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  • La confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy

    Un dénommé François 

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    Quand un premier roman est très réussi le lecteur est toujours à la fois impatient et prudent de voir sortir un nouveau texte.

    Pour Raphaël Jerusalmy qui avait mit dans le mille avec Sauver Mozart, le gant n’était pas facile à relever. 

     

    Il aime bien l’Histoire Raphaël Jerulsamy et il nous propose cette fois de nous retrouver en 1463, le 5 janvier pour être précis.  Ce jour là aurait du être fatal à François Villon, il risque la peine de mort mais en fait il s’en tire avec un bannissement car il a fait un marché avec le roi de France, marché qui va se révéler à la fois tentant, incroyable, trompeur, et dangereux au possible.

     

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    Saint Jean d'Acre

    Le voilà partit en Terre Sainte pour remplir sa part du marché. Il s’agit pour le roi de France de se soustraire autant que faire se peut à l’hégémonie du Vatican grâce à cette nouvelle invention que l’on nomme imprimerie, Villon pour se faire part en quête d’ouvrages, de livres, de manuscrits qui pourraient y aider.

    C’est loin la Terre Sainte et difficile d’accès, bandits, voleurs, mercenaires, tout une cour des miracles pour l’empêcher d’y parvenir. 

     

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       « Un berger émerge d’un oued hérissé de hauts joncs qu’aucune brise ne soulage, poussant son troupeau de chèvres vers les marécages qui bordent la mer morte. »

     

    Son voyage va se révéler surprenant, saviez-vous qu’il existait alors une confrérie secrète, mystérieuse, la Confrérie des chasseurs de livres, François Villon sous ses dehors de mauvais garçon est un lecteur passionné, un homme cultivé qui va devoir se frotter à cette confrérie qui a des liens avec toute l’Europe.

    Les embûches sont nombreuses, les espions sont partout, les ennemis prennent bien des costumes et il va lui falloir toute son intelligence et sa filouterie pour résister à cela. 

     

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    Vous l’avez compris on est dans le roman débridé, l’auteur ne craint aucun tour de passe passe, son imagination galope et cela pour notre plus grand plaisir. 

    Nomades, brigands, espionne, moines, noble érudit à la solde des Médicis, tout est bon pour que le récit bondisse, que les complots fleurissent. 

    Je n’ai pas éprouvé de fatigue et pourtant il y a loin Paris à Jérusalem, les péripéties sont multiples,  les chemins sont tortueux mais que voulez vous le désert est toujours attrayant et François Villon est un compagnon de route tout à fait irrésistible.

     

     

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                                                 Jérusalem © Barak Brudo

     

    Ne vous y trompez pas le roman est parfaitement documenté, aucun anachronisme, on est projeté sous les remparts de Saint Jean d’Acre, dans les ruelles de Jérusalem sans coup férir et si je reste un peu vague c’est pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Grâce soit rendue au roman historique quand il ressemble à celui là. L’amour des livres, le respect des érudits chercheurs est à la base même du livre.

     

    Le livre : La Confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy - Editions Actes Sud

     

     

  • L'Iris de Suze - Jean Giono

     Nicole Lombard est un passeur formidable pour découvrir les romans de Giono. J'avais encore quelques belles découvertes à faire. En voici une.

     

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    Est ce bien cela que l'Iris de Suze ?

    Une histoire simple, celle de Tringlot un nom curieux ! mais qui porte d’autres patronymes.

    Il revient de loin Tringlot, des larcins peut être des crimes, l’amour de l’or l’a conduit a faire sept ans de Biribi, de travaux forcés si vous préférez on est en 1904 et la justice ne rigole pas.

    Il parait assagi mais allez y voir...

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    Il se fait discret et Louiset le berger lui accorde sa confiance pour mener la transhumance avec lui, mais le soir Tringlot revoit le passé et surveille ses arrières car manifestement on le poursuit. Ils sont deux à lui donner la chasse, l’un promène une odeur de réglisse, l’autre fait entendre un bruit de clés. 

    Quand Louiset lui propose de faire la saison là-haut dans la montagne, Tringlot accepte et petit à petit un monde vaste s’ouvre à lui. 

    Le voilà à Quelte, un château habité par une baronne qui fraye avec Murataure le forgeron du village. Il passe des heures avec Casagrande, un drôle de bougre, un peu médecin, un peu diable qui occupe son temps à nettoyer des squelettes d’oiseaux. 

    Drôle d’endroit mais peu à peu Tringlot s’y sent chez lui surtout après sa rencontre avec l’Absente, c’est la femme du forgeron, une femme belle mais mutique.

     

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    C’est le romanesque porté à son sommet, le récit s’enfonce dans l’extraordinaire, le merveilleux mais aussi le diabolique. Giono n’explique rien, il nous laisse nous faire notre propre idée, chaque personnage est multiple et tour à tour nous effraye, nous emporte dans un tumulte d’impressions. Les plus noirs sont aussi parfois les plus touchants. La folie guette mais aussi l’amour, celui qui rend fou et pourtant mène aussi sur les chemins de la rédemption. 

    J’ai vraiment tout aimé dans ce roman, les personnages jamais totalement dévoilés, l’amour qui fait fi des conventions,  la chronique de la transhumance si pleine de poésie, le conte flamboyant qui se cache derrière le récit.

    La langue de Giono est inventive, riche et participe au bonheur de lecture.

    Quant à savoir ce qu’est l’Iris de Suze je vous laisse le découvrir en lisant ce roman.

     

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    Le livre : L’Iris de Suze - Chroniques romanesques - Jean Giono - Gallimard Quarto

     

  • La Barque de l'aube - Françoise Ascal

    Vers douze ans grâce à mon premier argent de poche, j’ai fait deux découvertes.  
    Je me suis acheté mon premier disque de musique classique : La Pastorale de Beethoven  et j’ai admiré pour la première fois un tableau de Corot  Souvenir de Mortefontaine  qui illustrait la pochette du disque. 

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    Un souvenir qui a perduré jusqu’à aujourd’hui alors que le disque est perdu.
    Quand j’ai trouvé en librairie le petit livre de Françoise Ascal j’ai fait avec elle la même promenade sous le ciel de Corot que celle que j’avais faite à douze ans.

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    Camille  Corot le batelier de Mortefontaine

    Dans ce petit livre Françoise Ascal nous promène dans les pas de deux Camille.
    En tout premier il y a Camille Corot dont elle est sensible à la peinture.

    Un peintre qui aime revenir dans des lieux bénis, les bosquets, les sous-bois. Il aime par dessus tout les arbres, les feuilles.
    Il est attiré par les rivières, les eaux calmes, les reflets dans l’eau, c’est son enfance de paysan qui parle là.

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    Camille Corto l'Etang de Ville d'Avray

    Corot est un homme de carnets, il note beaucoup, il se répète comme sa représentation plusieurs fois répétée dans son oeuvre d’une femme lisant.

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    « Ainsi, regardant ta Liseuse au bord de l’eau, on ne voit au premier coup d’œil qu’un paysage vaporeux, gaze ou tulle. Herbes, frondaisons, ciels dans de sourdes tonalités dont on ne sait si elles vont se dissoudre avec la lumière matinale, ou s’intensifier pour rejoindre l’obscur. Rivière étale, sans ride. Pas de vent dans les branches. Quelques pâles reflets esquissés sur une eau sans vertige. »

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    Il dit « Pour bien entrer dans mes paysages, il faut au moins avoir la patience de laisser le brouillard se lever ; on n’y pénètre que peu à peu et, quand on y est, l’on doit s’y plaire. » 

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    Homère et les bergers dans un paysage - C Corot  Saint Lô Musée des Beaux Arts

    « Rien n’est inutile, rien n’est à retrancher » dit Baudelaire de la peinture de Corot.

    Mais Françoise Ascal insert dans son texte un autre Camille, un jeune homme mort à la guerre « foudroyé à dix-neuf ans, deux trous rouges au côté droit » 

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    Ce jeune homme lié à sa famille semble arpenter les chemins du peintre.

    « Vous auriez pu arpenter les mêmes terres, longer les mêmes rivières, graver vos initiales sur les mêmes écorces de frêne.» nous dit-elle.

    Manifestement Françoise Ascal nourrit un penchant particulier pour le peintre et elle sait à merveille mêler les deux destins, l’émotion et la beauté sont là 

    Ce livre est une douce réflexion sur le temps qui passe, la mémoire, et la beauté de la peinture, un livre qui est un bel hommage et un objet poétique riche de lumière, de rêverie, une jolie méditation où comme le peintre en ses tableaux elle «  y suggère la vie ».

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    Le livre : La Barque de l’aube - Françoise Ascal - Editions Arléa

     

     

  • Georges de La Tour - Jacques Thuillier et Pascal Quignard

     Il fit de la nuit son royaume 

     

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    Que diriez-vous de passer par la Lorraine pour un voyage artistique ? 

    Jacques Callot est lorrain, Claude Gelée aussi d’où son nom mais surtout, surtout, Georges de La Tour est lorrain.

     

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    Le Vielleur - Musée des Beaux Arts de Belgique

     

    A l’origine ce tableau comprenait aussi un violoniste, La Tour a traité plusieurs fois ce thème et l’on retrouve un Vielleur au ruban au musée du Prado

     

    Question biographie c’est assez vite résumé, on ne sait pratiquement rien de lui. Enfin j’exagère un peu, on sait qu’il est né à Vic où il a passé pas mal d’années et Jacques Thuillier insiste « on ne dira jamais assez que La Tour n’est pas un artiste français » car à l’époque c’était un territoire appartenant aux Ducs de Lorraine et son destin s’en trouva marqué.

    Il fit un apprentissage dont on ne sait rien. On suppose qu’il fit le voyage à Rome un incontournable pour les peintres de cette époque mais rien ne le confirme sauf qu’à Rome vivait une société importante de lorrains.

    Retour en Lorraine et mariage avec Diane qui lui servira parfois de modèle.

    Jacques Callot illustrera la guerre et la peste qui chassent Georges de La Tour de Vic.

     

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    Jacques Callot Les Misères de la guerre

    Il s’établit à Lunéville sous la protection des Ducs de Lorraine, le duché est terre de la contre-réforme et les sujets religieux seront à l’honneur.

    Peintre très réaliste à ses débuts il n’est pas un peintre de la nature et celle-ci est absente de ses tableaux. 

    Puis son inspiration le portera vers le travail de la lumière et les toiles nocturnes dont on pouvait croire les flamands comme seuls maîtres. 

    Mais il peint aussi des tableaux diurnes comme La Nativité ou l’adoration des bergers.

     

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    « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises.Pascal Quignard » 

     

    Il meurt à Lunéville et ....sombre dans l’oubli jusqu’en 1863 où on le « redécouvre ». C’est sans doute l’exposition de 1972 qui le fit connaitre mieux de grand public.

     

    Le livre de Jacques Thuillier est parfait pour connaitre un peu mieux le peintre et le situer dans son époque. On comprend bien son parcours et les reproductions sont de très bonne qualité. J’ai acheté ce livre d’occasion pour très peu cher et je ne regrette pas mon achat.

     

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    Saint Jacques

    Mais pour entrer dans le secret des tableaux de Georges de La Tour la compagnie de Pascal Quignard est parfaite. Il nous le montre obéissant aux leçons du Caravage.

    Il a une manière bien à lui de délivrer les secrets du peintre et d’interpréter ses tableaux. C’est lui qui dit « Il fit de la nuit son royaume » « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises. » 

    Ou encore « Georges de La Tour élut la vie quotidienne la plus simple, la plongea et la simplifia encore dans la nuit, pour la revêtir du reflet de grandeur qu’est la luisance, la couche de lumière. »

     

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    « c’est le maître des nuits. C’est le maître des regards tournés en dedans. C’est le maître des paupières baissées. »

     

    Pour Pascal Quignard Georges de La Tour est LE baroque janséniste, ses personnages « sont immobiles, divisés entre la nuit où ils s'élèvent et la lueur qui les éclaire en partie. Surgissant dans l'ombre, touchés par un fragment de lueur, ils tiennent en suspens un geste incompréhensible »

     

    A vous de choisir : Jacques Thuillier pour la précision et l’étude complète, Quignard pour la beauté des mots alliée à la beauté des oeuvres.

     

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    Les livres

    Georges de La Tour - Pascal Quignard - Editions Flohic 1991

     

    Georges de La Tour -  Jacques Thuillier - Editions Flammarion 2002 et 2013

  • Le Noël du poète

    Noël du poète

     

    Le ciel est noir, la terre est blanche ;

    – Cloches, carillonnez gaîment ! –

    Jésus est né  – la Vierge penche

    Sur lui son visage charmant.

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    Pas de courtines festonnées

    Pour préserver l’enfant du froid ;

    Rien que les toiles d’araignées

    Qui pendent des poutres du toit.

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    Il tremble sur la paille fraîche,

    Ce cher petit enfant Jésus,

    Et pour l’échauffer dans sa crèche

    L’âne et le bœuf soufflent dessus.

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    La neige au chaume coud ses franges,

    Mais sur le toit s’ouvre le ciel

    Et, tout en blanc, le chœur des anges

    Chante aux bergers : « Noël ! Noël ! »

     

    Le livre : Emaux et Camées - Théophile Gautier

  • Hiver nomade le film

    La transhumance 

     

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    Avant de vous parler de ce film de Manuel Von Sturler j’adresse un petit coup de chapeau à JEA car c’est grâce à lui que je ne suis pas passée à côté de ce film et même si il n'est plus tout à fait de saison (encore que...) je vous le recommande.

     

    Bergers et troupeaux, un des plus vieux métier du monde (relisez la Bible) mais un métier qui voit aujourd’hui se réduire son espace vital. 

    Les pâturages laissent la place aux voies goudronnées, aux voies rapides, aux constructions qui rognent l’espace nécessaire aux troupeaux.

     

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    Un troupeau en action sous la garde attentive de Pascal et Carole la bretonne, au coeur de l’hiver de novembre à mars.

    Cette transhumance ne fait pas l’économie du stress de la modernité : les chemins, les prés disparaissent, la recherche chaque jour d’un itinéraire et d’un lieu de repos pour la nuit, est longue et difficile. troupeau et bergers errent parfois sans trouver la terre adéquate.

     

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    Les haltes partagées sont une petite pause dans la monotonie des jours : une fondue touillée en pleine nature, une douche chaude dans une maison amie.

     

    Une transhumance qui va permettre d’engraisser des agneaux pour qu’ils soient prêts pour les assiettes pascales. Transhumance sur un plateau de moyenne montagne, un plateau de la Suisse des banques et de la richesse, qui ici pendant 5 mois et  600 km, ouvre ses routes à 800 moutons.

     

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    Anes et chiens, une tente, des couvertures, de larges sacs pour transporter l’indispensable : de quoi s’abriter, de quoi se réchauffer, de quoi se reposer.

    Le bivouac est parfois arrosé, les petits matins sont froids et blancs quand la neige est en avance. La lecture le soir à la lumière du feu. 

    Amour partagé de cette vie rude, souci permanent de l’itinéraire, du troupeau, de la bonne herbe. 

    Les images sont splendides de ce troupeau qui serpente au gré des chemins, des cultures, des habitations. Un film qui apporte une énorme bouffée d’oxygène. 

    Le DVD devrait sortir en 2013.

     

    Le billet de JEA qui a déclenché mon envie