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  • La Gloire de mon père

    gloire de mon père.jpgLa Gloire de mon père - Lu par Marcel Pagnol - Editions La Librairie sonore Frémeaux et associés
    « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers » Lorsque la voix de Marcel Pagnol entame le récit de son enfance, c’est toute la Provence qui s’invite. Les plus beaux passages du livre sont dans toutes les mémoires : Joseph le petit instituteur si fier de son fils, l’amour filiale de Marcel pour Augustine la jolie couturière, l’oncle Jules fameux propriétaire du parc Borély, le déboutonnage de Tante Rose et surtout  surtout l’arrivée à la Bastide Neuve dressée au milieu d’un « désert de garrigues »

    Ecouter Pagnol lire « La Gloire de mon père » c’est pendant un moment être transporté au pays de l’enfance heureuse, retrouvé le petit Paul qui « abordait le soir dans son lit, la philosophie des Pieds Nickelés. » , c’est partir en escapade avec Lili des Bellons.
    Tous les personnages sont extraordinairement vivants auréolés des souvenirs de nos lectures, on ressent au fond de soi la fierté du fils pour son père bouliste amateur et on est impatient de refaire avec Joseph le magnifique doublé de bartavelles.

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    Un désert de garrigues

    Même si vous l’avez lu de nombreuses fois, laissez vous séduire par la voix de Pagnol qui dit Patrick Frémeaux  « nous révèle un imaginaire intemporel qui est l’un des plus beaux chants d’amour à la Provence de notre patrimoine littéraire; un véritable hymne à la vie devenu l’un des fleurons de la mémoire collective des Français de toutes générations."


    Retrouver le livre chez Bénédicte

  • Ermitage

    L’homme que le malheur a plongé dans la peine, qu’il n’aille pas à la légère se raser la tête ou se livrer à d’autres caprices, mais que plutôt, il ferme discrètement l’huis sur soi et vive sans rien attendre de ses nuits et ses jours. (1)

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    A l’approche de la soixantaine , à l’âge où la vie devient aussi fragile que la rosée, j’ai cependant construit de nouveaux un abri pour mes vieux jours.
    Au printemps je vois les glycines en fleur; elles s’étalent à l’ouest comme un nuage violet. En été j’entends le chant des coucous; et chaque fois, j’ai l’impression de faire un pacte avec eux pour qu’ils me servent de guides au suprême passage de la montagne de la mort. En automne, mes oreilles sont pleines du chant des cigales, qui semblent déplorer le caractère éphémère et fuyant de ce monde. En hiver, je contemple la neige, qui s’accumule ou fond, comme nos pêchés qui apparaissent et disparaissent. (2)




    Le livre :

    Les heures oisives - Urabe Kenkô   (1)
    Notes de ma cabane de moine  Kamo no Chômei (2)
    Ces deux textes publiés en un volume aux éditions Gallimard

  • Le mois des papillons - Ariëlla Kornmehl

    moisdespapillons.gifLe Mois des papillons - Ariëlla Kornmehl - Traduit du néerlandais par Emmanuelle Sandron - Editions Actes Sud
    L’Afrique du Sud est le cadre de ce roman qui compose deux portraits de femmes très attachants.
    Une femme médecin, Joni, a quitté son pays à la suite d’un événement personnel très violent qui lui a fait rompre tous ses liens familiaux.
    Elle vit seule à Johannesburg et travaille dans le service d’urgences d’un hôpital, pour s’y rendre chaque jour elle fait un long trajet en voiture traversant des zones peu sûres. C’est son choix, elle vit dans une grande maison qu’elle partage avec une femme.
    En échange du logement et de la nourriture pour elle et ses enfants, Zanele qui est Zoulou s’occupe de la maison, prépare les repas, fait les achats, bref gouverne la vie de Joni. Le soir elle se retire dans sa partie de maison et joue du tambour pour Shanla sa fille.
    Elle a littéralement pris possession de Joni et des lieux. Elle veut la voir manger car elle la trouve trop maigre « Zanele voulait que je prenne un petit déjeuner, elle tentait de m’y contraindre »
    Zanele ne comprend pas le travail de Joni « Là où elle a grandit aucune ambulance ne venait jamais même quand on était gravement malade » elle est tout interdite devant les photos de Joni prise en Hollande un jour de neige.

     

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    Le pire

    Quand Shanla a trop de noeuds dans les cheveux elle les lui rase. Elle sait qu’il y a les choses que l’on peut manger et celles qui sont tabou, celles que l’on peut faire et celle qui sont dangereuses, et puis il y a les certitudes « plus on vient du nord, plus on est noir » les interdits : le pain bis, le maïs jaune, et ..parler avec sa patronne blanche.
    Ce qui pourrait être simplement une histoire d’amitié entre deux femmes prend une toute autre dimension car peu à peu le récit s’ouvre et l’on aperçoit un monde dur. Les dialogues entre les deux femmes dévoilent peu à peu l’histoire de Joni et ses rapports avec sa mère, sa souffrance, la violence au quotidien et les rêves que Zanele fait pour sa fille, la pauvreté et l’insécurité des townships, et le racisme qui n’est pas toujours où on l’attend.

     

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    Et le meilleur


    Deux femmes que tout oppose, l’une, scientifique, intellectuelle, l’autre, analphabète, superstitieuse. Elles se chamaillent et se comprennent, se soutiennent et composent une étrange famille dans ce pays où l’apartheid est encore dans toutes les têtes.
    J’ai beaucoup aimé ce roman fait de délicatesse et de rudesse, de soleil et de neige à la fois. En le lisant j’ai repensé à un roman lu il y a quelques mois Le miel d’Harar que j’ai aimé mais aussi le roman d’André Brink  Les imaginations de sable un excellent souvenir de lecture

    Découvrez cette jeune auteure en espérant que ses autres romans seront traduits chez Actes Sud


    L’auteur

    Le Mois des papillons est le second roman d’Ariëlla Kornmehl. Née en 1975, elle vit et travaille à Amsterdam, où elle a fait des études de philosophie. Elle a passé deux ans à Johannesburg.

  • La Conquête de Plassans - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLa Conquête de Plassans - Emile Zola - Ebook
    Changement de décor et de style, après s’être vautré dans  Le Ventre de Paris, avoir fait la part belle aux couleurs, aux odeurs, aux bruits des Halles, Zola fait un retour à la province.
    Plassans, en proie aux turbulences du changement de régime politique dans   est une ville assagie mais qui a mal voté aux dernières élections. L’opposition monarchiste relève la tête, elle tient ses quartiers à la villa Rastoil, des ambitions politiques renaissent, le pouvoir impérial se doit d’y mettre un terme.
    L’homme qui va mener à bien cette mise au pas est un homme d’église, un prêtre récemment nommé. Il ne prend pas le problème de front, il va utiliser toutes les ressources de l’art de la manipulation des âmes.

    C’est par les femmes qu’il commence, par Marthe Mouret née Rougon, nous voilà au coeur de sa famille, son mari François Mouret est son cousin germain, ils ont une grand-mère en commun : Adélaïde Fouque, la folle, enfermée dans un asile d’aliénés, et on voit repointer ici le nez de l’hérédité si chère à Zola.
    François Mouret jouit à Plassans d’une retraite bien méritée, négociant qui a fait fortune dans le vin il coule des jours paisibles entouré de sa femme, d’Octave et de Serge ses fils et de Désirée " une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans. "
    C’est lui qui fait entrer le loup dans la bergerie, il décide de louer quelques pièces inoccupées de sa maison " un prêtre ce n’est pas bien gênant. Il vivra chez lui, et nous chez nous" et l’abbé Faujas " un homme grand et fort" entre chez les Mouret accompagné de sa mère, puis bientôt de sa soeur.
    La vie tranquille et bien réglée de François Mouret va bientôt voler en éclats. Son jardin dont il était si fier est peu à peu investit par l’abbé qui y lit son bréviaire. Son fils Serge se plonge dans des livres prêtés par ..l’abbé Faujas, même Rose leur bonne ne jure bientôt que par la mère et le fils Faujas.
    Quant à Marthe, la plus vulnérable, elle est littéralement captive, sous prétexte de bonnes oeuvres l’abbé a obtenu sa dévotion totale au point d’oublier enfants et mari. Elle passe désormais sa vie à la Cathédrale, Faujas va ainsi assurer une emprise sur la famille avec la bénédiction de Félicité Rougon la propre mère de Marthe.
    François Mouret devient peu à peu victime.  A table Marthe sert d'abord l'abbé elle " commençait toujours par lui, fouillait le plat, tandis que Rose, penchée au dessus d’elle, lui indiquait du doigt ce qu’elle croyait le meilleur." Des oublis, des brimades on " lui passait les assiettes fêlées, lui mettait un pied de table entre les jambes (...) posait le pain, le vin, le sel, à l’autre bout de la table. "
    François Mouret dépérit pendant que Faujas assure son influence sur la ville. La conquête de Plassans est en marche.

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    Paul Cézanne - Gardanne


    Ce n’est pas le meilleur de Zola, c’est une oeuvre de transition entre ses grands romans mais il rend à merveille toute la malignité de l’abbé Faujas, ses tours, ses mesquineries, son art de la persuasion, ses manigances pour capter les fortunes.
    Il n’a pas son pareil quand il s’agit de mettre à nu les ambitions, les haines familiales, la fausse dévotion pour montrer toutes les vilenies de la vie familiale.
    Dans la préface à l’édition en Pléiade Armand Lanoux dit " Evidemment, ce thème ne raccommode pas l’auteur avec les catholiques ! Zola a le génie de se faire des ennemis."
    Deux portraits sont esquissés ici :  Serge Mouret qui sera le personnage principal du prochain tome et Octave qui va partir faire fortune à Paris dans le négoce et avec qui j’ai rendez vous " Au bonheur des dames ".

  • Insectes


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    "Elle porte une jupe de papier sulfurisé vert d’eau, sèche et parchemineuse. Par-dessous, le jupon est en papier de soie finement plissé. Cela est strictement serré à la taille et dissimule le bas du corps mais, parfois, ce qui paraissait un vêtement révèle sa vraie nature, s’ouvre par le milieu, se déploie en éventail sur les côtés, d’un coup se met à battre. Alors, la petite personne gracile ait tournoyer ses voiles et ses tulles, froufroute imperceptiblement, disparaît un peu plus loin, devient feuille."

    Mante religieuse

     

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    Coccinelles. Voilà les petits mots lâchés. C’est que la bête à bon Dieu, telle les femmes recluses dans les couvents, a une double identité. L’état civil, lui, n’a retenu que la couleur, coccineus : écarlate. Mauvaise idée car, des coccinelles, il s’en trouve tout autant de jaunes, de rouges que d’orangées, d’autres encore comme un petit bout de charbon de bois à deux points incandescents. Décidément ça ne vaudra jamais son nom de religion.

    Coccinelles

     

    Le livre :  Matériaux pour une histoire raisonnée des insectes - Bernard Dumortier - La Fosse aux ours

  • Terre Neuvas - Christophe Chabouté


    terreneuvas.gifTerre Neuvas - Christophe Chabouté - Editions Vents d’Ouest
    Le froid, les embruns, la tempête et le dur métier de marin c’est le monde que Christophe Chabouté explore dans « Terre neuvas »
    Je l’ai lu juste après avoir quitté l’Islande et je ne me suis pas sentie dépaysée du tout.
    Il faut monter jusqu’à Terre Neuve pour pêcher la morue, au début du siècle les marins s’embarquaient pour plusieurs mois.
    Le froid, les tempêtes, des dangers permanents voilà ce qui leur était promis.

      

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    Un équipage

    Six mois durant pas de retour à terre possible, la chute par dessus bord dans une mer glacée, la jambe cassée, la main coupée par un filin, le scorbut, c’est tant pis. Il faut coûte que coûte faire bonne pêche, la survie de l’équipage en dépend.
    Pas de morue, pas d’argent, quand la pêche est mauvaise les jalousies s’exacerbent et le jour où l’on retrouve le second poignardé l’atmosphère devient irrespirable.
    La promiscuité, l’alcool qui fait oublier la dureté du travail, vont faire basculer les hommes dans la violence.
    Les les dessins sombres de Chabouté rendent parfaitement l’atmosphère  inquiétante et trouble, atmosphère qui vous glace même confortablement installé dans votre fauteuil.
    J’ai beaucoup aimé cette BD très réaliste et noire que m’avait recommandé Cathe qui dit « Chabouté réussit à crée un véritable thriller avec ce huis-clos angoissant »