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Rechercher : la petite lumière

  • Daniel Deronda - George Eliot

    Il y a quelques mois j'ai fait connaissance avec George Eliot, j'ai aimé son style, son art de dresser de beaux portraits psychologiques.
    Il était temps de la retrouver dans son roman sans doute le plus abouti mais aussi celui qui souleva le plus de polémiques.

    Middlemarch nous avait emporté dans une ville de province, ici c'est l'Europe qui est le terrain de jeux de George Eliot. On voyage de l'Angleterre aux villes d'eaux allemandes, de Gênes à New-York.

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    La romancière de plus joue avec la chronologie classique de façon un peu déroutante au début du roman et elle y intègre les grands événements de l'époque : la guerre de Sécession et les péripéties de l'indépendance italienne.

     

    Mais venons en au coeur du roman.

    Le personnage central, comme le titre l'indique, est Daniel Deronda, un beau jeune homme, c'est le héros type, jeune aristocrate un brin idéaliste, bon, chevaleresque avec les dames, intelligent. 
    Mais l'auteur aime les détours aussi le personnage qui apparait en premier c'est Gwendolen Harleth.

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    Gwendolen Harleth

    Dans une station balnéaire en Allemagne Gwendolen perd son argent à la roulette et dans le même temps apprend que sa famille est ruinée et que seul un mariage pourrait lui permettre de sortir de cette impasse. La jeune fille belle et pleine d'esprit est ainsi poussée dans les bras d'un homme riche, Mr de Grandcourt, qui va lui mener une vie impossible, un mari que l'on qualifierait aujourd'hui de manipulateur pervers !

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    Et voilà le méchant mari, vous l'avez reconnu ?

    C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Daniel Deronda qui va tenté de soutenir la jeune femme enferrée dans un mariage désastreux.
    Si D Deronda est brillant, il est aussi inquiet car il redoute d'apprendre la vérité sur sa naissance. Il aime et respect son tuteur, Hugo Mallinger, mais soupçonne qu'il est son fils illégitime, un bâtard, ce qui dans la société de l'époque est pire que tout.

    En preux chevalier il a sauvé la vie à une jeune fille, Mirah, qui tentait de mettre fin à ses jours. Il la confie à une famille amie et petit à petit apprend son histoire. Il fait ainsi connaissance avec un milieu bien différent du sien, Mirah est juive et artiste.
    Il va peu à peu être fasciné par le judaïsme, ses pratiques religieuses, sa culture et sa littérature. Il devient ami avec Mordecaï le frère de Mirah.

     

    L'intrigue romanesque est agréable à suivre mais ce qui fait l'intérêt de ce roman c'est surtout le rôle de passeur de Daniel Deronda, passeur entre deux cultures, entre deux traditions religieuses. 

    En Italie quelques années auparavant Giuseppe Verdi a créé Nabucco et son célèbre choeur des Hébreux inspiré du Psaume 137.

     

             

    Le sujet était osé pour l'époque et a dérouté bien des lecteurs de George Eliot. 
    Ce roman est une belle et grande fresque qui s'aventure en terrain inexploré. C'est un volet de l’histoire des juifs anglais plutôt nouveau dans la littérature de l’époque, même si Benjamin Disraéli a été nommé premier ministre,  les juifs étaient toujours victimes des préjugés les plus habituels.

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    Caricature de Benjamin Disraeli 

    Ainsi le rêve de Mordécaï d' « une nouvelle Judée, située entre l'Est et l'Ouest - une alliance de réconciliation - un lieu d'arrêt des inimitiés, un terrain neutre » reflète l'intérêt de l'auteur pour ce sujet et son absence de préjugé, elle publia un essai contre l'antisémitisme ce qui n'était pas franchement dans l'air du temps.

    Quelques années plus tard Théodore Herzl va écrire et militer pour la création d'un état juif et plus tard encore  le gouvernement anglais par la voix de Lord Balfour 

    « va envisager favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous efforts pour faciliter la réalisation de ce projet, étant bien entendu qu’il ne sera rien fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine et aux droits et au statut politique dont jouissent les juifs dans tout autre pays. » 

     

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    L'adaptation de la BBC

      

    Roman ambitieux et profond. George Eliot n'a pas sa pareille pour la profondeur des analyses psychologiques de ses personnages.
    Ici elle élargit considérablement son éventail en se tournant vers des catégories sociales jamais mises en avant sauf parfois pour les caricaturer.
    Si vous ajoutez à cela qu'elle fait d'un bâtard le héros du livre et qu'elle dépeint le mariage comme un enfer pour la femme ! Il y a là tous les ingrédients d'un livre scandaleux.

    J'ai vraiment beaucoup d'admiration pour George Eliot, non seulement pour son talent d'écrivain mais aussi pour sa curiosité et son courage.

    La BBC a fait une adaptation du roman mais hélas il n'y a pas de version sous-titrée en français.

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    Le livre : Daniel Deronda - George Eliot - Traduit par Alain Jumeau - Gallimard folio 2 tomes

  • Où vont les vents sauvages - Nick Hunt

    « Le vent qui vient à travers la montagne m’a rendu fou ! » Victor Hugo 

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    C’est une belle invitation à l’aventure que ce livre. Quand Nick Hunt était très jeune le vent l'a presque emporté, il en a gardé le souvenir qui est sans doute à l’origine de cette quête derrière les vents d’Europe.

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    L’auteur est allé à la poursuite des vents la plupart du temps à pied. Armé d’un bagage léger, anémomètre et cartes météo il a suivi les couloirs des vents.

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    Sa chasse s’est exercée envers 4 vents

    Chez lui d’abord dans les Pennines «  zone de hautes terres la plus étendue d’Angleterre » 

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    Les Pennines 

    Nick Hunt poursuit l’Helm. Pour le rencontrer il faut parcourir le Cross Fell, c’est le sommet des Pennines. Rassurez vous si vous ne voyez pas où c’est, j’ai du faire une petite recherche pour m’y retrouver.

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    Cross Fell

    « L’Helm pouvait propulser quelqu’un en l’air, catapulter des moutons comme de simples morceaux de laine, renverser de lourdes charrettes et détruire des étables en pierre »

    L’Helm est le seul vent auquel on a donné un nom chez nos ennemis du Brexit.

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    La Bora 

    Sa quête va le mener ensuite vers la Bora, un vent amer, nerveux, sec et glacial qui souffle de Trieste à travers la Slovénie et le long de la côte croate. Le vent qui souffla pour Rilke, Svevo ou Joyce. 

    La Bora est un vent froid terrible qui comme tous les vents curieusement souffle toujours trois, six ou neuf jours !

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    Sens Croatie 2012

    En 2012 «  La température avait plongé à moins quatorze degrés et la Bora créé de fantastiques sculpture de glace dans le port de Senj » 

    Pour Nick Hunt c’est l’occasion de rencontrer Tomas un personnage un peu extraordinaire qui va le sortir d’un mauvais pas « quand je me suis perdu dans les montagnes de Croatie et que je risquais de faire face à une situation terrible, il m'a pratiquement sauvé. C'est une personne extraordinairement excentrique et généreuse »

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    «  Il peut être violent comme un ouragan, faire couler les navires, écraser les maisons, renverser des camions, bloquer des autoroutes, déraciner des arbres, projeter des poissons hors de l’eau »

    Fini le froid, voilà un vent chaud, peut être que comme moi, vous ignorez où souffle le foehn, si vous imaginez ça dans un désert vous êtes à côté de la plaque !! 

    Le foehn c’est le vent qui balaie la plus longue chaine de montagnes d’Europe, vallées alpines, vallées du Rhin, les Quatre cantons, le Tessin jusqu’au Valais. Surprenant non ?

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    Un vent chaud et sec souvent associé à la mauvaise santé, aux migraines, aux crises de folie. Vous savez ces récits qui commencent ainsi « le Foehn soufflait ce jour là » 
    Il souffle aussi chez les puissants et riches du Liechtenstein, mais aussi chez les humbles du pays de Heidisi vous avez un doute ressortez votre exemplaire du livre et vous pourrez vérifier.

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    le Pays d'Heidi pays du foehn

    « Elle restait immobile, à écouter la voix profonde et mystérieuse du vent, qui se manifestait à elle depuis les cimes des monts »

    Le Foehn porte des noms variés selon les circonstances et les lieux «  le plus vieil homme du Rhin » ou « Mangeur de neige » 

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    Je dois dire que c’est le vent qui a eu ma préférence peut être parce que j’ai pendant des années parcouru les vallées Suisses avec bonheur.

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    La Crau

    Enfin le dernier c’est le Mistral, avec Nick Hunt on le suit de Valence aux étendues de lavande et à la Crau.
    Le Mistral c’est « le vent de folie » qui a tourmenté Van Gogh. Le vent dont on dit que c’est celui des idiots.

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    Van Gogh Oliviers et Alpilles 

    « La cime des arbres tanguait, se débattait, bouillonnait, les branches supérieures hurlant tandis qu’elles écorchaient leurs écorces respectives. L’air était chaud chargé d’humidité, et il ne descendait pas du nord, mais d’au-dessus, de derrière, d’au-dessous, de toutes les directions en même temps »

     

    Mais qui sais que le Mistral joue un rôle important dans le séchage « de l'herbe ou dans l'élimination des microbes, ce qui signifie qu'aucun conservateur ou pesticide n'est requis »:
    Ce vent qui souffla à Orange pendant 16 jours consécutifs en 2004.Ce vent qui fait que l’on parle d’Avignon la venteuse.

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    Tempête Amélie

    Un bon récit de voyage, de ceux que j’aime car il m’a rendu presque visible ces vents que jamais personne ne voit, m’a fait croiser montagnards, bergers ou marins. Parcourir des paysages sauvages.

    Ce que j’ai aimé c’est que Nick Hunt nous parle bien entendu de ses randonnées derrière les éléments mais aussi de l’histoire des lieux : on croise Schiller, Rossini et Guillaume Tell mais aussi le sinistre Milošević

    J’ai aimé : passer de hauts plateaux à des villages inconnus, des petites villes pittoresques et pleines d’histoire, rencontrer les gens de ces contrées avec leurs légendes et leurs traditions. 

    J’ai aimé sa capacité à nous faire entendre et sentir le vent, ses coups, ses gémissements, ses cris parfois.

    J’ai aimé qu’il tienne mêlé la météorologie et la mythologie, l’auteur sait écouter les mythes et les légendes et passer de la superstition aux informations scientifiques, nous parler des cartes et des histoires, de poésie et de philosophie.

    Avec les changements climatiques les vents vont changer « puisque les températures déterminent ce qu'ils font et dans quelle direction ils soufflent. » Ne ratez pas ce témoignage. 

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    Le livre : Où vont les vents sauvages. Marcher à la rencontre des vents d’Europe, des Pennines jusqu’en Provence - Nick Hunt - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke

  • S.P.Q.R. Histoire de l'ancienne Rome - Mary Beard

    Pourquoi l'histoire de Rome, de son Sénat et de son Peuple continue d'avoir du sens pour nous ?

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    Senatus PopulusQue Romanus : Le Sénat et le peuple romain

    J'aime l'histoire antique, la civilisation romaine m'intéresse depuis longtemps.

    Certains pensent que la civilisation romaine continue d'imprimer sa marque sur notre civilisation actuelle. Je suis de ceux-là, mais comment une petite ville insignifiante en est-elle venue à être une puissance qui aujourd'hui encore influence nos conceptions de la politique, de la justice, du pouvoir et de ses dérives, de la notion de citoyenneté ? 

    J'avais déjà lu à plusieurs reprises sur le sujet, en particulier le livre de Lucien Jerphagnon qui fut celui qui m'ouvrit les portes de cette histoire là. 

    Aujourd'hui il était temps de compléter ma vision, de remettre en cause mes à priori, bref d'élargir un peu mes connaissances.

    Pour cela le livre de Mary Beard est parfait.

    Elle fait le choix de ne pas embrasser toute l'histoire de Rome jusqu'à sa chute et son récit s'arrête avec l'empereur Caracalla en 212 av JC mais bien entendu elle commence avec le mythe, la légende de Romulus et Rémus et le temps de la royauté car il y eut des rois à Rome même si l'on a tendance à se focaliser sur les derniers empereurs.

     

    Mary Beard part donc des premiers temps de la royauté et des conflits qui y sont attachés. Les fameux Gracques puis le temps de Cicéron et de la conjuration de Catilina qui apporta la célébrité à Cicéron.
    A travers ces faits l'auteur rend compte de l'évolution de la ville, car avant d'être un empire, Rome fut une ville, de ses institutions chaotiques et incohérentes parfois.

    On trouve là les mythes de cette histoire : le viol de Lucrèce qui n'eut jamais lieu, l'enlèvement des Sabines tout autant sujet à caution. 

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    L'enlèvement des Sabines  N Poussin Metropolitan Muséum NY

    D'autres événements plus crédibles comme la chute des Tarquins et la fin de la tyrannie qui voit en même temps la naissance d'une notion qui devait connaitre un grand succès, la notion de libertas.

    Mary Beard met en avant certains événements car ils ont fait l'objet de témoignages écrits, de traces archéologiques qui fait que « nous pouvons enquêter en chaussant, pour y voir de près et dans le détail, des lunettes contemporaines ».
    Elle nous invite à prendre de la distance avec les faits qui faute de la moindre trace ne sont pas avérés.

    A ce petit jeu de démystification certains personnages célèbres tombent un peu de leur piédestal, d'autres au contraire se voient offrir une absolution.
    Cléopâtre et son aspic si romanesque, Marc-Aurèle si philosophe et si violent ! Hannibal et ses éléphants, la figure de Pompée.

     

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    Rome au temps de Pompée

    Les Empereurs ne sont pas oubliés mais Mary Beard insiste beaucoup sur le fait que cette longue période qui va d'Auguste à Caracalla est somme toute la moins intéressante, les institutions ne bougent pas beaucoup, les détenteurs du pouvoir se succèdent souvent grâce au meurtre.

    Voilà pour l'exercice de salubrité publique mais ce qui est le plus intéressant dans ce livre c'est le regard que Mary Beard porte sur des aspects de l'histoire romaine peu mis en avant habituellement. 

    La religion, le commerce, la place des femmes et des esclaves, les riches et les pauvres. L'évolution de la société, de la ville et de l'Empire
    N'ayez crainte César ou Marc Antoine ne sont pas oubliés pas plus que Néron ou Tibère. 

    Malgré la masse de documents sur Auguste, l'auteur est toujours intriguée par les changements survenus chez cet homme, du jeune homme chétif et sournois à l'ambitieux forcené qui imprima sa marque aux 14 empeurs suivants.

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    J'ai lu quelques critiques reprochant à Mary Beard d'avoir interrompu son livre avant la Chute de Rome, cela ne m'a pas gêné car elle le clôt sur l'édit de l'empereur Caracalla  offrant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire. Joli symbole non ? 

    Décidément les anglais ont un rare savoir faire pour ce genre de livre, j'ai aimé l'écriture, j'ai aimé le mélange d'admiration et de critiques.
    J'ai apprécié l'ampleur du travail  

    « Depuis la Renaissance au moins, beaucoup de nos hypothèses les plus fondamentales sur le pouvoir, la citoyenneté, la responsabilité, la violence politique, l'empire, le luxe et la beauté ont été formés et testés, en dialogue avec les Romains et Leur écriture »

    Un livre qui sans nul doute trouvera sa place dans les bibliothèques des amateurs à côté de celui d'Edward Gibbon

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    Le Livre : SPQR Histoire de l'ancienne Rome - Mary Beard - Traduit par Simon Duran - Editions Perrin

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    L'auteur

    Mary Beard est professeur à Cambridge, elle a consacré plusieurs ouvrages à son sujet de prédilection. Elle a reçu pour ce livre la Médaille de la Librairie Bodleienne d'Oxford et et l'ordre of the British Empire. 

    Une personnalité hors norme, une femme libre qui aime à afficher son âge et ses choix vestimentaires au grand dam des critiques universitaires parfois un rien coincés.

    Elle conseille la BBC en matière d'histoire antique et est chargé du sujet dans les pages du Times Litrary supplémentaires.

     

  • Beau comme l'antique

    Savez-vous d’où vient cette expression Beau comme l’antique ?  Et bien je vais détruire le mythe, cela n’a rient à voir avec Rome ou l’antiquité mais tout à voir avec …Napoléon, ben oui !! C’est le peintre David qui utilisa l’expression pour parler de l’empereur.  Enervant non ?

     

    Revenons à Rome

    Je vous ai présenté une partie de ma bibliothèque consacrée à l'antiquité, il me reste à vous inviter dans ma bibliothèque romaine.

    Je m’aperçois qu'elle est sous la coupe d’Ovide manifestement. 
    Son oeuvre majeure, Les Métamorphoses dont j’apprécie la traduction de Marie Cosnay aux Editions de l’Ogre. C’est très réussi et  magnifiquement mis en page. 

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    J’avais fait un billet sur les Métamorphoses il y a quelques années dans lequel j’évoquais deux livres autour de l’oeuvre d’Ovide, je vous laisse vous y reporter si vous le souhaitez.

    Mais je n’ai pas fini avec ce diable d’homme car ce qui m’a toujours attaché à l’homme c’est son destin d’exilé et ses lettres, certes parfois un rien larmoyantes, mais toujours d’un style époustouflant, ses lettres d’amour et lettres d’exil sont superbes. 

    Alors bien sûr j’ai lu des biographies et essais et je vous en recommande deux; celui de Xavier Darcos et un essai assez récent et Avec Ovide de Nicolas Gardini, tout en finesse et érudition. 

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    Ensuite il y a Virgile, pour lui j’ai fait une petite folie avec l’édition en Pléiade et un Virgile de Xavier Darcos que j’apprécie beaucoup, vous allez croire que je fais une fixation sur le ministre, non pas du tout mais que voulez-vous il n’y a pas beaucoup d’essais sur Virgile qui soient facilement accessibles et il en fait partie.

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    Puis il y a Sénèque, qui pourrait être dans mon rayon philo. J’ai ses oeuvres complètes en numériques mais j’ai surtout un livre vieux d’environ 20 ans qui a souffert de mes nombreuses lectures, c’est Apprendre à vivre chez Arléa une éditions des Lettres à Lucilius que j’ai lu et relu et dans lesquelles je viens piocher quand je lis Montaigne adepte s’il en est de Sénèque. 

    Son compagnon d’étagère c’est l’empereur, je veux dire Marc Aurèle, je l’aime mais nettement moins que Sénèque. 

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    Avant de passer au dernier des auteurs romains de ma bibliothèque je fais un petit détour par Pompéi, avec un livre promenade dans le temps et l’espace, qui m’a enchanté et qui est un livre monde puisque l’auteur Claude Aziza nous balade dans les essais, les romans, les films qui ont été écrits sur Pompéi, depuis Chateaubriand à ………C’est réussi je vous le conseille si vous allez un jour à Pompéi.

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    Enfin le dernier mais pour moi le premier, mon préféré : Lucrèce

    Tout ça c’est la faute à ma fille ainée qui a eu De rerun natura au programme de sa classe de prépa, ça m’a agacé de ne l’avoir jamais lu, puis vinrent Jean Salem, Marcel Conche  et André Comte-Sponville qui ont alimenté ma curiosité  sur Lucrèce 

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    Ensuite ben ….ensuite il y a Montaigne, à force de voir les citations cela a fini de m'agacer de ne pas mieux connaitre l’auteur alors j'ai lu et relu le texte.

    Et depuis peu il y a la formidable éditions de Bernard Combeaud aux Editions Mollat, j’en conviens j’ai fait une folie car c’est une édition de luxe mais oh combien satisfaisante que ce soit pour la qualité du livre, pour la traduction et les commentaires de B Combeaud. Un must. 

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    Voilà mon dernier conseil pour ceux qui aiment écouter, les versions audio que j’ai présenté ici dans un billet il y a peu . 

    Je ne jure pas que cette bibliothèque se maintiendra ainsi, je vais sans doute y faire quelques rajouts mais attention il va falloir que s’en en vaille la peine !

    Les Livres et Livres audio

    Ovide - Lettres d'amour et d'exil - Editions Thesaurus Actes Sud 
    Ovide - Les Métamorphoses - Traduction Marie Cosnay - Editions de l'Ogre
    Xavier Darcos - Ovide - Editions Fayard
    Nicolas Gardnini - Avec Ovide - Editions de Fallois
    Xavier Darcos - Notre Virgile - Editions Fayard
    Virgile - Editions de la Pléiade
    André Comte-Sponville - Le miel et l'absinthe - Editions Herman 
    Lucrèce - La Naissance des choses - Traduit par Bernard Combeaud - Editions Mollat 
    Ovide - Les Métamorphoses lues par Michel Vuillermoz Editions Frémeaux 
    Lucrèce - La naissance des choses  lue par Denis Podalydès Editions Frémeaux 

  • L'Enfer de Treblinka - Vassili Grossman

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    Le livre de Vassili Grossman sur Treblinka, écrit après que l'auteur ait participé à la découverte des restes du camp et recueilli des témoignages, a été écrit alors que Grossman était encore dans l'Armée Rouge à fin de la guerre.
    Son témoignage fut utilisé par le tribunal de Nuremberg lors des procès.
    La mère de Vassili Grossman a été assassinée par les nazis à Berditchev un des lieux de la Shoah par balles. 

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    Ce livre est terrible et le mot enfer n’est évidement pas usurpé.
    Je ne me permet pas de commenter ce livre qui se suffit à lui même 
    Si vous voulez en savoir plus sur Vassili Grossman je vous invite à lire le billet de Patrice sur son roman Vie et destin où l’auteur fait le lien entre nazisme et stalinisme.
    Vous pouvez lire aussi Tout Passe un roman dur et violent sur le stalinisme, la délation, le Goulag.

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    Le Cimetière Juif de Berditchev


    « Tout ce que vous allez lire, je l'ai reconstitué d'après les récits de témoins vivants, les déclarations d'hommes qui ont travaillé à Treblinka depuis sa création jusqu'au 2 août 1943, jour où les condamnés à mort se révoltèrent, brûlèrent le camp et s'enfuirent dans les bois ».

    « A l'est de Varsovie, sur les rives du Bug occidental, s'étendent des sables et des marais, d'épaisses forêts de pins et de feuillus. Sur cette terre indigente, les villages sont rares; l'homme évite les étroits chemins où le pied s'enlise, où la roue plonge jusqu'au moyeu dans le sable profond. »

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    Sous l’œil des gardiens, des hommes, femmes et enfants juifs montent à bord de trains lors de la déportation de Siedlce vers le camp d’extermination de Treblinka. Pologne, août 1942.

     

    « Par endroits la terre est couverte de mousse; çà et là on voit se profiler la silhouette d'un pin chétif; un choucas ou une huppe bigarrée, de temps à autre, rayent le ciel. 
    Ces lieux désolés avaient été choisis. avec l'approbation du Reichsführer des S.S. Heinrich Himmler, pour devenir un charnier colossal, tel que l'humanité n'en avait encore jamais connu avant nos jours cruels.
    Non, jamais l'univers n'avait rien vu d'aussi épouvantable. C'était ici le plus atroce des camps de la mort établis par les S.S »

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    Gare ferroviaire de Treblinka

    « On sait aujourd'hui ce qu'était le régime du camp n° 1 
    Nous savons tout du travail à la sablière et comment on précipitait au fond de la carrière ceux qui n'avaient pas rempli leur norme; nous savons ce qu'était la nourriture : cent soixante-dix à deux cents grammes de pain et un litre d'une lavasse infâme baptisée du nom de soupe; nous savons qu'on y mourait de faim et qu'on emportait sur des brouettes par delà les barbelés, pour leur donner le coup de grâce, ceux dont le corps était enflé; nous savons les orgies effrénées des Allemands; nous savons qu'ils violaient des jeunes filles et les tuaient après; qu'ils précipitaient les gens d'une hauteur de six mètres; que la nuit, leur bande ivre faisait irruption dans une baraque pour en tirer de dix à quinze détenus sur lesquels ils expérimentaient sans hâte différentes méthodes de mise à mort, tirant en plein cœur, dans la nuque, les yeux, la bouche, la tempe de leurs victimes. »

    « En mai 1942, les Allemands avaient en effet entrepris, à trois kilomètres de là, la construction d'une véritable usine de mort. 
    Là, rien n'était prévu pour la vie, tout pour la mort. L'existence de ce camp devait être tenue profondément secrète; tel était l'ordre de Himmler. Pas un homme ne devait en sortir vivant, et personne n'était autorisé à s'en approcher. »

    « 23 juillet 1944  Ce jour-là, au petit matin, wachmanns (gardiens) et S.S., après avoir bu un verre de schnaps pour se donner du cœur au ventre, procédèrent à la liquidation du camp. Lorsque vint la nuit, tous les détenus avaient été tués. Tués et enterrés. Sauf Maks Lewit, un menuisier de Varsovie qui, resté jusqu'au soir sous les cadavres de ses camarades, réussit à gagner la forêt ».

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    Mémorial du camp


    Treblinka, septembre 1944

    « Tout est calme. A peine si l'on entend bruire le sommet des pins, le long de la voie ferrée. Ces pins, ce sable, cette vieille souche, des millions d'yeux les ont regardés des wagons qui s'avançaient lentement vers le quai. On entend crisser doucement la cendre, les scories pulvérisées sur la route noire, bordée soigneusement, à la manière allemande, de pierres peintes en blanc. 
    Nous entrons dans le camp, nous foulons le sol de Treblinka. Les cosses de lupin se fendent dès qu'on les touche, avec un tintement léger; des millions de graines se répandent sur la terre. Le bruit qu'elles font en tombant et celui des cosses qui s'entr'ouvrent se fondent en une mélodie triste et douce, comme si nous arrivait du fond de la terre - lointain, ample et mélancolique - le glas de petites cloches. La terre ondule sous les pieds, molle et grasse comme si elle avait été arrosée d'huile de lin - la terre sans fond de Treblinka, houleuse comme une mer. » 

    « Cette étendue déserte qu'entourent des barbelés a englouti plus d'existences humaines que tous les océans et toutes les mers du globe depuis qu'existe le genre humain »

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    Un sondage en 2018 disait qu'un français sur dix dit ignorer ce qu'est la Shoah

    « Aujourd'hui chacun est tenu, devant sa conscience, devant son fils et devant sa mère, devant sa Patrie et devant l'humanité, de répondre, de toute son âme et de toute sa pensée, à la question suivante : d'où vient le racisme ? Que faut-il pour que le nazisme, l'hitlérisme ne renaissent jamais plus, ni d'un côté ni de l'autre de l'Océan ? »

    J'ai lu ce livre dans le cadre des lectures autour de l'holocauste initiées par Patrice et Passage à l'est.


    Ce livre est aujourd’hui quasi introuvable mais si vous voulez le lire mettez moi un mail et l’on trouvera une solution.

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    Le Livre : L’Enfer de Treblinka - Vassili Grossman - Editions Arthaud 

  • L'attente du soir - Tatiana Arfel

    L’attente du soir - Tatiana Arfel - Editions José Corti

    l'attente.gifLes Editions Corti découvreurs de talents, nous propose Tatiana Arfel après Julie Mazzieri
    Un récit à trois voix, à trois personnages. Chaque personnage détient sa propre voix, évolue dans son monde et lit sa partition.
    Il y a Giacomo, directeur du cirque du même nom, clown blanc qui dresse des caniches et fait naître des symphonies parfumées.
    Né dans une roulotte, sa vie c’est le chapiteau et ses couleurs. « ..mon premier souvenir, celui du monde clos, se prolongeait à l’infini dans cette communauté d’hommes et de femmes qui, chaque jour, tendaient à redonner un peu de couleurs à notre monde si fade et si hurlant à la fois. »
    Giacomo est fataliste, il sait que Le Sort le rattrapera, Le Sort qui apporte le malheur «...le sort rejoindrait toujours nos caravanes pourtant mobiles et capricieuses pour se servir en chair fraîche et en larmes qu’il affectionne beaucoup. »

    Il y a Melle B.  Jamais le regard de sa mère ne l’a caressée, jamais les bras d’un père ne se sont fermés sur elle. Elle avance dans la vie invisible, transparente, absente « Mon corps (...) était sans nerf, mes yeux sans regard et mon coeur sans émoi. »
    La folie rôde « Je me couchai, en proie à des fusées d’idées qui rendaient la peau de mon crâne de plus en plus transparente »
    Elle récite des tables de multiplication lorsqu’elle est en proie à l’angoisse. Et puis elle a « un trou dans la poitrine » quelque chose lui manque qui lui a été enlevé.

    Et il y a le Môme. Enfant abandonné à lui-même, il découvre le monde par le brillant du soleil et le froid de la boue du terrain vague où il vit. Il découvre les goûts par  « le jus blanc » de l’herbe dévorée, le piquant et l’âcre des aliments trouvés dans les poubelles, les odeurs des flaques d’eau et de la terre gelée.
    La seule chaleur reçue est celle d’un chien qui devient son lien avec le monde, mais ce lien va se rompre et il connait la douleur
    « Il y a de l’étranger dans son coeur. Ça fait mal, mais pas de froid ou de faim. Ça brûle et ça pique mais on ne peut pas l’arrêter en mangeant ou en dormant. Ça vient du dedans, il n’y a rien a faire ».
    Mais le monde va venir au môme par les couleurs,  va s’éclairer et s’élargir par les couleurs, le bleu des sacs poubelle, le rouge d’un vieux tapis, « le jaune et l’espoir ». Les couleurs remplacent les mots et deviennent langage.

    Trois univers que tissent Tatiana Arfel, la parole est donnée à ceux qui ne peuvent parler en mots ou dont les paroles ne sont jamais entendues. De son travail en psychiatrie elle a rapportée la connaissance de l’autre et de sa souffrance, des possibilités infinies de l’être humain, de l’importance des mots mais aussi d’autres langages.
    La première partie du roman s’intitule « Un plus un plus un », puis dans une seconde partie se révèle la possiblité de compter pour quelqu’un
    «  deux plus un » de n’être plus seul ou de l’être moins.
    Le récit est ponctué par les étapes du cirque, par le temps qui passe pour les trois personnages qui marchent les uns vers les autres pour être enfin « quelqu’un pour quelqu’un.»

    C’est un roman foisonnant d’une imagination très riche, pleine d’odeurs et de couleurs.
    J’ai été prise par ce texte d’une grande force et d’une très grande humanité.

    Un premier roman pour lequel je vous invite à faire une place dans votre bibliothèque



    L’auteur
    « Je suis née en 1979 à Paris. J’ai toujours écrit, depuis petite, des histoires, des poèmes, des contes. Le passage dans les classes littéraires d’un lycée parisien élitiste m’a fait perdre tout goût d’écrire. Je me suis orientée vers des études de psychologie clinique et psychopathologie (DESS). Pendant mes stages en hôpital psychiatrique j’ai imaginé mettre en place des ateliers d’écriture pour valoriser la créativité tout en permettant la décharge par l’écrit du trop-plein de souffrance. Je me suis inscrite d’abord à des ateliers d’écriture, puis des formations à l’animation, et me suis remise à écrire. J’ai alors écrit des contes, nouvelles, poèmes, puis mon premier roman, en 2006. Ensuite j’ai repris mes études et passé un DEA de littérature.
    Depuis mes vingt ans j’ai exercé toutes sortes de travaux alimentaires : employée en restauration rapide, serveuse, agent hospitalier, secrétaire, distributrice de prospectus, chargée d’assistance-rapatriement, secrétaire... Mon travail alimentaire compte peu, il me sert à subsister et doit surtout me laisser du temps pour écrire.

    Aujourd’hui, j’effectue de temps en temps des missions de psychologue en entreprise. J’anime des ateliers d’écriture, notamment dans une association de femmes atteintes de cancer. Je travaille sur un projet d’ateliers d’écriture sur la souffrance au travail, que j’ai longuement côtoyée lors de mes petits boulots (violence de la productivité, absence de reconnaissance, bureaux en open space, harcèlement moral, troubles physiques et psychiques). Je veille par-dessus tout à garder du temps et de l’énergie pour écrire. J’ai deux romans en projet, l’un justement portant sur la souffrance au travail et l’autre racontant l’autobiographie d’un homme souffrant d’une absence totale de présence au monde. »
    Source : l’éditeur