Et si je vous offrais un petit voyage d’hiver, c’est bon d’aller chercher le soleil quand on frissonne sous les bourrasques.
Hop je vous embarque dans mes bagages pour une croisière sur le Nil l'embarcadère est ici dès demain
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Et si je vous offrais un petit voyage d’hiver, c’est bon d’aller chercher le soleil quand on frissonne sous les bourrasques.
Hop je vous embarque dans mes bagages pour une croisière sur le Nil l'embarcadère est ici dès demain
Quand la religion se fait douce
Les récits de conversion m'ont toujours laissé perplexe mais en feuilletant ce livre chez le libraire je me suis laissée prendre par quelques pages qui m’ont paru intéressantes et du coup toc je me suis retrouvée à la caisse avec.
Chacun sa nuit de feu, on connait celle de Pascal, Eric-Emmanuel Schmitt lui fut touché par la main de Dieu en plein désert alors qu’il marchait sur les pas de Charles de Foucauld
Philosophe de formation passé par Normale Sup il est devenu depuis peu scénariste. Pour construire un documentaire sur le Saint de Tamanrasset il est bon de vivre un peu cette vie du désert et pour cela il participe avec un groupe à une marche dans le Hoggar avec des Touaregs pour guides.
Philosophe jusqu’au bout des ongles il observe avec curiosité le guide qui s’isole pour prier. Le lieu est bien sûr propice à la réflexion, au dépouillement. Il jette un regard critique sur Thomas le botaniste de service qui veut tout montrer, tout justifier, tout comprendre.
Dans le groupe il y a aussi la croyante de service, un rien sectaire, un tantinet crispante.
La marche très vite décante la réflexion, les interrogations arrivent, les doutes.
Il faut un incident qui pendant quelques heures le sépare du groupe pour que la nuit de feu le touche.
Les récits mystiques c’est tout ou rien, ou je suis prise d’une épouvantable envie de rire ou je me sens touchée.
Ici c’est la simplicité qui touche, on comprend que l’expérience est indicible, qu’elle ne peut guère se partager. J’ai aimé que Eric-Emmanuel Schmitt ne tente pas de convaincre le lecteur, il en fait simplement le spectateur d’un événement qu’il ne s’explique pas mais qu’il rend de façon saisissante.
Aucun prosélytisme, il passera plusieurs années avant de parler de cette expérience. La pudeur habite ses mots, aucune coquetterie chez lui.
Le philosophe depuis n’a cessé de lire les textes spirituels de toutes les traditions. Son récit est très vivant, plein de petits détails très terre à terre qui lui donne toute sa crédibilité.
Sa nuit fut belle et l’a marqué à jamais et il sait nous faire partager son voyage intérieur et son bonheur faute de pouvoir et vouloir nous faire partager sa foi.
Le livre : La nuit de feu - Eric-Emmanuel Schmitt - Editions Albin Michel
Michel Onfray vitupère dans plusieurs de ses livres contre toutes les religions à l’origine de bien des violences, de bien des guerres. On peut le trouver parfois excessif certes mais voici un roman qui lui donne mille fois raison et qui de plus est superbement écrit.
L’Italie à l’approche de 1600, Sándor Márai nous propose ni plus ni moins que d’assister à la formation d’un moine de l’Inquisition, quand je dis formation je devrais dire perfectionnement car notre jeune moinillon a déjà été à bonne école à Avila.
Les remparts d'Avila
En Espagne l’Inquisition s’est déjà exercée à faire parler, à faire abjurer juifs et musulmans et notre jeune moine à déjà eu l’occasion de voir les effets des tourments infligés : « suspension par la corde, le supplice de l’eau, du feu et du brodequin français » il y a admiré les religieux qui encourageaient le bourreau à « arroser le bois sec de poix » afin que le bûcher monte haut et clair dans la nuit castillane.
L’Inquisition italienne trouve cela un peu tiède et notre moine est reçu et hébergé par une confrérie de volontaires qui vont le former par l’exemple car ils ont pour mission d’inciter au repentir « par tous les moyens » les hérétiques soumis à leurs bons offices.
Tribunal Inquisitorial
Pendant les 16 mois de son apprentissage notre futur inquisiteur obéit sans se rebeller, obéit comme ont obéit les dignitaires nazis, les procureurs soviétiques ...
Il tient une sorte de journal pendant son séjour et c’est par sa voix que le lecteur entre dans ce monde de ténèbres où il importe de
« réduire à néant tous les livres, auteurs et lecteurs louches parce qu’il n’y aurait pas d’ordre dans le monde tant que vivraient des hommes qui feraient l’expérience de penser par eux-mêmes » car l’invention de l’imprimerie est un quasi péché qui permet la diffusion d’idées subversives.
Un grain de sable va venir se glisser dans les rouages si bien huilés de l’Inquisition lorsque notre apprenti rencontre Giordano Bruno lors de « l’ultime nuit » avant l’exécution de sa sentence.
C’est un roman parfait dans sa froideur, dans sa simplicité apparente, le réquisitoire est long mais le propos est fort et ce type de livre est en soit une arme contre tous les totalitarismes qu’ils soient politiques ou religieux. Sándor Márai a souffert de l’exil et il trouve là l’occasion de nous inviter à affirmer avec force notre liberté de penser et de croire.
L’avis d’Eeguab et de Sandrine
Le livre : La nuit du bûcher - Sándor Márai - Traduit par Catherine Faye - Editions Albin Michel
Quand la religion s’en mêle la violence n’est jamais loin.
Nous vivons un temps difficile mais cette violence qui nous fait peur et nous étonne a déjà eu lieu.
Petit retour vers un temps où l’on tuait aussi bien pour la cause du Christ qu'au nom d'Allah
Dans tous les cas les hommes luttent surtout pour le pouvoir plus encore que pour leur Dieu
un bon roman pour réveiller notre mémoire
J’ai renoué d’un seul coup avec les romans qui racontent une bonne histoire et un romancier qui sait comment la raconter.
Je suppose qu’un jour ou l’autre vous avez vu le film Mississipi burning, si oui vous êtes déjà dans l’ambiance de Magic time.
Gene Hackman et Willem Dafoe - Mississippi burning d'Alan Parker
Les années noires de l’Amérique, celles au cours desquelles l’on pendait, l’on mutilait, l’on lynchait des noirs américains juste pour les empêcher de s’inscrire sur les listes électorales des états du sud et leur refuser les droits les plus élémentaires.
Doug Marlette évoque avec force et convictions le mouvement des droits civiques et il emprunte les allées de la fiction pour mieux nous tenir à sa merci.
Son roman se déroule sur deux époques, 1965 et 1990, son héros Carter Ramson est journaliste au New York Chroniqueur, victime d’un stress post-traumatique lorsque un attentat islamiste en 1990 manque d’emporter la femme qu’il aime, cet évènement est venu réveiller ses vieux démons et la folie meurtrière qui a cassé sa vie en deux un jour de 1965 lorsque dans le Mississipi une action du Klu Klux Klan a tué plusieurs de ses amis.
La Longue Marche De Martin Luther King
Carter Ramson c’est LE journaliste dans toute sa splendeur, habile, libre, intègre mais tout couturé de cicatrices invisibles.
Pour l’aider sa soeur Sally le ramène au pays, à Troy où il retrouve ses vieux amis de jadis, Jimbo, Lonnie et Stephen, son père l’inflexible juge Ramson qui fête sa retraite mais il retrouve aussi les démons du passé en la personne du procureur Sydney Rushton qui va rouvrir le procès de l’incendie de l’église de Shiloe qui coûta la mort à quatre jeunes activistes amis de Carter en 1965, le principal accusé ayant échappé à l’époque à toute condamnation.
Carter Ramson devra témoigner au procès.
Des victimes parmi d'autres
Construit avec la technique du flash back, le roman progresse très habilement, peu à peu apparait le tableau de cette société sudiste qui mélange compassion et haine pour les noirs, qui fait porter les soupçons sur les coupables mais aussi parfois sur les innocents, qui relit son histoire avec regret ou complaisance, on n’y voit le courage et la lâcheté à l’oeuvre.
Doug Marlette compose un beau portrait d’homme qui petit à petit se construit une conscience politique et l’intrigue avance inexorablement vers son dénouement.
C’est un excellent roman avec un petit bémol, mais vraiment petit, le nombre de personnages secondaires parmi lesquels on se perd un peu parfois mais c’est tout à fait secondaire par rapport à l’intérêt du thème et à la façon très rigoureuse dont l’intrigue est menée.
Un clin d'oeil à Keisha qui m'a fait connaitre ce livre
Merci à Eeguab qui m'a signalé cette chanson qui salue les victimes
Le livre : Magic Time - Doug Marlette - Traduit par Karine Laléchère - Editions Le Cherche Midi
Ah ces américains, on les critique, on les vilipende, on les moque et ils nous effrayent quand ils songent brusquement à élire Sarah Palin ou Donald Trum mais n’oublions pas qu’après avoir pratiqué la ségrégation raciale, avoir lynché des noirs ....ils ont fini par en élire un Président.
A quand chez nous patrie de droits de l’homme.... une femme à la présidence ?
Allez hop demain je brandis la bannière étoilée