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A sauts et à gambades - Page 189

  • La croisée des errances - Lionel Bourg

    Jean-Jacques le nomade

     

    " Je dispose en maître de la nature entière ; mon coeur, errant d'objet en objet, s'unifie, s'identifie à ceux qui le flattent, s'entoure d'images charmantes , s'enivre de sentiments délicieux."

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    Les débuts de Jean-Jacques Rousseau furent des débuts nomades. 

    Il circula, erra, pris la fuite, et cela pendant pas mal d’années. Beaucoup de ses tribulations eurent pour cadre la région Rhône Alpes, un livre aujourd’hui permet de suivre Rousseau au gré de ses errances, s’appuyant sur les textes de l’écrivain et associant ces écrits aux paysages que Rousseau traversa.                                    

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                                              Les Charmettes 

     

    Ce livre nous ouvre les perspectives des pérégrinations du philosophes, ses marches parfois difficiles, marches qui s’étagent au fil des années et des lieux.

    Lionel Bourg nous permet de suivre le Rousseau jeune vagabond amoureux des montagnes « Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur » et aussi le Rousseau trouvant asile aux Charmettes chez Mme de Warens et en proie aux émotions du jeune homme faisant connaissance avec l’amour et la volupté.

     

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                                              Les Charmettes le jardin

     

     

    Mais Lionel Bourg suit les traces de l’écrivain à Lyon, à Valence, à Grenoble hors des sentiers battus.

     

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                                           Grenoble : Beauregard

     

    " Cheminant rive droit du Drac : les bois de Fontaine ou de Seyssins, Beauregard, n'eurent bientôt plus de secrets pour l'infatigable randonneur "

     

    Il est bon de découvrir le Rousseau musicien, le futur auteur des Confessions et des Rêveries d’un promeneur solitaire. Lionel Bourg à travers ses propres souvenirs nous invite à herboriser et vagabonder aux côtés de Rousseau en s’invitant dans ses écrits, en les lisant ou relisant tout en suivant son parcours de Genève à Paris.

     

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     " Des parcs, des jardins, des maisons de retraite, des villas s'y disputent toujours avec la même indolence le monopole d'une vue imprenable sur la saône

     

    Le portrait tracé du « proscrit, indésirable à Genève » et qui devient le philosophe inspirateur des Lumières. Mettant ses pas dans ceux de Jean-Jacques, Lionel Bourg nous invite à le connaître mieux, à redécouvrir l’impertinent qui aujourd’hui encore intrigue par son amour de la solitude tempéré par son envie de reconnaissance, son amour de la langue et de la liberté,.

     

    Un petit livre écrit par un admirateur qui ne peut s’empêcher de dire « J’aime Rousseau », suivez le par les monts et par les champs derrière Jean-Jacques le genevoix, d’auberge en cascade, de l’adolescence à l’âge adulte, au long des chemins, c’est un joli parcours plein de sensibilité.

    J’ai aimé ce petit livre qui fait la part belle aux errances du philosophe et de l’auteur, publié chez un éditeur de la région comme il se doit.

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    Le livre : La Croisée des errances - Lionel Bourg - Editions La Fosse aux ours - 2012

  • 2012 année Rousseau

     

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    2012 est l'année Rousseau aussi il était juste de vous inviter à une promenade champêtre avec lui 

    Deux chroniques pour vous inviter à le lire et à l'écouter 

    C'est ici dès demain 

  • Kamal Jann - Dominique Eddé

    Cap au Sud

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                                  Palmyre - © Jean-Marc Biehler

    Cap sur la Syrie, l’état créé de toute pièce par les puissances occidentales dans l’entre deux guerres mais pas seulement car ce thriller vous embarque aussi à Manhattan, dans les collines du Liban et Israël et vous fait pénétrer les services secrets de tout ce beau monde.

    C’est une sordide histoire de famille pour commencer, Kamal Jann, brillant avocat travaillant aux US, est incapable d’oublier son enfance. Il faut dire qu’elle ne fut pas rose son enfance, ses parents ont été assassinés à Hama, l’assassin est connu de Kamal, c’est son oncle. Un oncle honni car non content d’assassiner les parents, il a abusé de son neveu pendant des années. Kamal est impuissant face à Sayf Eddine Jann car celui-ci est devenu le chef des services secrets syriens. Il lui a d’ailleurs payer ses études, c’est y pas gentil ça ? 

     

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                         Photos commémorant le massacre © Joseph Eid/AFP

     

    Le frère de Kamal, Mourad, n’a pas eu cette chance, il a été le mal aimé, le laissé pour compte, juste ce qu’il faut pour se tourner vers le terrorisme.

    La CIA va se servir de Kamal Jann pour mettre la main sur le frère, mais ils ne sont pas les seuls à avoir des intérêts là-dedans. Kamal va être contraint de renouer avec son passé, sa cousine Mada, sa tante, il va réveiller tous ces anciens contacts et tenter de sortir du piège. 

    C’est passionnant !!!  Une famille digne des Atrides, rien n’est épargné : trahison, vengeance, corruption, double voire triple jeux. 

    L’intrigue petit à petit vous dévoile l’histoire, la vraie, derrière la fiction. La mort est toujours deux pas derrière les personnages, la liberté et la démocratie ne font pas partie du vocabulaire courant, à remplacer par tyrannie, abus de pouvoir, loi du sang. 

     

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                   Et pourtant c'est si beau

     

    Dominique Eddé a passé plusieurs années en Syrie.  Son roman est servi par une écriture dure, courte, sèche, âpre, entrecoupée par quelques moments lyriques qui apportent un peu d’air à ce récit noir comme l’encre.

     

    C’est pas parce que c’est un thriller qu’il n’est pas documenté, ce roman vous en apprendra plus et vous fera mieux comprendre les soubresauts actuels que bien des articles super sérieux !

    Le livre : Kamal Jann - Dominique Eddé - Editions Albin Michel 

    Edde-Photo_0.jpgL'auteurRomancière et essayiste, elle a également été enseignante, critique littéraire, traductrice et éditrice. Ses articles politiques ont été notamment publiés dans Le Monde et le Nouvel Observateur. Elle a initié et dirigé une mission photographique internationale à Beyrouth, en 1991
    Elle vit entre la France, le Liban et la Turquie. 

  • La Reine du désert - Janet Wallach

    Cap au sud 

     

    Portrait d’une femme d’exception 

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                 Tableau d'Edmund Berninger  The desert carvan

     

    Aventureuse, excentrique, têtue, érudite, faiseuse de rois, amie de Lawrence d’Arabie............pas moins !!

    Une femme qui joua un rôle déterminant dans la politique anglaise au Moyen Orient puisqu’elle en a dessiné les frontières ce qui n’est pas à priori le rôle d’une femme née sous Victoria !

    Gertrude Bell surnommée La reine du désert ou la Khatun par les arabes fut peut être la femme la plus puissante de l’Empire britannique à son époque. 

    Je vous sens déjà bien attentif alors en route.

     

    Gertrude Bell est née dans la bonne aristocratie victorienne de la fin du XIX ème siècle, elle se fait remarquer assez vite par sa volonté de suivre des études à Oxford, rappelez-vous les écrits de Virginia Woolf sur le sujet, c’est extrêmement difficile pour une femme, et voila Gertrude qui non seulement arrache le consentement de sa famille mais en plus sort première femme diplômée d’histoire !!

    Cette jeune femme va très vite se faire remarquer par son érudition, sa soif d’apprendre, traductrice du Persan, archéologue à ses heures, elle est aussi une femme intrépide qui fait l’escalade des Drus et de bien d’autres sommets. 

     

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                          Elle fut la première femme à explorer ces sites fameux 

     

    Ce qui va changer sa vie c’est qu’elle tombe amoureuse de la mauvaise personne et que alors qu’elle est capable de faire fi de bien des préjugés, en matière de mariage elle se laisse influencer et renonce à l’homme qu’elle aime pour obéir aux codes de son milieu.

     

    Cet échec va décider de sa vie car comme la tradition le veut elle va partir, voyager pour oublier. Elle sillonne l’Europe mais très vite c’est l’Orient qui va l’attirer, elle va s’acharner à apprendre l’arabe, puis les dialectes des contrées où elle vit.

    Elle  tombe amoureuse du désert, des arabes, de leur mode de vie. Anglaise jusqu’au bout des ongles elle sait faire preuve de témérité mais reste attachée à ses habitudes et si elle voyage à dos de chameau, elle emporte aussi sa baignoire pliante et son service à thé en porcelaine de Chine.

     

     

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    Orient en peinture 

     

    Petit à petit elle crée des liens avec les cheiks locaux, les chefs bédouins, les chefs de tribus, elle partage leur nourriture, les derniers potins locaux, s’informe, flatte, elle est traitée en dignitaire par ces notables. Elle transformera ses expériences en livres qui eurent un énorme succès et contribuèrent à lui assurer une certaine indépendance.

    Son rôle et ses connaissances vont s’avérer déterminantes lors de la Première Guerre mondiale, rappelez-vous que l’Empire Ottoman est à ce moment là l’allié des allemands et que les anglais ont besoin de la loyauté envers eux des différentes tribus arabes en guerre contre les Turcs.

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                                  Ses interlocuteurs lors de ses voyages 

     

    Gertrude Bell  fait un vrai travail d’espionnage et de renseignement pour le gouvernement britannique et à cette occasion va créer des liens avec T.E Lawrence, le fameux Lawrence d’Arabie.

    A la fin de la guerre va se poser le problème des territoires perdus par les Turcs et le partage de la région par les vainqueurs français et anglais. C’est l’émergence du problème du pétrole. Les anglais ont besoin de toutes les personnes qui puissent les éclairer sur la situation, Gertrude Bell va être cette personne.

    Elle va soutenir le désir des arabes de voir se créer de nouveaux pays, Syrie, Irak. On a pu dire qu’elle a dessinée la carte de la région , elle adoube les futurs chefs de ces états et en particulier le future roi Fayçal d’Arabie.

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    Elle est une des rares à avoir une idée claire des antagonismes entre Chiites et Sunnites ( déjà !!) entre arabes et kurdes ( déjà !) et lorsque elle participe à une conférence au Caire, on peut dire qu’elle est la femme la plus puissante de l’Empire. Elle va être très critique par rapport à certaines décisions qui s’avérerons désastreuses, la « poudrière » du Moyen-Orient est née 

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    La Conférence du Caire 1921, G Bell sur un chameau devant les pyramides aux côtés de Winston Churchill qui vient juste de remonter sur son chameau après une chute mémorable

     

    Quelle vie riche, quelle force de caractère ! Certes sa vie personnelle et amoureuse s’en ressentit car elle est toujours victime du carcan de la bonne société, étonnante femme qui crée le Musée de Bagdad mais est incapable de vivre sa vie de femme !

    Ecartée de la politique à la fin de sa vie, elle meurt épuisée d’une overdose médicamenteuse peut-être volontaire. 

     

    Un livre passionnant qui se lit comme un roman tant l’esprit d’aventure souffle. Ecrit par une spécialiste du Moyen Orient il m’a permis de connaître mieux cette femme courageuse, endurante, à la fois corsetée par les conventions et éprise d’aventures, passionnée par l’Arabie et ses peubles. A travers sa vie on comprend un peu mieux les soubresauts de cette région qui se font sentir aujourd’hui encore. 

     

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    Le livre : La Reine du désert - Janet Wallach - Bayard Editions 1997  

    A chercher chez les bouquinistes et dans les bibliothèques

     

  • Moyen Orient

     Cap au Sud

     

    La Syrie fait la une de l’actualité.

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    Je sais pas vous mais moi le Moyen Orient je m’y perd un peu, Irak, Iran, Syrie, tous plus ou moins en conflit aujourd’hui ou hier avec les pays occidentaux, avec Israël , ou simplement entre eux. Et sans oublier le Liban un pays sous dépendance d’on ne sait plus trop qui.

    Comment expliquer tout ça ?   

    Pas question d’un cours de géopolitique mais deux livres qui abordent ces pays de biais. Ce sont deux femmes qui seront vos guides dans ces contrées où il leur est difficile de faire entendre leur voix. 

    Une biographie et un thriller géopolitique passionnant. 

    Rendez-vous demain ici même.

  • La Dernière conquête du Major Pettigrew - Helen Simonson

     

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    Je sais que certains d’entre vous me ressemblent, prêts à s’accrocher à un livre difficile, dur, long, parce que le sujet ou l’art de l’auteur est tellement excellent qu’il n’est pas question de lâcher. Je suis prête à explorer de nouveaux territoires, à faire l’effort du livre scientifique, philosophique mais ........de temps en temps je suis prise d’une envie tenace de lire léger, de lire du romanesque bon teint, celui qui fait vibrer quand on a quinze ans. J'ai entassé dans un coin de ma bibliothèque des livres à ouvrir les  jours de morosité totale où ils remplacent avantageusement le Prozac

    Si vous avez aimé par exemple dans ce genre : La Reine des lectrices ou les fameux amateurs d’épluchures de patates alors ce livre va vous combler. 

     

    Je vous avait promis l’Angleterre, la voilà : Un petit village anglais du Sussex, ses maisons très « cosy », ses jardins bien entretenus, bref une sérénité toute bucolique. C’est la retraite du Major Pettigrew, un gentleman pur jus qui coule des jours calmes mais un peu tristounets à Edgecomb St Mary.

     

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                             Le cottage du Major ou du moins ce que j'imagine

    Une épouse aimée mais qui a quitté ce monde depuis plusieurs années, un fils que vous allez détester et que vous ne souhaiteriez pas à votre pire ennemi, quelques amis pour le golf, et ses chers livres parmi lesquels vous ne serez pas étonné de trouver Kipling

     

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                                 Une épicerie comme celle là 

    Vous parlez d’un séisme, d’un quasi tsunami lorsque Mme Ali qui tient l’épicerie pakistanaise locale, sonne à sa porte et le découvre en perdition car il vient d’apprendre le décès de son frère. 

    De fil en aiguille, de tasse de thé en balades en voiture, ces deux personnages vont se découvrir bien des points communs et pas seulement leur âge.

     

     

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                                     Tradition tradition

     

    Mme Ali prisonnière des traditions familiales et d’un neveu irascible n’a rien à envier au Major qui doit supporter l’envahissement de sa maison et de sa tranquilité  par une possible belle-fille américaine et qui voit lui échapper le fusil tant convoité que son frère a oublié de mettre dans son testament.

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               une paire de Churchill objet de la convoitise du Major 

     

    Est-il possible d’envoyer par dessus les moulins nos bonnes vieilles habitudes, de faire fi de la mesquinerie des uns, des manoeuvres des autres ? Plongez dans ce roman charmant, drôle, léger, savoureux. Il y a des scènes croquignolettes, des visites de cottage, des parties de golf et de chasse, et même un grand bal (juste un peu trop long à mon goût mais pffft je chasse ça d’un revers de main)  

     

    J’ai souri tout au long de cette lecture, devant ces deux mondes si opposés, ces deux personnages avec qui l’on passe un excellent et tendre moment.

     

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    Le livre : La Dernière conquête du Major Pettigrew - Helen Simonson - Editions Nil 

     

    helen_simonson_tea1.jpgL'auteur :  Helen Simonson est née en Angleterre, et vit aujourd’hui à New York. Elle a passé son enfance dans l’East Sussex. Dans ce « pays littéraire », où vécurent notamment Henry James, Kipling et Virginia Woolf, elle puise encore une grande partie de son inspiration. La Dernière Conquête du major Pettigrew est son premier roman. Il a reçu, de part et d’autre de l’Atlantique, un accueil unanime à la fois du public et de la critique.