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Rechercher : la mort en Arabie

  • Sartoris - William Faulkner

    C’est le premier roman des oeuvres complètes de Faulkner en pléiade. 
    Il n’a pas encore fait le grand saut vers l’écriture qui sera la sienne pour les années à venir.

    Ce roman là est de conception classique avec comme revers qu’il n’emporte pas le lecteur comme le feront les romans suivants. Pourtant pas question de faire la fine bouche, même classique ça reste du Faulkner.

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    Il restitue dans ce roman toute l’atmosphère déliquescente d’une propriété dans un comté du Mississippi et d’une famille : les Sartoris, lignée sur le déclin. 
    Attention on peut parfois se prendre les pieds dans l’arbre généalogique car il n’y a pas moins de trois John et autant de Bayard, allez vous y retrouver. 

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    Aucun des ancêtres Sartoris n’est mort tranquillement dans son lit, les uns ont tué à la guerre, les autre en duel. Comme le dit un des personnages  « Quand on se met à tuer des gens, on ne sait plus où ça s'arrête. Et quand on s'y met on est comme qui dirait déjà mort soi-même »

    Le dernier John est mort aux commandes de son avion du côté des champs de bataille français et son frère, Bayard le fils, rivalise avec lui par delà la mort au volant de sa voiture en s’enivrant de vitesse ou en tentant de stopper un cheval au galop.

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    Il reste aussi Bayard le vieux, sans oublier Miss Jenny dont l’âge est indécidable. Et bien sûr il y a toute la maisonnée noire, faite de serviteurs sans âge, roublards et dévoués à l’image du vieux Simon.

    N’est-il pas temps de redonner vie à cette lignée ? Est-ce encore possible où le pire est-il déjà là ? 

    Faulkner ne raconte pas vraiment une histoire dans Sartoris, il suggère, laisse entendre. Les personnages sont en fuite, le destin leur joue des tours et Miss Jenny est là pour faire de sombres prédictions telle Cassandre.
    La violence les tient et plus encore l’orgueil, orgueil du nom, de la lignée. Ils aiment fanfaronner, narguer la mort et faire un pied de nez au destin qui s’annonce tragique.

    Faulkner s’est inspiré de sa famille et de son comté 
    « Je n’ai fait que me servir de l’instrument le plus près, à portée de ma main. Je me suis servi de ce que je connaissais le mieux, c’est-à-dire le pays où je suis né et où j’ai passé la plus grande partie de ma vie [...] J’ai essayé de peindre des êtres, en me servant du seul instrument que je connaissais, c’est-à-dire le pays que je connaissais.»

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    C’est le tableau de la fin d’une époque, le roman du déclin et une bonne façon d’entrer dans le monde de Faulkner, les descriptions champêtres sont belles, il y a quelques scènes burlesques dont une très drôle qui oppose médecin et rebouteux. 

    Il faut un été très chaud pour bien lire Faulkner et l'été dernier était parfait pour cela mais je crois que je n'attendrai pas l'été prochain pour poursuivre ma lecture.

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    Le livre : Sartoris dans Oeuvres Tome 1 - William Faulkner - traduit par RN Raimbaud et H Delgrove- Gallimard pléiade 

  • Tumbas, tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom

    tumbas.gifTumbas ; Tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom - Traduit du néerlandais par Annie Kroon - Photographies de Simone Sassen - Editions Actes Sud
    Oui je suis d’accord, c’est une drôle d’idée pour une chronique, mais cette  « balade entre les tombes » pour amoureux de littérature et de poésie est magnifique et c’est là mon excuse.  
    Un texte d’introduction qui est un hommage, une dette que l’auteur paie à bon nombre de poètes et écrivains qui l’accompagnent depuis des années.
    Cees Nooteboom a 76 ans, il fait parti des nobélisables , certains collectionnent les autographes, les premières éditions, lui ce sont les photos des tombes de ses poètes et penseurs préférés.
    Il dit dans une très belle introduction  “ C’était en 1977, un jour de novembre, le jour des morts, froid et hivernal. Les vivants rendaient visite aux morts et je rendais visite aux miens.” Tout à commencer avec la tombe de Proust et s’est poursuivi avec des poètes du monde entier.
    Nous faisons une visite guidée des " Affinités électives " de Nooteboom, tantôt une citation, tantôt un souvenir personnel pour ceux qu’il a connu, parfois un poème, accompagnent les photos.

    Le Choix de l’ordre alphabétique n’a rien d’original mais offre parfois une proximité surprenante.

    Petit tour d’horizon :
    Les jumelles : Goethe et Schiller dans un même mausolée sinistre à Weimar,

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    Keats et son ami John Severn à Rome (Photo Giovanni Dall'Orto)

    La plus étonnante :  Thomas Bernardt qui partage les lieux avec des inconnus
    les plus évocatrices  : Baudelaire écrasé par le Général Aupick jusque dans la mort, Stevenson dominant la mer aux Samoa, Châteaubriand et sa croix fièrement dressée.
    Les plus émouvantes : La photo du jardin de Virginia Woolf (la tombe n’étant pas accessible) et le très beau texte qui l’accompagne, le monument hommage à Walter Benjamin à Port-Bou et la terrible citation qui y est gravée ” Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie ”

    saintebeuve.jpgEt élue la plus monstrueuse :  Sainte Beuve le mort grimaçant en haut de sa colonne au cimetière Montparnasse.

    Jouant son rôle de passeur Cees Nootebom nous fait monter dans la barque de Charron  pour approcher quelques " voleurs de feu " moins connus :  Elsschot, Lucebert, Roland Holst, Slauerhoff.
    Les photos valent par leur sujet et la variété des prises de vues, certaines tombes ont été difficiles à trouver, d’autres sont prises de très loin ou sous des angles un peu improbables.
    Vous aimerez cette promenade littéraire et géographique qui nous promène de Sète aux îles Samoa, de Weimar à Rome, de Paris au Japon ou à New-York

    L'auteur
    ceesnooteboom.jpgEcrivain voyageur, Cees Nooteboom s'est imposé depuis les années 1980 comme une des plumes néerlandaises les plus importantes sur la scène internationale. Suite à une enfance difficile marquée par la guerre, la mort de son père et les sévères pensionnats religieux, le Hollandais choisit de quitter son pays pour découvrir l'Europe, le Surinam ou encore le Japon. Ses nombreuses expéditions vont fournir la matière de ses romans, poésies et autres essais. Journaliste pour Volkskrant et le magazine Avenue, Nooteboom accède à la notoriété en tant qu'écrivain avec 'Rituels', paru en 1980.L'oeuvre inclassable de Cees Nooteboom évoque les thèmes de la mort et du souvenir, ainsi que les questions de l'identité et du destin, de la relativité du temps et de l'espace, de la frontière entre réalité et fiction. (Source Evene)

  • En ce sanctuaire - Ken Bruen

    bruen.gifEn ce sanctuaire - Ken Bruen - Traduit de l’Irlandais par Pierre Bondil - Gallimard Série noire
    Retrouver Jack Taylor est toujours un plaisir, ce privé irlandais qui oscille toujours entre sauver le monde ou le quitter, alcoolique à tendance suicidaire mais qui est toujours prêt à sauver la veuve et l’orphelin.
    Je l’avais laissé dévasté par la mort de son fils adoptif et je le retrouve assez fringant avec claudication et prothèse auditive, il veut partir aux USA et à vendu son appartement, du coup son compte en banque est bien approvisionné seulement voilà, le grain de sable inattendu.
    Il reçoit une lettre annonçant la mort prochaine de policier, nonne, juge et enfant. Policier et juge Jack Taylor pourrait s’en accommoder mais un enfant non, il traîne avec lui une vieille culpabilité pour être à l’origine de la mort d’une petite fille. En plus le message est signé Bénédictus ! Bénédiction ! un comble
    Sur le départ il est contraint de refiler l’affaire à la police et à un de ses pires ennemis  le Surintendant Clancy. Fin de non recevoir, la police lui rit au nez, alors retardant son départ Jack va faire appel à Ridge sa vieille partenaire et Stewart son ex-dealer du temps où il ajoutait la came à l’alcool.
    Ajoutez à cela son voisin homo qui se fait tabasser par des excités partisans d’ordre et de morale.
    Nous voilà replongé dans le monde de Taylor, un monde de bassesses, d’excès, un monde composé de marginaux, de fous, d’excités. Bref le monde de Jack !
    Je me suis laissée avoir encore une fois, j’ai beaucoup aimé Stewart reconverti en moine Zen...ou presque et Jack lisant de la philosophie sous Xanax et tout proche de replonger au fond d’une bouteille de Bushmills.

    L'auteur
    708_ken_bruen_hands.jpgIl est né en 1951 à Galway. Après des études au St. Joseph’s College à Galway puis à Trinity College à Dublin où il devient docteur en métaphysique, Ken Bruen se mit à voyager beaucoup, enseignant l’anglais dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie du sud-est et d’Amérique du Sud. Il fit même un séjour très éprouvant en prison au Brésil.De retour en Irlande il se fixe dans sa ville natale et écrit des romans noirs. (Wikipédia)

     

  • Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier

    Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier - Editions des Equateurs
    les coqs .gifC’est après une émission de radio que j’ai eu envie de lire les poèmes d’Albert-Paul Granier, Claude Duneton a lu plusieurs des poèmes et je suis restée abasourdie que l’on ignore ce poète jusqu’à aujourd’hui.

    L’histoire que raconte Duneton est trop jolie pour ne pas vous la livrer : un petit opuscule de poésie très vieux, dont les pages ne sont pas coupées, est trouvé par un de ses amis dans un vide-grenier....Bien sûr l’ami en question l’offre sans l’avoir lu à Claude Duneton...lecture et aussitôt recherche d’un éditeur qu’il trouve aux éditions des Equateurs

    Les poèmes ont été écrits pendant la 1ère guerre mondiale par un sous-lieutenant qui ne verra jamais la publication de ses poèmes car volontaire pour l’observation aérienne des lignes ennemies, son avion est touché par un obus en 1917.
    Cet opuscule a été envoyé juste avant à l'Académie Française pour un concours, l’ Académie Française le récompensa en 1918.

    Ce petit livre est d’une modernité étonnante et d’une émotion puissante, la folie meurtrière, la souffrance, le froid, la peur, le bruit de la mitraille, tout est là dans ces quelques pages d’une beauté sombre.


    « Et puis, voici pour ceux des guerres,
    les coqs cambrés et claironnants et les vautours,
    de haine lourds, avec leurs serres
    teintes du sang des souvenirs.... »


    Tout fait poème : l’exode des populations,  les villages pilonnés, les nuits d’attente et de peur, la mort omniprésente.


    Par les chemins gluants qui viennent
    du fond des plaines,
    les gens s’en vont, comme des fous,
    comme des fous qui seraient sages
    les gens s’en vont vers n’importe où...

     

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    Par les ravins crépus, d’horreur échevelés,
    où les obus aigus mordent à crocs avides,
    des cadavres blêmis crispent leurs poings rigides
    sur le Néant obscur près d’eux agenouillé.

     

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    La mort, soûle et joyeuse, danse,
    et gambille et se déhanche,
    la mort muette se trémousse,
    et joue et jongle avec des crânes,
    Comme avec des osselets



    Rien n’est épargné, le symbole même de la paix la cathédrale agonise

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    Vengez les saints des hauts vitraux
    dont les doux gestes de lumière
    absolvaient depuis des siècles
    vengez les anges qui n’ont plus d’ailes
    et les gargouilles de plomb gris
    dissoutes parmi l’incendie.

     

    Faite une place à ce livre dans votre bibliothèque

  • Bribes et Brindilles John Keats

    Bright Star John keats

     

    Pillow’d upon my fair love’s ripening breast,
    To feel for ever its soft fall and swell,
    Awake for ever in a sweet unrest,   
    Still, still to hear her tender-taken breath,
    And so live ever — or else swoon to death.

     

     

    jeandleriris.jpgLa joue appuyée sur le sein mûrissant de mon bel amour,
    Sentir à jamais se soulever et retomber sa douce houle,
    Eveillé à jamais en un émoi exquis
    Encore et encore entendre son tendre souffle
    Et vivre ainsi toujours  — ou sombrer dans la mort.

     

     

    Un dossier sur John Keats dans Esprit nomade
    Le livre : John Keats - Les Terres perdues biographie - Christian La Cassagnère - Editions Aden
    Photo Pêle-Mêle

  • L'Enigme du retour - Dany Laferrière

    enigme.gifL’Enigme du retour - Dany Laferrière - Editions Grasset
    Un long récit mêlant poésie et prose comme si l’auteur ne pouvait faire le choix entre ces deux modes d’écriture, comme il ne peut faire le choix entre sa terre natale et son lieu d’exil.  C’est ainsi que Dany Laferrière met en mots l’indicible : la douleur de l’exil et  la volonté de se dire à nouveau "chez soi "
    A vingt ans d’intervalle son père et lui ont quitté Haïti, ont échangé la splendeur des couleurs pour le froid et le vide de l’exil. Vingt années durant l’auteur a été hanté par l’absence de ce père parti sans espoir de retour.
    A son tour lui aussi fait le choix du départ, laissant mère, soeur, amis.

     

     

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    Les femmes de Haïti sont celles qui restent

     

    Il n’y a plus de famille, un père aux Etats-Unis, un fils au Canada, la famille éclatée, dispersée.
    C’est son père dont " La mort expire dans une blanche mare de silence " (Aimé Césaire)  va provoquer le retour vers la terre d’origine, vers le bruit, les couleurs, les odeurs de la terre natale.
    C’est un retour difficile. Il reprend possession des lieux, il reconnait les rues, les bruits, la vitalité paradoxale de son île " Si on meurt plus vite qu’ailleurs, la vie est ici plus intense " C’est son pays et il y est comme un étranger. Sa soeur est restée, c’est sa blessure secrète :
    " Encore plus secrète que ma mère.
    A la voir toujours souriante on n’imaginerait pas
    qu’elle vit dans un pays ravagé par une dictature
    qui ressemble à un cyclone
    qui n’aurait pas quitté l’île pendant vingt ans "

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    Ce roman de l’identité est magnifique et terrible, le fantôme du père est partout présent, les changements sont profonds dans l'île mais la pauvreté, la faim, la peur sont toujours là.

    De brefs tableaux, croqués sur le vif, de la vie haïtienne, un poignant constat d’échec "Un fleuve de douleurs dans lequel on se noie en riant." et aussi " Les trois quarts des gens que j’ai connus sont déjà morts (...) Ils vont si vite vers la mort qu’on ne devrait pas parler d’espérance de vie mais plutôt d’espérance de mort."

    Un roman qui est comme un cri et qui devrait trouver place dans votre bibliothèque

    D'autres avis :    Chez AnnDeKerbu sibylline Bénédicte Luocine

    Une interview que m'a fait découvrir Colo

    Le blog Encres Noires avec une interview de Dany Laferrière