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Bribes et brindilles - Page 33

  • Bribes d'Hubert Voignier

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    Aussi je m’en vais par les routes pluvieuses ou ensoleillées d’avril, bordées d’orties vivaces et d’ombelles géantes, dont les petites grappes de fleurs blanches gravitent comme dans galaxies dans l’espace poudreux des talus et des fossés, à la recherche de ces champs d’herbe haute rehaussés de fleurs — faisant ressurgir en moi le souvenir d’enfance de vertes prairies constellées de narcisses au parfum amer sur le plateau d’Hauteville. 

     

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    © ivredelivres

     

    Aller à la découverte des hautes herbes, au détour des paysages repeints aux couleurs de la reverdie annuelle, est un bonheur comparable à celui de se lever tôt pour constater que le soleil règne en maitre absolu sur la campagne, avant que ses rayons ne frappant de plein fouet les yeux du promeneur matinal, à peine éveillé, ne le jettent , l’esprit à moitié sonné, sur le carreau éblouissant des routes.....

     

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    Le livre : Les Hautes herbes - Hubert Voignier - Cheyne Editeur

  • Bribes de Jan Skácel

     

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    © Pensées en images 

     

    La neige fait son lit 

     

    La neige aime les statues et ses plumes blanchâtres

    Lors de leur chute se reposent dessus.

    Sur les têtes des saints,

    sur les revers des généraux

    sur les poitrines de bronze ou de grès.

    là partout la neige fait son lit.

     

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    A la cime des arbres le vent ne cesse pas

    Le feuillage marmonne

    A croire qu’un ruisseau coule au dessus de nous

     

    Le soir cette eau se tait

    et le temps un instant est suspendu

    La terre se réconcilie avec le ciel

     

     

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    Le livre :  Ce que le vin sait de nous - Jan Skácel -  Editions La lettre volée

     et aussi

    Le livre : D’autres astres, plus loin, épars - Poètes européens du XXème siècle - Editions La Dogana 

  • Bribes Michèle Desbordes

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    Camille Claudel à Montdevergues

    " Ainsi la trouvait-il quand il arrivait, à l’ombre des chênes où elle s’installait pour le voir franchir les grilles et pénétrer dans la cour, la petite place aux platanes où il prenait l’allée du haut, le chemin de terre et de pierres qui bientôt s’étrécissait jusqu’à devenir l’étroit raidillon sous les arbres

     

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                 Asile de Montdevergues  © Arpenteuse d'étoiles

     

    les cèdres et les tamaris dont on sentait les parfums sur toute la colline, et s’il faisait beau ils partaient sur les allées et marchaient dans le parc, parfois même sur les sentiers qu’il y avait après les pavillons, ils marchaient ensemble comme autrefois, foulant les broussailles et les petites garrigues, les odeurs très chaudes, et s’arrêtant pour reprendre souffle ils contemplaient les Alpes et le Lubéron."

     

    Le livre : La robe bleue - Michèle Desbordes - Editions Verdier

  • Bribes d'un naturaliste

     

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    ©Antoine Léoncini   site Naturapics

     

    « Lorsqu’il part en campagne, le naturaliste est dans un état de veille bien différent de celui du promeneur ordinaire. Il voit, il entend, il sent des choses qui échappent au profane. Sur un chemin de sous-bois qui invite à la rêverie, l’ornithologue sait qu’il est dans le territoire du pouillot siffleur. L’oiseau est difficile à voir, petite boule verdâtre et jaune cantonnée à la canopée, mais il est trahi par son chant peu sonore, qui rappelle le démarrage d’une mobylette.

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    Notre ornithologue sait aussi qu’un pic noir maraude dans le secteur, en voyant tombé un tronc, déchiqueté par le bec puissant de l’oiseau à la recherche d’insectes juteux. »

     

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                                     © Arudhio  site Dinosauria.com

    Le livre : La quête du naturaliste - Benoît Fontaine - Editions Transboréal

  • Bribe de Jean-Henri Fabre

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    « Au départ, vos pieds foulent les touffes balsamiques du Thym, qui forme tapis continu sur les croupes inférieures ; dans quelques heures, ils fouleront les sombres coussinets de la Saxifrage à feuilles opposées, le première plante qui s’offre au botaniste débarquant, en juillet, sur le rivage du Spitzberg.

     

     

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    En bas, dans les haies, vous avez récolté les fleurs écarlates du Grenadier, ami du ciel africain ; là-haut, vous récolterez un petit Pavot velu, qui abrite ses tiges sous une couverture de menus débris pierreux, et déploie sa large corolle jaune dans les solitudes glaciaires du Groenland et du Cap Nord, comme sur les pentes terminales du Ventoux »

     

     

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    Le Livre : Sur le Ventoux L’Ammophile hérissée - Jean-Henri Fabre - Editions Mercure de France

  • Bribe de Georges Perec

    Commençons par une brindille


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    " De 1892 à 1924, près de seize millions d’émigrants en provenance d’Europe sont passés par Ellis Island "

     

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    " A partir de la première moitié du XIXe siècle, un formidable espoir secoue l'Europe : pour tous les peuples écrasés, opprimés, oppressés, asservis, massacrés, pour toutes les classes exploitées, affamées, ravagées par les épidémies, décimées par des années de disette et de famine, une terre promise se mit à exister : l'Amérique, une terre vierge ouverte à tous, une terre libre et généreuse où les damnés du vieux continent pourront devenir les pionniers d'un nouveau monde, les bâtisseurs d'une société sans injustice et sans préjugés. Pour les paysans irlandais dont les récoltes étaient dévastées, pour les libéraux allemands traqués après 1848, pour les nationalistes polonais écrasés après 1830, pour les Arméniens, pour les Grecs, pour les Turcs, pour tous les juifs de Russie et d'Autriche-Hongrie, pour les Italiens du Sud qui mouraient par centaine de milliers de choléra et de misère, l'Amérique devint le symbole de la vie nouvelle, de la chance enfin donnée, et c'est par dizaine de millions, par familles entières, par villages entiers que les immigrants s'embarquèrent pour ce voyage sans retour. 

    Pendant plusieurs dizaines d'années, l'ultime étape de cet exode sans précédent dans l'histoire de l'humanité fut, au terme d'une traversée le plus souvent effectuée dans des conditions épouvantables, un petit îlot nommé Ellis Island, où les services du Bureau Fédéral de l'Immigration avaient installé leur centre d'accueil. Ainsi, sur cet étroit banc de sable, à l'embouchure de l'Hudson, à quelques encablures de la statue de la Liberté alors toute récente, se sont rassemblés pour un temps, tous ceux qui, depuis, ont fait la Nation américaine. "

     

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                  Ellis island rénové

     

    Bribe de : Ellis island - Georges Perec - Editions P.O.L