Florence Nightingale et Gustave Flaubert l’échappée égyptienne.
David Roberts
Flaubert tout de suite ça vous parle, mais Florence Nightingale ? un personnage hors du commun la sainte patronne des infirmières dont j’ai lu la vie il y a des décennies et qui a sans doute été pour beaucoup dans mon envie de devenir infirmière.
L’occasion de faire un superbe voyage sur le Nil, voyage quasi impossible aujourd’hui sauf à avoir un grand goût du risque.
Les deux voyageurs
En 1849 nos deux célébrités choisissent pour des motifs totalement différents de faire LE voyage en Egypte. Ils vont monter sur le même bateau mais leur périple prendra ensuite des chemins un peu différents.
Flaubert n’est pas au mieux de sa forme, il veut écrire mais jusqu’à présent ce n’est pas très concluant. Certes il a écrit un livre mais ses amis sont très partagés sur la qualité du dit livre. Il vient de subir plusieurs drames avec la perte de plusieurs êtres chers, alors un voyage pour surmonter tout ça ? pourquoi pas ? Il va partir avec Maxime du Camp qui est le véritable organisateur du voyage.
Photo de Maxime Du Camp
Florence elle c’est totalement différent, voilà une jeune femme issu de l’aristocratie anglaise qui refuse obstinément tous les prétendants que sa famille tente de lui faire épouser, qui crie haut et fort son envie de devenir infirmière au grand dam de sa famille.
« Elle avait connu une déception amoureuse, et se battait pour se libérer de sa famille, prête à renoncer à une vie confortable et très privilégiée pour accomplir une tâche qui lui tenait à coeur »
Que faisait-on à l’époque des jeunes filles insoumises ? On les mettait sur un bateau en espérant qu’un long voyage leur ferait oublier amours impossibles et autres fariboles.
Florence Nightingale en Crimée
C’est un moment où l’Europe est totalement fascinée par l’Egypte et par les voyages en général, et bien des générations de voyageurs ont vu la l’occasion de vivre la grande aventure. L’époque où les européens pouvaient allègrement piller les richesses du pays.
Ce qui réunit les deux personnages c’est le voyage intérieur qu’ils font chacun à sa façon.
Florence aime l’exotisme des bains turcs, ose se déguiser pour visiter les mosquées, mais est aussi attentive à la misère de la population bref on sent en elle tout ce qui fera sa détermination plus tard sur les champs de bataille de la guerre de Crimée : le culot, le courage et la détermination.
Flaubert c’est autre chose, son intérêt se porte parfois sur des lieux et des dames que la morale réprouve absolument plus que sur les temples et autres tombeaux. Le voyage l’aide à sortir d’une période dépressive et lui donnera la force d’entamer en rentrant à Paris SON grand roman.
Ils feront tous les deux le récit de leur voyage, récits dont Anthony Sattin dit avec humour
« mettons que Gustave Flaubert décrit mieux les bordels, et Florence Nightingale mieux les temples, mais elle écrit tout aussi bien. »
Anthony Sattin connaissait parfaitement la vie de Florence Nightingale pour avoir éditer ses lettres en Angleterre et a profité d’une coïncidence de dates pour mettre en perspective ces deux voyageurs « engagés sur des chemins distincts mais comparables » et pour lesquels le voyage en Egypte fut déterminant.
Le livre : Un hiver sur le Nil - Anthony Sattin - Traduit par Florence Hertz - Editions Noir sur Blanc