L’origine de la violence - Fabrice Humbert - Editions Le Passage
De passage à Paris je suis entrée dans une librairie, jusque là rien d’extraordinaire, souhaitant un renseignement j’attendais patiemment mon tour pour interroger un vendeur, celui-ci vantait de façon très convaincante les mérites d’un roman français j’ai tendu l’oreille...et j’ai très bien fait.
Un jeune professeur de français, accompagnant ses élèves en voyage scolaire, visite le camp de Buchenwald. Accroché sur un mur du musée une photo attire son attention. Sur la photo un détenu et cet homme est le sosie de son père, or il est impossible que l’homme de la photo soit son père, celui-ci est bien vivant, il n’a jamais été prisonnier, personne dans la famille n’a été déporté, alors ?
Ici commence une enquête qui plonge le narrateur dans l’horreur des camps, dans les archives de Buchenwald. Il cherche les documents, les témoins qui pourront l’éclairer.
« Dans le calme de l’Ettersberg, le souvenir des cinquante-trois mille morts faisait se lever une armée d’ombres silencieuses. Je m’avançait dans le brouillard avec une légère angoisse. Aux aguets comme si j’étais en attente. »
Il apprend l’identité de l’homme de la photo : David Wagner, mais rien en apparence ne relie cet homme à sa famille. Il part sur ses traces et sur celles des autres personnages de la photo, tous nazis notoires.
Enquêteur tenace, ses recherches vont le mener à Göttingen, à Berlin, mais surtout dans sa propre famille. C’est une quête des origines, une réflexion sur le sens du mot « filiation ».
On retrouve dans ce roman le thème central de « Un juif pour l’exemple » la violence, le mal absolu.
Le narrateur est obsédé par la violence, y compris la sienne
« Depuis toujours, la peur et la violence m’ont hanté. J’ai vécu dans ces ténèbres. j’ai toujours craint qu’on m’entraîne, m’attache, m’écorche, comme un animal nuisible. »
Fabrice Humbert fait entendre les voix de Primo Levi et Jorge Semprun, il fait preuve d'un talent impressionnant et réussit le tour de force d’écrire un roman profondément humain, très bien documenté, historiquement et psychologiquement juste et qui se lit avec avec un sentiment d’urgence très fort.
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Un autre avis dans le quotidien La Croix
L’auteur
Fabrice Humbert a déjà deux romans à son actif : Autoportraits en noir et blanc (Plon) et Biographie d’un inconnu (Le Passage) Vous pouvez le retrouver sur son site