Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : leigh fermor

  • Une vie de paysages - Béatrice Commengé

    corfou.jpg

    Nous avons chacun des écrivains qui nous ont charmé, enthousiasmé, fait voyager et fait rêver.

    Ces écrivains-là, imparfaits peut-être, font pour autant partie de notre panthéon littéraire, Lawrence Durrell est de ceux-là et donc évidemment j’ai marché avec Béatrice Commengé sur ses traces.

    durrell.jpg

    Elle nous parle de sa première rencontre « Lawrence Durrell m’avait ouvert la porte en me demandant: « Aimez-vous l’Indian Curry? »

    « Mon cerveau traduisit aussitôt: Darjeeling, 1920. » car Lawrence Durrell a quitté l’Inde à onze ans et ce fut un crève-cœur.

    daarjeeling.jpg

    « Il se promenait dans un paysage dont on l’avait arraché à onze ans et qu’il n’avait jamais revu. J’étais venue chercher la Provence, la Grèce, l’Égypte, Alexandrie, et il m’offrait l’Himalaya. L’homme de soixante-quatre ans vivait toujours au pays de Kipling. »

    Bien évidemment Béatrice Commengé vous fera voyager sur les pas de Durrell, de l’Inde à l’Égypte, d’Alexandrie à Sommière qui fut son dernier port d’attache.

    maison de sommière.jpg

    Sommière

    J’ai lu Durrell avec plaisir et même passion, Citrons acides, le Livre noir, son livre sur les îles grecques, m’ont toujours attirée.
    Par contre j’en demande pardon aux aficionados je n’ai pas aimé du tout Le Quatuor d’Alexandrie !

    Dans ce livre comme elle l’a déjà fait pour Nietzsche ou Rilke Béatrice Commengé part sur les traces de Durrell.

    Elle nous fait sentir les prémices de la création, sentir aussi ses doutes. Son amitié avec Henry Miller, sa place dans sa famille de fous.

    miller.jpg

    H Miller et L Durrell une amitié indéfectible

    Ses voyages multiples, chacun ayant donné à Durrell l’envie d’écrire.

    durrell familly.jpg

    Famille Durrell

    J’ai aimé ce petit livre, les pages sur Chypre sont les plus émouvantes, les pages sur Bellapaix qui ne sont pas sans rappeler son amitié avec Patrick Leigh Fermor qui vint sur l’île partager avec lui son amour du pays.
    Un lieu parfait, envoûtant, de ceux qui laissent d’impérissables souvenirs.

    Béatrice Commengé aspire à comprendre l'obsession de Durrell pour les lieux, elle nous livre un Durrell peu connu qui dit « Tout ce qui sort de moi est un paysage. »

    Et qui ajoute « Aucun peintre n'a pu le rendre et, nous, les faiseurs de mots, nous sommes toujours insatisfaits de nos descriptions. C'est un mystère. »

    les vrais et les faux .jpg

    Vraie et fausse famille

    Le livre n’est pas parfait, parfois le rythme ou l’aspect Album photos sont un peu décevants mais j’ai aimé son intérêt pour Durrell, les magnifiques évocations des paysages,

    J’ai aimé l’évocation de Corfou, et aussi l’évocation de Sommières où l'écrivain posera ses bagages et finira sa vie.
    Les trente dernières années de sa vie, et où, jeune écrivaine, Béatrice Commengé le rencontra,

    Dans une lettre à Henry Miller, Durrell dit magnifiquement : « Ce combat, qui apparaît sur le papier comme un combat pour écrire, est en réalité un combat pour vivre. »

    béatrice.jpg

    Le livre : Une vie de paysages – Béatrice Commengé – Éditions Verdier

  • Citrons acides - Lawrence Durrell

    Les Amoureux de la Grèce : Lawrence Durrell

    abbaye-de-bellapais-chypre.jpg

     www.martin-liebermann.de

    "Les ruines du monastère de Bellapaix comptaient parmi les vestiges gothiques les plus remarquables du Levant "

     

    C’est une année anniversaire pour Lawrence Durrell né en 1912. Ce diplomate romancier m’a toujours plu, découvert en lien avec la lecture d’Henry Miller avec qui il fut ami, c’est son amour pour la Grèce, Chypre et Alexandrie qui fait de lui l’écrivain de la Méditerranée, des îles, du soleil. 

    Occupant des emplois variés, attaché de presse à Athènes, employé par le Foreign Office, les années cinquante le trouve à Chypre, il tirera de son séjour Citrons Acides  

     

    Un peu d’histoire pour comprendre 

    Chypre après beaucoup d’autres envahisseurs, était « occupée » par les anglais depuis 1878 ! 

    Le Royaume-Uni avait promis le rattachement de Chypre à la Grèce si celle-ci combattait aux côtés des alliés lors de la Première Guerre, les grecs refusent et en 1953 Chypre est toujours sous domination britannique.

    Un mouvement nationaliste naît et l’île sera après des mois de tergiversations des anglais, plongée dans le chaos et la violence.

    Au lieu du rattachement prévu à la Grèce, c’est l’indépendance qui sera proclamée en 1960 avec un très fragile équilibre entre les communautés turques et grecques, puis la partition et pour finir l’entrée dans la Communauté Européenne.

    Citrons acides est donc un livre présentant deux facettes de Chypre, une ensoleillée et idyllique et une seconde plus sombre et entâchée par la violence.

     

    Commençons par le versant ensoleillé. 

    Lawrence Durrell à son arrivée à Chypre cherche à se loger, il fait très vite connaissance avec l’instituteur, l’épicier, les pêcheurs avec qui il passe nombre de soirée, vidant des gobelets de vin parfumé.

    Il a l’intention d’accueillir sa famille et ses amis et il se met en quête d’une maison à un prix raisonnable et pas trop loin de Nicosie où il doit travailler comme prof d’anglais.

    Et le bonheur du lecteur commence, cette chronique au quotidien de la vie de l'île, la magnificence de la nature, la beauté des paysages millénaires, la chaleur amicale des habitants, tout est superbe.

    bellapais-abbey-cc-zeitspuren.jpg

    « Dehors, le soleil de printemps brillait sur les arbres gonflés de mandarines ; un petit vent frais chargé du parfum des neiges du Taurus agitait doucement la cime des palmiers »

     

    Je vous laisse la joie de la découverte des tractations immobilières avec un turc madré et une propriétaire qui se cabre, à elles seules elles valent la lecture de ce livre. 

    Durrell choisit de vivre dans le village de Bellapais par lui baptisé dans le livre Bellapaix pour exorciser la violence.

    « L’atmosphère du village était absolument ensorcelante (...) Partout des roses, et les pâles nuages de fleurs d’amandier et de pêcher »

    La visite de la maison lui ôte toute raison :

     

     

    « Le jardin avait quelques mètres carrés, mais il était planté d’arbres (...) six mandariniers, quatre citronniers, deux grenadiers, deux mûriers et un grand noyer au tronc penché  »

    La période des travaux venue gare à celui qui s’assoit sous l’arbre de la paresse

    « Ce fut bientôt la lente procession des mules montant leurs charges de briques et de sacs de ciment par les ruelles tortueuses du village »

     

    Enfin la maison est prête à recevoir son frère, l’étonnant naturaliste Gerald Durrell qu’il a tenté de faire mourir à la bataille des Thermopyles (je vous laisse le plaisir de l’anecdote savoureuse) mais qu’il sait ressusciter fort à propos

    thermopyles.jpg

    les amis :  Freya Stark et surtout Paddy le magnifique.

    « Le voilà un bras sur l’épaule de Michaelis qui lui a indiqué le chemin » Patrick Leigh Fermor connaisseur hors pair des chants grecs envoûtants qu'il entonne pour la joie de tout le village

    Patrick-Leigh-Fermor-007.jpg

    Patrick Leigh Fermor © Ulf Andersen/Getty Images

     

     « Je vois qu’un attroupement s’est formé devant la maison, ils sont quinze ou vingt qui écoutent dans la nuit et dans le plus parfait silence »

     

    Je ne sais pas ce qui l’emporte du comique des situations, de l’évocation des lieux chargés d’histoire, de la description des paysages qui vibrent sous le soleil ou des personnages si hauts en couleur.

     

    Si l’on vient au versant sombre, sès son arrivée il est frappé par les inscriptions « Enosis seulement » et assez vite les habitants lui confient « Nous ne voulons pas chasser les Anglais, nous voulons qu’ils restent mais en amis et non en maîtres »

     

    1958 Brits guard green line .jpg

    Les troupes anglaises à Chypre en 1958

     

    Lawrence Durrell n’approuve pas la violence et ne se range pas aux côtés des Chypriotes mais condamne les tergiversations anglaises qui ne font qu’attiser la situation. Un lent processus de rancune et d’exaspération dit-il qui finira par lui faire quitter Chypre. 

     

    Une belle façon de faire connaissance avec cet écrivain.

     

    Pour connaitre mieux Chypre rendez vous chez Miriam 

     

     

    chypre-omodos.1296497126.jpg

     

     Le livre : Citrons Acides - Lawrence Durrell - Editions Buchet Chastel  1994 ou  Phébus libretto 2012

  • Dix ans dix livres

    DSCN0575.jpgMon carnet de lecture est plein, acheté il y 5 ans dans une petite ville d’Ombrie dont j’ai oublié le nom, il est magnifique, du cuir superbement travaillé, un papier ivoire, épais et filigrané. Bref une petite merveille.
    Le précédent était plus simple, italien aussi ( on trouve des merveilles dans les boutiques d’Italie en matière de papier) avec une couverture de papier marbré et des pages lignées.

    Les précédents hélas ont disparus dans des déménagements multiples et dévastateurs.

    Ces deux carnets sont pleins et il faut donc en commencer un nouveau.
    Les cadeaux de Noël qui touchent le plus sont ceux que vous attendiez sans le savoir, j’ai reçu un agenda personnalisé pour 2009, il est superbe et mérite beaucoup mieux que le rendez vous chez le dentiste ou les plantes vertes à arroser, je vais le transformer en carnet de lecture pour lui donner une vie digne de son allure.

    En feuilletant les anciens carnet et l’Art des listes m’ayant stimulé, j'ai eu envie d'en extraire la substantifique moelle et après l’épreuve douloureuse de l’élimination voici les 10 meilleurs livres de ces 10 années.

    Il est facile d’éliminer des titres dont il ne reste rien, ni la trame, ni le nom des héros, mais beaucoup de livres sont d’excellents souvenirs, par la personne qui m’a fait ce cadeau, par celui ou celle qui m’en a parlé, par le plaisir de la découverte inattendue...et par la qualité du livre. Choix simple pour ceux retenus mais parfois douloureux pour éliminer.

    Carnet de lecture 1998/2008

    Les Disparus - Daniel Mendelsohn
    Pour la quête du passé qui dévide l’écheveau de l’histoire, pour la restitution par l’auteur à travers les personnages de sa famille de la mémoire de personnes empêchées de témoigner, parce qu’il fouille les souvenirs des témoins avec compassion et dignité...
    Un très très grand livre,  le meilleur livre de ces 10 dernières années.

    Le Temps des offrandes - Patrick Leigh Fermor
    Le plus grand récit de voyage, celui qui vous transporte au sens littéral et figuré du terme, j’ai eu froid, dormi dans les granges, j’ai parcouru les rues de Vienne avec lui et découvert la vie des châteaux de l’Europe centrale aujourd’hui disparus. Ce livre relu pratiquement chaque année est un grand bonheur de lecture.
    « Le journal de marche de Patrick Leigh Fermor est à ranger au rayon des chefs-d'œuvre de l'humanisme nomade. » Nicolas Bouvier

    Pastorale américaine - Philip Roth
    Parce que le récit de Roth est celui de la faillite du rêve américain, de l’effritement des rêves d’un homme, la fuite de la réussite. Le destin de cet homme bon, juste et droit vole en éclat. C’est son désarroi qui m’a touché à la lecture et qui me touche toujours 10 ans après.

    Si c’est un homme - Primo Levi
    Parce que ce récit fait partie des livres à faire lire à nos enfants et petits enfants pour ne pas oublier.
    Parce que je ne peux pas le prendre en main sans ressentir une douleur profonde, tout simplement humaine.

    Le Temps où nous chantions - Richard Powers
    Parce que l'auteur parle magnifiquement de l'appartenance à une communauté, des rapports familiaux, des préjugés et de la haine. Un splendide roman porté par la majesté et l'universalité de la musique

    L’Usage du monde - Nicolas Bouvier
    Parce que "Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le
    plus sûr" ...Il n'y a rien à ajouter.

    La Route du retour - Jim Harrison
    Parce que c’est le meilleur livre de Jim Harrison, , les grands espaces, l'ouest, les indiens, les chevaux et les forts sentiments. Une fresque épique et poétique à la fois. bref une merveille....

    La Ferme africaine - Karen Blixen
    Pour l’Afrique sous l’oeil passionné de Karen Blixen, le courage d’une femme hors du commun. Pendant longtemps je n’ai pas voulu voir le film j’avais tort, il rend justice au livre.


    Le Monde d’hier - Stefan Zweig
    Pour la Vienne 1900, pour l’âge d’or de la culture européenne, pour la description d’un monde en train de disparaître, par admiration pour un homme que la barbarie n’a poussé ni à la haine ni à la violence mais au suicide.

    Et le dixième..

    En lieu sûr - Wallace Stegner
    Pour l’idéalisme de la jeunesse, l’amitié, les ambitions littéraires, les imprévus de la vie, l'expérience, la vie qui passe. La tendresse et la délicatesse sont présentes dans toutes les pages.

     

     

     

     

  • L'ombre d'Hannibal - Paolo Rumiz

    Dans les pas d'Hannibal 

     

    9782842304362FS.gif

    Une incursion, loin dans le temps et sur des chemins escarpés, que je dois à une exposition au Musée Dauphinois à Grenoble.

    Si je vous dis Guerre punique cela vous rappelle quelque chose ? Nous n’allons voyager ni en avion, ni en bateau, mais à pieds avec les 100 000 hommes et les 37 éléphants de l’armée d’Hannibal.

    800px-Ruins_of_Carhage7.jpg

    "Vinrent ensuite les carthaginois, qui étaient des Phéniciens africanisés, imprégnés de culture grecque. Eux aussi étaient des navigateurs indomptable."

    Le mythe est vieux de 2000 ans, Hannibal Barca a laissé son nom à des villages, des routes, des rues, des ponts, c’est un héros que François Ier ou Napoléon ont tenté d’imiter, que les peintres ont pris pour sujet de Claude Lorrain à J.M.W.Turner, en passant par Giambattista Tiepolo, le sujet valait bien un livre non?

    carte_guerres_puniques_John.jpg

    " Avec le contenu d'un seul sac à dos je dois affronter toute une rose des vents de latitudes, dénivellations, et climats à peu près incompatibles les unes avec les autres "

    la carte n'est pas parfaite mais donne une idée du parcours, absente du livre, c'est son seul défaut)

                               

    Partir sur les traces d’un mythe n’est pas toujours chose aisée, il faut une documentation et des sources fiables. C’est précisément ce qui manque le plus pour Hannibal. Mais l’auteur a des ressources, tout d’abord ses lectures, Polybe et Tite-Live qui vont être du voyage et il a un peu partout des amis qui sont des chercheurs, des historiens, des archéologues, certains vont faire un bout de chemin avec lui.

     

     

    hannibal_route_de_rome_henri_motte.gif

    La traversée du Rhône 

    C’est que le périple est considérable, après avoir quitté Carthage, Hannibal va traverser l’Espagne non sans livrer quelques batailles, perdant des hommes et en recrutant d’autres. D’un bond on franchit les Pyrénées et après un passage en Gaule nous voilà aux pieds des Alpes et là Paolo Rumiz va tenter d’imaginer, de rêver, de découvrir par quel col a bien pu passer Hannibal et son armée, sa cavalerie et ses éléphants. Le col Clapier ? un autre ? Les historiens s’en donne à coeur joie,  chacun son scénario, chacun son col favori. Après le passage des Alpes c’est la descente par la plaine du Pô.

     

     

    bataille_de_cannes.gif

                  La bataille de Cannes - François Chifflart- Petit palais Paris

     

    " Soixante mille morts (...) le double d'Austerlitz. Davantage que le nombre de morts américains pendant toutes les années de guerre au Vietnam. Cannes est le plus épouvantable massacre du monde antique "

     

    Les pages de Paolo Rumiz font doucement apparaître le portrait d’un chef tout à fait hors du commun, de l’enfant jurant à son père que toute sa vie il combattra Rome, au stratège qui fit trembler l’Empire romain sur ses bases. 

    Tite-Live est un peu porté sur la caricature, le peignant comme un barbare sanguinaire, sans foi ni loi. Mais Tite-Live est de parti pris n’oublions pas qu’il est romain. 

    Nous suivons cette armée qui bizarrement évite Rome, et livre une bataille gigantesque à Cannes, une bataille qui est un modèle de stratégie, d’habileté politique au point d’être aujourd’hui encore un sujet d’étude pour les militaires.

    Hannibal est celui qui a osé s’opposer à la puissance Romaine et qui a bien failli réussir. Pendant plus de dix ans il va rester en Italie narguant les Romains et les faisant trembler.

    On va terminer le voyage au Caucase, face au Mont Ararat, l’ultime exil d’Hannibal.

     

     No-Tav-640x360.png

    J’ai énormément aimé ce livre, qui marie l’histoire d’hier et des péripéties d’aujourd’hui.  Ah la révolte des habitants de la Vallée de Suze contre le TGV /TAV !! je vous recommande cet épisode là car Paolo Rumiz en bon journaliste ne peut pas traverser une région sans avoir un oeil un peu inquisiteur. 

    Deux autres écrivains voyageurs apparaissent dans le livre, Ryszard Kapuściński, ami de Paolo Rumiz et Patrick Leigh Fermor que l’auteur admire. C’est un parrainage qui a lui seul peut vous donner envie d’ajouter ce livre à votre bibliothèque.

     

    Et si vous voulez en savoir plus sur les itinéraires possibles d'Hannibal suivez Tania qui nous guide vers les cols des Alpes 

     

    Le livre : L'ombre d'Hannibal - Paolo Rumiz - traduit de l'italien par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke

  • L'Été grec - Jacques Lacarrière

     Dernière étape de notre voyage en Grèce

     

    GRECE_MIKONOS_02.jpg

    " Décomposez la Grèce et vous verrez qu’il ne restera pour finir, qu’un olivier, une vigne et un bateau". Elytis Odysséas 

     

     « Enfant j’ai souvent rêvé de la Grèce. » et pour assouvir son rêve, Jacques Lacarrière prend le large dans les années cinquante, il va vagabonder en Grèce pendant plusieurs années, du Péloponnèse au Mont Athos, des sites mythiques d’Epidaure aux villages crétois, de Sparte aux Cyclades.

    Si le titre est au singulier mais de fait c’est au cours de plusieurs années et de plusieurs voyages que Jacques Lacarrière va entrer dans le monde grec. Ses études l’ont familiarisé avec la langue, venu pour la première fois comme membre d’une troupe théâtrale, il est tombé amoureux de la Grèce.

     

     

    montathos.jpg

    "Un voyage à Athos c’est d’abord un voyage dans le temps. (...) Athos est une survivance, une parcelle de Byzance enclose en notre époque."

     

     

    De ses voyages il a tiré cette chronique indémodable, l’âge ne fait rien à l’affaire et l’on éprouve autant de joie à la lire aujourd’hui même si la Grèce décrite a bien changée.

    Il va tout au long de ses voyages, multiplier les rencontres, en commençant au Mont Athos qu’il arpente longuement. 

    Les monastères vont du simple bâtiment construit au dessus du vide au monastère riche de manuscrits mais agonisant faute de vocations. Des lieux peuplés de moines proches du monde rabelaisien, mais aussi des derniers anachorètes vivant sur des terrasses surplombant le vide et nourrit grâce à une nourriture montée par des jeux de poulies  jusqu’à des cabanes inaccessibles. 

     

    cnossos.jpg

                               Fresques du Palais de Cnossos

     

    La Crète ensuite qu'il aime particulièrement, Cnossos où il fut seul pendant quatre jours « un monde ancré à la fois dans l’histoire et dans le mythe, comme si on retrouvait intacts les palais, les lumières et les odeurs de l’Atlantide. »

    Une île où il va rencontrer des muletiers, des bergers, des paysans, une île dont il aime la nourriture « ses fromages secs, ses olives, ses fruits, ses bouillies d’épeautre, son pain noir, son vin rosé et d’autres saveurs que je découvris: les graines et l’huile de sésame, le fenouil séché au soleil, le basilic frais, le miel de résine »

    Il aime les chants anciens comme Patrick Leigh Fermor, les kleftika, ces chants épiques de la guerre d'Indépendance et sans doute comme Zorba le son du Santouri.

     

    delphes-grece.jpg

    " Delphes était vide abandonné, livré à tous les fantômes de l’histoire"

     

    Tous la Grèce est là : Epidaure, Mycènes, Delphes et son oracle, le Styx, Thèbes..........

    Question mythologie Jacques Lacarrière ne craint personne, alors c’est un festival tout au long des pages. 

    monastereamorgos.jpg

                              île et monastère d'Amorgos

     

    Mais vous ne quitterez pas le pays sans faire une petite croisière dans les îles. Des îles peuplées de chats, couvertes de vignes ou de forêts de pins, elles sont le refuge des chèvres sauvages ...bref le paradis. Il voyage sur le pont des bateaux, se fait des amis : le cafetier, l’instituteur, boit le raki en leur compagnie et n’a aucune envie de rentrer en France.

    Dans une dernière partie il fait retour en Grèce après le temps des colonels. La Grèce a changé et l’été prend fin. 

     

     

    grecesantorin-03.jpg

                                        île de Santorin

     

    Voyager avec Jacques Lacarrière est un privilège, il est servi par une expérience sans pareille et l’art de communiquer son bonheur, son plaisir. Un bonheur et un plaisir simple comme  « l'odeur des feuilles de figuier qu'on froisse dans ses mains »

    Ce livre est gorgé du soleil et des parfums de la Grèce. C’ est un témoignage passionné et une approche vivante de la Grèce, un chant d’amour pour un pays, un peuple et son histoire, sa langue, ses chants, ses poètes.

     

    Un livre indispensable à tous les amoureux des voyages et de la Grèce
     

    Le livre : L’Été grec - Jacques Lacarrière - Editions Plon Terre Humaine - 1975

     
  • Palmarès anarchique et détournement de Tag

    Oui oui j’ai du retard et j’en demande pardon à Mango, à voir passer toutes les listes de 15 auteurs chaque fois je me sentais un peu coupable.
    Au moment de taper ma liste d’un seul coup j’ai eu l’impression de radoter un peu :  Montaigne oui toujours en premier, Proust  ben oui évidemment et puis.........Zut je vais pas vous lister tous ces écrivains que vous connaissez et que vous aimez, que vous avez mis dans vos listes et  avoir juste l’ordre qui change .....

    Alors pour parodier Robert Frost : Deux chemins s’offraient à moi et je pris le moins emprunté en décidant de vous livrer 15 auteurs mais pas forcément les incontournables non plutôt ces auteurs qui parfois nous ont plu pour un seul livre, alors on ne les cite que rarement et pourtant leurs livres ont une place privilégiée dans mon coeur de lectrice

    Dans un ordre totalement anarchique

    martin.gif


    Robert Nathan : non pas celui des livres scolaires, celui du Portrait de Jenny  une petite merveille de fantastique et de romantisme mêlés, et en prime une belle adaptation de cinéma

    Lucrèce  et le  Natura rerum  parce que je n’arrive pas à décider si ce que j’aime chez Lucrèce c’est le poète ou le philosophie

    Roberto Calasso et  Les noces de Cadmos et Harmonie   parce que j’aime la mythologie et que son livre revisite tous les grands mythes de la Grèce avec un art consommé qui rend la lecture aussi passionnante qu’un roman.

     

    9782844120595FS.gifblock.gifcitati.jpg

    dervin.gifcoulonges.gif

     

     

     

     

     

     

    Marc Fumaroli  parce qu’il parle comme personne de La Fontaine dans son livre  Le Poète et le roi  et qu’ensuite vous ne pouvez plus réciter le Corbeau et le renard sans voir l’homme derrière la fable

    Jean Henri Fabre  et ses Souvenirs entomologiques parce qu’une fois enfant j’ai ouvert un livre qui parlait de scarabée et de guêpes maçonnes et que je suis restée un peu cette enfant là

    Pietro Citati me permet de ne pas totalement éliminé Proust de ma liste (oui je triche un peu) car sa Colombe poignardée est l’essai le plus passionnant qui soit sur l’oeuvre de Proust

    dillard.jpgpoète.gifFrison - le rapt.jpgpotok.gifcadmos.jpg

     

     

     

     

     

    Pélerinage à Tinker Creek : mais ça vous aviez deviné que je le mettrai dans cette liste car Annie Dillard est de mes amies...en littérature

    Chasses subtiles : nous revoilà chez les insectes mais en compagnie de Ernst Jünger, je n’aime pas beaucoup le romancier mais infiniment le naturaliste

    Je saute carrément d’un genre à l’autre avec Lawrence Block le maître du roman noir et son privé est un modèle qui a servi ensuite à Connelly et bien d’autre, j’aime bien de temps en temps retourner à la source et relire la meilleure enquête de Matt Scudder  Huit millions de façons de mourir

    Patrick Leigh Fermor parce que son  Temps des offrandes  est pour moi LE chef d’oeuvre des récits de voyage et que si je ne devais garder qu’un seul livre du genre ce serait celui-là

    Adalbert Stifter et son magnifique récit d’éducation  L’arrière saison  admiré par Nietzsche et Kundera aussi je me sens en bonne compagnie

    Roger Frison-Roche parce qu’avec  Le Rapt  il m’a ouvert les grands espaces du nord, vers la nuit polaire et un monde inconnu

    fermor.jpgjunger.jpglucrèce.giffabre.jpgstifter.gif

     

     

     

     

     

    Ferdinando Camon : un nom absent des blogs et pourtant sa parabole féroce sur le monde rural  Jamais vu soleil ni lune  est un livre que l’on n'oublie pas

    Sylvie Dervin  et  Les amants de la nuit   juste un livre que j’aime particulièrement, offert par un ami, c’est mon côté fleur bleue

    Une belle histoire sur l’adolescence, l’amour et la tendresse paternelle et une touche d’humour juif   L’élu de Chaïm Potok

    Enfin pour terminer un livre qui tient une place affective particulière parce que j’en ai partagé la lecture avec mes 3 filles  L’adieu à la femme sauvage  d’ Henri Coulonges


    15 auteurs qui mériteraient un billet en bonne et due forme mais ça.... c’est une autre histoire

    délais.png

    Et bien sûr j'ai dépassé les 15 minutes