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  • Un don - Toni Morrison

    un don.gifUn don - Toni Morrison - Traduit de l’Américain par Anne Wicke - Editions Christian Bourgois
    Aux origines de l’Amérique à la fin du XVIIème siècle, une Amérique en formation avant qu’elle devienne Etats-Unis. Toni Morrison dresse une vaste fresque d’un temps où le Maryland et la Virginie se peuplaient de colons puritains venus d’Europe, où les indiens ne sont pas encore exterminés, où les hommes étaient esclaves, attachés à un maître, pour des années ou pour toujours sans que la couleur de leur peau fasse une différence.
    Mais pour beaucoup de ses hommes et femmes la vie est trop dure, trop injuste et lorsqu’ils lancent un mouvement de révolte contre les grands propriétaires " la révolte de Bacon ", pour rétablir l’ordre, de nouvelles lois feront irruption pour protéger le Blanc, les Noirs se voient interdire les réunions, les déplacements et le port d'arme. Un Blanc est autorisé à tuer un Noir pour n'importe quelle raison, il se voit offrir un pouvoir sur l’homme noir. La ségrégation est née.

    Le Don c’est le destin de quatre femmes vivant à cette époque. Des femmes vulnérables qui subissent la violence des hommes, les douleurs de l’enfantement, les coups du sort sans jamais se plaindre ou désespérer, car  "Etre femme ici c’est être une blessure ouverte qui ne peut guérir”
    C’est l’histoire de Florens esclave noire de 15 ans, donnée enfant en échange d’une dette et qui part seule sur les routes pour rapporter le médicament qui guérira Rebekka de la variole.
    Rebekka c’est la femme de Jacob le propriétaire du domaine où elle vit, elle est venue d’Angleterre, elle a enterré quatre enfants et aujourd’hui elle est veuve car Jacob a succombé à la maladie.
    Sur le domaine il y a aussi Lina, l’Indienne rescapée d’un massacre recueillie puis repoussée par une communauté presbytérienne, il y a  Sorrow fille perdue rescapée d’un naufrage, il y a Willard et Scully, deux esclaves blancs qui paient de leur travail une dette contractée par leur famille, enfin il y a le forgeron, l’homme libre qui a séduit Florens et qui détient le pouvoir de guérir Rebekka
    Chaque personnage est une voix de ce roman polyphonique, chacun présente une facette de la réalité éclatée en mille fragments.
    Chaque personnage incarne une façon d’être esclave, un aspect de cette servitude.

    Le Don est un chant douloureux, poétique, sensuel et furieux. Toni Morrison laisse le lecteur débrouiller l’écheveau emmêlé des vies de ses personnages, elle ne donne aucun repère de temps ou de lieu, comme les héroïnes, le lecteur doit tracer son chemin et parfois se perdre dans le récit. La langue envoûtante de Toni Morrison restitue la violence, l’injustice, mais aussi l’extraordinaire vitalité de cette Amérique en train de se faire.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    L’auteur
    toni morrison.jpgToni Morrison, de son vrai nom Chloe Anthony Wofford, est née en 1931, à Lorain (Ohio), dans une famille ouvrière. Elle fait des études de littérature et une thèse sur William Faulkner. Elle a longtemps été éditrice chez Random House, enseigne à l'Université de Princeton et a remporté le prix Nobel de littérature en 1993. Un don est son neuvième livre.

  • Home - Toni Morrison

    Au pays de Lincoln

     

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    Si quelqu’un fait bien partie du pays de Lincoln c’est Toni Morrison. Je crois avoir aimé à peu près tous ses romans, certains plus que d’autres mais j’y ai toujours pris un grand plaisir.

    Home est un roman court, fort, implacable qui nous offre une traversée de l’Amérique des années cinquante, une traversée difficile, bourrée d’obstacles.

    C’est pour retrouver sa soeur que Frank entame un voyage vers la Géorgie avec pour seul bien la médaille gagnée aux combats. Nous sommes dans les années cinquante, Frank est revenu de Corée détruit, brisé, en proie à des hallucinations, à des cauchemars. La ségrégation qu’il a pu croire adoucie à l’armée, la ségrégation ne s’est pas évanouie et son voyage est balisé par des lieux sûrs où les noirs peuvent manger, trouver asile, trouver de l’aide dans une Amérique où le blanc peut emprisonner ou tuer impunément.

     

     

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    Si Frank entame cette route du retour c’est pour venir en aide à sa soeur, Cee, qui est malade et dont la vie a été un calvaire, il sait qu’il fait surtout retour vers « Le pire endroit du monde » un lieu plus terrible peut être que les champs de bataille de Corée.

    Il est cabossé lui aussi et ses rapports avec Lilly son amie sont difficiles, conflictuels et il sait qu’il retourne vers un passé douloureux.

    Le frère et la soeur seront-ils capables de se dessiner un avenir et d’accepter les chemins de la rédemption ? 

     

     

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    Pas de grande thèse chez Toni Morrison mais ses mots portent toute la violence vécue par les noirs, toutes les injustices, toutes les horreurs et dès la scène d’ouverture l’auteur nous fait plonger dans ce monde implacable et effrayant.

    En quelques mots on est plongé dans un monde de folie où l’on a été contraint de créer un guide le Green Book pour que les noirs puissent voyager en sécurité dans des hôtels, des restaurants autorisés.

     

     

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    Lorsque le récit est trop dur Toni Morrison le transforme en histoire fantastique pour conjurer le mauvais sort.

    Une très bonne traduction pour ce livre court, resserré et magnifique où éclate tout le talent de cette grande dame des lettres américaines.

     

    Le livre a été largement chroniqué sur les blogs 

    l'avis de Christw ou de  Lecturissime 

     

    Le livre - Home - Toni Morrison - Traduit par Christine Laferrière - Editions Christian Bourgois 2012

  • Des garçons bien élevés - Tony Parsons

    Rouge rouge rouge

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    Oui je sais j’ai parlé de polar noir noir noir mais en fait la couleur de celui là serait plutôt un ton hémoglobine ! Parce que de l’hémoglobine il y en a ! 
    Et ce n’est pas le petit monde gentil en surface d’un collège anglais very chic qui va éponger les flaques de sang.

    Dans le rôle du flic : Max Wolfe un ancien de l’anti-terrorisme à qui il est arrivé des bricoles, il vient d’être affecté aux homicides mais finalement ça ne s’avère pas un plan pépère car quelqu’un a décidé de s’en prendre aux banquiers d’affaire. Prenez Hugo Buck, bon un rien addicte au sexe mais c’est quand même pas une raison pour lui trancher la gorge, et quand je dis tranché ...c’est pour de bon.

    C’était un ancien élève de Potter’s Field, collège luxueux et branchouille, sa veuve ferait un parfait suspect si ce n’était que le fou du couteau va continuer sa sarabande et s’en prendre à un SDF qui cache bien son jeu.

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    C’est partie pour une course au joueur de couteau pour Max. Le soir il rentre retrouver Scout et Stan, sa fille et son chien dans l’ordre et le plus terrible des deux n’est pas celui que l’on pense. 

    L’auteur nous sème des indices par ci par là mais la progression est difficile car les cadavres pleuvent et bientôt il est question de passer l’affaire à Scotland Yard.

    Une intrigue assez classique mais qu’on suit avec plaisir et un brin d’excitation, et puis il y a quelques pages assez spéciales comme la visite du musée de Scotland Yard dont je vous laisse la surprise.  

    J’ai marché même si les ficelles sont présentes c’est un polar qui se lit avec plaisir sauf si on n’aime pas du tout la couleur rouge.

     

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    Le livre : Des garçons bien élevés - Tony Parsons - Traduit par Pierre Brévignon - Editions de la Marinière

  • Underground Railroad - Colson Whitehead

    Sur le sujet de l'esclavage j'ai déjà lu de bons livres, Toni Morrison, Alice Walker et la couleur pourpre, et plus récemment le thème apparait en filigrane dans le roman de Tracy Chevalier La dernière fugitive.
    Mais le sujet ne s'épuise pas et j'ai choisi le roman de Colson Whitehead parmi tous les titres de cette rentrée.

     

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    Nous sommes en Géorgie avant la guerre de Sécession. Sur la plantation des frères Randall les esclaves sont particulièrement maltraités. Cora a 16 ans, sa mère Mabel l'a abandonné en s'enfuyant et n'a jamais été reprise, le propriétaire déverse sa haine sur cette fille qui symbolise son échec.

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    Plantation en Caroline du Sud ©ivredelivres

    Cora ne vit pas, elle survit, elle est dure et déterminée. Lorsque Caesar, un jeune esclave qui sait lire, lui propose de s'enfuir avec lui, elle hésite mais deux événements vont la faire basculer. 

    Il y a urgence " Il voulait partir le plus tôt possible. La nuit prochaine. Ils devraient se contenter d’une lune déclinante. Les agents du chemin de fer clandestin les attendaient." Ils entreprennent une véritable odyssée vers le nord, vers la liberté.

    C'est un chemin semé d'embûches, il faut échapper à Ridgeway le chasseur de primes qui fait de la capture de Cora une affaire personnelle, il n’avait pas réussi à mettre la main sur Mabel, il compte bien se venger sur la fille. 
    Ils vont rencontrer un premier homme qui va les aider et plonger pour la première fois vers l'inconnu :

    " Cora et Caesar remarquèrent les rails. Deux rails d’acier qui parcouraient le tunnel à perte de vue, rivés à la terre par des traverses de bois. Les rails filaient vers le sud et vers le nord, présumaient-ils : ils surgissaient d’une source inconcevable et coulaient vers un terminus miraculeux. "

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    Caroline du Sud en 1862 © Alamy Stock Photo

    Ce périple c'est celui suivi par les noirs en fuite, aidé par un réseau constitué d'abolitionnistes souvent portés par leurs convictions religieuses (Méthodistes et Quakers ) une route vers la liberté au delà de la ligne Mason-Dixon qui séparait la Pensylvannie du Maryland.

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    L'Underground Railroad fut très actif dans les années 1850/1860 malgré les chasseurs de primes, les dénonciations. Toute aide était assimilée à un délit et entrainait la pendaison. Les milices semaient la terreur, pouvaient tuer en toute impunité. 

    D'état en état les horreurs prenaient des visages différents. 

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    Maison d'esclaves sur une plantation

    La Géorgie et ses inhumaines plantations,

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    la Caroline du sud et son apparente bienveillance qui a mis sur pied " un des projets scientifiques les plus audacieux de l’Histoire."  qui s'apparente à l'eugénisme.

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    " En Caroline du Nord, la race Noire n'existait pas, sinon au bout d'une corde." 
    Le Tennessee dévasté par les incendies et la fièvre jaune, et l'Indiana qui ne fait que perpétuer le rêve de liberté. 

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    L'esclave vue par Holywood

     

    Toujours un peu risqué de traité un sujet comme celui du racisme et de l'esclavage sur le mode romanesque. 
    La réussite est là, la très belle métaphore de ce réseau souterrain donne une dimension supplémentaire au roman.

    C'est un récit empli d'amertume à l'écriture forte, parfois brutale. Les premières plages du roman sont insoutenables mais reflètent bien la situation à laquelle étaient acculés ces hommes et ces femmes.

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    12 years slave : plus près de la réalité 

    La maitrise du récit est totale jusque dans ses inventions magnifiques. Les personnages ne sont pas manichéens, les noirs ne sont pas forcément très sympathiques et les blancs ne sont pas tous des tortionnaires, mais l'être humain en général ne sort pas grandi du récit malgré les quelques figures d'hommes et de femmes que l'on pourrait qualifier de Justes. 

    On sort de cette lecture ébranlé et admiratif et l'on comprend que le livre ait été couronné à la fois du Pulitzer et du National Book Award. 

    Un vrai et grand moment de littérature  

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    Les marais qui empêchaient les évasions © ivredelivres

     

    Une petite aparté : J'ai eu la chance de passer une journée sur une ancienne plantation en Caroline du Sud, bien sûr que sont gommés les souvenirs les plus forts et les plus choquants, pourtant il reste qu'à parcourir les lieux on imagine avec effroi et compassion ce que devait être la vie des esclaves, le climat extrêmement difficile à supporter avec des étés chauds et humides, une végétation et une faune immédiatement dangereuse qui devait freiner toute velléité de fuite et ça sans même évoquer les mauvais traitements, les maladies, la peur ……

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    Le livre : Underground Railroad - Colson Whitehead - Traduit par Serge Chauvin - Editions Albin Michel

  • Les Buddenbrook - Thomas Mann

    Un grand classique de la littérature allemande, lu il y a bien longtemps dans une très très mauvaise édition de poche où le texte était parfois quasi illisible.

    Une impression ? quel talent !! car c’est un véritable pavé que ce roman qui conte la saga des Buddenbrook famille enrichie par le commerce et le travail acharné des chefs de famille qui se succèdent.

    Trois générations à l’oeuvre avec patriarche et collatéraux, serviteurs et ennemis, réussite et faux pas et pour finir le déclin d’une famille.

     

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    Lübeck la riche cité de la Ligue Hanséatique voit la réussite de Johann Buddenbrook, paré de la réussite de sa maison, de son mariage il va devoir laisser la place à Thomas son fils aîné mais Christian le cadet, artiste raté, va donner du fil à retordre à la famille, maladie, échec de ses entreprises, mariage hasardeux et doucement la famille va connaitre des difficultés qui aboutiront à sa perte avec la figure de Hanno le jeune musicien.

    Si Thomas Mann parvient si bien à décrire cette ambiance de maison bourgeoise, cossue, figée sur ses valeurs, c’est que son père fut un riche négociant et un Monsieur le Consul, et qu’il n’a eu qu’à puiser dans ses souvenirs.

     

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    adaptation cinéma 

    Le travail, l’épargne, le respect de la morale imprègnent la famille Buddenbrook qui a pour devise « Dominus providebit » Dieu y pourvoira ! A un moment Dieu fera faux bond hélas.

    On baigne dans les débuts du roman dans le poids des traditions, le mobilier, les tenues vestimentaires et les longs diners aux plats qui n’en finissent pas. Mais les lézardes arrivent, des amours impossibles, des dots perdues, un gendre qui est un fieffé coquin, la superbe affichée par la famille Buddenbrook prend l’eau.

     

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    Lübeck aujourd'hui

     

    J’ai beaucoup aimé ce roman. Long certes mais l’on est vite fasciné par la force de cette communauté de marchands, par les liens qui les unissent et qui les font tenir debout.

    Une époque où le destin des filles illustré par la figure de Toni, importait bien peu, et où pourtant elles jouent un rôle non négligeable par leur abnégation et ...leur dot. Une époque où le statut de l’artiste n’était pas accepté et où l’on y attachait l’idée de diléttantisme, d’oisiveté et de moeurs légères.

    On décèle déjà le rôle pernicieux de la Bourse qui entraine spéculations et ruine et ne récompense pas toujours le goût du risque.  

    C’est un roman riche et puissant, une belle réflexion sur le statut social, les valeurs du travail et de la loyauté familiale car la famille touche à sa fin sans que jamais elle ne s’en rende vraiment compte.

    Un pavé certes mais que l’on quitte à regret.

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    Il faut savoir que ce livre fut brûlé en autodafé par les nazis car « une famille de la race élue ne peut jamais déchoir » 

     

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    Le livre : Les Buddenbrook - Thomas Mann - traduit par Geneviève Bianquis - Editions Fayard

     

     

  • Naguère en Palestine - Raja Shehadeh

    naguèreenpalestine.gifNaguère en Palestine - Raja Shehadeh - Traduit de l’anglais par Emilie Lacape - Editions Galaade
    Je ne pense pas être une exception si je vous dis que le conflit Israélo-palestinien tient pour moi à la fois de l’incompréhensible et de l’inacceptable.
    Je me rends compte que je me fais une opinion à travers la presse écrite ou radio mais que j’ai très peu lu de livres sur le sujet,  en réfléchissant je n’ai pas lu du tout sur le sujet. Voila pourquoi j’ai acheté ce livre.

    L’auteur nous invite à faire avec lui sept promenades, sept balades dans les collines autour de Ramallah, Naplouse, Jéricho. « Quand je commençai à parcourir les collines, il y a un quart de siècle, je n’étais pas conscient de me promener dans un paysage en voie de disparition » C’est une terre millénaire que Raja Shehadeh parcourt au gré des saisons « La Palestine a toujours été l’un des pays les plus visités par les pélerins et les voyageurs » Ces paroles font aussitôt écho chez moi qui viens de lire Lamartine et ses très belles pages sur cette terre biblique.
    Suivons le dans ce qu’il appelle sept « Sarha » le mot qu’il utilise pour dire ses vagabondages « Un homme qui part en sarha se promène sans but, sans restriction de temps ni de lieu ; il va où son esprit le guide pour nourrir son âme et se ressourcer »

     

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    Ramallah - Image du blog de JL Kuffer

    De collines en vallées il nous découvre une terre rocailleuse, sèche, traversée de murets de pierres pour retenir la terre et permettre les cultures. Terre parsemée de vieilles habitations où il aime se reposer qui porte des noms comme « Ain Al-Lawza source de l’amande » et qui prend une toute autre allure après la pluie « Les fleurs sauvages poussaient en abondance le long du chemin. La plupart étaient minuscules : des iris bleus de quelques centimètres de haut, des fleurs de lin rose tout aussi proches du sol, quelques orchidées pyramidales (...) la terre était comme tapissée de fines broderies colorées »
    Il évoque sa famille et en particulier son grand-père qui a cultivé ici ses vignes, son verger et s'est même fabriqué un fauteuil quasiment royal.
    Nous ne pourrons partager la beauté de ses promenades qu’à la condition de partager aussi son extrême tristesse devant la perte progressive de sa terre.

    A coup d’expropriations, de tracés de routes, d’occupation militaire de certaines zones, de création de colonies de plus en plus nombreuses et de plus en plus étendues, le gouvernement israélien au mépris de ses propres lois a réduit l’espace de vie des palestiniens. L’utilisation abusive de la notion d’occupation des terres par les tribunaux entraînent la spoliation massive de propriétaires palestiniens.
    Son témoignage de juriste est sans appel et lui qui a courageusement créé une association de défense des droits de l’homme et a oeuvré pendant des années pour défendre ses concitoyens contre l’arbitraire, est aujourd’hui très pessimiste. Sa dernière promenade où il est « agressé » par de jeunes palestiniens armés et menaçants met un terme à l’espoir de voir enfin la paix régné sur ses collines « Debout sur les ruines de l’un de mes endroits préférés, près de là où je suis né et où j’ai toujours vécu, je sentis que les collines ne m’appartenaient plus. Je ne suis plus libre de venir m’y promener. Elles sont devenues dangereuses et je ne m’y sens plus en sécurité »

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    J’ai pris conscience grâce à ce livre du rétrécissement systématique des terres palestiniennes, de l’interdiction des déplacements choisis remplacés par des déplacements contraints, de l’arrachement à la terre par des expropriations iniques  et parfois violentes.
    Ce livre exprime tout cela avec une telle douleur dans les mots, une telle sensibilité qu’il fait plus pour notre compréhension que tous les reportages et que toutes les chroniques politiques.


    Raja_Shehadeh.pngL’auteur
    Raja Shehadeh est avocat et écrivain, il vit à Ramallah et à reçu pour ce livre le Prix Orwell 2008
    Le prix Orwell est un prix littéraire anglophone récompensant les œuvres rapprochant la politique du grand public, en littérature et en journalisme. Son nom est un hommage à l'écrivain et journaliste George Orwell (source Wikipédia)

    Petit additif

    Alors que je terminais ce livre et ce billet la chronique de Pierre Assouline est consacrée à la mort de Tony Judt qui s'est engagé en faveur d'un état binational avec des droits identiques pour les Israéliens et les Palestiniens. Je retiens cette phrase de lui que je fais mienne  " Les Juifs sont rendus muets par l’exigence qui leur est faite de soutenir Israël, les non-Juifs le sont tout autant par la crainte de passer pour antisémites, c’est pourquoi il n’y aucun dialogue sur le sujet " et je vous invite à aller lire l'article que Tony Judt a signé dans le Monde diplomatique (Juin 2008)