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Bribes et brindilles - Page 41

  • Insectes


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    "Elle porte une jupe de papier sulfurisé vert d’eau, sèche et parchemineuse. Par-dessous, le jupon est en papier de soie finement plissé. Cela est strictement serré à la taille et dissimule le bas du corps mais, parfois, ce qui paraissait un vêtement révèle sa vraie nature, s’ouvre par le milieu, se déploie en éventail sur les côtés, d’un coup se met à battre. Alors, la petite personne gracile ait tournoyer ses voiles et ses tulles, froufroute imperceptiblement, disparaît un peu plus loin, devient feuille."

    Mante religieuse

     

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    Coccinelles. Voilà les petits mots lâchés. C’est que la bête à bon Dieu, telle les femmes recluses dans les couvents, a une double identité. L’état civil, lui, n’a retenu que la couleur, coccineus : écarlate. Mauvaise idée car, des coccinelles, il s’en trouve tout autant de jaunes, de rouges que d’orangées, d’autres encore comme un petit bout de charbon de bois à deux points incandescents. Décidément ça ne vaudra jamais son nom de religion.

    Coccinelles

     

    Le livre :  Matériaux pour une histoire raisonnée des insectes - Bernard Dumortier - La Fosse aux ours

  • Florence

    Florence

    Dessous tes ponts multicolores
    L’Arno prophète paisiblement s’ensable
    Et dans les reflets tranquilles brise à peine
    Les arches sévères parmi les fleurs qui se fanent

     

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    "Florence, lys de puissance, rejeton printanier"

     

    Le livre : Chants Orphiques - Dino Campana - Editions Allia

    Vous pouvez retrouver un billet sur ce livre chez Claude

  • Pétra la bariolée

    Pétra la bariolée

    "Les veines bleues, roses, les stries qui ondulent et serpentent à travers le grès, la moirure des couches ferrugineuses font frissonner la pierre.
    Avec ses demeures froissées par le vent, fripées par le sable, cette ville morte est recouverte d’un voile qui en brouille la perfection géométrique.
    Ce voile soyeux a même donné son nom à l’une des tombes, la « tombe de soie » sans que l’on puisse oublier que Pétra s’appelait en araméen Arquem, en nabatéen requem : « la bariolée ».

     

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    "On a beau l'avoir vu mille fois, c'est un choc. Le "Trésor" apparaît "

    "Quand ce n’était pas par Alexandrie ou Palmyre, le commerce de la soie transitait par Pétra, celui de l’encens aussi, la myrrhe, les épices, l’huile d’olive, l’asphalte, les dattes, le cuivre - jusqu’à ce que les Romains, pour limiter les intermédiaires, déroutent le trafic par la mer Rouge et par Alexandrie, et tarissent la fortune de la ville."


    Le livre : Rendez-vous dans une autre vie - Jérôme Prieur - Seuil
    la photo : sur ce site

  • L'olivier

    Une brindille dédiée à Colo

     

    Cueilleurs d’olives

    Andalous de Jaén,
    Altiers ceuilleurs d’olives,
    Dites-moi du fond de l’âme
    Qui a fait naître l’olivier ?

    Ni le néant,
    Ni l’or, ni Dieu
    mais la terre silencieuse,
    le travail et la sueur.

    Unis à l’eau pure
    aux planètes unis,
    ils donnèrent
    la beauté des troncs tordus

     

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    Les oliviers

    Les oliviers tordus par les temps
    et par les vents d’orages, se sont levés
    sur le sourcil étroit de cette terre,
    comme s’ils enlaçaient le sol et la pierre
    de leurs branches qui ont tant souffert

     

     

    La photo chez Espaces, instants

    Les auteurs
    Cueilleurs d'olives - Miguel Hernandez Giner
    Les oliviers - Dimitris Gotsis

    Le livre
    Feuilles d'olivier anthologie poétique et littéraire - Jacques Bonnadier et Joseph Pacini - Editions A Barthélémy

  • L'autre hémisphère du temps

    Cinq siècles après les navigateurs qui sillonnèrent deux océans, il fallut encore renoncer dans l’enfance à la représentation médiévale d’une terre posée à plat, comme sur ce tapis de salle à manger dont les motifs permettaient d’inventer des flores et des pays.
    Nous aussi nous avons imaginé des hommes la tête en bas quand nous avons appris que la terre était ronde ; et quand nous avons su qu’elle tournait sur elle-même nous avons été pris d’un léger vertige, à l’idée qu’il faudrait tenir debout sur cette toupie lancée à toute allure.

     

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    Amérigo Vespucci - The Granger Collection, New York City


    D’un bout à l’autre, l’histoire des grandes découvertes est une histoire de leurres et d’oublis : c’est une partie aux dés pipés, par un dieu qui se cache derrière les nuages, une partie où les rois, sur une terre qu’ils croient ferme, jouent sans cesse à qui perd gagne.

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    Christophe Colomb arrive en Amérique


    Le temps, c’était donc lui la figure de proue à l’avant de tous les navires, monstre ou sirène aux formes lisses dans le vent du départ, visage mouillé de larmes après avoir essuyé les tempêtes, vieux bois vermoulu survivant à tous les naufrages et flottant à la fin sur les eaux de la mémoire.
    C’est lui qui fait courir les nuages et qui gonfle les voiles, qui se retourne et s’enroule sur lui-même en orient, qui lance des vaisseaux dans un sens et dans l’autre, les fait danser entre la lune et la marée, accompagne nos musiques et le compte des syllabes, les brèves et les longues se succèdent par vagues.

     

    Le livre : L'autre hémisphère du temps - Gérard Macé - Editions Gallimard
    Images : Librairie du Congrès Washington USA et Granger Collection New York

  • L'agronome sifflotant

    L'agronome sifflotant

    J’ai rompu ma tiède coquille en pleine terre agricole : du soleil à travers les feuilles d’un tilleul, des graviers riches en mica,divers pétales dans la jardin, puis — autour — les champs cultivés. Planches et sentiers, semis et plantes du potager, champs distribués le long des chemins et séparés par des talus, à l’intérieur divisés selon les emblavures, elles-mêmes marquées du dessin de la herse ou des semailles qui lèvent.

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    Paysages de l'Hérault

    Nous avons vu, après les sabotiers et les cordonniers, disparaître encore d’autres artisanats : bourrelier, maréchal, charron, parce qu’ils dépendaient des chevaux.

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    Chevaux en Lozère

    La trace des gestes agricoles sur le sol et dans la topographie du bocage, ou sur les objets marqués d’usure, m’est apparue — malgré le travail pénible des agriculteurs — comme l’empreinte d’une tendresse, la rude épreuve des soins donnés à la terre, dont l’homme, non sans inquiétude, attend croissance, issue, multiplication.

     

    Le livre : Traquet motteux - Jean-Loup Trassard - Editions le Temps qu'il fait
    Les photos de George Souche toutes plus magnifiques les unes que les autres sur son blog Terra de lutz