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  • courir après le temps

     

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    Je pensais terminer dans un délai raisonnable La Montagne magique, mais ma lecture n’avance pas aussi vite que ce que j’escomptais alors aux grands maux les grands remèdes je prends quelques jours de vacances.

    A très bientôt ici pour retrouver Thomas Mann

  • Robinson Crusoé - Daniel Defoe

    Je vais peut-être vous étonner mais je crois n’avoir jamais lu une version complète de Robinson Crusoé.
    Ce livre a enchanté mes jeunes années, je me souviens encore de balades dans les bois où bien sûr j’étais Robinsonne. Le mythe du solitaire sur son île m’a toujours séduit et aujourd’hui encore je peux me précipiter sur des récits qui ont un tant soit peu de ressemblance avec ça. 

     

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    Lorsqu’est parue la traduction de Françoise du Sorbier c’était une belle occasion de lire enfin ce récit dans sa version complète avec une traduction que j’ai trouvé vraiment excellente. Ajoutons que les éditeurs n’avaient jamais vraiment fait d’effort la dernière traduction datait de ...1833

    Je ne vais peut être pas vous raconter l’histoire....Non je vais me contenter de vos dire quelles furent mes surprises à la lecture. 

    D’abord ce chapitre d’entrée où le personnage se présente, évidement il était supprimé dans les versions enfantines donc j’ai enfin fait connaissance avec l’homme et son passé.

    La longueur et la précision du récit du naufrage qui est terrible et qui donne le ton du récit: c’est parfaitement rythmé et l’on est accroché sans effort.

    defoe

    Comme tout enfant qui lit cette histoire avec quelques illustrations je m’étais fait une idée de Robinson, des vêtements cousus à la va comme je te pousse, une pétoire, une barbe énormissime.
    Je me souvenais bien de la palissade érigée mais pas du tout du chien et des chats, bien de la recherche de nourriture mais très peu des efforts pour se transformer en agriculteur. On a la mémoire très sélective.

    Et puis si l’on m’avait demandé la durée de sa présence sur l’île cela aurait oscillé entre 3 et 5 ans et j’ai été stupéfaite de découvrir 28 années sur son calendrier.

     

    J’ai aimé le récit des efforts de Robinson pour se créer un univers vivable : provisions, poterie, tonneaux fabriqués pour faire de la bière. 

    Enfin je n’avais aucun souvenir de la lecture très forte de la Bible et d’un Robinson interrogeant Dieu et se confiant à lui pour être épargné, pour se rassurer. 

    Frappée aussi par les plans qu’il fait pour combattre et tuer des intrus, la peur d’avoir à faire à des anthropophages, bref la peur de l’inconnu et du différent, un sentiment qui n’a jamais cessé de nous habiter.

    Je passe sur Vendredi car cela c’est inoubliable. 

    defoe

    Et je vais vous confier une petite anecdote familiale, ma fille ainée en dernière année de maternelle est revenue un jour enthousiaste, sa maitresse avait parlé de Robinson, mais au moment de nous parler de son compagnon, là horreur, le trou de mémoire, elle ne se rappelait pas du nom de ce bon sauvage, petit coup de pouce de ma part « il ne s’appelait pas Vendredi ? » mais alors ce qui se peignit sur le visage de ma fille, ce ne fut pas la joie d’avoir retrouvé ce nom mais plutôt une stupéfaction totale « Alors toi aussi tu es allée dans la classe de Mme Rouveyrolle ? ». Ce jour là elle prit sa première leçon de mythe littéraire.

    Le mythe n’a pas nourri que ma fille mais aussi beaucoup d’écrivains, de Rousseau à Michel Tournier. 

    Replongez vous dans votre enfance, j’espère que vous y prendrez le même plaisir que moi.

    Si vous voulez en savoir plus sur la traduction lisez l’interview de Françoise du Sorbier 

     

    defoe

    Le livre : Robinson Crusoé - Daniel Defoe - Traduit par Françoise du Sorbier - Editions Albin Michel

  • Chouette une nouvelle traduction

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    Je suis toujours curieuse lorsqu’une nouvelle traduction parait, un travail titanesque qui a pris des années, c’est aussi parfois l’occasion de lire pour la première fois un livre dont on pense toujours que tout le monde l’a lu alors alors ...que ce n’est pas toujours vrai.

    C’est aussi l’occasion de redécouvrir une oeuvre que l’on a aimé modérément en espérant que c’était la traduction qui était en cause et donc que l’on va cette fois se régaler.

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    En route pour deux vrais et grands classiques de la littérature mondiale.

  • Le Moulin et la Croix - Michael Francis Gibson

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    Les critiques de ce livre parlent de roman d’espionnage, de sonder l’âme d’une oeuvre. 
    C’est bien de cela qu’il s’agit. Michael Francis Gibson critique d’art choisit de ne nous présenter qu’une seule oeuvre.

    On a envie de dire « c’est un peu court jeune homme » et bien non détrompez-vous ce livre est une réussite totale, un parcours sans faute passionnant et dont on voudrait que l’auteur en ait fait bien d’autres.

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    Clic sur les tableaux pour voir mieux

    C’est parce qu’il a eu le privilège pendant toute une matinée de rester au plus près de la toile de Brueghel Le Portement de la croix, que nous avons droit à cette fine analyse, à cette profusion de détails. 

    Tout est traité, tous les coins du tableau, mêmes les plus reculés, ceux que vous n’avez jamais distingué et dont même quand on vous les met sous le nez vous avez du mal à les replacer sur l’immense puzzle. Le Golgotha loin dans le fond, les gibets qui rappellent l'époque troublée et la foule qui va assister au supplice. 

    MF Gibson fut immédiatement ébloui et parle de Brueghel comme du Shakespeare des Flandres, bel hommage venant d’un anglais.

    Il n’est pas pressé et vous propose même de ...ne pas le lire immédiatement, de vous reporter au tableau dans son ensemble et de « pénétrer librement » dans le monde du peintre.

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    Il va élargir notre horizon d’observateur en apportant mille détails : les conditions météorologiques, la botanique, les sciences du moment qui intriguaient déjà Bruegel, il vient de pleuvoir nous dit-il et pour preuve ces enfants qui enjambent la boue, qui s’élancent par dessus les flaques.

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    Il examine la foule, il détecte les métiers, les attitudes, les habillements, la vie de chacun. 

    Les effets voulus par le peintre par exemple ce moulin perché sur un énorme rocher avec un minuscule meunier

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    L’aviez-vous vu cette petite fille qui attend de l’aide pour traverser le gué ?

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    Les côtés lumineux et les zones sombres, derrière lui on explore les bosquets où l’on découvre des personnages ou des animaux cachés.

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    Il y a de quoi faire car Bruegel n’a pas peint moins de 500 personnages sur cette toile !!

    L'auteur en vient bien sûr à nous brosser l’envers du décor, ce temps de guerres, de persécutions religieuses, catholiques contre protestants qui ensanglantèrent pour longtemps la terre des Flandres. Le peintre proteste à sa manière en vêtant les soldats de Charles Quint d’un rouge sang qui marque toute la trajectoire de la montée au calvaire.

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    Le peintre joue aussi des symboles, si vous regardez le groupe des « saintes femmes » sur la droite du tableau, elles sont clairement mises en valeur par leur expression de douleur, par leurs vêtements qui en fait des personnages importants, pourtant elles sont au milieu du petit peuple et c’est là un message à destination de l’Eglise qui regardait de très près la composition des tableaux et peut être aussi pour équilibrer le fait que le Jésus lui est un personnage perdu au milieu de la foule, petit, presque caché sous la croix !

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    J’ai vraiment été passionnée par cette leçon d’observation faite d’une façon simple, complète, très aisée à lire et qui m’a encouragé à relire les autres tableaux du peintre

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    Le livre : Le Moulin et la croix - Michael Francis Gibson - Editions The University Levant Press

  • Brueghel , la ferveur des hivers

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    Une toute autre façon de lire un peintre, faire le lien entre tableaux et poésie, entre oeuvre et philosophie.

    L’auteur de ce petit livre fait jouer une série de correspondances entre les personnages et celui qui tient le pinceau, il parle plus de ce qui est suggéré que de ce qui est vraiment montré.

    Là aussi l’oeil vagabonde au gré des tableaux, s’attarde, remarque des détails qui jusqu’ici n’avaient pas fait sens.

    Un livre délicat autour d’un peintre qui est nous dis CH Roquet l’héritier des livres d’heures. 

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    Un peintre dont le temps était celui de la Kermesse héroïque et qui a du croiser Rabelais à Lyon et peut-être Du Bellay à Rome.

    Bruegel est « le peintre de la terre et du temps (...) le peintre des climats et des saisons, de la roue de l’année. »

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    Il fut le peintre des paysans, des rustres « de leurs danses, de leurs noces, de leurs kermesses. »

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    Par dessus tout ce fut le peintre de l’hiver, de la ferveur des hivers, de la neige et du silence.

     

    « Des deux versants de l’année, Bruegel préfère le plus rude, et l’hiver plutôt que l’automne. Il est le peintre des hivers et des neiges »

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    « Il a neigé toute la nuit. La cloche de l’église 

    Sonne comme le pas des anges dans le blanc Paradis !

    Entends-tu le silence du monde engourdi dans l’éclat de l’hiver »

     

    Son tableau peut être le plus célèbre 

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    « D’abord viennent les chasseurs (...) Ils descendent vers la plaine où la neige est douce et vers le village dont les maisons les attendent : dans l’air pâle monte la fumée. Ils songent dans le givre de leur barbe à la cheminée, à la marmite sur la table, à la soupe chaleureuse. Comme c’est loin encore ! »

     

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    « A cause de la neige partout et de la glace qui change les fossés en et les mares des chemins, on dirait que tout le monde n’habite plus qu’un seul village, disséminé dans la plaine blanche de l’hiver. »

    Un peintre qui fut un homme solitaire et silencieux et qui confiait ses pensées à ses pinceaux 

     

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    « Bruegel fut l’un de ces enfants qui glissent sur les mares et les ruisseaux gelés, et sa peinture s’en souvient. »

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    Le livre : Bruegel la ferveur des hivers - Claude-Henri Rocquet - Editions Mame  à chercher d’occasion

  • Des livres pleins de chefs d'oeuvre

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    Depuis toujours j’ai un faible pour les peintres flamands, un souvenir magnifique : le  Kunsthistorisches Museum de Vienne où l’on trouve, quand ils sont tous là, 17 tableaux de Brueghel. 

    Dans un musée on voudrait passer un temps long devant certaines toiles et les voir dans de bonnes conditions, certaines demandent d’être approchées, d’autres au contraires c’est la vue d’ensemble qui l’emporte. 

    Deux livres sur ce peintre qui m’enchantent après bien des années et dont je ne me suis jamais lassée : l’un est l’analyse d’une seule oeuvre, l’autre est un parcours poétique et presque mystique dans les oeuvres.

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    Rendez vous ici dès demain dans un paysage de neige