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  • Hemingway à La Havane - Leonardo Padura

    Adios Hemingway - Leonardo Padura - Traduit par René Solis - Points seuil


    adios hemingway.gifN’ayant jamais lu de polar de Leonardo Padura je ne connaissais pas son héros Mario Conde et c’est une rencontre très sympathique.
    Ancien flic de La Havane plus versé aujourd’hui en bibliophilie qu’en enquête criminelle et se frottant à l’écriture, il reste malgré tout accro au Rhum et autres boissons toniques.
    Lorsqu’un cadavre datant des années cinquante est découvert dans les jardins de la maison d’Hemingway transformée en musée, il reprend du service. Pour identifier le corps d’abord mais surtout pour épargner au fantôme de « papa » d’être sali par une affaire criminelle.

    L’enquête commence donc dans la propriété d’Hemingway et une fois identifié l’enclos où avaient lieu des combats de coqs dont « papa » était friand, après avoir trouvé une insigne du FBI dont Ernest était la bête noire, tout semble concorder et accuser l’illustre prix Nobel. 
    Dur pour Mario Conde d’enquêter sur celui qui lui a ouvert les portes de l’écriture, à qui il voue une admiration sans borne et une haine tenace. Le récit est à deux voix, celle du flic sortit tout droit de l’imagination de l’auteur et celle d’Hemingway bien vivant dans l’imaginaire de Padura
    C’est un régal, c’est fort comme du rhum ambré, coquin comme la culotte noire d’une star hollywodienne (je vous laisse découvrir le nom de la propriétaire) et attachant comme l’insupportable et génial écrivain.
    Padura ressuscite un monstre sacré de la littérature pour notre plus grand plaisir et au sortir de ce polar vous n’avez qu’une envie : relire les nouvelles d’Hemingway.

     

     

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    Finca Vigia la maison musée d'Hemingway à La Havane

  • Colette, une certaine France - Michel del Castillo

    Colette, une certaine France - Michel del Castillo - Editions Folio Gallimard


    colette une certaine france.gifMichel del Castillo est habile à vous faire aimer un écrivain, son essai sur Dostoïevski m’avait beaucoup plu, la relecture et l’écoute de Colette m’ont donné envie d’en savoir un peu plus sur Colette.
    L’image que j’avais gardé était celle de l’enfance campagnarde en Puisaye, le mariage avec Willy qui va s’approprier la paternité du premier « Claudine », le parfum du scandale de Colette nue sur scène et de sa liaison avec Mathilde de Morny, puis la femme assagie et la naissance de l’enfant chéri surnommée Bel Gazou, enfin la notoriété et la vieille dame du Palais Royal.

    Ce livre n’est pas une biographie au sens habituel du terme mais plutôt un portrait et comme tout bon portrait il est fidèle mais n’épargne pas les traits gênants.
    Michel del Castillo s’intéresse à l’entourage de Colette, à la correspondance de celle-ci et la réalité qu’il nous fait entrevoir est assez éloignée de la légende, « Peu d’auteurs auront travaillé avec autant de persévérance à l’élaboration de leur mythe » dit-il.
    Il ne s’agit pas seulement de petits détournements ou de petits arrangements avec la vérité, mais dans bien des circonstances Colette apparaît dure, égoïste et rancunière. Les portraits que fait Michel del Castillo de Willy, de Mathilde de Morny, et surtout de Colette de Jouvenel dite Bel Gazou, sont autant de pierres dans le jardin de Colette. Il s’interroge sur le paradoxe d’une auteure qui chante si bien la nature mais aime surtout la vie mondaine, qui sait magnifiquement parler de Sido mais n’assiste pas aux obsèques de sa mère, qui chante les enfants mais qui ne fut pas une mère exemplaire. Il dit son amour de l’argent, son ingratitude, son ambition balayant tout.

     
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    Mais ce portrait est aussi un exercice d’admiration, égoïste Colette ? certes « on n’aura beau l’aimer et tenter de la défendre par tous les moyens, on ne réussira pas à enlever Colette à son égoïsme » mais géniale égoïste ou comme l’appelait François Mauriac une « joyeuse ogresse ».
    Michel del Castillo est touché par la quête perpétuelle du paradis de l’enfance de Colette, lui l’enfant meurtri et déchiré par son enfance. Lorsqu’il lit Colette il est emporté « A cet instant une page m’empoigne, me bouleverse par sa cadence exacte, par sa mélodie simple et savante » « Par la magie de cette poésie à la fois simple et raffinée. »
    Il aime sa sensualité animale,  sa véritable «vocation du bonheur », sa prose est « l’une des plus concrètes, des plus charnelles, avec celle de Montaigne, que la France ait produites »
    Il n’aime pas tout dans l’oeuvre de Colette mais « Sido et la Naissance du jour témoignent d'une maîtrise inégalée »
    Colette sort de ce portrait habillée d’ombres et de lumière sûrement plus proche de la réalité que dans les biographies idolâtres.
    Pour Michel del Castillo « Elle ne prétend à rien d’autre qu’à raconter et à charmer par ses histoires. Elle veut dispenser le plaisir de lire, l’émerveillement et l’émotion, par les moyens les plus simples.(...) Par moments, ce chant nous arrache à nous-mêmes, nous transporte, nous plonge dans une béatitude comblée. »




    L’auteur
    micheldelcastillo2od3.jpgLa biographie de Wikipedia répondra à vos questions.
    Je préfère signaler les trois livres de Michel del Castillo que je préfère  :
    Tanguy le récit de son enfance, Mon frère l’idiot essai sur Dostoïevski où comment la littérature lui a sauvé la vie et Colette une certaine France.

  • La horde du contrevent - Alain Damasio

    La horde du contrevent - Alain Damasio - Edition La Volte ou Folio SF
    la horde.gifVoilà un roman que vous n’oublierez pas, adepte ou réfractaire, passionné ou irrité, il ne vous laissera pas indifférent.

    Un avertissement tout d’abord : j’ai bien failli le planter là, abandonner car les premières pages étaient incompréhensibles, le vocabulaire complètement déjanté et malgré la grande confiance que j’accordais aux personnes qui me l’avaient recommandé, non là vraiment ce n’était pas possible.
    C’est grâce à Isa (elle se reconnaîtra) que j’ai poursuivi ma lecture puis que j’ai terminé le roman littéralement envoûtée, elle m’a donné un conseil et je vais vous le donner en guise de préambule : Lisez ce livre comme de la poésie, sans vous poser de questions, sans chercher de sens à tout, poursuivez, laissez vous porter par le vent et la magie de Damasio agira.

    Ils sont 23, marchant de l'extrême aval vers l'extrême amont pour y comprendre l'origine des vents.
    Ils sont la Horde du Contrevent, la 34ème ... après 33 échecs. Leur enfance n'a été qu'un apprentissage de cette lutte contre les vents avec l'espoir de faire partie de cette horde mythique. Cette 34ème horde est réputée la meilleure, on dit qu’elle percera les secrets du vent, on dit qu’elle sera la dernière horde.
    Chaque membre de la horde à un rôle bien défini.
    Il y a Golgoth le traceur, le chef, le guide
    Il y a Erg le protecteur de la horde, Caracole le poète troubadour, Oroshi qui sait tout des vents, Pietro le prince.
    Il y a Sov le scribe, c’est lui qui garde la trace de la horde, qui écrit pour les prochaines hordes.
    Il y a un fauconnier, un géomaître, une soigneuse et une cueilleuse.
    Trouver de la nourriture, faire du feu, soigner les plaies, dire le chemin, chacun rempli sa tâche.
    Une extraordinaire force les lie les uns aux autres, ils devront se dépasser pour parvenir à l’extrême amont.

    Autant le dire tout de suite, après mes hésitations du début, je n’ai plus lâché ce livre et j’ai voyagé avec la horde pour mon plus grand plaisir.
    Alain Damasio joue avec la langue, avec les mots, en invente, les tord dans tous les sens, son imagination est sans borne. Son inventivité est stupéfiante et les créations de son vocabulaire ébouriffantes.
    C’est un récit polyphonique dans lequel chaque personnage a son langage propre et son « signe symbolique » il est ainsi reconnu lorsqu’il prend la parole. L’orchestration de Damasio est parfaite. Il n’a oublié aucun détail, la pagination inversée du livre est le compte à rebours du voyage de la horde.

    La critique du Monde de novembre 2004 dit « Alain Damasio a relevé tous les défis : décrire un univers d'une logique interne très étrangère à notre expérience, mettre en scène plus de vingt personnages au long de ces 500 pages, trouver une voix particulière pour les plus importants d'entre eux. Il a gagné son pari : La Horde du contrevent est un chef-d'œuvre. »

    Extrait
    « Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu'un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueules, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte : l'Extrême-Amont.
    Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m'appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l'ultime. »


    Embarquez vous, vous ne le regretterez pas

    Pour mieux connaître l’univers fantastique de la Horde


    L’auteur

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    Alain Damasio est né en 1969 à Lyon
    Sorti de l'ESSEC en 1991, il choisit de s'isoler pour s'adonner à l'écriture.
    Son premier texte long est la Zone du dehors, roman d’anticipation politique.
    La horde du contrevent a été récompensée par le Grand Prix de l'Imaginaire 2006.

  • Un livre friandise

    Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows- Traduit par Aline Azoulay-Pacvon - Nil Editions
    le cercle.jpgIl y a les livres chef-d’oeuvres, les livres marquants, les livres érudits, les livres phares et puis il y a les livres friandises.
    Des livres qui donnent le sourire, que l’on a envie d’offrir, si vous êtes amateur de ce genre de livre alors n’hésitez pas celui-ci est fait pour vous.

    L’Angleterre en 1946, les traces des bombardements sont bien visibles, le rationnement est encore d’actualité.
    L’héroïne Juliet Ashton à traversé la guerre en écrivant des chroniques pour les journaux, sa bibliothèque est perdue sous les décombres de sa maison, sa plus fidèle amie est mariée en Ecosse, et son éditeur voit d’un mauvais oeil son flirt avec un éditeur américain qui fait la une des journaux people de l’époque.
    La réception d’une lettre va tout changer, elle va petit à petit, lettre après lettre, faire la connaissance des membres de l’improbable et pourtant bien réel Cercle littéraire des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey.
    Créé pendant la guerre pour déjouer les lois allemandes contraignantes, le cercle a rapproché les habitants de Guernesey, a ouvert à la lecture des hommes et femmes qui n’avait plus ouvert un livre depuis l’école. La correspondance entre Juliette et les iliens se fait confidence pour certains et  potins malveillants pour d’autres. Les lettres ravivent les souvenirs de la guerre, mettent au jour la solidarité et l’affection qui lient les membres du cercle,  les actes de lâcheté et ceux d’héroïsme, les moments difficiles comme les joies simples.
    C’est tout un petit monde qui apparaît, attachant, drôle et émouvant.

    Le roman épistolaire est un classique et il est ici parfaitement accordé au sujet, l’auteure est américaine mais je ne peux m’empêcher de trouver son humour très anglais, les constantes références littéraires sont excellentes et je vous laisse le plaisir de découvrir comment la littérature aide à conquérir le coeur d’une femme et adoucir la vie. Un roman frais, joyeux, tendre et drôle

    Lisez et offrez ce livre il donne le sourire pour preuve les sourires de  Keisha Lilly Fashion ou Emjy

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    Guernesey aujourd'hui

     

  • Chéri et Gigi - Colette

    Chéri - Colette - Lu par  Françoise Fabian -  Editions Naïve
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    «  Pour la première fois de ma vie, je me sentais intimement sûre d’avoir écrit un roman dont je n’aurais pas à rougir ni à douter » écrit Colette à propos de Chéri.
    Ce roman sans doute le plus célèbre de Colette  je vous propose de l’entendre, lu par Françoise Fabian, dont la voix apporte au texte toute la sensualité, la hardiesse et la cruauté que l’auteure y a mis et met en relief la finesse de l’écriture de Colette.

    Petit rappel de l’histoire : Le roman se passe à la Belle Epoque Léa ancienne courtisane qui approche de la cinquantaine doit se séparer de Chéri qui a la moitié de son âge, leurs amours parfois tulmutueuses dures depuis cinq ans, mais aujourd’hui Chéri se marie, la séparation devient obligatoire, la rupture sera cruelle mais pour qui ? Roman subversif sous des dehors légers.

     

    Si vous voulez en savoir plus sur le roman lire la note de Sibylline et pourquoi ne pas aller voir le film de Stephen Frears avec la belle Michèle Pfeiffer

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    Gigi - Colette - Lu par Danièle Delorme - Editions Frémeaux et associés
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    C’est un roman cocasse que celui-ci, Gigi élevée par sa mère, sa grand-mère Mamita et sa tante Alicia, dans un strict souci des principes et des conventions.
    Elle a appris à reconnaître les pierres précieuses, à peler une pêche, à couper les ortolans d’un seul coup de couteau et à tenir toujours ses genoux serrés. En fait elle n’a été éduquée que dans le but d’en faire une femme entretenue mais possédant toutes les qualités d’une femme du monde.
    Mais Gigi va refuser ce rôle de cocotte que sa famille lui réserve et mettre à mal tous les plans soigneusement élaborés en refusant d’être la maîtresse du séduisant et riche Gaston Lachaille.
    Danièle Delorme incarna Gigi en 1948 dans un film de Jacqueline Audry avec Gaby Morlay.
    Ici sa voix fait merveille et restitue la vivacité des dialogues, la naïveté de Gigi, la verve de Colette, cet enregistrement date de 1956 mais n’a pas pris une ride, pas plus que l’oeuvre de Colette qui a écrit ce texte enlevé et vif à soixante dix ans !

    Un film TV a été réalisé en 2006 par Caroline Huppert avec Macha Méril, Françoise Fabian et Juliette Lamboley dans le rôle titre, ce téléfilm excellent et fidèle au roman n'est hélas pas disponible en DVD pour le moment.

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  • Cette vie - Karel Schoeman

    Cette vie - Karel Schoeman - Traduit par Pierre Marie Finkelstein - Editions Phébus
    cette vie.gifC’est le troisième roman que je lis de Karel Schoeman, j’ai beaucoup aimé En étrange pays et plus encore celui-ci.

    En Afrique du Sud à la fin du XIXème siècle, au fond du Roggeveld, seule dans sa chambre d’enfant, une femme va mourir et tente en un long monologue de comprendre toutes ces images qui affleurent à sa mémoire.
    « J'ai trop de souvenirs, dit-elle. Toute ma vie, j'ai eu trop d'occasions de regarder, d'écouter, de voir, d'entendre et de me souvenir. Je n'ai pas fait exprès d'emmagasiner toutes ces connaissance et je n'ai pas demandé à les retenir mais aujourd'hui que me voici arrivée au soir de ma vie, je considère toute cette sagesse et je me rends soudain compte qu'elle est loin d'être vaine».

    Bribes après bribes ses souvenirs remontent, elle tente de  retrouver les visages de tous, les frères aimés, la mère crainte, le père effacé, les domestiques et Sofie la bien aimée.
    Sa vie fut longue, enfant personne ne l’a vraiment aimé, elle était une ombre silencieuse, un oeil innocent, une oreille attentive.
    Sa mémoire n’est pas sûre, en longs allers et retours la narratrice fait remonter des lambeaux de souvenirs qui morceau après morceau vont recomposer sa vie : les leçons des précepteurs, l’arrivée de Sofie femme de son frère aîné, belle et rieuse, la naissance de Maans son neveu, le seul qui lui ait un peu appartenu.
    L’histoire de la famille s’écrit dans la nuit : les départs et les morts, les mariages et les naissances qui viennent s’inscrire dans la bible familiale, les non dits, les paroles de colère, les secrets, les actions honteuses.


    On est envoûté littéralement par le récit, peu à peu absorbé par le paysage. La vie se déroule au rythme des saisons : la transhumance annuelle lorsque vient l’hiver, la lumière changeante sur le veld, l’explosion de couleurs au printemps.

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    L’écriture d’une grande beauté de Karel Schoeman nous emporte dans un pays dur et ingrat, où le paysan survit plus qu’il ne vit, où les hommes et femmes sont corsetés dans des traditions et une religion austère.
    Magnifique roman d’un temps révolu, ode lyrique, subtil et  poétique à son pays. L’éditeur parle de chef-d’oeuvre de la littérature Sud-Africaine, c’est le mot juste.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    L’auteur
    karel_schoeman.jpgKarel Schoeman est né en 1939 dans l’Etat libre d’Orange.
    Solidaire du combat des Noirs de son pays, il a été décoré par N Mandela. Son oeuvre compte 17 romans dont 4 ont été traduits et publiés chez Phébus.
    Pour Cette vie il a reçu le Prix Hertzog la plus prestigieuse récompense littéraire d’Afrique du Sud