J’avais déjà activement participé à la retraite de Russie avec Sylvain Tesson aussi ai-je décidé de prolonger l’expérience et me voilà partie sur le champ de bataille d’Eylau avec Jean-Paul Kauffmann pour guide.
Il a une famille qui l’aime cet homme, jusqu’à accepter de partir en plein hiver à Eylau, enfin pardon plutôt à Kaliningrad, enfin ce qui autrefois s’appelait Königsberg, faut dire que sur ces terres là rien n’est simple.
Königsberg au temps de Napoléon
Notre auteur qui a beaucoup lu sur la bataille d’Eylau, une bataille un peu inverse à la Bérézina, nous en avons fait une victoire alors que ce qui fut la plus grande charge de cavalerie de l’histoire derrière le plumet de Murat, elle fut tellement terrible que pour la première fois on utilisa le mot de boucherie.
JP Kauffmann est un rien obsédé par les lieux, il s’y est déjà rendu, il faut dire que ce territoire est bizarrement coincé entre Pologne et Lituanie mais qu’il est Russe !
En 2007 les russes ont décidé de fêter leur victoire avec reconstitution et tout le tralala, comme c’est aussi la nôtre de victoire la famille Kauffmann au grand complet fait le voyage.
Kaliningrad aujourd'hui
C’est l’hiver, le confort des hôtels ...c’est pas tout à fait ça, mais la guide est sympa et c’est l’occasion de croiser des personnages que l’on croirait sortis d’un roman.
L’auteur fait vite notre éducation historique avec moults rappels : les poèmes de Victor Hugo, oui oui il n’a pas écrit que Waterloo, les mémoires du Capitaine Coignet et celles de Bagration le général russe, puis bien sûr une grosse touche de Balzac.
Le général russe : Piotr Ivanovitch Bagration
La famille râle un peu mais finit par se prendre au jeu, et JP Kauffmann lui jubile, cherche, veut tout voir, veut entrer partout, se faire un point de vue, comprendre ce qui se passa ce jour du 8 février 1807 où Napoléon faillit perdre la bataille qu’il fit ensuite immortalisée par le peintre de l’empire : Antoine-Jean Gros.
La bataille d'Eylau - Musée du Louvre
Pas facile car comme le dit l’auteur « Malgré toutes les phosphorescences du souvenir et les ensorcellements de la littérature, l'articulation entre le passé et le présent restera toujours une illusion » mais il s’acharne jusqu’à tenter de monter dans le clocher de l’église que l’on voit sur le tableau de la bataille.
et l'église au fond vous la voyez ?
Cette balade hivernale m’a plu mais disons le mieux vaut ne pas être rebuté par le brouillard, le givre, la neige. Je ne suis pas fan des batailles mais ici JP Kauffmann fait entendre sa petite musique et elle je l’aime bien, j’aime son côté rêveur perdu dans l’immensité de la plaine, amateur de reconstitutions avec les bonnets à poils et tenues de l’époque.
Le livre : Outre-terre - Jean-Paul Kauffmann - Editions des Equateurs