Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : la mort en Arabie

  • Hiver - Christopher Nicholson

    Retour de flamme

    timbre.jpg

    Un vieil écrivain de 84 ans qui vit un peu reclus dans sa maison du Dorset et ne parvient plus à écrire sauf parfois un poème, voilà le héros de cette biographie romancée de Christopher Nicholson.

    Thomas Hardy, car c’est lui au soir de sa vie, va connaitre un élan amoureux pour une toute jeune femme qui incarne Tess son héroïne fétiche dans une adaptation pour un théâtre amateur.

    gemma-arterton-tess_885859c.jpg

    Tess l'héroïne incarnée par Gertrude

    Florence sa seconde femme ne l’entend pas de cette oreille, lassée de vivre dans l’ombre de son mari, se sentant prisonnière de cette maison et plus encore de ce jardin qu’elle exècre, elle est prête à combattre cet amour qui est pour elle le comble du mauvais goût, amère et d’une jalousie féroce elle va s’opposer de toutes ses forces à la situation.

     

    thomas-hardy-flore_2814894b.jpg

    Thomas Hardy et Florence sa seconde épouse

    Je suis une fervente lectrice de Thomas Hardy aussi ai-je hésité à lire ce roman par crainte d’une grosse déception, et bien j’avais totalement tort.

    Ce roman est un bonheur de lecture. Christopher Nicholson nous fait entrer dans l’intimité de ce couple, nous réchauffer les mains au feu qui flambe dans la cheminée, partager un instant avec les amis de T Hardy et quels amis ! T.E Lawrence, celui d’Arabie oui oui, Matthew Barrie le père de Peter Pan. 

    On y voit un homme fasciné par la beauté et la jeunesse de Gertrude Gruber qui se retourne sur son passé avec mélancolie.

     

    hardy's.jpg

    L’écrivain aime ses promenades matinales en compagnie de son chien Wessex, il aime sa maison, sa vallée, dans le même temps Florence elle n’est que colère et frustration devant ce vieil homme qui refuse tout progrès, pas de téléphone, pas de voiture ....Elle joue les utilités en répondant au courrier cantonnée aux tâches quotidiennes et vivant dans l’ombre d’Emma la première épouse.

    Thomas Hardy se plait devant la page d’écriture 

    Hardy study - Dorset County Museum web.jpg

    «  l’idée d’être à son bureau, alors que séchait l’encre des derniers mots d’un ultime poème, lui paraissait somme toute agréable. » 

     

    Le roman à trois voix restitue parfaitement l’opposition qui nait entre mari et femme, entre Florence et Gertrude, Thomas Hardy apparait profondément égoïste centré sur son oeuvre et bien loin des sentiments éprouvés par sa femme. La communication est rompue et chacun se replie en proie à une violence intérieure.

    Nature et sentiments sont parfaitement décrits, c’est une biographie romancée très réussie et qui me rend tout à fait heureuse d’avoir encore un ou deux romans de Thomas Hardy à lire.

    9782710375425FS.gif

     

    Le livre : Hiver - Christopher Nicholson - Traduit par Lucien d’Azay - Editions Quai Voltaire 

     

  • Mourir sur une île

    J'aurai pu choisir comme thème : mourir au soleil ! 

    enterrement-mafia-montreal-Nick-Rizzuto.jpg

    Deux îles gorgées de soleil où je vous emmène mais attention le danger rôde et la mort n'est pas moins triste au soleil.

    Volontaires rendez-vous demain sur le quai.

  • Le Jardin d'Epicure - Irvin Yalom

    Le Jardin d’Epicure - Irvin Yalom - Traduit de l’anglais par Anne Damour - Editions Galaade
    jardin d'épicure.gifUn livre sur le défi le plus exigeant, le plus prégnant que nous rencontrons : surmonter notre peur de la mort, une préoccupation majeure, omniprésente et universelle. C’est un peu comme « regarder le soleil en face » titre anglais de ce livre.
    J’avais par le passé fait un bout de chemin avec Irvin Yalom à travers deux romans que j’avais beaucoup aimé, il revient ici avec un livre de professionnel en psychiatrie et en psychothérapie.
    Ce livre veut être une aide " affronter la mort ne conduit pas nécessairement à un désespoir qui nous dépouille de toute raison d’être" la peur de la mort pour chacun du nous est pourtant au coeur d’une grande partie de notre anxiété, comment lutter contre cette peur et est-ce possible ?
    Le plus souvent une expérience personnelle nous éveille à la reconnaissance de notre peur : un rêve, une perte douloureuse comme le décès d’un être proche, mais aussi la perte d’un emploi, la vente d’une maison, la survenue de la maladie, un accident ou simplement le vieillissement ou un anniversaire comme les 50 ans ou 60 ans (ah bon ..)
    Toutes choses qui nous confrontent à notre statut de mortel.

    lamortdel'avare.jpg
    La mort de l'avare - Hiéronymus Bosch
     

    A l’aide des récits sur ses patients Yalom nous apprend à reconnaître derrière des comportements variés la peur de la mort, nous propose des méthodes pour faire face à cette peur pour transformer celle ci en force vitale nous permettant de nous accomplir  " affronter la mort nous permet non d’ouvrir une boîte de Pandore, mais d’aborder la vie d’une manière plus riche et plus humaine "
    Il s’agit là d’une opportunité pour nous permettre de réfléchir à nos priorités, pour améliorer nos relations avec autrui, pour mieux communiquer avec ceux que nous aimons.
    Il nous invite ainsi à mieux goûter la vie, à en reconnaître la beauté, il nous invite à nous engager pour les autres.
    La peur de la mort s’appuie souvent sur notre besoin de laisser une trace immortelle de notre passage, Yalom utilise une belle métaphore : celle des ondulations sur l’eau, des rides sur un étang, c’est l’effet de rayonnement , chacun de nous crée des cercles concentriques d’influence qui toucheront les amis, les proches, et ces "rides" resteront le signe de notre passage. Qui laissera un trait de caractère, qui une expérience, un avis, une preuve de vertu, une parole de réconfort.

    livredesmorts.jpg

    Le livre des morts égyptien

    L’auteur nous encourage à " consumer " nos vies, à aimer notre destin, et éviter le regrets d’une vie non vécue.
    On retrouve ici Nietzsche que Yalom cite abondemment, mais aussi Epicure et  Montaigne, les penseurs et les philosophes qui peuvent nous aider à apaiser nos peurs, des écrivains aussi et l’on retrouve Tostoï et "La mort d’Ivan Illitch "
    La philosophie pour Yalom, comme pour ses maîtres en pensée, doit nous aider à vivre et soulager notre anxiété, les comparaisons auxquelles il nous invite à réfléchir entre la mort et ce temps de non-être d’avant notre naissance sont éclairants.
    Yalom n’est pas croyant, il reconnaît l’aide qu’apporte parfois la religion pour combattre notre peur et respecte la foi des croyants,  mais il affirme la possibilité de s’en passer " Je ne doute pas que la foi religieuse tempère les craintes de la mort chez beaucoup. Mais chez moi elle soulève cette question - elle semble être une feinte pour contourner la mort, la mort n’y est pas définitive, la mort y est niée, la mort y est dé-mortalisée "

    L’oeuvre d’Irvin Yalom est importante, elle mêle son expérience de thérapeute à sa vision personnelle de l’existence, d’une clarté constante son livre exprime la chaleur et la compassion qu’il réserve à ses patients.
    Classiquement un thérapeute reste discret sur son vécu personnel, pour nous convaincre Yalom fait appel à sa mémoire et raconte ses expériences intimes au moment de la mort de son père, il ajoute là une touche personnelle bienvenue.  Un dernier chapitre s’adresse aux professionnels de la psychanalyse ou de la psychothérapie mais reste lisible pour le lecteur non professionnel.

    Faites une place dans votre bibliothèque à ce livre riche et profondément humain

    L’auteur
    irvin_yalom.jpg

    Professeur émérite de psychiatrie à Stanford, Irvin Yalom est psychiatre à Palo Alto (Californie). Entre fiction, philosophie et psychothérapie il est l’auteur de nombreux essais, romans ou récits, dont Apprendre à mourir. La méthode Schopenhauer, Mensonges sur le divan, Et Nietzsche a pleuré ( source l’éditeur)

  • Monsieur de La Tour

     

    409px-Georges_de_La_Tour_009.jpg

    " Bien qu’il sût que les images trompent et que les mots mentent, il se doutait que le feu qui brûle dans le coeur des hommes est plus ardent qu’un brasier allumé durant l’hiver. Que l’âme des hommes qui se cherchent tout  au long de la vie, et jusque dans la mort, est bien plus forte que la nuit la plus obscur.(..)
    La neige redoublait. Monsieur de La Tour se mettait alors à peindre"

     

    Le livre : Christian Birgin - La mort de Pouchkine - Editions Arléa
    Le tableau : George de La Tour - Madeleine en pénitence Metropolitan Museum of Art New York.

     
  • Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre

    Escroqueries à la mort

     

    cpa-langage-tranchees-4-1.jpg

     

    Novembre 1918 à quelques jours de la fin de la guerre.

    Trois personnages sont présents dont un parfait salaud.

    Pour être reconnu, pour gagner un galon, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle aristo désargenté envoie son régiment à l’abattoir et plus encore.

    Edouard Péricourt le grand bourgeois et Albert Maillard le prolo vont en faire les frais.

    Edouard sauve Albert d’une mort certaine mais le paie par une blessure épouvantable qui lui emporte la moitié du visage.

     

     

    Gueules-cass-es-14-18--1-.jpg

     

    Entre eux c’est à la vie à la mort. Après le champs de bataille, l’hôpital, les voilà de retour à la vie civile.

    L’aristo  va jouer des coudes afin de faire fortune et de restaurer son domaine. Il n’est pas à une bassesse près et les milliers de famille qui attendent qu’une sépulture soit donnée à leurs morts vont lui servir de marche pieds vers la gloire et la richesse.

     

     

    25658_douaumont-une.jpg

                     Douaumont © POL EMILE/SIPA 

     

    Quant à Edouard et Albert, eux sont les sacrifiés de l’Histoire. Ils vont devoir se débrouiller pour tenter de retrouver une place dans une société qui ne veut pas d’eux, qui préfère les morts aux vivants. Alors la voix la plus simple est l’arnaque  et utilisant les talents de dessinateur d’Edouard ils vont qui prendre une revanche en utilisant le très fort intérêt des familles pour les monuments aux morts qui fleurissent dans les villes et villages.

    On le voit rien de très moral ici, arnaque, forfaiture, mensonge, usurpation d’identité, j’en passe et des meilleurs…….

     

    monuments_morts_3.jpg

                               © Jean-Étienne et Dominique Guerrini

     

    L’auteur de ce livre dit dans une interview sur France Culture sa volonté à la suite de lectures d’adolescence, d’écrire sur cette guerre et ses soldats mais se défend d’avoir écrit un roman historique.

    L’auteur jette un regard ironique sur les événements, comme une protection contre l’horreur. Il a mis au service de ce roman au sujet très sérieux, son sens du récit qui prend des allures de page turner. Les héros sont des marionnettes que l’Histoire fait danser. 

    Le tour de force de Pierre Lemaitre c’est de faire de cette histoire proprement féroce et indigne, un moment de lecture purement jubilatoire. On est à la fois ulcéré et ému, à la fois horrifié et plein de compassion pour Albert et Edouard. 

    Le titre lui est un hommage aux derniers mots d’un de ces fusillés  qui furent par la suite réhabilités. 

     

    Si j’étais juré du Goncourt assurément je voterai pour ce livre.

     

    Le bille dYs qui elle aussi a aimé le roman

     

     

    9782226249678FS.gif

     

    Le livre : Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre - Editions Albin Michel version numérique

  • In mémoriam - Stéphane Audeguy

     

    in memoriam.gif

    In Memoriam - Stéphane Audeguy - Editions Le Promeneur Gallimard

    Je ne sais pas d’où me vient le goût pour les petits livres, peut être l’âge venant la taille et le poids du livre prennent une importance excessive.
    Longtemps les sagas à multiples personnages m’ont enchantée, les gros pavés avaient ma faveur, et telle « La Femme en train de lire » de Rembrandt je me colletais avec des volumes épais et lourds.

     

    vielle femme qui lit rembrandt.jpg

     

    Les goûts en lecture changent comme le reste et chez moi ils vont vers le frêle, le léger, c’est un art difficile de retenir le lecteur avec peu de mots, certains s’y essaient et rendent coquille vide, d’autres au contraire enchantent, c’est le cas de Stéphane Audéguy.

    Petit volume donc dans la collection « Le Promeneur », l’auteur s’est adonné dans la joie j’espère à des recherches pointues et nombreuses (une centaine) pour savoir au détail près comment meurt les grands hommes et les autres.
    Des personnages célèbres et de parfaits inconnus  sont passés en revue. Savants, hommes politiques, écrivains, musiciens  tous y passent et non content de s’en prendre aux humains Stéphanie Audeguy s’occupe aussi de la gente canine.
    Parfois l’auteur triche un peu et nous n’assistons pas  à la mort mais à ses préparatifs ou à ses suites.

    Mort romantique qui tire des larmes ( Adrienne Lecouvreur) mort méritée mais difficile (Raspoutine) mort cannibale (Capitaine Cook)  mort bête ( Tennesse Williams) ou mort familiale ( Marvin Gaye).
    Deux exemples : Le cercueil de Flaubert  trop grand pour prendre place dans le trou réservé, ou bien le pied de nez du hasard faisant porter le cercueil de Wagner antisémite notoire par deux juifs.

    Vous l’aurez compris Stéphane Audeguy a fait un livre cocasse, drôle, parfois féroce ; de pierres tombales en cercueils de cérémonies en dernières paroles, d’épitaphes en dernier souffle, on se régale et on rit beaucoup.« C'est le livre le plus léger et le plus gai que j'ai lu depuis longtemps » dit Frédéric Ferney

    Un livre pour mourir de rire qui mérite une place dans votre bibliothèque


    L’auteur


    audeguy.jpg

     

    Agé de 40 ans , Stéphane Audeguy vit à Paris. Il enseigne l’histoire du cinéma et des arts dans un établissement public des Hauts-de-Seine. Il a publié en 2005 son premier roman, La théorie des nuages, chez Gallimard. En 2007, il reçoit le prix des Deux Magots  pour « le fils unique ».