Observateur de la nature et poète voilà un auteur fait pour moi. Son oeuvre sera rassemblée en trois tomes chez Maurice Nadeau, à ce jour seuls les deux premiers sont sortis.
Baie d'Audierne
Les deux livres sont constitués d’écrits invitant au voyage : Cornouailles, Ecosse ou Pays de Galles, Vannes ou la Baie d’Audierne. Le troisième tome qui devrait nous emporter à Saint Pierre et Miquelon.
J’ai erré tout l’été en sa compagnie, ce sont des textes qui défient le temps, la géographie, la poésie car c’est un mélange des trois.
Alexis Gloaguen nous promène dans des friches, des mines abandonnées, des écluses ou estuaires, des marais, des sentiers cachés à l’oeil du passant ordinaire.
Ecluse bretonne
Sa relation aux lieux, aux plantes, aux insectes est toute personnelle, elle est irriguée de poésie, on s’immerge dans des marais salants, on se fait pêcheur d’oiseaux, observateurs de libellules, la nature sauvage nous est donnée, offerte
Un monde sauvage de vent et de pluie avec en arrière fond les connaissances de l’entomologiste :
« Voir la danse de l’æschne bleue au-dessus d’un étang forestier peut donner l’approximation rapide de l’éternité. Oblique, elle gobe les moucherons et semble téter le ciel. Imprévisible, elle va du sommet des chênes au col des joncs en passant par les ramures basses des saules. Elle vire et roule en quête d’une image mentale sur laquelle soudain ressortent les proies. Sa rapidité presque sans limites n’autorise que les plus prompts des oiseaux, et les moins réticents aux pirouettes aériennes, à la capturer en vol. »
Du botaniste :
« À mes pieds vibre une hampe de ciguë de l’année passée. Elle est sèche, marquée par les trous que les insectes de l’hiver y ont faits pour s’abriter. De ce cylindre cloisonné, qu’ils ont bouché puis rouvert au printemps, il reste aujourd’hui la longue archéologie d’un train vertical. »
De l’ornithologue
« Lors du vol migratoire, l’oie de tête, source d’ondes aériennes qui aident les suivantes et les orientent, est fréquemment relayée. Et lorsque la troupe s’alimente au bord des rives, chaque oiseau veille à son tour, laissant les autres tamiser la vase au filtre sensible de leurs becs, chicaner pour des raisons mystérieuses, émettre leurs cris tragi-comiques, se lisser les plumes, osciller sur le clapot. »
J’ai aimé le côté contemplatif mais aussi crapahuteur de l’auteur. J’ai aimé le rythme de l’écriture, la passion du vent, des paysages, d’une nature en train hélas de disparaitre « C’est pour moi une source perpétuelle d’inspiration… C’est la montagne, l’estuaire, les oiseaux qui écrivent. »
Si vous êtes lecteur des Souvenirs entomologiques ou de Walden vous êtes prêts pour explorer la nature d’Alexis Gloaguen
Les photos de Rémy Basque et les dessins de Jean-Pierre Delapré illustrent parfaitement les textes.
Les Livres : Ecrits de Nature Tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen - Editions Maurice Nadeau