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Rechercher : la petite lumière

  • L'Apocalypse selon Dürer - Alberto Manguel

    Mon souvenir le plus ancien de l’Apocalypse ce fut un film de Vincente Minelli  avec Glenn Ford, Charles Boyer, Ingrid Thulin et Lee J Cobb qui raconte la montée du nazisme et la lutte contre le mal qui prend le visage de Karl Boehm.

     

     

    Je n’ai jamais lu cette partie de la Bible sauf quelques extraits ici ou là mais par contre je me suis intéressée il y a longtemps aux seize gravures de l’Apocalypse réalisées par Albrecht Dürer. Ce sont des dessins qui impressionnent et qui furent son premier chef d’oeuvre qu’il n’était pas certain de vendre car il n’avait pas de commanditaire.

    Elles fourmillent tellement de détails que c’est mission impossible de les mémoriser.

    J’aime particulièrement Dürer  ses dessins, estampes, aquarelles mais l’Apocalypse si marquante ne faisait pas partie de mes préférés faute de comprendre bien le contenu et l’interprétation que l’on peut en faire.

     

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    La plus célèbre (un clic pour la voir en grand) 

     

    Et c’est là qu’intervient le passeur idéal : Alberto Manguel.

     

    Chez un éditeur peu connu il publie un petit opuscule sur ces seize gravures. Comme à son habitude il le fait avec simplicité, les petits textes qui accompagnent chaque gravure sont courts, clairs et entraînent le lecteur à la fois en un voyage géographique mais surtout littéraire et philosophique. On plonge dans la Bible allègrement, on fait un pas chez les philosophes de l’antiquité, impossible pour Manguel de ne pas être par la même occasion passeur de livres.

     

    Manguel vient souffler le sens à l’oreille du lecteur qui fait retour à l’image et puis à nouveau au texte. Cette conversation est passionnante d’autant que les reproductions sont de bonne qualité et que l’on peut toujours les afficher sur le web pour grossir encore certains détails. On comprend mieux la composition des gravures et on parvient à les replacer dans une période historique. 

     

    Un livre très réussi et pour info chez le même éditeur on peut trouver un Jérôme Bosch et un Patinir présenté par Sylvie Germain 

     

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    Agnès Dürer 

    Comme j’étais en voyage avec Dürer j’ai poursuivi avec son Journal de voyage qui est une réédition.

    Albrecht Dürer mène une vie relativement simple mais ses besoins d’argent sont constants, à l’époque il était parfois difficile aux artistes de se faire payer leur travail. Il entreprend donc un voyage pour tenter de faire renouveler une pension que l’empereur qui vient de mourir lui versait.

     

    A la suite de ce voyage il va faire un périple aux Pays-Bas. Si ce voyage est célèbre ce n’est pas par le contenu écrit du journal mais bien plutôt par les esquisses et dessins que l’artiste réalise à cette occasion.

    Il ne se souciait pas d’être lu.

    Il fait plusieurs portraits des peintres de l’époque dont Joachim Patinir, son intention est de se servir de ses dessins comme monnaie d’échange ou cadeaux.

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    L’oeil de l’artiste est toujours en alerte et le voyage nous vaut des oeuvres très variées de personnages rencontrés et leurs costumes, des paysages et des villes traversées.

     

     

    Les seize estampes de Dürer sont visible sur le site de l’Université de Liège

     

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    Les livres 

    L’Apocalypse selon Dürer - Alberto Manguel - Traduit par Christine Le Boeuf - Editions Invenit  2015

    Journal de voyage aux Pays-Bas - Albrecht Dürer - Traduit par Stan Hugue - Editions de l’Amateur 2015

  • Middlemarch - George Eliot

    Il y a un côté jouissif à s’attaquer à un pavé. D’abord arrivera-t-on au bout ? Le temps passé vaudra-t-il la peine ? Je réponds oui aux deux questions. 
    Bien sûr il m’a fallu quelques jours de lecture pour parvenir au bout de ce roman, mais qu’importe quand on est tout à fait subjugué par la lecture le temps ne parait pas long du tout.

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    Je n’avais jamais rien lu de George Eliot, je me le promettais depuis longtemps mais l’occasion ne s’était pas trouvée.
    Trois temps : j’ai commandé, j’ai reçu et j’ai lu, tout cela dans la foulée sans effort aucun mais avec un vrai grand plaisir.

    Un petit préalable pour dire que je connaissais déjà le traducteur Sylvère Monod comme tous les lecteurs de Dickens, j’étais déjà certaine de la qualité de la traduction et c’est vraiment très important pour un livre aussi long dont il est important de saisir non seulement le contenu mais aussi toutes les nuances.

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    Illustration de la British library

    George Eliot se rapproche de Jane Austen en cela qu’elle aime brosser la vie d’un village, de ses habitants, des liens qui les unissent, des histoires drôles ou sordides qui les lient.

    Sa fresque, parce qu’il faut bien parler ici de fresque plutôt que de tableau qui aurait un air un peu trop restrictif, sa fresque est de l’avis de Virginia Woolf « Un des rares romans anglais écrits pour grandes personnes »

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    Dorothea vue par la BBC

    Les personnages qui vont apparaitre sur la fresque de la petite ville de Middlemarch : Dorothea Brooke qui très vite épouse pour son malheur un ecclésiastique froid, raide, à la réputation largement usurpée. Lydgate le médecin ambitieux qui va se fourvoyer dans un mariage raté, Peter Vincy qui court après un amour impossible et est un rien incapable de s’engager véritablement dans une carrière professionnelle lui assurant un avenir, le pasteur Casaubon qui court lui après la gloire universitaire mais ne va rencontrer qu’échec et humiliation après une expérience ratée de mariage avec Dorothea, enfin le jeune Will Ladislaw qui représente l’avenir. 

    Autour d’eux tout un monde qui vient croiser le destin de chacun pour le bien ou pour le mal. Les imbroglios des relations familiales reposant sur des mensonges, les caractères des personnages allant de l’inconséquence absolue à l’abnégation totale comme Mary Garth
    George Eliot à l’art du masque et un même personnage est tour à tour nimbé d’admiration pour passer aussitôt à l’opprobre sociale.

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    George Eliot

    Vous allez me dire que je ne vous parle pas de l’intrigue du roman, tout simplement parce qu’il n’y en a pas vraiment.
    Certes il y a des péripéties, des imbroglios, mais l’important c’est la peinture de cette société où l’auteur passe du destin individuel au tableau plus large de la vie d’un pays : épidémies, réformes politiques, changements techniques comme l’arrivée du chemin de fer.

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    Les débuts du chemin de fer

    Cette alternance George Eliot en a la maitrise parfaite et les épisodes avec une large vision et ceux centrés sur un personnage, se mêlent avec une grande habileté. Il y a à la fois de la sévérité dans les portraits qu’elle trace mais en même temps beaucoup de lucidité.

    On a tout : le rôle de l’argent, du pouvoir, les faiblesses des êtres humains au prise avec l’ambition, la soif de l’argent, le désir, la haine ou l’amour.
    Il y a un souffle puissant dans ce roman, la société anglaise de l’époque est analysée avec finesse, acuité, ironie et brio.

    Un roman habile et riche qui mérite totalement l’effort de la lecture.

     

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    Le livre : Middlemarch - George Eliot - traduit par Sylvère Monod - Editions Gallimard Folio

     

  • Les Huit montagnes - Paolo Cognetti - Editions Stock

    En plein été caniculaire qu'il est bon de se rafraichir l'âme avec une lecture envoûtante et splendide.

    J'aime la montagne, les 25 ans passés à Annecy m'ont comblé, j'aime la couleur du ciel le matin très tôt, la rude montée vers un alpage, la descente en fin d'après-midi dure pour les genoux, les petits lacs glaciaires. L'alpinisme n'a jamais été fait pour moi mais la randonnée oui et ce sont de très très bons souvenirs.

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    L'auteur sur sa montagne

    Evidement que, dès l'annonce de sa parution, j'ai coché le livre de Paolo Cognetti. J'avais un brin d'appréhension ayant beaucoup aimé Le Garçon sauvage son livre précédent. Je ressors comblée par ma lecture.

     

    L'histoire est simple. Pietro, un enfant de la ville, va faire connaissance avec la montagne. Ses parents, son père surtout, sont des montagnards fervents et Pietro va migrer toutes les années vers Grana, un village de montagne au pied du Mont Rose.

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    Le Mont Rose

    Ses premiers pas en montagne sont un peu difficiles, il faut dire que le père est exigeant, solitaire et à bien l'intention de transformer le petit en un montagnard zélé malgré le mal des montagnes qui le terrasse.

    " Avec lui, il était interdit de s'arrêter, interdit de se plaindre de la faim, de la fatigue ou du froid, mais on pouvait chanter une belle chanson surtout sous l'orage ou en plein brouillard. Et dévaler les névés en lançant des cris d'indiens."  

    Mais la découverte, la vraie, c'est celle de l'amitié. Bruno est un rien plus âgé que Pietro, fils d'un homme souvent absent et d'une mère quasi muette, il sait tout des torrents, des pierres, des souches, cette montagne, c'est la sienne, formidable terrain d'aventures. La première rencontre est un brin houleuse mais très vite la complicité l'emporte. L'amitié s'installe. 

    Pour Bruno ce ne sont pas des vacances car il travaille dur sur l'alpage mais les minutes volées sont précieuses.

    Chaque été Bruno l'attend : 

    " Il faut croire qu'il guettait les virages du haut d'un de ses postes d'observation parce qu'il venait me chercher dans l'heure qui suivait notre arrivée"

    Et c'était le bonheur, parce que : 

    "Aller en montagne avec Bruno n'avait rien à voir avec la conquête des sommets."

    Non ils furètent dans les baites abandonnées, se transforment en chercheurs d'or
    Le temps de l'amitié idyllique prendra fin brusquement (non vous ne saurez pas pourquoi !) mais Pietro et Bruno se retrouveront. 

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    Baite ou chalet d'alpage 

    Un livre que j'ai énormément aimé, la montagne est le protagoniste principal mais les personnages sont magnifiques jusque dans leur imperfection.
    Un roman de formation, d'éducation, à l'atmosphère parfois empreinte de mélancolie. Les pères n'y sont pas parfaits, les mères y sont parfois trop silencieuses. 

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    L'écriture est rigoureuse, classique, forte et acérée parfois, lyrique à d'autres moments. Paolo Cognetti sait nous laisser entrevoir les fils qui se tissent malgré la distance et les différences, les noeuds qui se dénouent usés par l'érosion du temps qui passe.  Le rythme est celui, lent et régulier, d'une course en montagne.

    Si vous aimez les rapprochements je dirais qu'il y a un peu de Frison-Roche, un zeste de Giono, un parfum de l'île de Giani Stuparich

    L'auteur nous fait mettre sac au dos, il nous a balisé les chemins de sa montagne et c'est avec un plaisir total que je l'ai suivi, j'ai mis mes pas dans les siens, je l'ai écouté égrener ses souvenirs et je n'avais aucune envie de descendre le soir venu.

     

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    Le livre : Les Huit montagnes - Paolo Cognetti - Traduit par Anita Rochedy - Editions Stock

     

  • Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti

    Savez-vous que j’ai déjà énormément voyagé …..par les livres.
    Il y a environ 30 ans ( oui j'ai vérifié parce que ça m'a filé un coup) j’ai fait un voyage extraordinaire à la poursuite du Léopard des neiges avec Peter Matthiessen par les vallées et sommets du Dolpo. 

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    Aujourd’hui voilà qu’un écrivain me propose de faire un second voyage. Je n’ai pas pu refusé.L’Himalaya c’est tout à fait mythique et suivre Paolo Cognetti loin de ses Alpes de prédilection et qui veut marquer ainsi son quarantième anniversaire. C’est un bonheur pour tout aventurier en chambre.

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    D’abord présentons les protagonistes, Cognetti bien sûr et deux amis proches Nicola et Remigio parce que «  Je savais qu'en montagne on marche seul même quand on marche avec quelqu'un, mais j'étais heureux de partager ma solitude avec ces compagnons de route. »

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    Lac de Phoksumdo

    Maintenant le côté matériel du trek : 
    Une caravane composée d’hommes et de bêtes ( 25 mulets quand même) ce n’est pas rien de porter le matériel et la nourriture pour 20 personnes pendant un mois.
    Sete le chef d’expédition veille à tout, montage du camp, préparation du riz et des lentilles chaque soir, sans oublier la petite bière dans le café des villages traversés.

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    Les Hauts plateaux

    Ce trek c’est néanmoins un véritable challenge, car rappelez vous que son héros était atteint du mal des montagnes et se balader dans l’Himalaya avec ce démon à ses trousses ça tient ou de l’exploit ou du masochisme intégral.

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    Les montées sont rudes, martelées par les nausées et les vertiges. Huit cols à 5000 mètres, ce n’est pas rien, je me sens essoufflée rien que d’y penser. Et jamais on ne va au sommet ! Je vous laisse découvrir pourquoi.

    Dans son sac un carnet pour les croquis et l’écriture bien sûr, et un livre, un seul, celui qui a ouvert la piste : Le Léopard des neiges un livre important pour lui au point que parfois les mots de l’auteur se fondent avec ceux de son devancier.

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    « Marcher était notre mission quotidienne, notre mesure du temps et de l'espace. C'était notre façon de penser, d'être ensemble, de traverser le jour »

    Il retrouve un pays presque inchangé par rapport à l’américain, les campements ressemblent à ceux de Peter, il croise les mêmes personnages, les mêmes moines bienveillants et le bleu turquoise des lacs est bien là. 
    Pour un peu il pourrait lui emprunter ses cartes.

    J’ai aimé ce récit sobre, on n’y sent un homme qui laisse la nature le remplir, qui ne s’inquiète pas des frontières, ni du temps qui s’étire indéfiniment. 

    J’ai aimé les descriptions de paysage que j’avais déjà apprécié dans son roman, j’ai aimé cette recherche d’harmonie et d’équilibre entre le monde et soi.
    J’ai aimé l’écriture très simple, claire comme l’eau du torrent, j’ai aimé la présence constante de son ainé comme une protection et un modèle qui vient confirmer les sensations, les impressions, les peurs et l’émerveillement.

    Un petit défaut ? Je ne me suis pas sentie totalement rassasiée à la fin du périple, pas vraiment un défaut, juste une sensation de trop peu alors j'ai relu le Léopard des neiges pour poursuivre le voyage.

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    Le livre : Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti - Traduit par Anita Rochedy - Editions Stock 

    A lire en complément : Le Léopard des neiges  Peter Matthieusen - Editions Gallimard l’imaginaire

     

     

  • Les Chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse

    Je connaissais Jean Yves Laurichesse mais pour des écrits différents, un essai sur Giono et sa participation au Dictionnaire Giono, un monument d’érudition
    Ici c’est un auteur bien différent, attentif, curieux, un auteur qui veut partager son admiration pour un peintre et surtout un tableau.

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    Les chasseurs dans la neige - Pieter Bruegel 

    Bruegel le peintre de la Flandre, l’héritier des livres d’heures qui a peint au temps d’Ulenspiegel et de la guerre des gueux. 

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    Quelle est la genèse d’un tableau ? La vue d’un paysage, une rencontre, une lecture, des couleurs ? 
    Jean Yves Laurichesse garde un souvenir très fort des Chasseurs dans la neige au point de vouloir à travers un roman nous faire partager son enthousiasme et son admiration.

    Je vous propose d’entrer dans le tableau et de rejoindre Bruegel qui cherche l’inspiration pour une commande que lui a fait un riche bourgeois d’Anvers sur le thème des saisons. 

     

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    Le peintre

    Un village flamand en hiver c’est parfait.
    La terre qu’il peint ressemble à sa terre natale lui le peintre des villages et des paysans.Il croque des scènes villageoises et croise le chemin de Maeke, une jeune brodeuse. Le temps d’une danse à la fête du village, mais Maeke croise à nouveau le chemin du peintre et elle découvre ses dessins.

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     Les chasseurs descendent vers la vallée 

    Pour la jeune fille c’est une découverte, son village lui parait soudain riche de mille détails
    Son quotidien se transforme, son regard s’élargit, elle voit le paysage d’un oeil neuf. Un lien se crée. 
    « Jamais il n'avait eu cette impression de vivre dans un paysage comme dans une peinture et il savait en être redevable à Maecke. »

    Maecke assiste à la création de l’oeuvre, elle voit petit à petit apparaitre les détails, la vieille femme ployant sous ses fagots, l’enseigne de l’auberge qui ne tient pas bien, le feu allumer pour griller le cochon et les chasseurs qui rentrent à moitié bredouilles 
    Elle entrevoit le mystère de la création d’un tableau.

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    Détails

    Avec Maecke nous entrons nous aussi dans le village, est-ce que l’on entend le carillon de l’église étouffé par la neige, les aboiements des chiens, on a envie de glisser sur l’étang gelé puis de rejoindre l’abri d’une maison car l’hiver est rude.

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                         " Les arbres au tronc nu et l’étendue gelée des lacs où s’agite une foule menue "

     

    Le peintre se sent proche de ces villageois. 
    « C’est eux qu’il aime peindre, dans leurs travaux et leurs fêtes, pour donner gloire à leurs vies promises à l’oubli, comme recouvertes déjà du drap blanc de la neige » Plus tard il reviendra pour affiner ses croquis pour poursuivre son travail dans son atelier et faire une proposition à Maecke.

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    "Tout ce qui vit – arbres, animaux et hommes –

    est de couleur sombre et les ombres font défaut sous un soleil caché."

    Jean Yves Laurichesse a donné vie à Bruegel dans un texte plein de sobriété, de grâce, de beauté, de poésie sans une once d’esbrouffe, un texte à l’image du tableau.
    L’auteur a payé sa dette et peux enfin découvrir l’oeuvre de Bruegel au Kunsthistorisches Museum de Vienne pour un moment de contemplation.

     

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    Le Livre : Les chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse - Editions Ateliers Henry Dougier

     

  • La Marche de Radetzky - Joseph Roth

    A quel moment de la lecture sait-on que l’on a en main un chef-d’oeuvre ?  Quand insensiblement on ralentit sa lecture, quand on se surprend à relire une phrase, un paragraphe, juste pour le plaisir, quand on se met à lire à voix haute un passage pour faire résonner les mots.
    C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de Joseph Roth.

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    J’avais ce livre dans ma ligne de mire depuis longtemps mais le volume emprunté en bibliothèque était de tellement mauvaise qualité, frappe serrée, typographie baveuse, encollage qui ne permet pas d’ouvrir normalement le livre, bref j’avais renoncé. 

    C’est donc avec plaisir que j’ai ouvert ce volume clair, bien imprimé et qui va évidement resté dans ma bibliothèque.

    Une fresque magnifique, qui a la beauté des dernières fusées des grands feux d’artifice, on sait que ce sont les plus belles mais aussi que ce sont les dernières.

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    Solférino

    Un déroulé sans faille, depuis le geste du Héros de Solférino, le brave soldat Trotta pousse l’empereur François-Joseph pour lui éviter un tir ennemi, blessé son fait d’armes va changer sa vie et celle de sa famille à tout jamais. Il monte en grade et est anobli en von Trotta, il reçoit une petite fortune. 
    C’est un sage sujet de l’Empire, un paysan slovène de Sipolje qui devient par la grâce de son geste un héros de livre d’histoire.

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    François-Joseph

    Mais il a un double, c’est l’Empereur lui-même qui sera son jumeau tout au long du récit, récit qui va de l’épanouissement de l’Empire à sa chute, de la montée vers la gloire de la famille Trotta à son délitement.

    Le récit est magistralement conduit. On suit les conséquences du mythe du sauveur sur les relations dans la famille von Trotta, un fracture s’est faite entre père et fils « Son père était séparé de lui par une montagne de grades militaires »
    Joseph Roth déroule trois générations avec en réminiscence permanente le geste mythique parce que « quand on était un Trotta, on sauvait sans interruption la vie de l'Empereur »
    Le fils sera préfet, fidèle à François-Joseph 
    « Tous les concerts en plein air – ils avaient lieu sous les fenêtres de M. le préfet – commençaient par la Marche de Radetzky. »
    Le petit-fils Charles-Joseph von Trotta  reprend le métier des armes sans passion, sans bravoure, empêtré dans des histoires de femmes, de jeu et de duels. On est loin du héros de Solférino.

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    La fin de l'Empire

    Le sous titre de ce roman pourrait être à la manière de Gibbons : grandeur et décadence de l’Empire Austro-hongrois.
    Il se déroule aux confins de l’Empire, en Galicie, en Moravie où l’on assiste au réveil des nationalismes et à la fin du « grand soleil des Habsbourg » qui faisait tenir ensemble des peuples de langue, de culture, de religion différentes.

    Comme dans « Souvenirs d’un européen » de son ami Stephan Zweig, Joseph Roth exprime sa nostalgie de cette Mitteleuropa à jamais disparue.

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    Un roman magnifique avec des morceaux inoubliables, un duel, la mort d’un vieux serviteur, la rencontre avec l’Empereur ou cette Marche de Radetzky qui donne son titre à l’œuvre se fait entendre chaque dimanche sous les fenêtres du préfet, puis revient régulièrement par la suite, comme l’écho lointain d’un passé disparu, comme le souvenir d’une gloire antérieure à jamais révolue. 

     

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    Le livre : La marche de Radetzsky - Joseph Roth - Traduit par Blanche Gidon - Editions du Seuil