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  • Olga - Bernard Schlink

    Depuis Le Liseur j’ai lu un peu Bernard  Schlink mais sans jamais être totalement emportée.
    Avec ce roman j’ai retrouvé sa patte, un personnage hors norme et un récit très prenant.
    Le traducteur de ce roman est gage de qualité avant même la lecture.

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    Le Traducteur Bernard Lortholary

    Olga est née en Silésie mais la mort de ses parents l’envoie vivre chez une grand-mère en Poméranie. Rude changement. L’enfant refuse de se plier aux traditions locales, refuse de voir germaniser son prénom en Helga.

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    Rattachement d'une partie de la Silésie à L'Allemagne

    Elle va faire preuve partout et toujours de cette même détermination face à ceux qui prônent des études minimum pour une fille. La lecture lui sert d’exutoire et d’échappatoire.

    Contre vents et marées elle devient institutrice. Lorsqu’elle rencontre Herbert Schröder dont elle tombe amoureuse mais qui est issu d’une famille dans laquelle il est impensable d’admettre une petite orpheline pauvre.
    Olga fait face à ce refus des conventions. 

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    Ecole en Allemagne autour de 1914

    Mais l’amoureux n’est peut-être pas aussi amoureux qu’on pourrait le croire, il a envie d’aventure, de réussite, de gloire, d’héroïsme, ses rêves sont aussi ceux de l’Allemagne de l’époque.
    L' Afrique puis l’Arctique vont tour à tour servir ses rêves bien loin d’Olga qu’il retrouve pour de furtifs instants amoureux lors de ses permissions.
    Quand il disparait lors d’une expédition au Spitzberg, Olga, va tenter d’entamer une correspondance avec son amour lointain.

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    Spitzberg dans les années 30

    Olga est une insoumise de nature et elle va connaitre seule les deux guerres, le nazisme, elle va faire face, jamais elle n’abandonne la pensée d’Herbert dont l’amour irrigue toute sa vie. 
    Elle est et reste une femme observatrice, courageuse.

    Le roman est comme Le liseur un roman qui recèle une forme de secret que je vous laisse découvrir. L’émotion bien que distanciée par moment est présente un peu comme le feu sous la glace. Un roman qui m’a fait renouer avec l’auteur 

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    Le livre : Olga - Bernard Schlink - Traduit par Bernard Lortholary - Editions Gallimard

  • Bribes de poésie chinoise

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    Ni fleur ni brume

    Fleur. Est-ce une fleur ?

    Brume. Est-ce la brume ?

    Arrivant à minuit,

    S’en allant avant l’aube.

    Elle est là : douceur d’un printemps éphémère.

    Elle est partie : nuée du matin, nulle trace.

                        Po Chü-i

                                                

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    Pensée nocturne

    Devant mon lit clarté lunaire

    Est-ce du givre couvrant la terre ?

    Tête levée, je vois la lune ;

    Yeux baissés songe au sol natal.

                               Li Po

     

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    Le livre : Entre Fleuve et nuages Voix de poètes dans la chine d’hier et d’aujourd’hui - François Cheng - Editions Albin Michel

  • Les Simples - Yannick Grannec

     

    Je sais que l'on vient de vivre un confinement mais partir dans une abbaye bénédictine ça vous tente ? Si je vous dis que c’est dans le sud de la France ? Tout près de Vence ? Je vous sens déjà plus tenté.

    Dans les années quinze cent quelque chose la congrégation de Notre -Dame du Loup est plutôt prospère grâce aux sirops, pommades, onguents et plantes qui ont fait sa renommée et sa richesse, même les grands utilisent le savoir des nonnes, jusqu’au roi de France et au Pape. 

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    « Notre-dame du Loup est une forteresse austère, ceinturée de façades aveugles, sans aucun des charmants agréments que le siècle a apportés »

    Entrons plus avant dans l’abbaye des Louventines.  La Mère abbesse Marie-Vérane la dirige avec poigne et justesse mais la règle de Saint Benoit n’empêche ni l’envie, ni la jalousie, et moins encore la convoitise, le tout mêlé parfois à une aspiration à la sainteté !
    Une guerre en règle est déclarée entre l’Abesse et la prieure, sœur Marie-Angèle de l’Incarnation.

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    Soeur Clémence, la doyenne est l’âme de l’abbaye, c’est elle qui connait les simples et leurs vertus.
    Savoir qu’elle tente de partager avec Gabrielle une novice instruite, intelligente.
    La recherche, la récolte et les préparations sont le secret le mieux gardé de l’abbaye.

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    Les soeurs exercent aussi leur savoir dans un dispensaire pour les nécessiteux. L’existence à cette époque est toujours menacée par les accouchements désastreux, les épidémies ravageuses et les superstitions qui balayent toute rationalité.

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    La richesse acquise par les Louventines grâce aux simples, aux plantes médicinales, est parfaite pour attiser la convoitise du clergé local. 
    Le savoir de ces femmes frise l’hérésie car il échappe au pouvoir temporel et à la férule de l’évêque, double pêché.
    L'inquisition n’est jamais loin pas plus que l’accusation de sorcellerie

    Léon de la Sine est un jeune homme très obéissant, il n’a guère le choix, dans sa famille c’est l’ainé qui héritera des terres et du titre. Il est en mission pour l’évêque de Vence Jean de Solines afin d’ inspecter cette abbaye et si possible y trouver des manquements qui permettent à l’évêque de glisser son pied dans la faille et de s'en approprier les biens.

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    Ce qu’il veut : mettre la main sur les recettes, les bénéfices, supprimer l’hôpital des indigents et surtout rapatrier  en son église les reliques de Sainte Vérane qui assure la notoriété de l’abbaye
    Le meilleur moyen c’est de jeter le discrédit sur l’abbaye et son abbesse 
    Il a le soutien du clergé et du corps médical local, tous acquis à sa cause car l’abbaye leur fait de l’ombre.

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    Léon de la Sine encore très naïf va trouver du charme à Gabrielle la novice. Victime d'un grave accident il va être soigner par les soeurs du couvent et sa mère va lancer une opération récupération qui va faire basculer tout ce beau monde cul par dessus tête.

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    Un roman plein de richesse, fouillé, dense  plein d’érudition et d'originalité, très visuel je verrai bien ce roman en mini série. C’est savoureux. J'ai aimé certains personnages et en premier lieu les simples qui deviennent les héroïnes principales.

    L’écriture s’appuie sur une belle documentation qui restitue le souffle et l’esprit , un bel éclairage d’une période que j’aime. J'avais aimé le premier roman de Yannick Grannec sur un sujet très différent. 

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    Le livre: Les Simples - Yannick Grannec - Editions Anne Carrière

     

     

  • Où vont les vents sauvages - Nick Hunt

    « Le vent qui vient à travers la montagne m’a rendu fou ! » Victor Hugo 

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    C’est une belle invitation à l’aventure que ce livre. Quand Nick Hunt était très jeune le vent l'a presque emporté, il en a gardé le souvenir qui est sans doute à l’origine de cette quête derrière les vents d’Europe.

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    L’auteur est allé à la poursuite des vents la plupart du temps à pied. Armé d’un bagage léger, anémomètre et cartes météo il a suivi les couloirs des vents.

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    Sa chasse s’est exercée envers 4 vents

    Chez lui d’abord dans les Pennines «  zone de hautes terres la plus étendue d’Angleterre » 

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    Les Pennines 

    Nick Hunt poursuit l’Helm. Pour le rencontrer il faut parcourir le Cross Fell, c’est le sommet des Pennines. Rassurez vous si vous ne voyez pas où c’est, j’ai du faire une petite recherche pour m’y retrouver.

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    Cross Fell

    « L’Helm pouvait propulser quelqu’un en l’air, catapulter des moutons comme de simples morceaux de laine, renverser de lourdes charrettes et détruire des étables en pierre »

    L’Helm est le seul vent auquel on a donné un nom chez nos ennemis du Brexit.

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    La Bora 

    Sa quête va le mener ensuite vers la Bora, un vent amer, nerveux, sec et glacial qui souffle de Trieste à travers la Slovénie et le long de la côte croate. Le vent qui souffla pour Rilke, Svevo ou Joyce. 

    La Bora est un vent froid terrible qui comme tous les vents curieusement souffle toujours trois, six ou neuf jours !

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    Sens Croatie 2012

    En 2012 «  La température avait plongé à moins quatorze degrés et la Bora créé de fantastiques sculpture de glace dans le port de Senj » 

    Pour Nick Hunt c’est l’occasion de rencontrer Tomas un personnage un peu extraordinaire qui va le sortir d’un mauvais pas « quand je me suis perdu dans les montagnes de Croatie et que je risquais de faire face à une situation terrible, il m'a pratiquement sauvé. C'est une personne extraordinairement excentrique et généreuse »

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    «  Il peut être violent comme un ouragan, faire couler les navires, écraser les maisons, renverser des camions, bloquer des autoroutes, déraciner des arbres, projeter des poissons hors de l’eau »

    Fini le froid, voilà un vent chaud, peut être que comme moi, vous ignorez où souffle le foehn, si vous imaginez ça dans un désert vous êtes à côté de la plaque !! 

    Le foehn c’est le vent qui balaie la plus longue chaine de montagnes d’Europe, vallées alpines, vallées du Rhin, les Quatre cantons, le Tessin jusqu’au Valais. Surprenant non ?

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    Un vent chaud et sec souvent associé à la mauvaise santé, aux migraines, aux crises de folie. Vous savez ces récits qui commencent ainsi « le Foehn soufflait ce jour là » 
    Il souffle aussi chez les puissants et riches du Liechtenstein, mais aussi chez les humbles du pays de Heidisi vous avez un doute ressortez votre exemplaire du livre et vous pourrez vérifier.

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    le Pays d'Heidi pays du foehn

    « Elle restait immobile, à écouter la voix profonde et mystérieuse du vent, qui se manifestait à elle depuis les cimes des monts »

    Le Foehn porte des noms variés selon les circonstances et les lieux «  le plus vieil homme du Rhin » ou « Mangeur de neige » 

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    Je dois dire que c’est le vent qui a eu ma préférence peut être parce que j’ai pendant des années parcouru les vallées Suisses avec bonheur.

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    La Crau

    Enfin le dernier c’est le Mistral, avec Nick Hunt on le suit de Valence aux étendues de lavande et à la Crau.
    Le Mistral c’est « le vent de folie » qui a tourmenté Van Gogh. Le vent dont on dit que c’est celui des idiots.

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    Van Gogh Oliviers et Alpilles 

    « La cime des arbres tanguait, se débattait, bouillonnait, les branches supérieures hurlant tandis qu’elles écorchaient leurs écorces respectives. L’air était chaud chargé d’humidité, et il ne descendait pas du nord, mais d’au-dessus, de derrière, d’au-dessous, de toutes les directions en même temps »

     

    Mais qui sais que le Mistral joue un rôle important dans le séchage « de l'herbe ou dans l'élimination des microbes, ce qui signifie qu'aucun conservateur ou pesticide n'est requis »:
    Ce vent qui souffla à Orange pendant 16 jours consécutifs en 2004.Ce vent qui fait que l’on parle d’Avignon la venteuse.

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    Tempête Amélie

    Un bon récit de voyage, de ceux que j’aime car il m’a rendu presque visible ces vents que jamais personne ne voit, m’a fait croiser montagnards, bergers ou marins. Parcourir des paysages sauvages.

    Ce que j’ai aimé c’est que Nick Hunt nous parle bien entendu de ses randonnées derrière les éléments mais aussi de l’histoire des lieux : on croise Schiller, Rossini et Guillaume Tell mais aussi le sinistre Milošević

    J’ai aimé : passer de hauts plateaux à des villages inconnus, des petites villes pittoresques et pleines d’histoire, rencontrer les gens de ces contrées avec leurs légendes et leurs traditions. 

    J’ai aimé sa capacité à nous faire entendre et sentir le vent, ses coups, ses gémissements, ses cris parfois.

    J’ai aimé qu’il tienne mêlé la météorologie et la mythologie, l’auteur sait écouter les mythes et les légendes et passer de la superstition aux informations scientifiques, nous parler des cartes et des histoires, de poésie et de philosophie.

    Avec les changements climatiques les vents vont changer « puisque les températures déterminent ce qu'ils font et dans quelle direction ils soufflent. » Ne ratez pas ce témoignage. 

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    Le livre : Où vont les vents sauvages. Marcher à la rencontre des vents d’Europe, des Pennines jusqu’en Provence - Nick Hunt - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke

  • Vla le bon vent Vla l'joli vent

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    « C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde.
    De très grands vents en liesse par le monde, qui n’avaient d’aire ni de gîte…
    C’étaient de très grandes forces en croissance sur toutes les pistes de ce monde, et qui prenaient source plus haute qu’en nos chants… »

     

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    « Le vent sauvage de Novembre, le vent,
    L'avez-vous rencontré le vent,
    Au carrefour des trois cents routes,
    Criant de froid, soufflant d'ahan,
    L'avez-vous rencontré le vent,
    Celui des peurs et des déroutes ;
    L'avez-vous vu, cette nuit-là,
    Quand il jeta la lune à bas,
    Et que, n'en pouvant plus,
    Tous les villages vermoulus
    Criaient, comme des bêtes,
    Sous la tempête ?
    Sur la bruyère, infiniment,
    Voici le vent hurlant,
    Voici le vent cornant Novembre. »

     

    « Avec le vent de l'est, écoutez-le vouloir

    Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
    Avec le vent du nord, écoutez-le craquer

    Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
    Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter »

     

     

    Les sources :

    Vents - Saint John Perse - Editions Gallimard 
    Le vent - Emile Verhaeren 
    Le Plat pays - Jacques Brel 

     

  • Les Peintres par le détail

    Il y a mille et une façons d’apprécier et d’observer un tableau 
    La vue large, la vue de proximité qui embrasse l’ensemble 
    Mais il y a celle que je préfère je crois : Par le détail

    C’est le nom d’une collection de livres de peinture que j’ai découverte grâce aux cadeaux que j’ai reçu ces derniers mois. 

    Chaque fois ce fut un bonheur et je vous livre un secret, même si ces livres ne sont pas au prix d’un poche, ils sont accessibles pour une fois pour le commun des mortels (39,95 €)

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    Mes trois livres n’ont peut être pas trait à vos peintres préférés mais ils me permettent de vous mettre en appétit, pour vous ou pour vos cadeaux, car croyez moi pour les amoureux de peinture c’est un cadeau magnifique.

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    Allez hop, sortez vos loupes et vos jumelles et en avant

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    Pour chaque livre l’éditeur s’est attaché à faire une belle introduction composée en général d’une biographie du peintre, d’une présentation de l’ensemble de son oeuvre.

    Ensuite et c’est là le principal, les livres sont divisés en thèmes, ces thèmes qui parcourent l’oeuvre du peintre, qui sont sa marque de fabrique.

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    Van Eyck 

     « la richesse des étoffes, des bijoux »  

    Par exemple pour mon dernier livre reçu Van Eyck par le détail, les thèmes sont sans surprise : le divin, l’humanité, la nature, la vie quotidienne . Mais plus surprenant : la tactilité.

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    Van Eyck les anges musiciens

    « De manières variables avec le temps, le détail est l'objet de culte, de savoir, de pouvoir »

    Ainsi on balaye une multitudes de détails qui échappent nécessairement à la vision dans un musée ou à celle du tableau dans son ensemble. Chaque vignette est assortie d’un commentaire explicatif.

    Aujourd’hui les éditeurs et libraires sont à la peine alors je vous propose d’anticiper sur vos achats de noël et cette collection pourrait être sur votre liste de cadeaux 

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    Vermeer

    « Pour instaurer le pathétique de l'image, on se met à cultiver le détail : plaies, larmes, marques physiques de souffrance qu'on vénère constituent les points d'appui de cette fonction émotive de l'image »

    Si vous voulez en savoir un peu plus je vous invite à lire Daniel Arasse et son livre sur le sujet d’où sont extraites les citations qui accompagnent les images de cet article.

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    Bruegel 

    « En scrutant la surface, on met ainsi à jour des sens cachés, on établit une relation inédite avec la toile, on restitue aussi la genèse intime de l'œuvre, fabriquée de très près, touche après touche. »

    Vous pouvez trouver : Léonard de Vinci mais aussi Bosch ou Raphaël et merci à l'éditeur s'il veut bien rééditer Le Caravage !

    Les livres : 

    Bruegel par le détail - Manfred Sellink - Editions Hazan
    Vermeer par le détail - Gary Schwartz - Editions Hazan 
    Van Eyck par le détail - Maximilliann Maartens - Editions Hazan
    Le Détail une histoire rapprochée de la peinture - Daniel Arasse - Editions Flammarion