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  • Quatuor d'automne et La douce colombe est morte - Barbara Pym

    Restons en Angleterre et offrons nous une deuxième cup of tea

     

    La première série des Barbara Pym présentée ici clignait de l’oeil en direction des presbytères.

    Voilà une seconde livraison tout en douceur, délicatesse, panachée de dérision, où affleure un rien de cruauté.

     

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    Un quatuor d’abord qui va se disloquer pour cause de départ à la retraite. Deux femmes qui vivent parfois difficilement leur solitude, qui font parfois semblant de vivre leurs rêves, qui se raccrochent à une routine bienheureuse pour ne pas voir le temps passer.

    Les premières pages du Quatuor d’automne sont redoutables dans la description des petites habitudes au travail, des mesquineries qui ponctuent les journées, des faux-semblants.

    Ah ces pauses déjeuner où chacun part de son côté pour donner le change et faire croire à des rendez-vous secrets.

    Femmes et hommes partagent des journées de travail mais se refusent à laisser apparaître un peu d’eux-même sous la carapace.

    C’est très tendre et parfois très triste. 

    Pas de plaisanterie je vous le déconseille comme cadeau de départ à la retraite.......

     

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    Mon numéro deux c’est une Douce colombe à qui la vie joue un mauvais tour, lors d’une vente aux enchères elle fait la connaissance de deux hommes : James et Humphrey, deux antiquaires.

    Léonora est une belle femme qui aime le luxe, la beauté, la cuisine raffinée et les fleurs. 

    Elle a du goût Léonora, il n’y a qu’à voir son appartement, ce qui est bien pour plaire à ses deux chevaliers servants.

     

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    Seulement voilà chez Barbara Pym rien n’est jamais parfait alors les sentiments se portent souvent là où il ne faut pas, entre un Humphrey de sa génération et le un peu trop jeune James, pour qui croyez vous que Léonora a un penchant ?

    Cette douce colombe va se révéler machiavélique, manipulatrice et un rien perverse, prête à affronter Ned qui a pris une place bien trop importante dans le coeur de James. 

    Tout l’art de la dérision et du sous-entendu où excelle dame Barbara.

     

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    Voyez ce qu’en pense Plaisirs à cultiver

     

    Les livres :  

    Quatuor d’automne  et La douce colombe est morte - Barbara Pym - Traduit par Martine Bequié - Editions Christian Bourgois ou 10/18

  • Hiver - Christopher Nicholson

    Retour de flamme

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    Un vieil écrivain de 84 ans qui vit un peu reclus dans sa maison du Dorset et ne parvient plus à écrire sauf parfois un poème, voilà le héros de cette biographie romancée de Christopher Nicholson.

    Thomas Hardy, car c’est lui au soir de sa vie, va connaitre un élan amoureux pour une toute jeune femme qui incarne Tess son héroïne fétiche dans une adaptation pour un théâtre amateur.

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    Tess l'héroïne incarnée par Gertrude

    Florence sa seconde femme ne l’entend pas de cette oreille, lassée de vivre dans l’ombre de son mari, se sentant prisonnière de cette maison et plus encore de ce jardin qu’elle exècre, elle est prête à combattre cet amour qui est pour elle le comble du mauvais goût, amère et d’une jalousie féroce elle va s’opposer de toutes ses forces à la situation.

     

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    Thomas Hardy et Florence sa seconde épouse

    Je suis une fervente lectrice de Thomas Hardy aussi ai-je hésité à lire ce roman par crainte d’une grosse déception, et bien j’avais totalement tort.

    Ce roman est un bonheur de lecture. Christopher Nicholson nous fait entrer dans l’intimité de ce couple, nous réchauffer les mains au feu qui flambe dans la cheminée, partager un instant avec les amis de T Hardy et quels amis ! T.E Lawrence, celui d’Arabie oui oui, Matthew Barrie le père de Peter Pan. 

    On y voit un homme fasciné par la beauté et la jeunesse de Gertrude Gruber qui se retourne sur son passé avec mélancolie.

     

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    L’écrivain aime ses promenades matinales en compagnie de son chien Wessex, il aime sa maison, sa vallée, dans le même temps Florence elle n’est que colère et frustration devant ce vieil homme qui refuse tout progrès, pas de téléphone, pas de voiture ....Elle joue les utilités en répondant au courrier cantonnée aux tâches quotidiennes et vivant dans l’ombre d’Emma la première épouse.

    Thomas Hardy se plait devant la page d’écriture 

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    «  l’idée d’être à son bureau, alors que séchait l’encre des derniers mots d’un ultime poème, lui paraissait somme toute agréable. » 

     

    Le roman à trois voix restitue parfaitement l’opposition qui nait entre mari et femme, entre Florence et Gertrude, Thomas Hardy apparait profondément égoïste centré sur son oeuvre et bien loin des sentiments éprouvés par sa femme. La communication est rompue et chacun se replie en proie à une violence intérieure.

    Nature et sentiments sont parfaitement décrits, c’est une biographie romancée très réussie et qui me rend tout à fait heureuse d’avoir encore un ou deux romans de Thomas Hardy à lire.

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    Le livre : Hiver - Christopher Nicholson - Traduit par Lucien d’Azay - Editions Quai Voltaire 

     

  • La décision - Britta Böhler

    Trois jours de réflexion

     

    En 1933 Thomas Mann a quitté Munich pour un voyage en Suisse, le retour se révèle risqué et quasi impossible, les nazis ont confisqués une grande partie de ses biens et sa sécurité n’est plus assuré. Adieu maison à laquelle l’écrivain est très attaché et surtout adieu à la bibliothèque de 8000 volumes même s’il garde un rien d’espoir de les récupérer.

     

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    La maison des Mann à Munich

     Le voyage se transforme en exil pour le Prix Nobel de littérature obtenu en 1929, il trouve, après bien des pérégrinations, à se loger dans une maison à Zurich au bord d’un lac. En 1936 les exactions en Allemagne prennent le tournant qu’on connait et sa femme et surtout ses enfants le pressent de prendre parti, de s’exprimer. Erika surtout est sévère avec lui elle

    « lui reprochait sa superbe, qualifiait sa retenue de marque d’arrogance, affirmait qu’il était déplacé, à pareille époque, de vouloir ainsi faire fi de la réalité. »

    Thomas Mann s’apprête à publier une lettre dans le Neue Zürcher Zeitung, l’indisponibilité de son ami l’éditeur Korodi lui donne quelques heures de répit et il hésite soudain.

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    Maison de l'exil

     

    Aucun suspense dans ce livre car on sait que la Lettre aux Allemands fut publiée mais on entre dans l’intimité d’un homme au bord de la rupture avec sa patrie, rupture qu’il pressent douloureuse. 

    Il a à la fois l’envie de combattre les nazis et le besoin d’écrire en paix, il donne raison à son frère Heinrich qui a pressenti très tôt la catastrophe, mais on perçoit à travers ses atermoiements la crainte de n’être plus lu en Allemagne, de ne plus pouvoir faire vivre sa famille. 

    C’est un homme d’ordre, de manies et l’on est partagé entre l’agacement parfois et la compassion devant l’écroulement de tout ce qu’il a défendu, aimé, célébré.

     

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    La famille Mann

    Il sait qu’une fois la lettre publiée les liens avec l’Allemagne seront définitivement rompus alors il essaie de se rassurer

    « Même s’il n’a plus le droit de vivre dans sa patrie, tant qu’il continuera d’y être lu et de pouvoir écrire pour elle, il ne sera pas tout à fait sans patrie. »

     

    J’ai aimé cette réflexion quand Thomas Mann ne peut plus se contenter de vivre dans la peur

    « Ses livres seraient interdits en Allemagne et lui inévitablement déchu de sa nationalité. »

    et le ressentiment pour ses amis d’hier et la presse dans laquelle

    « On affirmait qu’avec sa conférence sur Wagner, il avait souillé la mémoire du grand compositeur » 

    lui qui aime tant la musique de Wagner.

    Le livre est court et les fréquents retours en arrière rythment très bien le récit. 

    Entrer ainsi dans la sphère de pensée d’un des grands écrivains du XXème siècle est un très bon moment de lecture, son portrait est convaincant.

    Dans sa lettre il a dit

    « Tant que je vivrai, fût-ce même comme citoyen du Nouveau Monde, je resterai Allemand et je souffrirai du destin de l’Allemagne et de tout ce que, par la volonté de tyrans criminels, elle a infligé moralement et physiquement au monde. »

     

    Un premier roman réussi pour Britta Böhler avocate de profession mais qui a choisi la voie politique et le roman pour s’exprimer 

     

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    Le Livre : La décision - Britta Böhler - Traduit par Corinna Gepner  - Editions Stocks

     

  • Histoires de grands hommes


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    Je ne déteste pas les biographies romancées quand elles sont de qualité.

    Je viens d’en lire deux excellentes coup sur coup, je vous emmène donc dès demain au pays des grands romanciers.

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    crayon et carnet de notes à portée de main

  • Bibliothèque idéale du naufragé

    Difficile de reprendre le cours d'un blog après des événements aussi terribles. Ayant participé samedi à un club de lecture j'ai ressenti que partager autour des livres a été salutaire pour tout le groupe alors je vous propose de continuer ici.

     

    Un grand classique « quels sont les trois livres que vous emporteriez sur une île déserte ? »

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    Voilà à force de pagayer avec Françoise Xenakis c’est le naufrage et vous voilà seul au monde. 
    Prévoyant vous avez emporté quelques provisions et je ne parle pas là de nourriture terrestre ! 
    Mais peut être n’avez-vous pas encore mis les pieds sur le bateau et le choix est alors grand : qu’allez-vous emporter ?

     

    François Armanet au fil des années a posé la question à 200 écrivains de tous horizons, il en profite évidement pour nous dresser une liste idéale ou presque.

    Certains choix sont parfaitement attendus, d’autres sont ....bizarres bizarres, et puis il y a l’inévitable Houellebecq qui se refuse à l’exercice sans doute trop simpliste pour ce grand penseur .......

    Vous allez croiser sur votre île des noms attendus « dans l’archipel des recommandations, les maîtres se font la courte échelle : de Shakespeare à Stendhal, de Cervantès à Flaubert, de stendhal à Nietzsche »

     

    Il y ceux qui m’ont donné des idées :  Ludmila Oulitskaïa emporte trois livres dans trois langues qu’elle ne connait pas, bien sûr elle ajoute les dicos ! Ce serait parfait pour moi qui rêve d’apprendre ...euh le russe, le latin, et l’hébreu

    Il y a ceux qui se focalisent sur un auteur : Henry James pour Colm Toibin, remarquez il sait de quoi il parle il a écrit une bio de James 

    Il y a ceux qui choisissent une langue : le chinois et hop emportent Zuang Zi , Lao Tseu et autres taoïstes

    Il y a ceux qui sont d’une belle fidélité : Robert Littell emporterait ...le livre de son fiston 

    Il y a ceux qui vont relire et ceux qui veulent en profiter pour découvrir

    Il y a les fous de pêche qui se tourne vers Moby Dick, les amoureux de Londres qui lorgnent vers Dickens.

    Il y a les malades de théâtre et du grand Will et les fous de religion qui emportent la Bible 

    J’ai un faible pour tous ceux qui ont ajouté de la poésie mais quel dilemme pour faire un choix, ou alors il faut que j’imprime mon anthologie personnelle qui est sur mon ordi : des pages et des pages.

     

    Bref un petit livre délicieux, amusant, inspirant. 

    Pour les très très curieux j’ai fait le classement des cinq livres les plus souvent cités mais je ne livre rien ici, non n’insistez pas même sous la torture je ne parlerai pas mais si vous m’envoyez un mail là je ferai un effort.

    Mais vous pouvez poser vos propositions ici, je les attends 

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    Le livre : Bibliothèque idéale du naufragé - François Armanet - Editions Flammarion

  • Parole impossible

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    Un billet serait dérisoire alors.....