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  • Les âmes Baltes - Jan Brokken

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    Un écrivain voyageur inconnu voilà une jolie découverte. Jan Brokken est passionné par le passé littéraire, musical, historique, d’un pays ou d’une ville.

    ll nous emporte dans ses bagages dans ces fameux pays Baltes dont aujourd’hui encore on n’ignore beaucoup de choses. On fait un joyeux méli-mélo avec leurs capitales, si on devait les placer sur une carte on hésiterait toujours pour savoir si c’est l’Estonie ou la Lettonie qui est la plus proche de la Russie.

    C’est donc un parcours culturel qui nous est proposé et le carnet d’adresses de Jan Brokken est riche de noms connus et d’autres totalement inconnus pour nos faibles connaissances.

    Bon je vais être gentille avec vous et commencer par le plus simple : La lituanie, un écrivain nommé Roman Kacew, ça vous dit quelque chose ? allez faites un effort….si je vous dis La Promesse de l’aube, mari de Jean Seberg ………et oui Romain Gary est à l’origine lituanien !! 

     

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                  Statue hommage à Romain Gary pris sur le blog de Pernelle qui visite les Pays Baltes

     

    Deuxième devinette : des escaliers et un landau qui dévale les marches ……..oui oui Einsenstein est Balte et non pas Russe comme peut être vous le pensiez.

     


     Le cuirassé Potemkime de Sergeï Einsenstein

     

    Bon ça y est j’ai toute votre attention ? Alors je vous propose de suivre ce parcours totalement passionnant à travers les villes d’Estonie, Lituanie et Lettonie. A travers la vie d’une quinzaine de familles.

    On y entend le murmure des voix juives qui ne sont plus, 70% de la population lituanienne était juive avant la guerre, parmi tous les noms que Jan Brokken met à l’honneur ne soyez pas étonnés de rencontrer beaucoup d’artistes Juifs. Markus Rothkowitz plus connu comme Mark Rothko, Jakob Lipchitz le sculpteur

     

     

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                             le portrait de Lipchitz et sa femme par Modigilani

     

     

    ou Hanna Arendt (et oui elle n’est pas née en Allemagne) mais aussi Emmanuel Kant, le musicien Arvö Part qui est né à Tallin en Estonie, et des inconnus qui ont compté dans l’histoire de leur pays comme  Loreta Asanaviciute qui semblable aux étudiants de la place Tian an Men, fut écrasé par un char soviétique en 1991. 

     

     

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    J’ai retenu aussi Carl Robert Jakobson l’écrivain le plus célèbre et que son pays l'Estonie honore dans un musée qui me plait bien.

     

     

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                               le Talumuuseum qui honore Jakobson

     

    les fameux châteaux de Courlande,

     

     

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    et le nom d’un éditeur exemplaire : Janis Rose dont le nom survit grâce à sa femme et à sa fille qui comme les parents de Sandra Kalniete furent déportées en Sibérie mais parvinrent à revenir.

    On feuillète en même temps un livre d’histoire, depuis le temps des Tsars qui refoulaient les juifs vers les états périphériques, jusqu’aux terribles épreuves de la guerre et du stalinisme, ce qui fait dire à l’auteur que l’âge d’une personne dit sous quel régime politique elle a vécu et quelles horreurs elle a pu vivre.

    « Dans les pays Baltes, chaque communauté a ses héros, ses héroïnes, ses martyrs et ses bourreaux. Le bien et le mal se confondent. La vérité de l'un fait la colère, le désespoir et le malheur de l'autre. »

     

    Ses récits sont riches, bien argumentés, bien composés, bref un beau travail, des photos illustrent bien le propos. Jan Brokken est parfait pour donner à travers les portraits qu’il nous propose, une belle photographie de ces pays qui connurent des conflits sanglants, la haine et la vengeance, des bagarres idéologiques et qui aujourd’hui ont su trouver leur place dans une Europe apaisée.

     

    Si vous voulez faire le voyage je vous propose le blog de miriam

     

    Dernière minute un site signalé par Nadejda merci à elle : Les Dames de Courlande

     

    Et le blog de Gilles

     

     

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    Le Livre : Les âmes Baltes - Jan Brokken - Traduit par Mireille Cohendy - Editions Denoël 

     

    3921121578.jpgL’auteur : Ecrivain voyageur, Jan Brokken est né en 1949 aux Pays-Bas. Il a écrit une vingtaine de livres qui en font un des plus grands écrivains néerlandais contemporains. Les Ames baltes est son premier ouvrage traduit en français. ( source l’éditeur) 

  • Je suis interdite - Anouk Markovits

    Foi ou contrainte ?

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                                 le rituel du bain dans le film Kaddosh

     

    Avez vous vu et aimé le film Kaddosh ? Avez-vous lu et aimé l’Elu de Chaïm Potok ? 

    Alors ce livre est fait pour vous.

     

    Une histoire qui se déroule dans ces contrées qui furent le théâtre de pogroms, vous êtes en Transylvanie et Joseph a cinq ans, il vient d’échapper à un pogrom, toute sa famille a été massacrée mais lui a été sauvé par Florina, elle est catholique et désormais Joseph Lichenstein sera comme son fils. Il garde malgré tout des souvenirs de sa famille, de ses voisins.

    Quelques années plus tard lorsque Joseph est témoin de l’anéantissement de la famille de Mila, il va l’aider à rejoindre une famille juive, les Stern qui va la protéger.

     

    Mila va être élevée par cette famille en Transylvanie d’abord puis à Paris. Les Stern vivent sous la loi du chef de famille, Zalman, ce sont des juifs hassidiques, des juifs appartenant à la communauté Satmar aux traditions extrêment contraignantes et fermées.

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                          Communauté Satmar à New York

     

    Mila et Atara les deux filles ainées grandissent donc avec une série d’interdits : pas question de lire autre chose que des livres religieux, pas question de faire des études autres que religieuses.

    Tout est question de codes dans la famille, de rituels. Du lever au coucher tout est fixé et doit être appliqué avec intransigeance pour préserver la pureté de la famille, diktats alimentaires, vestimentaires, bains rituels pour les femmes, port de la perruque pour les femmes mariées.

     

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                              Vitrine à Mea Shearim

     

    Le seul écart que se permet Mila c’est un questionnement sur les circonstances de la disparition de ses parents, ce n’est pas clair pour elle, mais pour le reste elle est une jeune fille qui suit tous les préceptes qu’imposent Zalman  mais une petit graine est semée.

    Atara elle brandit l’étendard de la révolte assez tôt, elle enfreint les règles, lit des livres interdits, pose des questions, exprime le souhait de faire des études et refuse l’idée d’un mariage arrangé.

     

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    " Atara s'était mise à lire de plus en plus, elle lisait sur le chemin de l'école et au retour, elle lisait en classe, le livre sous le pupitre, elle lisait la nuit à la lueur d'une lampe de poche sous l'édredon

     

    Mila elle accepte elle de partir se marier aux Etats-Unis. Elle va y retrouver Joseph son futur époux, Joseph qui a fui la Transylvanie et a été élevé dans une famille hassidique lui aussi.

    L’une est rebelle, l’autre l’obéissance incarnée, mais la vie réserve parfois des embûches que ce soit sur le chemin de la rébellion ou sur celui de l’obéissance. 

     

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                                       Obéir    © François Pesant

     

    L’auteur poursuit son récit à travers trois générations et c’est extrêmement réussi. 

    La lecture de ce livre demande un peu d’attention, certains mots yiddish sont explicités en fin de livre, les paroles de prières reviennent de façon un peu lancinante et ajoute au climat d’oppression que vivent Mila et Atara.

    On est immédiatement en empathie avec les deux filles et l’on ne peut s’empêcher de penser que pour décrire aussi finement leurs parcours, l’auteur a du vivre une situation similaire. Ce besoin et cette peur d’enfreindre la loi, la terrible culpabilité qui en découle, la crainte d’ être exclue de la communauté.

    Un excellent livre sur les ravages d’une religion (quelqu’elle soit) quand l’orthodoxie l’emporte sur la foi.

     

    L’ avis du Café littéraire de Céline 

     

     

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    Le livre : Je suis interdite - Anouk Markovit - Traduit par Katia Wallisky - Editions JC Lattès

  • La confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy

    Un dénommé François 

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    Quand un premier roman est très réussi le lecteur est toujours à la fois impatient et prudent de voir sortir un nouveau texte.

    Pour Raphaël Jerusalmy qui avait mit dans le mille avec Sauver Mozart, le gant n’était pas facile à relever. 

     

    Il aime bien l’Histoire Raphaël Jerulsamy et il nous propose cette fois de nous retrouver en 1463, le 5 janvier pour être précis.  Ce jour là aurait du être fatal à François Villon, il risque la peine de mort mais en fait il s’en tire avec un bannissement car il a fait un marché avec le roi de France, marché qui va se révéler à la fois tentant, incroyable, trompeur, et dangereux au possible.

     

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    Saint Jean d'Acre

    Le voilà partit en Terre Sainte pour remplir sa part du marché. Il s’agit pour le roi de France de se soustraire autant que faire se peut à l’hégémonie du Vatican grâce à cette nouvelle invention que l’on nomme imprimerie, Villon pour se faire part en quête d’ouvrages, de livres, de manuscrits qui pourraient y aider.

    C’est loin la Terre Sainte et difficile d’accès, bandits, voleurs, mercenaires, tout une cour des miracles pour l’empêcher d’y parvenir. 

     

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       « Un berger émerge d’un oued hérissé de hauts joncs qu’aucune brise ne soulage, poussant son troupeau de chèvres vers les marécages qui bordent la mer morte. »

     

    Son voyage va se révéler surprenant, saviez-vous qu’il existait alors une confrérie secrète, mystérieuse, la Confrérie des chasseurs de livres, François Villon sous ses dehors de mauvais garçon est un lecteur passionné, un homme cultivé qui va devoir se frotter à cette confrérie qui a des liens avec toute l’Europe.

    Les embûches sont nombreuses, les espions sont partout, les ennemis prennent bien des costumes et il va lui falloir toute son intelligence et sa filouterie pour résister à cela. 

     

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    Vous l’avez compris on est dans le roman débridé, l’auteur ne craint aucun tour de passe passe, son imagination galope et cela pour notre plus grand plaisir. 

    Nomades, brigands, espionne, moines, noble érudit à la solde des Médicis, tout est bon pour que le récit bondisse, que les complots fleurissent. 

    Je n’ai pas éprouvé de fatigue et pourtant il y a loin Paris à Jérusalem, les péripéties sont multiples,  les chemins sont tortueux mais que voulez vous le désert est toujours attrayant et François Villon est un compagnon de route tout à fait irrésistible.

     

     

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                                                 Jérusalem © Barak Brudo

     

    Ne vous y trompez pas le roman est parfaitement documenté, aucun anachronisme, on est projeté sous les remparts de Saint Jean d’Acre, dans les ruelles de Jérusalem sans coup férir et si je reste un peu vague c’est pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Grâce soit rendue au roman historique quand il ressemble à celui là. L’amour des livres, le respect des érudits chercheurs est à la base même du livre.

     

    Le livre : La Confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy - Editions Actes Sud

     

     

  • Leçons de solfège et de piano - Pascal Quignard

    Trois petites notes de musique

     

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    Un remerciement à Bonheur du Jour qui m’a aiguillé vers ce petit livre de Pascal Quignard que je n’avais pas repéré du tout.

    Je le lis depuis son premier livre sur Maurice Scève et je ne me suis jamais arrêtée. De temps en temps un livre me plait moins mais j’y trouve toujours de quoi satisfaire ma boulimie livresque.

     

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    Un livre sur la musique qui est la seconde passion de Quignard après la lecture. 

    Croiser ici Julien Gracq était un peu surprenant mais tout s’éclaire quand on sait que Monsieur Louis Poirier a pris de leçon de piano avec une tante de l’auteur. Une petite blessure à surgit à la suite de ces leçons, blessure pour Julien Gracq et plus encore pour Quignard « Il est des choses qui blessent l’âme quand la mémoire les fait ressurgir. » la petite madeleine est ici un peu souffrante. Son évocation de ses tantes musiciennes est magnifique.

    Il défend une méthode d’apprentissage certes un peu surannée et parfois même violente mais efficace « Ce n’était que du su par cœur, comme pour les verbes grecs irréguliers, mais c’est inscrit pour la vie »

     

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    Trois petits textes de trois conférences et ces trois fragments sont passionnants. Après la mémoire vient son admiration pour Paul Celan grâce à qui il a traduit du grec et il finit avec Aristote et  l’amitié.

     

    Un tout petit livre de ceux que l’on peut relire avec un grand plaisir. 

     

    Voyez l’avis de Margotte 

     

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    Le livre : Leçons de solfège et de piano - Pascal Quignard - Editions Arléa

     

  • L'obèle - Martine Mairal

    Une fille d'Alliance

     

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    Je me suis promenée chez Montaigne au début de l'été et voici un billet pour clore ma balade un livre que Rosa m'a soufflé

     

    Marie de Gournay est née quelques années avant que Montaigne ne se retire de la vie publique et n’écrive les premières pages de ses Essais.

    Bien que fille, elle réussit à obtenir de ses parents de faire des études, elle apprend le latin, le grec et les sciences et elle lit autant que faire se peut.

    Dix sept ans est le tournant de sa vie, l’âge auquel elle découvre les écrits de Montaigne

     

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    Le temps de la Saint Barthélémy

    « A dix-sept ans, j'entrais en érudition comme on entre en religion; la religion d'un livre qui les contient tous : les Essais de Michel, Seigneur de Montaigne ».

    Ce livre la comble totalement, il « parlait à mon esprit avec une limpidité et une force jamais éprouvées» dit-elle

     

     

    Aujourd’hui les lecteurs qui veulent rencontrer leur auteur favori se rendent au salon du Livre, à l’époque rien de tel, surtout pour une fille qui est déjà en délicatesse avec sa famille ayant systématiquement refusé tous les partis qu’on veut lui faire épouser. 

    Lorsqu'elle apprend que Montaigne est à Paris pour des raisons politiques, elle lui écrit une missive pour solliciter une entrevue et espère que Montaigne saura l'entendre

     

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                                Le Paris des guerres de religion

     

    «  Si je provisoire échapper, fût-ce une fois dans ma vie,à la mauvaise réputation que me veut ma féminine complexion » lui écrit-elle.

     

    Et le miracle se produit, l'auteur lui rend visite en sa demeure.

    « Au premier regard, il pénétra l'extraordinaire de cette rencontre, sut tout de moi, me saisit d'emblée différente, me décida son égale en esprit sinon en âge ... ».  

    Elle craint d'être déçue « Je tremblais d'angoisse, non de ne point lui plaire, mais bien qu'il ne me plût point.»

    Mais bien vite il la reconnaît comme une âme sœur :  « Rares sont les vrais lecteurs labourant à moissonner toute l'étendue du champ de la pensée » et l'amitié littéraire est immédiate.

    Cette amitié se poursuivit jusqu’à la mort de Montaigne.

     

    Il la fait sa fille d'alliance, ce qui sera souvent contesté par certains des amis de Montaigne car  «  Rares sont les femmes que leur noblesse, leur richesse ou leurs alliances tiennent quittes d'obéir au sort commun qui les veut niaises à douze ans, belles à quinze, mère à dix-sept, résignées à vingt, vieilles à vingt-cinq et dévotes à trente si elles ont survécu. »

     

    Marie apprenait son futur rôle d'éditrice. Il lui expliqua l'obèle :

     

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    « Voyez ce signe, Marie. Trois traits  y suffisent. Une barre verticale ferrée de deux traits brefs à chaque extrémité. Tant me plaît cette petite broche que les copistes alexandrins dénommaient obélos. J'ai fait mien ce signet de leurs hésitations sur l'authenticité de tel ou tel vers d'Homère. Il saura vous parler quand je me serai tu. Suivez-le à la trace. Il indique le point de bifurcation où enchâsser mon ajout dans mon texte ».

     

    Montaigne utilisait ces signes en permanence, ses Esssais se voyaient enrichir en permanence d’allongeails qu'il signalait d'un obèle.

     

    Marie de Gournay a tenu salon et aurait pu être académicienne, seul l’acharnement de quelqu’uns l’en empêchèrent, elle put ainsi consacrer sa vie à l’édition des Essais «  Sans la vigile fidélité de Pierre de Brach, sans la volonté de Françoise de Montaigne de faire respecter les vœux de son époux, j'eusse été écartée de l'histoire des Essais, notre amitié niée, sa langue épurée, censurée et ses papiers détournés »

    Elle fut à l’origine des éditions de 1595 et 1598 pour lesquelles elle demeura dans le manoir de Montaigne et travailla librement dans sa librairie car elle détenait la confiance de la femme et de la fille de Montaigne.

     

     

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    Le titre peut éloigner des lecteurs et ce serait dommage, mais il faut bien dire que Martine Mairal s’en donne à coeur joie avec les mots disparus de la langue française, obèle est de ceux là, ces mots même que l’Académie de l’époque voulait voir supprimer du dictionnaire au grand dam de Marie de Gournay.

    Martine Mairal croit à l’amitié amoureuse entre ces deux êtres « Il me fut Michel, je lui fus Marie. Le reste ne regarde que nous. » fait-elle dire à Marie de Gournay.

     

    Quand on sait que pendant des années, l’Université Française a fait la fine bouche à propos de Montaigne, ne lui reconnaissant pas le titre de philosophe, on s’étonne moins que ce roman magnifique soit passé quasi inaperçu à sa sortie.

    En ces temps de rentrée littéraire il est bon de se rappeler qu’il ne suffit pas d’être de paraitre à l'automne pour être un bon roman. 

     

    Merci à Rosa 

     

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    Le livre : L’Obèle - Martine Mairal - Editions Flammarion 

     

  • Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre

    Escroqueries à la mort

     

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    Novembre 1918 à quelques jours de la fin de la guerre.

    Trois personnages sont présents dont un parfait salaud.

    Pour être reconnu, pour gagner un galon, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle aristo désargenté envoie son régiment à l’abattoir et plus encore.

    Edouard Péricourt le grand bourgeois et Albert Maillard le prolo vont en faire les frais.

    Edouard sauve Albert d’une mort certaine mais le paie par une blessure épouvantable qui lui emporte la moitié du visage.

     

     

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    Entre eux c’est à la vie à la mort. Après le champs de bataille, l’hôpital, les voilà de retour à la vie civile.

    L’aristo  va jouer des coudes afin de faire fortune et de restaurer son domaine. Il n’est pas à une bassesse près et les milliers de famille qui attendent qu’une sépulture soit donnée à leurs morts vont lui servir de marche pieds vers la gloire et la richesse.

     

     

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                     Douaumont © POL EMILE/SIPA 

     

    Quant à Edouard et Albert, eux sont les sacrifiés de l’Histoire. Ils vont devoir se débrouiller pour tenter de retrouver une place dans une société qui ne veut pas d’eux, qui préfère les morts aux vivants. Alors la voix la plus simple est l’arnaque  et utilisant les talents de dessinateur d’Edouard ils vont qui prendre une revanche en utilisant le très fort intérêt des familles pour les monuments aux morts qui fleurissent dans les villes et villages.

    On le voit rien de très moral ici, arnaque, forfaiture, mensonge, usurpation d’identité, j’en passe et des meilleurs…….

     

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                               © Jean-Étienne et Dominique Guerrini

     

    L’auteur de ce livre dit dans une interview sur France Culture sa volonté à la suite de lectures d’adolescence, d’écrire sur cette guerre et ses soldats mais se défend d’avoir écrit un roman historique.

    L’auteur jette un regard ironique sur les événements, comme une protection contre l’horreur. Il a mis au service de ce roman au sujet très sérieux, son sens du récit qui prend des allures de page turner. Les héros sont des marionnettes que l’Histoire fait danser. 

    Le tour de force de Pierre Lemaitre c’est de faire de cette histoire proprement féroce et indigne, un moment de lecture purement jubilatoire. On est à la fois ulcéré et ému, à la fois horrifié et plein de compassion pour Albert et Edouard. 

    Le titre lui est un hommage aux derniers mots d’un de ces fusillés  qui furent par la suite réhabilités. 

     

    Si j’étais juré du Goncourt assurément je voterai pour ce livre.

     

    Le bille dYs qui elle aussi a aimé le roman

     

     

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    Le livre : Au revoir là-haut - Pierre Lemaitre - Editions Albin Michel version numérique