Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bribes et brindilles - Page 36

  • Nicolas de Staël

    Le peintre, le sens du beau et du sublime

     

    Si malgré ce temps qui est là, je vous disais dans mon esprit, un an , deux ans, dix ans ne sont rien, qu’être artiste ce n’est pas compter, mais vivre comme l’arbre sans presser sa sève, attendre l’été, et l’été vient, mais qu’il faut avoir de la patience, de la patience...

     

    Nicolas-de-Stael--Vue-d-Agrigente--1954.jpg

    Vue d'Agrigente

     

    Il faut beaucoup travailler, une tonne de passion et cent grammes de patience.

     

    Nicolas-de-Stael-Mediterranee.jpg

    Méditerannée

     

    Ce que j’essaie, c’est un renouvellement continu, vraiment continu, et ce n’est pas facile. Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force, c’est une chose fragile, dans le sens du bon, du sublime.


    Le livre
    Lettres - Nicolas de Staël - Editions Ides et Calendes - 1998

  • Avec Camus

    camus.jpg

    Le désir de grandeur, la nostalgie de la noblesse apparaissaient même dans le choix des choses qui l’entouraient. Sa réserve naturelle n’excluait pas son don de sympathie ; elle donnait à son noli me tangere une simple valeur de défense contre le banal et l’indigne et conférait encore plus de prix à son estime et à son amitié.(1)

     

    tipasa.jpg

    Tipasa

    Camus prolongeait Giono, que j'aimais, mais me rapprochait de de la Grèce et de Rome. De l'Afrique aussi. C'était le printemps, le soleil donnait, je vivais. Quand je fermais les yeux, je respirais l'odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa (2) 


    J’ai dit que Camus fut heureux dans son métier d’éditorialiste. Devant certains portraits que l’on a pu tracer de lui , l’impatience vient de ce que les images de bonheur y sont par trop négligées. Or pour ceux qui l’ont connu, ces images restent en définitive les plus vives.
    Pour savoir ce que peut être un homme heureux, il faut sans doute avoir vu Camus devant la mer et dans le soleil, passionné par un match de football, ou ravi de se mêler aux danseurs dans un bal populaire. (3)

     

    camus.png

    Il pressent un avenir sombre, les hommes emportés par la fureur, « exilés dans la haine » contraints à « une étreinte mortelle » Ses articles parlent de réconciliation, de justice, de raison et de liberté. De solidarité aussi. Camus refuse de désespérer. Il appelle ses lecteurs à ne pas fuir ni à adorer l’histoire, cette force qui dépasse les hommes mais qu’ils doivent affronter en gardant les yeux ouverts.(entre guillemets : Lettre à un militant algérien. A Camus)(2)


    Les livres
    1 Albert Camus - Jean Grenier - Gallimard
    2 Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau - Editions Menges
    3 Avec Camus - Jean Daniel - Gallimard

  • Le mot et la chose

    Quand la vie est pleine de présences, riche d’échanges, heureuse de vraies paroles, lorsqu’elle est bien remplie, grosse comme un bourgeon bientôt en fleur, gonflée comme le ventre d’une femme enceinte, il n’y a guère de place pour l’écriture — sauf pour ne pas oublier que ces moments pleins ne furent pas, comme parviendrait presque à vous le faire croire la fuite inutile des jours , un rêve — une pure illusion.

    mot-01ce2.jpg

    Des mots, des mots

    Le mot vient après, comme une nostalgie : envers du plein, c’est à dire en creux, empreinte d’un pas dans l’argile, masque mortuaire d’un visage aimé disparu, chiffre bientôt illisible.

    Le mot apparaît quand la chose disparaît. Il vient à la rescousse quand la chose manque. Le mot est la jauge de l’absence.

     

    Dali-persistance-memoire(1931).jpg

    La persistance de la mémoire - Salvador Dali

    L’écriture est maladie de la mémoire et santé de l’oubli.


    un billet complet sur ce livre chez Ex Libris

    Le livre : Orient intime - Yves Leclair - Gallimard l’Arpenteur

  • Le Jardin d'Epicure

     

    morale.jpg

    Demander une morale à la science, s’est s’exposer à de cruels mécomptes. On croyait il y a trois cent ans, que la terre était le centre de la création. Nous savons aujourd’hui qu’elle n’est qu’une goutte figée du soleil. (...) Mais en quoi notre morale a-t-elle été changée par de si prodigieuses découvertes ?

    ignorance.jpg

    L’intolérance est de tous les temps. Il n’est point de religion qui n’ait eu ses fanatiques. Nous sommes tous enclins à l’adoration. Tout nous semble excellent dans ce que nous aimons, et cela nous fâche quand on nous montre le défaut de nos idoles. Les hommes ont grand-peine à mettre un peu de critique dans les sources de leurs croyances et dans l’origine de leur foi.

    salem.jpg

    Gravure représentant la chasse aux sorcières de Salem en 1692.

    L’ ignorance est la condition nécessaire, je ne dis pas du bonheur, mais de l’existence même. Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. Les sentiments qui nous la rendent ou douce ou du moins tolérable, naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions.

    Le livre : Le Jardin d’Epicure - Anatole France - Editions Coda

  • Pourquoi lire des classiques ?

    bibliotheque_ideale.jpg

    La bibliothèque idéale est-elle faite de classiques ?

    Il ne nous reste plus qu'à nous inventer chacun la bibliothèque idéale de nos classiques ; et je dirais que cette bibliothèque devra être composée pour moitié des livres que nous avons lus et qui ont compté pour nous, pour moitié des livres que nous nous proposons de lire et dont nous pensons qu'ils pourront compter.

    On appelle classique un livre qui à l'instar des anciens talismans se présente comme un équivalent de l'univers.

    Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu'ils ont laissée dans la ou les cultures qu'ils ont traversées.

    manguel.jpg

    Combien de classiques dans la bibliothèque d'Alberto Manguel ?

    Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : Je suis en train de le relire...
    et jamais : Je suis en train de le lire

    Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire

    Le livre : Pourquoi lire des classiques ? Italo Calvino - Editions du Seuil 1993

  • Tour du monde : Escale en Inde et au Népal


    "Je crois qu’on devrait s’en aller quelque part cet hiver"

    Bus-indien.jpg

    Bus indien


    Un conseil
    « Le voyage vertigineux en bus est fort honorable, certes, mais la vitre d’une fenêtre vous sépare, laisse vos sens en jachère. A ces lois de la vie qui jamais encore ne furent écrites devrait être ajouté, pour tout adulte, un an de marche à pied en pays étranger. En tant qu’exercice d’attention, de confiance, de tolérance. »

    Une rencontre : Choegyal Tulku moine dont la famille a été massacrée par les Chinois
    "L'artiste offre du thé au jasmin et des pommes. Une simple branche d'amandier en fleurs dans un verre. La propreté du plancher, les traits nets de son visage, le frôlement délicat de ses mains, la langue qui effleure le monde sans égratigner ni blesser. Au bout d'un long moment seulement, nous remarquons qu'il pleut toujours dehors car, ici, à l'intérieur, tout est lumière. La distance entre la branche en fleurs et l'odeur du thé donne de la lumière. La distance entre la pomme dans sa main et l'éclat de son vêtement rouge. La simplicité. Il est un lama tibétain, assis très immobile et qui sourit."

    monastère nepal .jpg

    Monastère au Népal

    Les lieux
    De Delhi au Népal du Râjasthan à la Suéde.

    Les hommes
    Amateur d’oiseaux, artistes, artisans, intouchables, moines dans un monastère, dissidents politiques, journalistes ou simplement amis.

    La nature
    Grues des neiges en voie de disparition,  antilopes bleues, et " forêts hérissées de termitières et peuplées de geais bleus "

    geaibleuef3.jpg


    Tout est proximité à Göran Tunström, les hommes et femmes rencontrés « Je n’ai jamais cessé d’être fasciné par ce qui se cache sous les visages de tous les jours. Quels royaumes ! Quelle lumière ! Nous ne sommes jamais ce que nous semblons être  »

    En conclusion
    "Marcher sur terre, c'est découvrir avec quelle indécence la vie est brève "


    Le livre : Partir en hiver - Göran Tunström - Editions Actes Sud - 1988 (disponible)