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  • Les Dépouilles de Poynton - Henry James

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                       « une merveille du style Jacobite de la première époque »

    Poynton est une magnifique propriété du sud de l’Angleterre. A la mort du propriétaire tout va passer dans les mains de son fils Owen Gereth, et quand je dis tout c’est vraiment tout : la maison, le domaine, les meubles et toutes les oeuvres d’art qu’Adela Gereth et son époux, amateurs de beauté, avaient patiemment amassés.

    La laideur, les niaiseries esthétiques sont pour Mrs Gereth « une secrète souffrance » aussi lorsqu’Owen s’éprend et se fiance à Mona Brigstock qui n’a aucun goût pour les belles choses et qui offre « le hideux spectacle d’une pimbêche disgracieuse et mal habillée » , Mrs Gereth sait qu’il va lui falloir agir avec célérité et détermination.

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    Poynton  " l'histoire d'une vie"

    Owen Gereth n’a jamais aimé Poynton aussi faut-il une stratégie à Mrs Gereth et cette stratégie s’apelle Fleda Vetch, une jeune personne élégante mais pauvre, intelligente et sensible à l’art et qui va servir d’intermédiaire entre les différents protagonistes, l’essentiel étant pour Mrs Gereth que jamais oh grand jamais ! Mona ne puisse devenir la propriétaire des merveilles de Poynton quitte à ce que son fils s’unisse à quelqu’un sans le sou.

    Henry James est habile et se joue de son lecteur, nous sommes immédiatement ralliés à sa cause alors que nous n’avons jamais le plaisir de visiter vraiment Poynton. Tout est dans l' art du sous-entendu, du dit à demi.

    Fleda et Mrs Gereth s’installent dans une maison charmante mais à mille lieux de l’héritage convoité. Et le temps et les manipulations de Mrs Gereth font leur chemin, Owen finit par être troublé par Fleda mais il n’est pas si facile de défier et duper Mona Brigstock.

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    Tout le talent d' Henry James est là. Ce n’est pas une de ses oeuvres majeures mais quel plaisir de suivre les manipulations des uns, les réticences des autres, les fourberies et les scrupules, les promesses faites et non tenues, les vainqueurs et les vaincus. C’est tortueux à souhait, on éprouve de la sympathie pour Fleda, de l’agacement devant la bêtise d’Owen. 

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    Le livre : Les dépouilles de Poynton - Henry James - Traduit par Simone David - Editions Calmann-Levy ou Editions Sillage

  • Peinture et littérature

    Quand un tableau est à la fois peinture et littérature 

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    « Il ne suffit pas de regarder pour voir. Proust le savait, lui qui avait remarqué que le tableau du Mauritshuis de La Haye s’était imprimé dans sa mémoire, non par impression de l’ensemble, mais par ce « petit pan de mur jaune » qu’on aperçoit immédiatement à gauche des tours de la porte de Rotterdam, l’une des deux portes, celle de droite, qui ferme l’enceinte, séparée par un pont sous l’arche duquel l’eau du Zuidkolk pénètre dans la ville et irrigue ses canaux. 

    A bien le regarder, le « petit pan de mur jaune » n’est pas vraiment jaune, il est plutôt d’or liquéfié, émulsionné sous le coup de soleil, presque dématérialisé par le rayonnement de la lumière. »

    proust,vermeer

    « Enfin il fut devant le Ver Meer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. (…) C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune

     

    Le livre 

    Vermeer le jour et l’heure - Jacques Darriulat et Raphaël Enthoven - Editions Fayard
    La prisonnière - Marcel Proust - Editions Gallimard

     

  • L'affaire Arnolfini - Jean Philippe Postel

    J’avais expérimenté il y a peu l’étude détaillée d’un tableau, l’exercice m’avait énormément plu, le billet de Wodka sur un tableau de Van Eyck et son analyse à la manière d’une enquête m’a aussitôt donner envie de recommencer l’expérience.

    J’ai  lu ce livre avec d’autant plus de plaisir que Van Eyck est un peintre que j’aime beaucoup, j’ai vu plusieurs de ses oeuvres à Vienne, à Londres, à Gand, à Bruges et Paris bien sûr.

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    Au Louvre  La Vierge au chancelier Rolin

    Mais suivons Philippe Postel devant le tableau Les époux Arnolfini à la National Gallery de Londres. Je précise tout de suite que l’éditeur a eu l’excellente idée d’utiliser les rabats du livre pour nous permettre de visualiser les détails du tableau.

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    un clic pour agrandir

    Tout d’abord la partie facile, c’est une huile sur bois de petite dimension ( 82cm sur 60) je me souviens à Londres d’avoir été un peu déçue par la taille du tableau. La date est approximative, 1434, et comme pour beaucoup de peintres de cette époque on ne sait pas grand chose de Van Eyck si ce n’est qu’il y eu deux frères et qu’ils sont parmi les premiers à utiliser la peinture à l’huile.

    Ce tableau fut très commenté car nous dit Philippe Postel « pour autant que l’on sache, aucun peintre avant lui n’avait jamais représenté un homme et une femme dans une chambre.» 

    En effet on est loin des vierges à l’enfant ou d’Adam et Eve. 

    Dans mon souvenir c’était un couple plutôt riche et nouvellement marié, avec une jeune femme enceinte manifestement, quelque chose m’avait frappé à l’époque : ils ne souriaient pas mais alors pas du tout, le mari était-il mécontent qu’elle soit enceinte ? mon souvenir s’arrêtait là.

     Riches ? oui ils l’étaient, l’auteur attire notre attention vers « les meubles délicatement sculptés, luxueux miroir, splendide chandelier de cuivre, draperies fastueuses, tapis d’Orient, vêtements fourrés de martre zibeline et de vair » 

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    Beau chandelier avec une seule bougie !

    Quelles étaient les intentions du peintre, plus Philippe Postel nous fait circuler dans la toile plus les questions affluent : pourquoi le chien ne se reflète pas dans le miroir ? pourquoi une seule chandelle est allumée au chandelier. Le XVème siècle était un siècle où les symboles étaient beaucoup utilisés par les peintres, fruits, chaussures posées là de façon un peu incompréhensible: laisse-t-on traîner des socques de bois lorsque l’on prend la pose pour un tableau très solennel ?

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    mille détails

    Philippe Postel fait des suppositions, recoupe des informations glanées dans les livres nombreux qui ont commenté ce tableau.

    Il analyse avec méthode et précision et n’étant pas critique d’art il utilise les dons d’observation tout à fait indispensables au médecin qu’il est.

    Avec brio et érudition Philippe Postel nous fait entrer dans le tableau, plan par plan, détail après détail car tout est matière à symbole et interprétation. Il utilise des travaux d’historiens d’art, de chercheurs, parfois leurs démonstrations recoupent les siennes et parfois au contraire s’en éloignent.

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    le reflet un mystérieux : qui sont ces personnages ?

    Vous découvrirez que ce tableau est lié avec d’autres oeuvres du peintre et vous prendrez plaisir à la lecture patiente de « ce somptueux labyrinthe de reflets et de miroirs »

     

    Amateur de peinture je vous recommande ce livre qui vous engage à  « Regarder, regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive à voir » citation que l’auteur à mis en exergue de son livre et qui est de Jean-Martin Charcot célèbre neurologue.

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    Le livre : L’Affaire Arnolfini - Jean-Philippe Postel - Editions Actes Sud

  • Noire splendeur

     

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    « Il importe de se rappeler que l’auteur de cette suite extraordinaire, n’avait que vingt-deux-ans. »

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    « Regardons les ces Prisons, qui sont, avec les Peintures noires de Goya, une des oeuvres les plus secrètes que nous ait léguées un homme du XVIII ème siècle. »

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    « Aucun connaisseur en matière onirique n’hésitera un moment en présences de ces pages marquées par les principales caractéristiques de l’état de songe »

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    « Ce monde factice et pourtant sinistrement réel, claustrophobique, et pourtant mégalomane, n’est pas sans nous rappeler celui où l’humanité moderne s’enferme chaque jour davantage, et dont nous commençons à reconnaître les mortels dangers. »

     Les 16 gravures 

    Le livre : Le cerveau noir de Piranèse - Marguerite Yourcenar - Editions Pagine d’Arte

  • La Grenardière - Honoré de Balzac

    Il y a les études de moeurs, les romans à intrigues, les nouvelles au parfum de politique ou de fantastique et puis et puis il y a cette nouvelle que j’ai beaucoup aimé et qui a un petit parfum romantique. 

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    La Grenardière

    Le titre tout d’abord, il s’agit du nom d’une maison que Balzac occupa avec Laure de Berny, elle existe vraiment cette maison à Saint Cyr sur Loire. 

    Balzac y a placé une nouvelle mélodramatique. 

    Voyez plutôt :  Augusta Willemsens, comtesse de Brandon loue la Grenardière. Elle y vit seule avec ses deux enfants Louis-Gaston l’aîné et son frère Marie-Gaston.

    C’est une très belle femme, elle s’est retirée à la campagne peut-être pour échapper à quelqu’un, peut-être pour faire face à un destin tragique.

    On sent dès le début du récit que cette femme va vers une échéance inéluctable et qu’elle subit le sort des femmes abandonnées.

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    « Il n’existe nulle part au monde ce parfum, cette paix, cette douceur, ces superbes points de vue plongeant au plus loin du regard tant la lumière y est transparente. »

     

    Pourtant tout pourrait être idyllique, la maison d’abord, havre de paix avec un jardin qui en fait un petit éden. 

    « Elle est, au cœur de la Touraine, une petite Touraine où toutes les fleurs, tous les fruits, toutes les beautés de ce pays sont complètement représentées. »

    Mme Willemsens vit sans attirer l’attention

    « La maison fut meublée très simplement, mais avec goût ; il n’y eut rien d’inutile, ni rien qui sentit le luxe »

    Sa seule exigence est pour ses enfants et leur éducation. Elle impose une vraie discipline d’apprentissage que les enfants acceptent facilement. Elle veut les protéger et les préparer à une vie qui ne sera pas facile.

    « Ils baignaient dans une vie d’ordre régulière et simple qui convient à l’éducation des enfants. » 

     

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    la version aquarelle

    Comme d’habitude je m’arrête pour ne pas vous priver du plaisir de voir vivre cette famille. 

    Balzac a très bien rendu tout ce qui tourne autour de l’éducation des enfants, et lui qui n’a jamais connu l’amour d’une mère, sait nous faire vibrer avec cette femme qui ne peut compter que sur elle même pour mener ses enfants jusqu’à la vie d’adulte. Rousseau n'est jamais loin.

    Balzac est tout à fait lyrique lorsqu’il nous peint la Touraine qu’il aime tant.

    Il y a de la fraîcheur et de l’émotion dans cette nouvelle,Balzac regarde la femme avec compassion et la mère avec indulgence.

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    Le livre : La Grenardière - Honoré de Balzac - Edition numérique Arvensa

  • fleur de saison

    morency

    « Chandelle du curé, soleil, fleur du tonnerre, minou, mimi voyageur, doudou, soufflet, souffle de la vierge, ventoux, vol au vent, voyageur et voyageuse, bonne nouvelle, fleur horloge » 

    « Voilà autant de noms colorés que le peuple s’est donnés, dans les pays de langue française, pour nommer la fleur du pissenlit quand les fruits mûrs forment la célèbre boule d’aigrettes soyeuses. »

    morency

     

    Le livre : L’oeil américain - Pierre Morency - Editions Boréal