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Bribes et brindilles - Page 40

  • Provence

    Quand je viens dans ce pays, quelque chose se délie en moi, mon inquiétude intérieure prend fin : c’est comme si l’on posait une main ferme et douce sur une blessure qui commencerait à se fermer. C’est une sensation de fraîcheur.(1)
    La Provence donne des leçons d’attachement qui ne sont pas perdues pour celui qui la visite non pas en touriste, mais en ami et qui l’habite au lieu d’y passer. (1)

     

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    La provence de Cézanne


    Le bleu chante, d’une pureté absolue, dans le ciel et sur la mer. Un figuier déplie ses premières feuilles sur la nudité grise des branches. Et une prairie s’étale, pour le jeu des fées, un tapis dont la brise penche les laines les unes sur les autres et les mélange, des pierres fauves et des disques de soleil que couvre et découvre, comme la vague, un champ de marguerites et de boutons d’or. (2)

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    Les Oliviers

    Les oliviers composent d’immenses temples silencieux et sombres ; la vigne avec ses bras noirs tout tordus envahit les champs les uns après les autres ; les terres les plus solitaires portent les forêtes d’amandiers brûlants dans des feutres d’herbes dures, de chardons et de thym qui mélangent sous l’ombre claire les somptueuses couleurs de leurs fleurs bleu-jaune et rouges franchement. (3)

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    Les amandiers



    Les livres
    1 Inspirations méditerranéennes - Jean Grenier - Gallimard
    Idées et visions - André Suarès - Robert Laffont Bouquins
    Provence - Jean Giono - Gallimard

     

  • Le patriotisme des fleurs


    Un temps, la mode et la spéculation vous voulurent noires, et vous payèrent d’un haut prix. Plus votre deuil violacé était opaque, plus vos amants se ruinaient pour vous. Mais vint une époque de famine, et l’on fit cuire vos précieux bulbes pour les manger. Récemment, mauvais printemps de l’Occupation, Paris gonflé d’espoir, aigri de rancune profonde, vendait chez ses fleuristes des bulbes - trois par pots - qui trouvaient le moyen d’être séditieux (...) Mars venait, la nacre de l’oignon éveillé fendait sa sèche enveloppe, qui en place de tulipes donnait issue à trois jacinthes gaillardement chauvines - une bleue, une blanche, une rouge.

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    Jacinthes patriotres de Colette



    Le livre
    Pour un herbier - Colette - Editions Fayard

  • Promeneur secret

    Est-il interdit d’avoir des étoiles dans la tête ?
    D’être navigateur solitaire sans bateau ?
    Dont le rêve migrateur continue ?
    D’être naufragé sans île déserte ?
    Tant que le souffle de la vie est une parole poétique
    que le mental limité ne peut concevoir...

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    Shi Tao


    Le livre : Le Promeneur secret - Michel Jourdan - Editions La Part Commune

  • Tour de France

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    C’était déjà le soir quand nos voyageurs arrivèrent près de Lyon. Devant eux se dressaient les hautes collines couronnées par les dix-sept forts de Lyon. Ces collines étaient encore éclairées par les derniers rayons du crépuscule, tandis que la ville se couvrait de la brume du soir. Mais bientôt tous les becs de gaz s’allumèrent comme autant d’étoiles qui, perçant la brume de leur blanche lueur, illuminaient la ville tout entière et renvoyaient des reflets jusque sur les campagnes environnantes.

     

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    Atelier de canut


    Ces hautes maisons d’aspect pauvre d’où l’on entend sortir le bruit actif des métiers. C’est là qu’habite la nombreuse population ouvrière. Chacun à là son petit logement ou son atelier, souvent perché au cinquième ou sixième étage, souvent aussi enfoncé sous le sol, et il y travaille tout la journée à lancer la navette entre les fils de soie.


    Le livre
    :

    Le Tour de France par deux enfants - G Bruno - Editions Belin

  • L'Acropole

    L’impression que me fit Athènes est de beaucoup la plus forte que j’aie jamais ressentie. Il y a un lieu où la perfection existe (..)
    Je savais bien avant mon voyage que la Grèce avait créé la science, l’art, la philosophie, la civilisation ; mais l’échelle me manquait. Quand je vis l’Acropole, j’eus la révélation du divin. (Ernest Renan)

     

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    L'Acropole


    Elle était à ma droite, assise sur des collines légèrement élevées, et les ombres des montagnes, qui se prolongeaient jusqu’à elle, la détachaient vivement de tout le reste. C’était le Parthénon ; la ville entière restait cachée dans les replis du terrain et derrière les rochers de la citadelle. Il est difficile de peindre ce que je ressentais alors. Les regards attachés pendant de longues soirées sur ces pierres, dont je ne pouvais distinguer la forme, je ne sais quel charme prodigieux, et qui ne ressemblait à nul autre, m’attirait de ce côté. (Edgar Quinet)

     

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    Le Parthénon

    C’était donc à cette tribune que Périclès, Alcibiade et Démosthène firent entendre leur voix.

    J’ai vu du haut de l’Acropolis le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette : les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessus de nous : leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rose par les premiers reflets du jour; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l’ombre, le long des flancs de l’Hymette.
    Athènes, l’Acropolis et les débris du Parthénon se coloraient des plus belles teintes de la fleur du pêcher (...) au loin, la mer et le Pirée étaient tout blancs de lumière ; et la citadelle de Corinthe, renvoyant l’éclat du jour nouveau, brillait sur l’horizon du couchant, comme un rocher de pourpre et de feu. (Chateaubriand)


    Le livre
    Vu sur l’Acropole - M Chateaubriand, Edgar Quinet, Ernest Renan - Editions La Bibliothèque

  • Ermitage

    L’homme que le malheur a plongé dans la peine, qu’il n’aille pas à la légère se raser la tête ou se livrer à d’autres caprices, mais que plutôt, il ferme discrètement l’huis sur soi et vive sans rien attendre de ses nuits et ses jours. (1)

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    A l’approche de la soixantaine , à l’âge où la vie devient aussi fragile que la rosée, j’ai cependant construit de nouveaux un abri pour mes vieux jours.
    Au printemps je vois les glycines en fleur; elles s’étalent à l’ouest comme un nuage violet. En été j’entends le chant des coucous; et chaque fois, j’ai l’impression de faire un pacte avec eux pour qu’ils me servent de guides au suprême passage de la montagne de la mort. En automne, mes oreilles sont pleines du chant des cigales, qui semblent déplorer le caractère éphémère et fuyant de ce monde. En hiver, je contemple la neige, qui s’accumule ou fond, comme nos pêchés qui apparaissent et disparaissent. (2)




    Le livre :

    Les heures oisives - Urabe Kenkô   (1)
    Notes de ma cabane de moine  Kamo no Chômei (2)
    Ces deux textes publiés en un volume aux éditions Gallimard