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A sauts et à gambades - Page 147

  • bribes d'Umberto Eco

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    En 1860, alors qu’il était sur le point de traverser la Méditerranée pour suivre l’expédition de Garibaldi en Sicile, Alexandre Dumas père fit une halte à Marseille et visita le château d’If, où son héros Edmond Dantès, avant de devenir le comte de Monte-Cristo, reste emprisonné quatorze ans et reçoit l’enseignement d’un codétenu, l’abbé Faria. 

    Alors qu’il se trouvait là, Dumas fit une découverte : on montrait régulièrement aux visiteurs du château la « véritable » cellule de Monte-Cristo, et les guides ne cessaient de parler de Dantès, de Faria et des autres personnages du roman comme s’ils avaient vraiment existé. En revanche, ces mêmes guides ne mentionnaient jamais que le château d’If avait été la prison de personnages historiques importants comme

    Mirabeau.

     

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    D’où ce commentaire de Dumas dans ses Mémoires

    « C’est le privilège des romanciers de créer des personnages qui tuent ceux des historiens. La raison en est que les historiens se bornent à évoquer de simples fantômes, tandis que les romanciers créent des personnes en chair et en os. »

     

     

     

    Le livre : Confessions d’un jeune romancier - Umberto Eco - Editions Grasset

  • Bribes de John Gierach

    Petit hommage à mon père pêcheur à la mouche

     

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    « L’espace d’une saison ou deux, nous eûmes l’endroit pratiquement pour nous tout seuls et, en ce qui me concerne tout du moins, j’en appris alors beaucoup sur la pêche à la mouche, tant en matière de technique que pour le reste. Même quand je n’arrivais pas à prendre le moindre poisson, j’étais capable de profiter de ce que j’avais sous les yeux : une rivière fraîche, des truites farios, une canne à mouche, les contreforts des montagnes du Colorado, et aucun autre humain. »

     

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    Et la fabrique de mouches

     

    Le livre : Là-bas les truites - John Gierach - Editions Gallmeister 

  • Bribes de Bill Bryson

     

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    « Bienvenue. Et félicitations. Ravi de voir que vous y êtes arrivé. Je sais que ça n’a pas été facile – et même un peu plus compliqué que vous ne le soupçonnez.

    Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd’hui, que des billions d’atomes errant au hasard aient la curieuse obligeance de s’assembler de façon complexe pour vous créer. Cet arrangement est si particulier qu’il n’a jamais été tenté auparavant et n’existera qu’une seule fois. Pendant les années à venir (encore nombreuses, souhaitons-le), ces minuscules particules vont accomplir sans rechigner les milliards de tâches délicates nécessaires pour vous conserver intact et vous permettre de jouir de cet état suprêmement agréable, mais pas toujours apprécié à sa juste valeur, qu’est l’existence. »

     

     

    Le livre : Une histoire de tout ou presque - Bill Bryson - Editions Payot

  • Bribes de Frédéric Schiffter


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    « Molière nous décrit tous les radins dans L'Avare ; tous les hommes qui aiment les femmes dans Dom Juan ; tous les faux-culs dans Tartuffe. Le fabuleux bestiaire de La Fontaine nous rappelle combien les mœurs ne varient jamais malgré le temps. En peignant la cruauté des hommes ou les saccages du temps, Bosch, Goya, Schiele nous surexposent la douleur d’exister en son essence même. 

    Dans Madame Bovary Flaubert démonte les mécanismes mortels de nos illusions narcissiques, Kafka, dans Le Procès, les rouages étatiques qui nous écrasent, Houellebecq, dans Les Particules élémentaires, les ressorts déprimants de notre plaisir sexuel. 

    Le temps de la contemplation picturale, de la représentation théâtrale, de la lecture poétique ou romanesque, nous accédons à une connaissance claire, distincte et jubilante de tout ce que produit la Volonté dans l’univers et en nous-mêmes. En cela, toute grande œuvre répond exactement à la définition scolastique de la vérité : une adéquation entre la conscience et la réalité. »

     

     

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    Le livre : Philosophie sentimentale - Frédéric Schiffter - Editions Flammarion

  • Bribes de Peter Handke

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    « Il y a peu, j’étais sur le sommet de l’Untersberg, dans la neige. Juste au-dessus de moi une corneille flottait au vent, proche à la prendre de la main. Le jaune des serres plaquées contre le corps me parut être l’image même de l’oiseau ; le brun doré des ailes irisées de soleil ; le bleu du ciel. Ces trois éléments traçaient le sillage d’un vaste espace aérien qui, au même instant, me fit l’effet d’un drapeau tricolore.

    Un drapeau qui ne prétendait à rien, un simple objet fait de couleurs. Mais grâce à lui les drapeaux d’étoffe qui jusqu’alors n’ont fait que boucher la vue sont devenus au moins quelque chose qu’on puisse regarder car leur origine pacifique se trouve dans mon imagination. »

      

    Le livre : La leçon de la Sainte Victoire - Peter Handke - Folio numérique

  • Bribes de Stefan Zweig

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    « Pouchkine, l’ancêtre de la littérature russe, est de sang princier, Léon Tolstoï descend d’une antique lignée de comtes. Tourgueniev est un gentilhomme campagnard. Dostoïevsky est fils de haut fonctionnaire appartenant à la noblesse : tous sont nobles. C’est que dans la Russie du XIXe siècle la littérature, l’art, toutes les formes de l’activité intellectuelle sont réservées à la noblesse, comme elle possède territoires et châteaux, fleuves et mines, forêts et champs jusqu’aux hommes eux-mêmes, les serfs, qui font produire ceux-ci à la sueur de leur front. Puissance, fortune, postes officiels, connaissance et savoir sont l’apanage exclusif de cent familles, de dix mille personnes dans une nation de plus de cents millions d’habitants. Elles seules représentent aux yeux du monde la Russie, sa richesse, sa race, sa force et son cerveau. »

     

     

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    « Les premières œuvres de Gorki ont provoqué dans le monde une réaction indescriptible, d’une puissance élémentaire, une sorte d’ébranlement, de secousse, de déchirement : une Russie nouvelle, chacun le sentait, venait de se faire entendre pour la première fois, et cette voix sortait de la poitrine gigantesque et oppressée du peuple. Certes dans leurs sublimes visions Dostoïevsky, Tolstoï et Tourgueniev nous avaient laissé pressentir depuis fort longtemps déjà la grandeur et la violence de l’âme russe. Mais Gorki, lui, représentait tout à coup les mêmes choses d’une manière différente avec plus de réalisme en quelque sorte : il ne peignait pas seulement l’âme, mais aussi l’homme lui-même tout entier, nu, la réalité russe, avec une netteté impitoyable, une exactitude documentaire. »

     

     

    Le livre : Souvenirs et rencontres - Stefan Zweig - Editions Grasset Cahiers rouges