or translucide. Au coucher du soleil, un flot de sang circule dans cet albâtre transparent, au grain délicat et sensible : onde si pure, si parfumée, si inépuisable même, que les colonnes de Neptune sont les vraies roses de Paestum.
    Au ciel, les tendres nuées de l'heure suprême s'élèvent et se dissipent : comme l'encens d'un autel mystérieux, les vapeurs montent du jour évanoui, et les tisons du brasier solaire fondent avec langueur en fumées d'or rouge, qui palpite."

    Le livre : Temples grecs Maisons des dieux - André Suarès - Editions Granit