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  • Traduction trahison

    Traduction trahison, non ce n'est pas juste une expression parfois c'est la réalité.

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    Je vous explique, faute de parvenir à lire les derniers romans parus, cet été je me suis tournée vers des lectures ou relectures plus classiques.

    Dans ma bibliothèque j’avais les deux tomes des oeuvres de Jane Austen chez Omnibus. 

    Mais qu’est-ce qui m’a pris d’acheter ça ?  J’avais lu Jane Austen mais par petits bouts dans des traductions variées guères satisfaisantes mais lisibles.

    Seulement voilà les traductions chez Omnibus sont ....plus que faibles, elles gênent tellement la lecture que j’ai abandonné, je voulais lire Persuasion que je n’avais jamais lu (seulement vu l'adaptation de la BBC)  les premières pages sont quasiment incompréhensibles, on ne sait parfois pas qui parle, la construction des phrases est plus qu’approximative et ne parlons pas des concordances de temps. 

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    Heureusement j’ai une super médiathèque et j’ai emprunté Jane Austen dans la version Pléiade et je me suis réconciliée avec elle.

    On ne dit pas assez qu’une mauvaise traduction peut faire fuir un lecteur. La comparaison des deux traductions phrase par phrase est sans appel.

    Je vais relire avec délice Persuasion, je crois que c’est mon roman préféré, en attendant je l'ai écouté en version audio de parfaite qualité avec la voix et la diction parfaite de Camille Cobbi

    Il me reste à lire Emma et Mansfield Park dont certains disent que c'est le sommet de l'oeuvre. On verra

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    Le livre : Jane Austen - Oeuvres complètes T1 et T2 - Gallimard Pléiade

    La Version Audio :  Persuasion - Lu par Camille Cobbi - Editions Thélème

  • La Pluie jaune - Julio Llamazares

    La fin d'un monde

     

    Peut-être est-il à l’agonie l’homme qui prend la parole. Il est le dernier à vivre dans ce hameau d’Aragon, près de Huesca. Ainielle est un  village où déjà en 1950 il ne restait plus que trois habitants.

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     "Les maisons commencèrent à montrer leurs mutilations, leurs moignons et leurs os."

     

    Le narrateur vit là seul depuis près de dix ans, son épouse est est morte depuis longtemps et il est « habitués depuis toujours à la tristesse et à la solitude de ces montagnes ».

    Sa famille a disparu graduellement, Camilo mort on ne sait trop comment, Sara emportée par la maladie à l’âge de 4 ans, il reste bien un fils, Andrès, mais où est-il ?

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    "La vieille école gisait au sol, complètement effondrée, les murs écroulés et les meubles ensevelis sous un tas de décombres et de lichen."

    Le village s’est vidé doucement, la végétation a tout envahi, la nature a repris ses droits sur la terre et les maisons, l’humidité à rongé murs et fenêtres, le vent à décoiffé les toits, la mousse s’infiltre partout. Jusqu’aux animaux qui sont venus s’installer sans demander la permission.

    Le vieux il ne lui reste qu’à tenir, à résister au froid, à la neige, à la solitude. Tenir jusqu’au printemps suivant, alors il tente de redonner vie au village : il restaure, il nettoie, répare les clôtures, ajoute des lauzes sur les toits. 

    Mais jusqu’à quand ? La folie guette.

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    "Vue du côteau, Ainielle est suspendue au-dessus du ravin, telle une avalanche de lauzes et d’ardoises torturées."

    C’est un texte magnifique, l’attachement de l’homme à sa terre transpire par tous les mots. La lutte permanente, l’acharnement contre le temps est à la fois grandiose et ridiculement inutile.

    J’ai lu ce roman d’une traite malgré un sujet dur, on pense à Regain bien sûr mais la note est plus âpre, plus féroce ici. C’est très réussi.

    J’avais beaucoup aimé un roman précédent et très différent : Lune de loups.

    Celui-là je vais le ranger avec  La petite lumière et Maison des autres, il est de la même famille.

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    Le livre : La pluie jaune - Julio Llamazares - Traduit par Michèle Planel - Editions Verdier 1988 et version verdier Poche 

     

  • Viva España

    Demain je prends la route vers l’Espagne.

    Prenez une petite laine parce que je vous emmène en Aragon en pleine montagne

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    Hasta Mañana

  • Un voyage sur le Nil - Anthony Sattin

    Florence Nightingale et Gustave Flaubert l’échappée égyptienne. 

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    David Roberts 

    Flaubert tout de suite ça vous parle, mais Florence Nightingale ? un personnage hors du commun la sainte patronne des infirmières dont j’ai lu la vie il y a des décennies et qui a sans doute été pour beaucoup dans mon envie de devenir infirmière.  

    L’occasion de faire un superbe voyage sur le Nil, voyage quasi impossible aujourd’hui sauf à avoir un grand goût du risque.

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    Les deux voyageurs

    En 1849 nos deux célébrités choisissent pour des motifs totalement différents de faire LE voyage en Egypte. Ils vont monter sur le même bateau mais leur périple prendra ensuite des chemins un peu différents.

    Flaubert n’est pas au mieux de sa forme, il veut écrire mais jusqu’à présent ce n’est pas très concluant. Certes il a écrit un livre mais ses amis sont très partagés sur la qualité du dit livre. Il vient de subir plusieurs drames avec la perte de plusieurs êtres chers, alors un voyage pour surmonter tout ça ? pourquoi pas ? Il va partir avec Maxime du Camp qui est le véritable organisateur du voyage.

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    Photo de Maxime Du Camp

    Florence elle c’est totalement différent, voilà une jeune femme issu de l’aristocratie anglaise qui refuse obstinément tous les prétendants que sa famille tente de lui faire épouser, qui crie haut et fort son envie de devenir infirmière au grand dam de sa famille.

    « Elle avait connu une déception amoureuse, et se battait pour se libérer de sa famille, prête à renoncer à une vie confortable et très privilégiée pour accomplir une tâche qui lui tenait à coeur »

    Que faisait-on à l’époque des jeunes filles insoumises ? On les mettait sur un bateau en espérant qu’un long voyage leur ferait oublier amours impossibles et autres fariboles.

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    Florence Nightingale en Crimée

    C’est un moment où l’Europe est totalement fascinée par l’Egypte et par les voyages en général, et bien des générations de voyageurs ont vu la l’occasion de vivre la grande aventure. L’époque où les européens pouvaient allègrement piller les richesses du pays.

    Ce qui réunit les deux personnages c’est le voyage intérieur qu’ils font chacun à sa façon.

    Florence aime l’exotisme des bains turcs, ose se déguiser pour visiter les mosquées, mais est aussi attentive à la misère de la population bref on sent en elle tout ce qui fera sa détermination plus tard sur les champs de bataille de la guerre de Crimée : le culot, le courage et la détermination.

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    Flaubert c’est autre chose, son intérêt se porte parfois sur des lieux et des dames que la morale réprouve absolument plus que sur les temples et autres tombeaux. Le voyage l’aide à sortir d’une période dépressive et lui donnera la force d’entamer en rentrant à Paris SON grand roman.

    Ils feront tous les deux le récit de leur voyage, récits dont Anthony Sattin dit avec humour

    « mettons que Gustave Flaubert décrit mieux les bordels, et Florence Nightingale mieux les temples, mais elle écrit tout aussi bien. »

    Anthony Sattin connaissait parfaitement la vie de Florence Nightingale pour avoir éditer ses lettres en Angleterre et a profité d’une coïncidence de dates pour mettre en perspective ces deux voyageurs « engagés sur des chemins distincts mais comparables » et pour lesquels le voyage en Egypte fut déterminant.

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    Le livre : Un hiver sur le Nil - Anthony Sattin - Traduit par Florence Hertz - Editions Noir sur Blanc

     

  • voyage d'hiver

    Et si je vous offrais un petit voyage d’hiver, c’est bon d’aller chercher le soleil quand on frissonne sous les bourrasques.

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    Hop je vous embarque dans mes bagages pour une croisière sur le Nil l'embarcadère est ici dès demain

  • La nuit de feu - Eric-Emmanuel Schmitt

    Quand la religion se fait douce

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    Les récits de conversion m'ont toujours laissé perplexe mais en feuilletant ce livre chez le libraire je me suis laissée prendre par quelques pages qui m’ont paru intéressantes et du coup toc je me suis retrouvée à la caisse avec.

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    Chacun sa nuit de feu, on connait celle de Pascal, Eric-Emmanuel Schmitt lui fut touché par la main de Dieu en plein désert alors qu’il marchait sur les pas de Charles de Foucauld 

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    Philosophe de formation passé par Normale Sup il est devenu depuis peu scénariste. Pour construire un documentaire sur le Saint de Tamanrasset il est bon de vivre un peu cette vie du désert et pour cela il participe avec un groupe à une marche dans le Hoggar avec des Touaregs pour guides.

    Philosophe jusqu’au bout des ongles il observe avec curiosité le guide qui s’isole pour prier. Le lieu est bien sûr propice à la réflexion, au dépouillement. Il jette un regard critique sur Thomas le botaniste de service qui veut tout montrer, tout justifier, tout comprendre. 

    Dans le groupe il y a aussi la croyante de service, un rien sectaire, un tantinet crispante. 

    La marche très vite décante la réflexion, les interrogations arrivent, les doutes.

    Il faut un incident qui pendant quelques heures le sépare du groupe pour que la nuit de feu le touche. 

    Les récits mystiques c’est tout ou rien, ou je suis prise d’une épouvantable envie de rire ou je me sens touchée.

    Ici c’est la simplicité qui touche, on comprend que l’expérience est indicible, qu’elle ne peut guère se partager. J’ai aimé que Eric-Emmanuel Schmitt ne tente pas de convaincre le lecteur, il en fait simplement le spectateur d’un événement qu’il ne s’explique pas mais qu’il rend de façon saisissante. 

     

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    Aucun prosélytisme, il passera plusieurs années avant de parler de cette expérience. La pudeur habite ses mots, aucune coquetterie chez lui. 

    Le philosophe depuis n’a cessé de lire les textes spirituels de toutes les traditions. Son récit est très vivant, plein de petits détails très terre à terre qui lui donne toute sa crédibilité.

    Sa nuit fut belle et l’a marqué à jamais et il sait nous faire partager son voyage intérieur et son bonheur faute de pouvoir et vouloir nous faire partager sa foi. 

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     Le livre : La nuit de feu - Eric-Emmanuel Schmitt - Editions Albin Michel