L’île - Giani Stuparich - traduit de l’italien par Gilbert Bosetti - Editions Verdier poche
Ce roman de Stuparich m’a été soufflé par Claude et je lui dis un grand merci car j’ai pris un très grand plaisir à cette lecture.
L'Ile est un court récit qui évoque la relation entre un père malade et son fils. Ils sont venus sur l'île de Lussinpiccolo, juste en face de Trieste, pour passer pour la dernière fois quelques jours ensemble.
Ce voyage c’est le père qui le souhaite, il veut retourner sur son île natale « s’installer les jambes pendantes sur la jetée et oublier le monde » et surtout partager encore quelques moments avec son fils. Le fils a quitté la côte Triestine depuis longtemps, il préfère la montagne, il vit loin.
Le fils a longtemps regardé son père comme un héros distant et intouchable « Le visage lumineux, la voix retentissante, avec des manières de conquérant. » Mais le père a vieilli, il est malade et maintenant « ses épaules semblaient veiller à maintenir son corps qui se serait affaissé sans la ferme volonté qui le dominait encore. »
Le père lui regarde son fils avec affection « il le voyait suivre sa route d’un pas assuré, et il en était fier. »
Chacun d’eux fait un voyage vers l’autre, les souvenirs partagés, les silences, les gestes simples, les objets, le père qui clot ainsi son existence et le fils qui lui ne fait qu’entamer le voyage.
L’auteur écrit que l’homme né sur une île est fait pour « courir le monde et ne revenir qu’à la dernière extrémité. »
L'île de Lussinpiccolo en Istrie vers 1900
Giani Stuparich sait à merveille évoqué cette inversion constante et parfois insupportable : enfant et parent échangeant leurs rôles, l’enfant devenant celui qui protège, le père celui qui a besoin d’aide.
Il écrit un récit lent, poignant, épuré, limpide et sobre. Un chef d’oeuvre de la littérature italienne à découvrir.
Il y a beaucoup de similitudes entre ce roman et celui d’Arzo Maison des autres que j’ai lu très récemment mais aussi avec le beau roman de Anna Luisa Pignatelli Noir toscan qui a concouru pour le Fémina étranger.
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L’auteur
Giani Stuparich est né à Trieste en 1891 et mort à Rome en 1961. Sa mère était juive et son père Istrien d’origine slave et autrichienne.
À la naissance de Stuparich, Trieste est une ville de l’Empire austro-hongrois : il fera ses études ausi bien à Florence qu’à Prague, où il devient l’ami de Masaryk, futur président de la République tchécoslovaque.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, marié à Elody Oblath, qui appartient à la communauté juive de Trieste, et lui-même identifié comme résistant, il sera interné par les SS, en compagnie de sa mère et de sa femme, dans le camp de San Sabba en 1944. (source l’éditeur)
Commentaires
Je prends note: c'est un beau sujet!
Je n'ai plus de place nulle part .. mais je prends quand même note, il me tente beaucoup ce livre.
J'avoue mon ignorance quasi totale en littérature italienne, et je sais que j'ai tort!
@ Keisha : ce livre est vraiment une excellente façon de commencer car il se lit très aisément tout en étant très fort sur l'émotion, sans doute la marque des grands écrivains Mais Noir Toscan est aussi très très bien
Îles, îles ici chez toi aussi...je retiens cette phrase" l’homme né sur une île est fait pour « courir le monde et ne revenir qu’à la dernière extrémité. »".
Les temps ont changé, du moins dans "notre" monde, on peut quitter et revenir plus facilement qu'avant. Ce qui est certain c'est que courir un peu le monde quand on est insulaire est assez indispensable...
@ Colo : tu es prête à mettre les voiles quelques jours je crois, alors bon voyage ...
Est-ce un récit qui parle de la relation pere fils ? J'avoue que je suis assez tentée par le sujet.
@ choco : oui il s'agit des relations père fils mais dans un contexte particulier qui est celui de la disparition prochaine du père
"Chacun d’eux fait un voyage vers l’autre", belle formule pour décrire une relation. Stuparich ? Encore une découverte hors des sentiers battus. Merci, Dominique.
@ Tania : ce "petit" livre est un trésor de délicatesse et de sensibilité
Juste avant un départ pour une semaine italienne, mon attention est attirée par ces titres, bien sûr ! Dommage que je ne lise pas en V.O. !
@ Kathel : je ne pense jamais à la lecture en VO en étant moi-même incapable mais effectivement ce livre ne présente par vraiment je crois de difficulté car le langage est d'une grande simplicité, fausse simplicité devrais je dire car le propos lui est profond
J'ai découvert le blog de Claude l'autre jour quand je furetais chez toi. J'avais noté ce livre et je l'ai même repéré à la librairie. Je l'y ai laissé ; j'espère que personne ne l'aura pris en attendant la prochaine fois.
@ Cécile : agaçant n'est ce pas ? je ne suis pas certaine que les gens se jettent dessus sauf s'ils lisent le blog de Claude ou celui là ........bonne chance
Je viens de le terminer.. magnifique et quelle écriture!
Un livre conseillé par un de mes libraires ...
@ Clara : quand un libraire conseille se genre de livre il faut lui être fidèle c'est forcément un très très bon libraire
Une très belle référence!