Flaubert et Maxime Du Camp
Et si je vous proposais une balade en Bretagne, l’été approche alors pourquoi ne pas prendre le large en compagnie d’un livre évidement. ?
Je vous invite à suivre un journaliste amoureux des chemins et d’une bretonne, des grèves et des couleurs, des menhirs, des landes et de Flaubert.
La région a déjà attiré Stendhal, Balzac et Victor Hugo, Flaubert va faire là ses premières armes littéraires avec « Par les champs et par les grèves » récit à quatre mains comme le nomme Thierry Dussard. C’était avant que l’amitié Du Camp /Flaubert vole en éclats.
Si vous voulez en savoir plus sur le livre original rendez-vous ici.
L’original c’était en 1847, aujourd’hui le journaliste et sa bretonne d’épouse partent sur les traces des deux compères.
Il nous entraine à la suite de Gust alias Flaubert, et il n’est pas pingre aussi allonge-t-il la liste avec Segalen, Théophile Gautier, Joseph Kessel et même Kerouac qui font partie du voyage.
T Dussard a fait cette balade après le confinement et des difficultés familiales « Cette impression de vide, ce sentiment que la vie vous trahit, fragilise et cautérise tout à la fois. On en ressort différent, et sinon plus fort, soucieux d’aller à l’essentiel »
Flaubert lui sortait d’une crise forte liée à son épilepsie « Je suis résigné à tout, prêt à tout ; j’ai serré mes voiles et j’attends le grain, le dos tourné au vent et la tête sur ma poitrine. »
J’ai l’impression que la Bretagne est un remède souverain qu’on se le dise.
T Dussard a mis dans ses bagages le texte intégral de Par les champs et par les grèves , son épouse elle a ses carnets de croquis, et son matériel d’aquarelle.
Les voilà partis pour la Bretagne d’aujourd’hui confrontée à celle d’hier.Une Bretagne qui était un territoire presque oublié, pas de chemin de fer, des routes et chemins difficiles, une province farouche au catholicisme plus qu’étouffant. La Bretagne d’avant le chemin de fer et l’école de Jules Ferry, celle qu’a si magnifiquement raconté Pierre-Jakez Hélias dans le Cheval d’Orgueil.
La magie fonctionne, on savoure le dialogue entre un Flaubert bougon et un Dussard joyeux et amoureux.
Les deux compères ont usé de moyens de transport très variés « à pied, en voiture, cabriolet, diligence, bateau, carriole, omnibus, tilbury ou chaise de poste » les Dussard eux choisissent une Peugeot c’est un brin plus confortable.
On explore le Morbihan, le Finistère, les côtes de la Manche, pour finir à Cancale. « Il faut avoir le jarret solide pour vouloir frayer avec Flaubert »
À Saint-Malo, la statue de Chateaubriand est l’occasion de quelques jolies paragraphes.
Je fais en ce moment une lecture lente et patiente des Mémoires d’Outre-tombe j’ai donc été plus que sensible aux mots de Flaubert devant sa tombe
« Dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout entourée d’orages. Les vague avec les siècles murmureront longtemps autour de ce grand souvenir ; dans les tempêtes, elles bondiront jusqu’à ses pieds (…) entre son berceau et son tombeau, le cœur de René devenu froid, lentement, s’éparpillera dans le néant, au rythme sans fin de cette musique éternelle. »
Mais, car il y a un mais, natifs de Saint-Malo, je vous avertis que Flaubert n’aime pas vraiment la ville, et c’est un euphémisme. D’ailleurs il ne se prive pas de donner des petits noms d’oiseaux aux bretons et ce n’est pas toujours du meilleur goût.
Presqu'ile de Crozon
À Crozon Gust et Maxime sont saisis d’une « attaque d’archéologie foudroyante » jusqu’à ce que le propriétaire du champ les chasse !
Ils profitent du soleil mais aussi souvent du vent et de la pluie : c’est la Bretagne quand même !
Pas question de tout vous révéler je vous laisse le plaisir de la découverte du reste du voyage.
Vous avez deviné j’ai beaucoup aimé ce livre. Ce tricotage du récit de Flaubert et celui du journaliste.
Quand le guide touristique croise le guide littéraire loin des thèses universitaires, des guides sérieux sur la région.
Thierry Dussard mêle le rêve, les brumes maritimes, les menus riches en crustacés, les crêpes (faut ce qu’il faut) ses souvenirs d’enfance, son amoureuse épouse et ses lectures.
C’est fait avec légèreté, humour et un élégant savoir faire.
Un récit plein de charme, un vagabondage très réussi qui fait honneur aux Editions Paulsen qui détiennent bien d’autres trésors.
Le livre : Fantaisie vagabonde en Bretagne avec Flaubert - Thierry Dussard - Editions Paulsen