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A sauts et à gambades - Page 69

  • Ouf il était temps

    Aux amateurs de Dickens 

     

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    Bonne nouvelle, depuis des années la seule façon de lire Bleak House c’était de s’offrir un pléiade et encore à condition qu’il soit encore disponible

    J’ai espéré il y a cinq ans quand on a fêté le bicentenaire de la naissance de l'auteur que Gallimard ferait un effort mais que nenni !!!

    Bon il ne faut jamais désespéré, c’est fait Bleak House vient de sortir en poche Folio
    Je vous préviens c’est un pavé mais quand on aime….

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    La préface n’a rien de transcendant mais la traduction est de Sylvère Monod donc tout va bien.

    Je fais à cette occasion un petit clin d’oeil à Keisha qui est fan et je souhaite bonne lecture à tous ceux qui seront tentés.

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    Ah un détail le livre en pléiade portait un titre différent : La maison d’âpre-vent 

    Il serait temps aussi que les Editions Thélème se mettent à nous offrir Dickens en livre audio lu par E Herson-Macarel par exemple, enfin c'est ma suggestion.

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    En attendant pour les anglophones il y a tout ce qu'il faut

  • Le Coeur converti - Stefan Hertmans

    Un roman qui mêle petite et grande histoire, qui a ses racines en Provence mais qui emporte le lecteur vers Narbonne et plus loin encore en Egypte.

     

    Nous sommes en 1092 Vigdis Adélaïs est une jeune fille issue d’une famille de Rouen, elle s’est enfuie avec David Todros un jeune juif, fils du grand rabbin de Narbonne «  que tout le monde nomme le Roi aux juifs car sa lignée descendrait tout droit du roi David » 

    Et aujourd’hui le couple en fuite arrive dans le Vaucluse « Depuis la fenêtre qui m’offre une vue sur la vallée, je vois au loin deux personnes approcher. Elles doivent venir des hauteurs de Saint-Hubert, d’où l’on peut contempler aussi bien le sommet du mont Ventoux que la vallée de Monieux » du moins c’est ainsi que les imagine Stefan Hertmans. 

     

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    Ruines du village de Monieux

    Saviez-vous que le Lubéron fut une région où les juifs vécurent un temps sans être inquiétés ? Il reste encore des traces même si elles sont difficiles à repérer.
    « Nombre de maisons ont donc commencé à s’effondrer dès la fin du dix-huitième siècle. Il n’en reste que des tas de pierres pittoresques, recouverts de vigne sauvage qui en octobre se teinte de rouge. » 

    Mais quand Vigdis Adélaïs, devenue Hamoutal, et David y pénétrèrent le pays était à quelques mois de l’appel du pape Urbain II pour la Sainte Croisade et Monieux va connaître un pogrom terrible.

     

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    Urbain II prêchant la croisade et la mort

    pour les musulmans et les juifs "Dieu le veut"

    Comment une jeune fille qui a connu une vie d’aisance et de sécurité va-t-elle faire face aux dangers multiples : sa famille d’abord des chevaliers Normands assoiffés de vengeance, les armées de croisés qui vont déferler sur le village de Monieux. Les dangers du temps : épidémies, accouchement difficile, famine.

    C’est un roman très réussi. L’auteur parvient à nous embarquer sur les traces quasi invisible de ce couple hors norme. 
    Il le fait avec beaucoup d’empathie, avec tendresse et bienveillance sans pour autant omettre les faits noirs et violents. 
    Le destin d’Hamoutal nous emporte bientôt, on la suit à travers bois, rivières et mers. 

    Par de très habiles allers-retours entre présent et passé on suit son enquête qui le conduit de Rouen à Narbonne, de Palerme jusqu’au mystère d’une Guéniza véritable « puits de souvenirs »  ou à l’Université de Cambridge. 

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    Maquette d'une Guéniza

     

    Stefan Hertmans fait parfaitement revivre le passé, du funeste « Dieu le veut » des croisés en délire aux descriptions d’une région où il vit 

    « Tout donne l’impression que le paysage est resté le même au fil des siècles. Pourtant, ce jardin d’apparence paisible était à l’époque la partie la plus peuplée du village, où les ruelles étaient étroites et les hautes maisons sombres collées les unes aux autres. Ici dominaient le bruit, la puanteur et la diversité quotidienne d’une communauté médiévale grouillant de vie, entretenant des relations étroites et intenses. Ici on vivait et on mourait, on dormait, on travaillait et on jurait, on faisait l’amour et des enfants venaient au monde dans les conditions les plus primitives. »

    Un roman comme je les aime.

     

    Le Livre : Le coeur converti - Stefan Hertmans - Traduit par Isabelle Rosselin - Editions Gallimard 2018

  • Bribes de sable

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    Publier n’est jamais une nécessité. De même que le monde continue à exister quand je ne le regarde pas, l’objet existe même s’il n’est pas diffusé, ou s’il est seulement offert dans l’entourage, comme une lettre à des amis.

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    J’aime qu’un texte fasse ce qu’il dit, ou dise ce qu’il fait, applique ce qu’il suggère, donne l’exemple ou la représentation de ce qu’il annonce, mais, comme disait Chalamov, écrire n’est pas un acte, ni une vie, et le fait d’écrire ne dispense aucune vie de la réussite d’aucun acte.

     

    Le livre : Chemins de sable - Jean-Pierre Issenhuth - Editions Fides

  • Forbidden - Tabitha Suzuma

    Les Lectures de Marie

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    Lisez cette critique avec le cœur et l'esprit grand ouvert.

     

    Lochan et Maya font partie d'une fratrie de 5 enfants.
    Leur père est parti refaire sa vie ailleurs et leur mère, quand elle est a la maison, est ivre morte. Le reste du temps elle ne s’occupe pas des plus jeune enfants. 
    Lochan a 17 ans et Maya 16 ans, ils doivent a eux seuls faire ce que font les parents en temps normal. 

    Maya est une jeune fille sûre d'elle, malgré son âge elle arrive à aider son frère. Lochan lui est timide il ne parle jamais sauf à sa famille il est terrorise à l'idée de prendre la parole. 
    Ensemble il vont devoir survivre en échappant aux assistants sociaux qui risqueraient de tous les séparer.

    J'écris ces lignes les larmes au yeux le cœur au bord des lèvres. Je suis une personne ouverte mais comme pour la plupart des gens je m'étais arrêtée au faite que l'inceste ce n'est pas normal que c'est sale… 

    Quand j'ai lu ce livre quand j'ai fais face a la relation entre Lochan et Maya, à leurs difficultés, cette relation m'a paru prendre un autre sens, je suis revenue sur mes préjugés et je les ai oubliés.

    Il n'y a rien de plus beau que l'amour et ça ne devrais pas être un crime d'aimer quelqu'un aussi fort car leur amour est vrai pur et entier aucun livre ne ma fait autant pleurer autant réfléchir et aucun livre ne m'a mis autant en colère car c'est injuste c'est tellement injuste.

    J'essaye de ne pas prendre position sur ce sujet car c'est difficile. Ce livre m'a ébranlé il m'as profondément touché. Si un jour vous lisez ce livre soyez ouvert et vous retiendrez seulement le plus beau dans leur histoire.

    Il y a une phrase à retenir du 4ème de couverture « L’amour est leur seul crime »

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    Le livre : Forbidden de Tabitha Suzuma - Editions Milady

  • Bribes d'Aubrac

    « L’Aubrac est ce miroir qui nous renvoie l’image d’une ancienne, d’une vraie humanité, que nous avons perdu de vue. »

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    Rieutort d'Aubrac

    « Car on ne conquiert pas l’Aubrac, on se rend à lui. Comme une évidence. Une claire évidence. Quand, de son ciel, la lumière coule de source, elle est plus que jamais l’eau nécessaire qui lave notre regard, l’expurge de tous ces faux-semblants, ses trompe-l’oeil mirobolants, tout le clinquant de pacotille d’une société aveuglée par ses mirages mêmes. »

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    « On pourrait dire que l’Aubrac est né de la lumière. D’un désir de lumière. Partout elle le baigne l’enveloppe et le lave. »

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    © Arnaud Millot

    Le livre : Désir d’Aubrac - Patrick Mialon - Editions Le Temps qu’il fait

  • Le Monarque des ombres - Javier Cercas

    Un fervent phalangiste, un franquiste fervent.

    Une famille franquiste c’est lourd à porter, Javier Cercas appartient à une famille de ce genre, depuis toujours il a envie et besoin d’écrire sur sa famille, sur son grand-oncle :

    « Il s’appelait Manuel Mena et il est mort à l’âge de dix-neuf ans au cours de la bataille de l’Èbre. Sa mort advint le 21 septembre 1938, à la fin de la guerre civile, dans un village du nom de Bot. C’était un franquiste fervent, ou du moins un fervent phalangiste, ou du moins l’avait-il été au début de la guerre (...) il fut le héros officiel de ma famille. »

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    Comment écrire sur sa famille ? L’auteur fait le choix de l’enquête, enquête autour du héros de la famille, Manuel, l’oncle adoré de sa mère, enquête dans la petite ville d’Ibahernando berceau des Cercas. 

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    Javier Cercas pour comprendre va interroger les anciens, ceux qui ont fait le choix du franquisme, ceux qui à contrario ont combattu dans les rangs républicains. Il reconstitue le parcours de Manuel Mena.

    Il interroge les archives, livre des faits bruts : des dates, des faits. Il questionne les photos familiales, pour dresser un portrait sans fard qui peut à tout moment faire tomber le héros de son piédestal.

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    Bataille de l'Ebre durant laquelle mourut Manuel Mena

    Le livre est aussi l’interrogation de Cercas sur le bien fondé d’un tel livre, comprendre les choix terribles qui se sont offerts à cette génération, les erreurs commises, le nationalisme exacerbé, l’impression de redonner la fierté aux pauvres, l’envie de livrer un juste combat et pour finir avoir servi un régime à l’opposé, un régime de terreur et d’exactions. 

     

    Il y a des pages magnifiques dans ce livre, le symbole de la maison où fut soigné Manuel Mena est fort et beau. Le tableau de ce village en 1938 est passionnant, ces habitants pauvres mais qui croient qu’ils ont quelques privilèges durement gagnés et vont faire le choix du franquisme pour les protéger. 

    Manuel est le représentant de ces hommes incapables de comprendre que le nouveau régime va les renvoyer à leur misère et que seule la République aurait pu les défendre.
    On sent à travers le récit et l’histoire familiale, la faille que représente le franquisme encore aujourd’hui.

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    Javier Cercas

    Ce livre est le récit des erreurs commises par une génération, de l’ambiguïté des choix. Que faire de ce passé si pesant ?

    En lisant Javier Cercas j’ai repensé au film magnifique : Lacombe Lucien, comment on choisit la mauvaise cause, au livre de Marie Chaix Les Lauriers de Constance et la culpabilité d’appartenir à une famille de collaborateur. 

     

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    Sur le sujet de la guerre d’Espagne vous trouverez ici plusieurs chroniques

    Lune de loup de Julio LLamazares

    Le Gué de Ramon Sender

    Instants de guerre de Laurie Lee 

    Sans oublier bien sûr Les Soldats de Salamine de Javier Cercas ou le Crayon du charpentier de Manuel Rivas

     

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    Le livre : Le Monarque des ombres - Javier Cercas - traduit par Aleksandar Grujicie - Editions Actes Sud