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A sauts et à gambades - Page 156

  • Bribes Michèle Desbordes

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    Camille Claudel à Montdevergues

    " Ainsi la trouvait-il quand il arrivait, à l’ombre des chênes où elle s’installait pour le voir franchir les grilles et pénétrer dans la cour, la petite place aux platanes où il prenait l’allée du haut, le chemin de terre et de pierres qui bientôt s’étrécissait jusqu’à devenir l’étroit raidillon sous les arbres

     

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                 Asile de Montdevergues  © Arpenteuse d'étoiles

     

    les cèdres et les tamaris dont on sentait les parfums sur toute la colline, et s’il faisait beau ils partaient sur les allées et marchaient dans le parc, parfois même sur les sentiers qu’il y avait après les pavillons, ils marchaient ensemble comme autrefois, foulant les broussailles et les petites garrigues, les odeurs très chaudes, et s’arrêtant pour reprendre souffle ils contemplaient les Alpes et le Lubéron."

     

    Le livre : La robe bleue - Michèle Desbordes - Editions Verdier

  • Honneur au poète

     

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    Enfin Philippe Jaccottet fait son entrée en Pléiade et ce n'est que justice. 

    Allez lire le long billet de Pierre Assouline qui donnerait bien quelques idées au jury du Nobel ! 

    Si vous voulez en savoir un peu plus lisez mon billet sur un petit livre de Michel Crépu qui en dehors du Masque et la Plume, lit parfois des livres, les lit bien et en parle remarquablement.

    Ma dernière acquisition du poète : Tâches de soleil au Bruit du temps

    "Ce qui frappe, à la lecture, c’est le sentiment d’une remarquable fidélité, pendant toutes ces années, à une idée de la poésie qu’il faut essayer, « ressayer encore » de bâtir comme une maison de verre, même si elle semble promise à la destruction. Une fidélité maintenue obstinément en dépit de toutes les difficultés matérielles et de sa fragilité même. Une fidélité aux amis poètes et aux œuvres proches, dont les noms reviennent tout au long du livre."

    Ou alor écoutez l'émission de la RTS 

  • Histoire de Tönle - Mario Rigoni Stern

    Un classique en Italie

     

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    © Site officiel de Fulvio Roiter.

     

    Profession : berger contrebandier

    Nom : Tönle Bintarn 

     

    En 1866 sur le plateau d’Asiago, en Vénétie à la frontière du royaume d’Italie et de l’Empire austro-hongrois, Tönle Bintarn tente de faire vivre sa famille. Le troupeau ne suffit pas

    et chaque printemps Tönle s’arrache à tout ce qui fait sa vie, sa ferme qui  « avait un arbre sur le toit : un cerisier sauvage », sa famille, son plateau, et franchit la frontière.

    Cette année il est allé jusqu’à Ratisbonne et au retour pour son malheur, son chargement sur le dos, il bouscule un douanier.

    Cela lui vaut une condamnation par contumace qui va le rendre fugitif pour de longues années. 

    C’est cela la vie de Tönle, l’hiver bien caché au creux de sa ferme, dormant dans le grenier pour avoir une échappatoire au cas où; et sur les chemins de l’Empire Austro-Hongrois 9 mois par an.

    Colporteur, mineur, passeur de tabac, jardinier au Château de Prague, parlant plusieurs langues, ses pérégrinations le portent loin de son Italie natale, il joue à saute frontières et s’enfonce jusqu’aux Carpates, jusqu’en Russie.

     

     

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    Les dangers sont nombreux, les carabiniers bien sûr mais aussi les filous, les crevasses, les tempêtes de neige, les loups et la faim omniprésente.

    Et pendant ce temps la vie s’organise sans lui « Quand il avait pris la clef des champs, sa femme était enceinte de deux mois à peine et il ne le savait pas encore. Maintenant une petite fille était née » lui rapporte de quoi vivre et augmenter le troupeau «  il ôta sa ceinture, la décousit avec son couteau et fit glisser dans sa main les gulden d’argent ».

     

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    Quand l’amnistie de son délit arrive c’est bien tard et très vite là c’est l’attentat de Sarajevo et le plateau d’Asiago va d’un seul coup devenir ligne de front. 

     

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    Asiago pendant les combats

    Dans ce superbe roman, Mario Rigoni Stern ne fait par un récit de la guerre mais de ses conséquences sur Tönle et ses pareils. Des hommes pour qui l’Europe est une réalité, qui sont toujours sur la corde raide un pied dans chaque pays mais qui ne comprennent pas la nécessité de se battre pour ces frontières.

    Tönle est marqué par la fatalité et précipité dans l’Histoire. Fini pour lui les splendides couleurs du plateau d’Asiago, fini les prairies verdoyantes, fini le cerisier sur le toit de sa maison. 

    Récit intense, lumineux et poétique, dans lequel Mario Rigoni Stern a le souci du détail d’un miniaturiste. 

     

    Un petit livre qui trouvera assurément place dans votre bibliothèque

     

     

    Le livre : Histoire de Tönle - Mario Rigoni Stern - Traduction de Claude Ambroise et Sabina Zanon Dal Bo - Editions Verdier poche

  • Le Grand troupeau - Jean Giono

     

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    Depuis quelques mois j’ai lu plusieurs des livres de Nicole Lombard et ses références à Giono sont permanentes, elles donnent nécessairement envie de le lire ou le relire.

    Le Grand troupeau écrit en 1931 est de ces envies là. 

     

    J’étais un peu sceptique avant ma lecture, mes lectures de Giono antérieures ne cadraient pas bien avec un récit de guerre. 

    Et bien autant pour moi, c’est certainement un des plus beau roman sur la guerre que j’ai lu, avec une approche tellement singulière qu’elle va restée je pense inoubliable pour moi.

     

    Août 14, les hommes appelés au combat quittent leurs fermes, leurs champs, leurs femmes et leurs enfants. 

    Joseph marié à Julia est un des premiers à partir, suivra Olivier amoureux de Madeleine. Restent à la ferme pour faire les moissons et les vendanges que deux femmes et un papé.

    Bientôt les récoltes et le bétail seront aussi réquisitionnés. 

    Bien sûr lors du retour du front rien ne sera simple, amputation, blessure volontaire vont marquées à jamais hommes et femmes. 

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                      Même le mulet est réquisitionné 

     

    Simple me direz-vous, alors qu’est-ce qui fait de ce roman un très très grand livre ? 

    Tout d’abord un scène d’ouverture absolument fulgurante, un énorme troupeau de moutons traverse vallées et villages avec seulement deux bergers tous les hommes ayant été appelés, et ce troupeau impressionne « tout l'air tremblait et on ne pouvait plus parler », métaphore saisissante des hommes que l’on conduit à la boucherie que sera la guerre.

    « Parfois, ça devait s’arrêter là-bas, au fond des terres où s’était perdu le berger… L’arrêt remontait le long du troupeau, puis ça repartait avec un premier pas où toutes les bêtes bêlaient de douleur ensemble. »

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    Ensuite Giono va tout au long du roman nous faire passer de l’arrière provençal au champ de bataille mais sans jamais être précis sur les lieux, sur les dates. Ce flou voulu rend le récit atemporel et lui confère une force supplémentaire.

    Giono le pacifiste ne se perd pas en discours inutiles, ses descriptions du chaos sont bien suffisantes, il nous fait sentir en quelques phrases l’angoisse du soldat, les gestes de Joseph auprès d’un blessé disent tout de la peur, de la douleur. Pas de scènes héroïques, pas de descriptions de bataille. Les hommes seuls importent. La folie guette parfois.

     

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    Giono  peint ce monde rural dévasté par le départ des hommes et les annonces de morts et de blessés. Une scène très forte m’a particulièrement remuée celle d’un hommage rendu, une cérémonie « au corps absent » car l’homme n’a jamais été retrouvé.

    Les femmes qui vont empoigner le travail des hommes mais qui la nuit venue cherchent dans le lit la marque de l’absent « Elle vint découvrir le grand lit. Il en a tellement l’habitude que la place du Joseph est encore formée et que, dans le blanc des draps, ça fait comme un homme d’ombre couché là ».

    Il faut être un grand romancier pour parvenir à teinter un tel récit d’éclats de poésie.

    « Il n’y aurait qu’à ouvrir la fenêtre, tout deviendrait clair. Les amandiers et sur le blé ces ombres rondes comme des pastèques. Et ce vent frais tiré de l’eau. Les tulipes et les hirondelles, ces fleurs d’amandier qui tombent. »

     

    Ce roman est comme la suite naturelle de Jean le bleu qui se termine ainsi :

    « On entra dans l’année quatorze sans s’en apercevoir. Elle fit tout doucement son jeu de neige, d’hirondelles, d’amandiers en fleur. Les blés montèrent comme d’habitude. Les tulipes des champs arrivèrent à l’heure ; elles sortaient paisiblement des vieux oignons du printemps treize. Les hirondelles retrouvaient leurs nids. Les hases avaient fait des troupes de petits levrauts. Autour des bergeries on agrandissait les barrières parce que, cette année-là, le sel des béliers s’annonçait bien divisé ; on avait presque un tiers de plus d’agneaux. « 

     

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

     

    Le livre : Le Grand troupeau - Jean Giono - Editions Gallimard Folio

  • Ah que la guerre est jolie

    L’année 2013 s’est terminée avec le succès du livre de Pierre Lemaître et l’afflux d’écrits sur la Première Guerre.

     

     

    J’ai déjà lu beaucoup sur le sujet, les classiques mais il en reste toujours quelques uns.

     

    Donc je vous embarque pour deux romans assez différents l’un de l’autre : en France et en Italie et en attendant je vous laisse avec Brassens.

  • Bribes d'un naturaliste

     

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    ©Antoine Léoncini   site Naturapics

     

    « Lorsqu’il part en campagne, le naturaliste est dans un état de veille bien différent de celui du promeneur ordinaire. Il voit, il entend, il sent des choses qui échappent au profane. Sur un chemin de sous-bois qui invite à la rêverie, l’ornithologue sait qu’il est dans le territoire du pouillot siffleur. L’oiseau est difficile à voir, petite boule verdâtre et jaune cantonnée à la canopée, mais il est trahi par son chant peu sonore, qui rappelle le démarrage d’une mobylette.

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    Notre ornithologue sait aussi qu’un pic noir maraude dans le secteur, en voyant tombé un tronc, déchiqueté par le bec puissant de l’oiseau à la recherche d’insectes juteux. »

     

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                                     © Arudhio  site Dinosauria.com

    Le livre : La quête du naturaliste - Benoît Fontaine - Editions Transboréal